Poema corto para Manoli y Jesús

Amapolas

Pour Manoli et Jesús
nos amis espagnols
ce petit poème écrit en terre d’Aragón

Lejos de las golondrinas
que vuelen con ligereza
crecen tantas amapolas
con su rojo de esperanza

pasa y pasa siempre el tiempo
siempre nos vamos en cariño
aunque estemos lejos
como son las golondrinas eternas
y las amapolas rojas .

Loin des hirondelles
qui volent avec légèreté
poussent tant de coquelicots
teintés du rouge de l’espérance

passe et passe le temps toujours
restons toujours en affection
même si éloignés vivons
comme les hirondelles éternelles
et les rouges coquelicots .

Tarifa #3 Luz Milagros dans le poste de Radio Tarifa

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Luz Milagros est une enfant de la ville
l’une des voix de Radio Tarifa
radio associative
lancée il y a une bonne quinzaine d’années
par la municipalité
quinze ans qu’elle anime Los Super 20
les tranches du matin et de l’après-midi
avec un programme musical à la carte
fabriqué en partie au gré des demandes de dédicaces des auditeurs
avec en bonus des informations locales sur les spectacles

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comme tous les citoyens natifs de Tarifa
Luz Milagros n’oublie pas qu’elle a grandi juste en face du Maroc
elle se sent concernée tout autant par les musiques du monde
que par l’actualité chaude
comme celle des migrants
des réfugiés
régulièrement accueillis ici

Luz Milagros ne travaille pas seule
deux journalistes sont sur le pont tous les jours
pour la session d’info de 21 heures
où l’actualité locale, les fêtes populaires et les évènements sportifs trouvent toute leur place

SévillHaïku #14 A mi manera à la radio

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Rouler vers le sud
pour respirer la mer
au bout du continent

 

la radio à fond
ambiance sixties
sur les routes d’Andalousie
et cette chanson des Gipsy Kings
A mi manera
Comme d’habitude
pour rejoindre l’extrème bout du sud
de notre vieille Europe

SévillHaïku #12 Le vieux peintre

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Toujours ses fenêtres ouvertes
le vieil et généreux
artiste peintre

ne s’isole de la rue
José Pérez Conde
que tard dans la nuit
lorsque il va au lit

sinon, demeure toujours grande ouverte
à la vie de sa rue
aux passants curieux
aux échanges improvisés
depuis son salon-musée
où se côtoient vierges et tableaux

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à bientôt 80 ans
José peint et sculpte moins souvent
se souvient du temps de sa jeunesse
raconte avec pudeur
son passé en beauté
car fut restaurateur de tableaux
au Musée des Beaux-Arts de Séville
et à Madrid
au Musée du Prado

 

SévillHaïku #11 À la Casa del Flamenco

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Tous les soirs en spectacle
Casa del Flamenco
ces artistes d’ici

jouent ensemble chaque soir
en plein cœur de Séville
dans un patio au large tablao
et aux azulejos foncés
tous sont enfants d’Andalousie
nourris depuis petits
de ce chant fiévreux
ces danses en arabesques
ces fiers et sensuels jeux de mains et de pieds

douloureux et plaintif
leur art conte la passion
les amours impossibles
dévoile avec fougue
les plaisirs offerts
il évoque en pleurant
le deuil
l’absence
les souvenirs enfouis
et leurs chagrins profonds

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SévillHaïku #10 Au Flamenco Bar

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Au Flamenco Bar
chacun est libre
de jouer ou d’écouter

le professeur et son élève
partagent leur vie
et leur passion du flamenco
en ce lieu aux murs tout blancs
petit et bondé
repère discret et réputé
des aficionados de leur art

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SévillHaïku #9 Une Toccata pour Murillo

Sur son orgue doré
le virtuose offre
Bach à Murillo

une brillanteToccata et fugue en ré mineur
le chef d’œuvre de Jean-Sébastien Bach
pour célébrer les quatre-cents ans
de la naissance ici du peintre baroque
Bartolomé Esteban de son prénom
vénéré par Séville
comme son aîné Velásquez

Estaban-Murillo-Vierge-de-lImmaculee-Conception-

privilège d’assister
au concert-hommage
donné en l’église toute en dorures
de l’Hospital de los Venerables *

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le virtuose
Padre José Enrique Ayarra
est depuis bientôt un quart de siècle
organiste titulaire de la Giralda
la monumentale cathédrale sévillane

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ce grand maître de l’orgue
a donné plus de mille concerts
dans trente deux pays

* jusqu’au deux avril
l’Hospital de los Venerables
accueille une expo dédiée
aux deux peintre enfants de la cité

Illustration de ci-haut : La Vierge de l’Immaculée Conception – Murillo

SévillHaïku #8 Yo soy Gitana !

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Font la fête entre femmes
avec à gogo
alcool et flamenco

https://soundcloud.com/ericschulthess/yo-soy-gitano

le rendez-vous des copines
ce bar du quartier
Las Alamedas de Hercúles
décompressent ensemble
après longue semaine
boulot casa minots

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ne sont pas les seules à Séville
à s’escaper ainsi le samedi
pour retrouver l’ambiance
du temps où leur vie
ne s’écrivait pas encore
avec chéri ou mari

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SévillHaïku #7 L’entraînement des costaleros

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Les yeux lancés vers avril
s’entraînent dur
les porteurs de pasos

https://soundcloud.com/ericschulthess/les-costaleros-a-lentrainement

à trois semaines de l’ouverture
de la Semaine Sainte
croiser dans Séville
à l’approche du soir
les costaleros en plein effort
les écouter racler semelles
sous leur gigantesques autels

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pour l’instant ni Christ ni Vierge dessus
mais le paso pèse son poids de bois
et il faut à chacun
régler son pas
accorder son rythme
avancer en harmonie
guidé par un pilote
de la même confrérie
se poser un peu parfois aussi
et repartir jusqu’à la tombée de la nuit

 

SévillHaïku #6 Soudain Chopin

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Sur l’avenue bruyante –
son offrande,
des Nocturnes de Chopin

Il a appris le piano en solo
Francisco
à peine un peu plus de trois ans
quelques cours quand-même
depuis janvier

désire en vivre
passe des heures sur son piano droit
chez ses parents où il demeure
parfois les voisins s’agacent
alors il sort
le soir
et vient s’installer
Avenida de la Constitución
en face de la station de tramway
Archivo de Indias

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Francisco joue Chopin
Nocturne N° 20
s’en émerveille
dans la housse de son instrument
tombent les pièces
pas une fortune
mais ne se plaint pas

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et lorsque la ville se fait silencieuse
il s’arrête
donne quelque monnaie
au sans domicile voisin
et retourne d’où il vient
reviendra demain

SévillHaïku #5 Les étudiants de la Tuna

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Dans leurs costumes d’époque
ils chantent pour
quatre sous espagnols

tradition vivace ici
les Tunas regroupent des étudiants
le soir
se promènent de bar en bar
avec leurs instruments
et offrent chansonnettes
en échange de quelques pièces

sur leur poitrine en travers
une beca
large bande aux couleurs de leur université
le vert sur celle de ceux-ci
raconte qu’étudient
vétérinaire ou pédagogie

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au Cafe-Bar La Teresas
ces Tunos m’ont sorti
du labyrinthe empreint de passion
de nostalgie aussi
des affiches et photos
dédiées à l’aficion

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SévillHaïku #4 Près du Guadalquivir

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Près du Guadalquivir
les rameurs ignorent
les bateaux à touristes

Un fleuve ça n’est pas la mer
mais la promenade ouvre aussi l’horizon
sur les deux rives de la ville
les unit et les sépare
les rassemble et les éloigne
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Séville touristique d’un côté
fière de son histoire multi millénaire
où tinte sur les pavés
le clac clac des sabots
des chevaux en calèches
et où résonne en bord de fleuve
ces pasos dobles qui invitent
à se promener sur l’eau

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en face Triana
quartier populaire
fier de ses artisans d’azulejos

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Triana amoureux de ses toreros
même si c’est sur l’autre rive
que se pressent les aficionados
à la monumentale Maestranza
la Plaza de toros
lorsqu’arrive l’heure de la Feria

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la Maestranza où trône Curro Romero
le Pharaon statufié en bronze
non-loin de l’hommage à un autre maestro
Wolfgang Amadeus Mozart

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SévillHaïku #3 Pendant le Baisepied

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Patientent et pleurent parfois
pour baiser le pied
du Christ éploré

Me suis toujours senti en paix
dans les lieux de prière du monde
le temps d’un voyage
d’un court passage
je range dans ma gorge
tous les mots durs
que souvent j’adresse à Dieu
quel que soit le nom que lui donnons
je laisse de côté ma colère
face à son laisser-faire
devant la barbarie des hommes
et je me mets à l’unisson
des croyants rassemblés

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inondée de ferveur
la Basilique de Jesús del Grand Poder
avec tout au fond du chœur
son Christ éploré en bois foncé
protégé d’une paroi translucide
avec juste un espace dédié
aux baisers sur son talon
le Besapié

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après la messe
célébrée par Carlos Amigo Vallejo
le cardinal de Séville
ai saisi d’autres baisers offerts
à la Vierge del Mayor Dolor y Traspaso

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puis suis rentré dans la nuit
adresser un baiser
à Dame Lune
en méditant sur son dénuement
ses dorures fugaces
son inquiétante noirceur
chaque mois
et sa lumière bienveillante
que j’espère éternelle

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SévillHaïku #2 Le flûtiste basque

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Ses journées entières
à sillonner parcs et rues
le flûtiste basque

https://soundcloud.com/ericschulthess/le-flutiste-basque

Miguel est guitariste
c’est son métier
chaque matin
avant d’aller gagner sa croûte dans les rues de Séville
il prend le temps de parfaire son jeu de flûte
au creux des bosquets
sous les grands arbres
des Jardins de Murillo

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Vingt ans que Miguel a quitté Bilbao
pour s’installer ici
en Andalousie
doux exil
chaud exil
de Séville, il dit
qu’il est tombé amoureux de sa lumière
de sa foi palpable
de ses orangers
de sa nature préservée
malgré le trafic qui obscurcit un peu
les notes tirées de sa flûte andine

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De Séville il dit aussi
qu’elle est une œuvre d’art
tournée surtout vers le passé
que l’ambiance de fête
de convivialité
cache souvent
en profondeur
l’individualisme des Sévillans
difficile de s’y faire des amis

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doux exil
chaud exil
amer exil
et pourtant
Miguel confie qu’il finira sa vie ici
car c’est dans cette ville qu’il se sent le plus libre

 

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SévillHaïku #1 Les femmes de ménage

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Dans la chaleur de mars
lavent et frottent les marches
du Palais géant

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Séville
déjà le printemps ici
Séville et ses pavés poudrés
d’ocre et de bistre
ses orangers offerts aux oiseaux
cette lumière teintée d’or et de blanc
aux murailles maures et aux façades des maisons

Séville
ses Gitans cochers
ses guitaristes en liberté
et ses femmes de ménage
écrasées de chaleur
solidaires et bavardes
aux marches du Palais
de la Plaza de España

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La petite route de montagne

route

Toujours aimé me rapprocher des frontières
de l’ailleurs à portée de pas
des coins reculés du monde
l’Espagne pas loin dimanche dernier
une escapade en montagne
les Pyrénées
l’horizon à flanc de cime
la petite route glacée pour monter au village
s’y parla longtemps et s’y parle encore un peu de ci de là le parler d’ici
l’occitan joli

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Edelweiss sur la cheminée
on en trouvait tant au pays montagneux de mon grand-père
de l’autre côté de nos Alpes
de l’autre côté de l’autre frontière
celle qui ouvre sur la Suisse et l’Italie
les langues y roulaient leurs r

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montagne de Corse aussi
l’Île blanche
sans autre frontière que la mer
la patrie de l’autre grand-père
cette Corse au teint de feu
aux saveurs de châtaignes
et cette langue belle et douce
chantée par les poètes
apôtres de paix

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tout là-haut cet après-midi-là
suivre la marche du soleil
approcher en silence visages inconnus
saluer leur mémoire
puis se remettre en route
s’éloigner de la frontière
redescendre sur cette petite route glacée
où se croisent encore parfois nos semblables
comme une apparition

À travers l’Aragón

Je ne peux m’empêcher
de faire des travelling

là c’est l’Espagne
à travers l’Aragón
en direction de Zaragoza

les rares arbres nous tournent le dos
le paysage file à rebours
tandis que serions à l’arrêt
nous nous enfoncerions sous terre
puis happés par le ciel
nous ne résisterions pas à l’appel
de ces moulins à vent modernes
troupeaux de géants
certains déjà bien las
de tourner en rond dans le sens du temps
comme nous autres parfois

j’aime longer cette terre
ses champs ouverts comme une mer
ses entrepôts, ses silos
ses usines d’autrefois
leurs cheminées gratte-ciel
ses wagons de marchandises délaissés
ses voies ferrées qui espèrent les trains

j’aime deviner l’horizon de cette terre
au-delà de la caresse des arbres et des roseaux

Sous le kiosque à musique de Salies-de-Béarn, des châteaux en Espagne

Châteaux en Espagne* est l’une des séquences offertes hier-soir sous le kiosque à musique du Jardin public par l’Harmonie municipale de Salies-de-Béarn. Un agréable concert en plein air, à la fraîche, dans un cadre empreint de quiétude où trônent les fameux Thermes salisiens. Le programme des animations et fêtes salisiennes à venir, c’est par ici

souslekiosque

* À l’attention de celles et ceux qui désirent tordre le cou à l’expression construire des châteaux en Espagnece lien  utile.

 

L’éducation est un placement pour l’avenir / Barcelona #8

Juste à côté de l’immeuble où nous résidions avec Marius, sur le chemin de la boulangerie et du marchand de légumes, une école avec terrain de sport, fréquentée par de jeunes enfants joyeux. Sans doute l’équivalent de nos centres aérés. De l’autre côté du pâté de maison, cette banderole apposée à l’entrée de l’école

éducation

À Barcelone comme partout en Espagne, la crise n’épargne bien évidemment pas le système éducatif. Les petits ciseaux barrés symbolisent le refus des coupes sombres opérées depuis 2012 par le gouvernement espagnol, impitoyable adepte du néo-libéralisme.

 

El concurso de pesca

De Valencia où elle a passé récemment quelques jours de vacances, Mathilde – jeune diplômée en communication publique et politique – m’a envoyé cette interview réalisée à même la plage. Javier s’est prêté au jeu avec gentillesse. Bravo à l’intervieweuse. J’espère que sa curiosité et son empathie l’inciteront à s’adonner aussi souvent que possible à l’exercice singulier de l’interview. En espagnol et en français.

Voici la traduction de cet échange.

« Oui, aujourd’hui a lieu un concours de pêche qui compte pour le classement annuel du club. Nous nous préparons car le concours commence à 18h et se termine à 1h00. A voir si nous arrivons à attraper des poissons…

 Le gagnant est qualifié pour une compétition de niveau régional ou national ?

Non, ce concours est provincial. Il existe bien d’autres concours qui sont départementaux, ou d’autres niveaux, mais celui-ci est local.

 C’est la première fois que ce concours a lieu ?

Non, en janvier il y en a eu un, en février également. Il y en a un chaque mois.

 Et il se déroule à chaque fois sur cette plage ?

Non. Nous en avons déjà fait à Valencia, à Peñíscola, à Castellon ainsi que dans d’autres villes.

 Pour gagner, il faut pêcher le poisson le plus imposant ou le plus grand nombre de poissons ?

C’est au poids. Que l’on en pêche un ou plusieurs, c’est la même chose. La personne qui obtient la quantité la plus importante gagne.

 As tu déjà gagné ?

Quelques fois oui.

Génial ! Espérons que tu gagnes aujourd’hui.

Bonne chance ! »

Un paseo por la Concha #2

En descendant vers le sable depuis la large promenade de la Concha, j’ai d’abord croisé deux baigneuses qui se rhabillaient et une famille de Péruviens avec chien. Et puis j’ai aperçu la silhouette d’un homme qui semblait chercher quelque chose dans le sable, casque sur les oreilles, détecteur de métaux et petite pelle à la main. Je me suis approché et la discussion s’est engagée avec Alberto Pardo Elizalde, 45 ans.

Pour traduire cet échange avec Alberto, je n’ai pas souhaité superposer ma voix à la sienne. Mon désir est que vous puissiez – tout comme moi – apprécier toute la saveur de la langue espagnole. La traduction, la voici :

– Que cherchez-vous ?

– Je cherche des pièces de monnaie sur la plage.
– Des pièces ? Combien ?
– Ce qui vient, ce que je trouve. Des euros surtout. Ces derniers temps, je viens souvent ici car je suis au chômage.
Ce qui se passe aujourd’hui en Espagne, c’est que nous sommes revenus au franquisme. Au pouvoir aujourd’hui, il y a les mêmes qui nous gouvernaient il y a 100 ans. C’est le retour du franquisme. Nous nous retrouvons dans les mêmes conditions.
Depuis 40 ans, ils nous volent. Ils ont liquidé les fondations de l’Etat. La fraude fiscale dépasse les plus de 80.000 millions d’euros par an et pendant ce temps, ils s’attaquent aux emplois, aux retraites, aux médicaments, à la santé, à l’éducation.
– Quelle solution pour que ça change ?
– La seule, c’est l’indépendance du Pays Basque et de la Catalogne. Que peut-on espérer d’un pays dans lequel il n’y a eu aucune enquête sur le demi-million de morts du franquisme ? Les responsables ont été protégés par tous les gouvernants du Partido Popular (PP).
Imaginez un pays comme l’Allemagne avec un gouvernement qui aurait protégé tous les criminels nazis ? Sans les condamner ni les juger ni les mettre en prison… C’est ce qu’il se passe chez nous.
– Rien n’a changé en Espagne ?
– Non, rien n’a changé. Il y a même des gens qui disent que c’est pire que sous Franco. Parce qu’à l’époque, il y avait UN Franco et aujourd’hui, plein de Franco.
Avant, les gens étaient pauvres. Ils n’avaient pas d’argent. Aujourd’hui, non seulement nous sommes pauvres, mais on nous saigne avec tous ces impôts.

Linea Uno

Bordeaux hier-soir. En plein centre-ville, quatre jeunes saxophonistes s’installent et se lancent dans un concert improvisé. De la belle musique. Joyeuse et entraînante.

Ces quatre musiciens – deux Espagnols, un Italien et une Argentine – étudient cette année au Conservatoire de Bordeaux. Ils ont monté le groupe Linea Uno et se produisent dès qu’ils le peuvent dans la rue.

Valencia #6 : L’Oceanogràfic

L’Oceanogràfic de la Cité des Arts et des Sciences de Valencia est le plus grand aquarium d’Europe, où sont représentés les principaux écosystèmes marins de la planète. Ambiance sous l’un des tunnels géants d’où l’on contemple poissons, requins, raies géantes et murènes, entre autres.

Valencia #5 : Jesus, le retraité indigné

A Valencia, j’ai croisé une manifestation de retraités devant la mairie. Une bonne vingtaines de femmes et d’homes, membres du collectif iaioflautas, qui rassemble les retraités indignés, mobilisés avant tout pour leurs enfants et petits-enfants. Jesus est l’un d’entre eux. Il raconte
Le site du collectif iaioflautas

Valencia #3 : les voix de la colère

Pas loin de 100.000 personnes dans les rues de Valencia en ce 1er mai, pour dire non à la politique d’austérité et de coupes sombres menée par le gouvernement Rajoy. Syndicats, partis de gauche et mouvements de chômeurs et de retraités ont défilé pendant des heures dans les rues de la ville.

Pendant cette manifestation, sur le réseau social Bobbler, j’ai envoyé deux pastilles sonores enregistrées au coeur du défilé :

la première

la seconde

Valencia #2 : José le taxi en colère

En Espagne, plus d’un citoyen en âge de travailler est au chômage. Alors, ceux qui ont un emploi s’accrochent. Mais ne perdent pas pour autant leur lucidité sur la réalité de la crise qui touche leur pays, comme d’ailleurs l’ensemble de pays d’Europe. José Manuel est l’un de ces « chanceux ». Chauffeur de taxi valencian. 12 heures par jour. En colère contre les politiciens de son pays et de sa région.

La voix de Lluis Llach

J’ai réécouté Lluis Llach l’autre soir à la radio, dans l’émission « Jusqu’à la lune et retour » d’Aline Pailler. J’ai monté le son, ralenti mon allure et j’ai ressenti une telle émotion que j’ai eu envie de partager ce moment de poésie et de tendresse. La langue catalane. Langue cousine. Lllach défendit la culture catalane avec une telle vigueur sous le franquisme qu’il dût s’exiler. Pendant 5 ans. De 1971 à 1976. La douleur de cet exil teinte la chanson  » Laura  » dont voici un extrait
Quelques années après son retour dans son pays, Lluis Llach donna un concert devenu mythique au Camp Nou de Barcelone. Le stade monumental du grand Barça. Devant 100.000 personnes.
* Le site officiel de Lluis Llach
Merci à Aline Pailler pour ses belles émissions sur France Culture et pour ce moment de grâce.
Laura
Avui que et puc fer una cançó / Puisque aujourd’hui je peux t’écrire une chanson,
recordo quan vas arribar / je me souviens quand tu es arrivée,
amb el misteri dels senzills, / pleine du mystère des humbles,
els ulls inquiets, el cor altiu. / les yeux inquiets, le corps altier.
Amb la rialla dels teus dits / Et avec le sourire de tes doigts
vares omplir els meus acords / tu as rempli mes accords
Amb cada nota del teu nome,  / de chaque note de ton nom
Laura.

M’és tan difícil recordar / Il m’est difficile d’évoquer
quants escenaris han sentit / tous les lieux qui ont connu
la nostra angoixa per l’avui, / notre angoisse pour le présent,
la nostra joia pel demà. / notre joie pour l’avenir.

I a casa enmig dels meus companys / Chez nous, au milieu de tant de compagnons
o a un trist exili mar enllà / ou dans un triste exil au-delà des mers,
mai no ha mancat el teu alè, / jamais ton souffle n’a manqué,
Laura.

I si l’atzar et porta lluny / Et si le hasard t’emporte au loin,
que els déus et guardin el camí, / que les dieux veillent sur ton chemin,
que t’acompanyin els ocells, / que les oiseaux te fassent compagnie,
que t’acaronin els estels. / que les étoiles te bercent.

I en un racó d’aquesta veu, / Et dans un coin de cette voix,

mentre la pugui fer sentir / tant que je pourrais la faire entendre,
hi haurà amagat sempre el teu so, / le son en sera toujours caché
Laura.