Au cœur du crépuscule –
la lune s’égare,
nos chemins se rejoignent.
J’offre ce haïku à Thomas Pesquet
ses tweets poétiques me font tellement rêver
Au cœur du crépuscule –
la lune s’égare,
nos chemins se rejoignent.
J’offre ce haïku à Thomas Pesquet
ses tweets poétiques me font tellement rêver
À l’ombre des buildings
il est de vrais quartiers
où perce la lumière
et sèchent les culottes
s’y perdre est un frisson
guetter les habitants
saluer les poissons
oser perdre son temps
ne savoir déchiffrer
les mots et les slogans
qu’importe après tout
Shanghai est un mystère
Just climb the wall – Ai Weiwei
Il connaît ses classiques
le flûtiste de rue
les amants papillon
c’est l’air qui joue sur sa longue flûte
et qui s’échappe de l’ampli à l’abri dans son sac
les amants papillon
une légende chinoise issue de la dynastie Jin
une sorte de Roméo et Juliette de là-bas
l’histoire d’amants désespérés
Zhu Yingtai et Liang Shanbo
plutôt que d’être séparés
ils préfèrent mourir
la légende raconte qu’après leur mort
deux papillons se sont envolés vers l’infini
ce « tube » de la culture chinoise
est décliné en d’innombrables versions
au violon, c’est joli aussi je trouve
Elles se retrouvent à la nuit tombée
le dimanche
entre femmes
une sono sur le trottoir
et elles dansent
pendant des heures
des amies ou des copines du quartier sans doute,
ces danseuses du soir
ouvertes aux nouvelles venues
à ces mamans avec enfant qui se joignent au bal
point d’homme sur la piste
ils observent de loin
ils auraient envie, qui sait
de venir se mêler aux pas légers de ces femmes
et respirer le parfum de liberté
qui glisse autour de leurs corps offerts à la nuit
mais ils ne savent pas se lâcher
peut-être le désirent-ils mais ils n’osent pas
seul le marchand ambulant approche son tricycle et il sourit.
Deux ans que la demoiselle a quitté Dalian
sa ville natale du Liaoning
tout au Nord
pour tenter sa chance dans un autre port
presque au Sud
dans ce Shanghai féroce mais ouvert aux gens et sons du monde entier
premiers pas de graphiste
et maintenant tatoueuse
Jia Jia a trouvé ici un studio où faire chanter ses aiguilles
sur la peau des accros de tattoos
à 22 ans, patiente et optimiste
elle ne se fout pas du passé
mais ne regrette rien.
Au Temple Fan Zan Si,
en majesté dans l’une des salles fraîches où viennent s’agenouiller ses fidèles
Bouddha se repose en musique
immobile sur son autel décoré de vraies et fausses fleurs
à ses pieds, une lampe à la gloire de son nom
佛
prononcer Fó
et qui passe du bleu au rose et du blanc au vert
au rythme du chant émis par ses pétales
Impassible
Bouddha savoure sans doute cet hommage synthétique et coloré
avec peut-être un zeste de nostalgie de ce temps doré
où seules s’élevaient vers lui les voix humaines.
Depuis des années, la Chine traîne une réputation
de « paradis » du faux
ce qui n’est pas faux
fausses Rolex
faux sacs Vuitton
fausses chaussures Nike
faux clubs de golf
faux polos Lacoste
faux stylos Montblanc
faux maillots de Messi
fausses lunettes Rayban, etc…
réputation vérifiée jusqu’à cette insolite découverte
dans une rue comme il en existe des milliers à Shanghai
la Pyramide du Louvre copiée
cherché les entrées du musée dans les immeubles alentour
ne les ai pas trouvées
voilà mes amis et amies parisien(ne)s rassuré(e)s.
L’oiseau calligraphe –
pour vous chante l’automne,
Chine éternelle.
Un chantier permanent, cette ville
à chacun de mes voyages, depuis plus de dix ans
la périphérie se retrouve repoussée un peu plus loin
à tour de bras, Shanghai détruit, bâtit, érige, pousse le béton vers le ciel
et fait fleurir résidences géantes pour nouveaux riches
ici, dans la démesure, les agences immobilières jouent la carte séduction
les intérieurs des maisons témoins à 200.000 euros sentent le luxe
transpirent le douillet clinquant dans chaque pièce
dehors, parmi les arbres, perce un chant d’oiseau puissant et paisible
la nature semble survivre
le chercher du regard vers les branches
et découvrir sans tarder que ce chant et celui d’un oiseau artificiel
enfermé dans une cage cylindrique discrètement posée à l’écart des visiteurs
lorsque l’oiseau s’arrête, une autre musique prend le relais
le grincement du tricycle de pauvres gens
du matin au soir
de chantier en chantier
glanent et entassent planches et plastique
revendus au poids pour quelques dizaines de yuans.
Patienter dans le métro de Shanghai face à des affiches choc
teintées de souffrance
deviner qu’elles parlent d’enfance
mais ne pas savoir déchiffrer leurs légendes
faire appel à ma fille, prof de chinois
et prendre les mots en pleine face
Je tire tes vêtements mais tu ne me vois pas
Absorbés par leurs écrans, les Chinois ne se regardent plus.
L’ai constaté partout à Shanghai. Dans le métro, dans les rues, au restaurant.
Les adultes s’ignorent et les enfants n’ont souvent pas droit au moindre regard. Au moindre mot.
Parfois l’attente est source de bonheur.
L’ombre de maman va-t-elle apparaître au bout du chemin ?
La campagne parle des enfants « délaissés », confiés à leurs grands-parents à la campagne pendant que leurs parents vont travailler à la ville. Ces enfants restent des mois voire des années sans les voir…
Il est urgent que le sang cesse de couler à l’école
En Chine aussi le monde des humains perd la tête et le cœur.