In Paradisu #13

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Terminus Quai du Port. J’ai débarqué hagard près des baraques à frites et des kiosques à journaux, en grelottant dans mon manteau vert sapin. Des rafales de folie hurlaient dans les haubans et les coques des voiliers grinçaient comme de lourds dragons empêtrés sous des tonnes de neige. J’ai accéléré le pas pour tenter de me réchauffer et j’ai filé vers la gauche.

En arrivant Place de la Consolation, je me suis écroulé sur le trottoir gelé. Les pieds en cloques et les jambes sciées. Transi d’une immense tristesse. Plus de fontaine, plus d’azalées, plus de micocouliers. Pratiquement plus aucun commerce. Seul vestige du campo de mon enfance, un bar à la devanture bleue outremer. Le Bar d’Orient. Avec un taxi stationné juste à côté. J’ai un peu hésité à entrer, puis j’ai poussé la porte presque machinalement.

(à suivre)

Chaliapine chante l’Elégie de Massenet

Cette sublime Elégie de Jules Massenet, j’avoue ne l’avoir découverte qu’hier grâce à un post de mon vieux camarade Jean-Pierre Cottet sur le réseau social qui commence par F et finit par K. L’enregistrement date de 1931. Fédor Chaliapine en est l’interprète. Les grésillements du disque vinyl confèrent à ce morceau une beauté singulière. Sa mélancolie me touche. Tout comme les paroles.

Elégie

Rêve d’un bonheur effacé

Mon coeur lassé,

T’appelle en vain dans la nuit.

Tendres serments échangés,

Soirs enivrés, Vous reposez dans l’oubli!

C’est la fin des beaux jours

Ô souvenirs de nos brèves amours

La nuit descend lentement sur nos coeurs

L’automne effeuille les fleurs

La paix du soir vient adoucir nos douleurs,

Tout nous trahit, tout nous fuit sans retour,

Tout nous trahit sans retour.

Jules Massenet ( 1842 – 1912 )