Une vie avant MOTCHUS (8) des limaçons et un bada

 » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun ! «  Le sel de MOTCHUS c’est aussi de voir ressurgir un souvenir d’enfance au détour d’une grille et d’un mot trouvé. Hier, après deux bonnes heures de prise de teston et de pêche infructueuse, cet aigo-sau est sorti de sa cachette et a de suite ressuscité la voix de la marchande de limaçons qui passait chaque semaine en bas de chez nous avec sa marmite sous le bras. Nous habitions rue du Docteur Frédéric Granier, dans le quartier d’Endoume. Après deux années passées dans un tout petit appartement au Panier – les deux premières de ma vie – nous avions déménagé pour venir vivre chez ma grand-mère maternelle Zoé..  » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun !  » Je réentends Mémé Zoé le fredonner avec gourmandise ce refrain en provençal, sa langue maternelle, en descendant acheter ses limaçons.

MOTCHUS nous l’enseigne tous les jours depuis plus d’un an, le langage de Marseille ne saurait se résumer à quelques clichés pour quelques estrangers ou gens à accent pointu. En réalité, c’est bien plus sérieux que ça le parler marseillais. Pas vrai Pierre Échinard ?

Figurez-vous que mon Dictionnaire du marseillais fut victime – parmi tant d’autres livres – de l’inondation que nous avons subie chez moi en 2018. Je m’étais régalé de m’y promener. J’y avais découvert un moulon de mots, de définitions et de références. Il me servirait bien lorsque je rame fort le soir ou le matin en cherchant le MOTCHUS du jour. Il paraît qu’il est épuisé, mais mon petit doigt me dit qu’il y aurait encore moyen de se le procurer…

À la demande générale, comme c’est dimanche, voici un petit bada : le replay de ce feuilleton que j’ai pris plaisir de partager.

Bon, maintenant, je vous laisse, je m’en vais chercher le MOTCHUS du dimanche, très Mémé des Accates paraît-il ! Aïoli sur vous !

Une vie avant MOTCHUS (7)

Et si parmi les 1.800 mots que propose le Dictionnaire du marseillais, vous en choisissiez un, quel serait-il ? Vous me répondriez sans doute qu’ils vous plaisent et vous parlent tellement tous ces mots que ce serait péché d’en sortir un du lot. Pour Pierre Échinard, tout pareil. Lui, il en a choisi deux, bien jolis, que voici.

Pas encore remis de la pitoyable élimination de l’OM, j’en choisis deux moi aussi : pébrons et rointer

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (6) et après l’OM…

Par souci d’économie d’énergie, je ne m’étendrai pas sur le caractère visionnaire du mot estramassé raconté hier ici. Je préfère rester poli. Après la cagade majuscule de notre OM, ce jeudi fut noir de honte et notre colère, Camelus Blah la décrit tellement bien dans sa Canebière Académie qu’il n’y a rien à rajouter. Aujourd’hui, c’est sur une autre institution marseillaise, l’un des mots emblématiques de notre parler que se penche Pierre Échinard.

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (5)

Le temps de me rembrailler – et de marronner dans ma barbe parce qu’à une lettre finale près, je l’avais en deux ce Motchus #406 – me voilà prêt pour la méditation motchusienne du jour, sous la forme de l’affirmation que voici (vous me démentez si je me trompe) : dégun peut dire qu’il n’a jamais entendu les mots que voici, racontés, interprétés par Monsieur Pierre Échinard, Académicien de Marseille, et co-auteur – entre autres avec notre sociolinguiste préféré Médéric Gasquet-Cyrus – du Dictionnaire du marseillais. Les avons entendus et prononcés souvent ces mots, pas vrai ? Et pas seulement sur le Vieux-Port. Tellement nôtres !

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (4)

Où il est question ce mercredi de Monsieur Brun et de Parisiens… Pas des affreux en bleu foncé avec la Tour Eiffel sur le maillot, non, je vous rassure. Non, un mot patrimonial, nourri par des siècles d’histoires, lui. Après peuchère, la pile, bader et plein de gros mots et d’expressions grassouillettes à souhait – vous avez adoré l’incontournable « –Va caguer à Endoume ! » , Pierre Échinard se délecte aujourd’hui d’un autre grand classique du parler marseillais, dégun.

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (3)

Les gros mots, le parler gras, ça nous connaît bien sûr. Nous sommes n’en sommes pas avares. Pierre Échinard, vénérable Académicien de Marseille,  confirme que le Dictionnaire du marseillais accueille une ribambelle de mots grossiers. Il nous le dit avec un zeste de pudeur mais sans mâcher ses mots… 

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS

La belle fête que nous avons vécue ensemble jeudi dernier pour célébrer les 400 coups de MOTCHUS m’a donné envie de ressortir de mon cabas et de partager un merveilleux souvenir. En mars 2015, enregistreur en main, j’avais rencontré Pierre Échinard l’un des auteurs du remarqué Dictionnaire du Marseillais, publié il y a bientôt vingt ans. Historien, membre de l’Académie de Marseille, Pierre Échinard a co-signé l’ouvrage riche de plus de 300 pages consacrées au parler de Marseille du début du XXe siècle à nos jours. Je m’étais régalé à l’écouter me parler de quelques-uns des mots de notre langage marseillais/provençal et j’en avais fait un petit feuilleton. Rebelote à partir d’aujourd’hui, en commençant par les présentations et par peuchère, évidemment d’actualité en ce dimanche motchusien qui nous promet de bien nous escagasser le teston à la recherche du #Motchus 403.

(à demain !)

Farid, troisième hiver dans la rue à Marseille

Chaque matin, Farid s’installe sur la Canebière au pied d’un grand platane et fait la manche en proposant aux passants des cours d’anglais ou de russe en échange d’un billet de 10 euros. Sans famille, Farid n’a pas envie de raconter comment son parcours de vie l’a conduit à se retrouver ici. Très lucide sur le monde tel qu’il va, il ne perd pas espoir de retrouver un toit. À 52 ans, c’est déjà le troisième hiver qu’il passe dans la rue.

Un vrai Umarell marseillais

Umarell. J’ai découvert ce mot l’autre jour sur Twitter. Ne l’avais jamais entendu, mais il me plaît car avec ses deux « l ». Il sonne comme un mot catalan, un terme de la grande famille de l’occitan. En fait, Umarell vient du dialecte populaire de Bologne et décrit les hommes retraités qui passent leur temps à observer les chantiers de travaux publics, les mains jointes dans le dos.

Mon Pépé Paul – décédé en 1990 à l’âge de 90 ans – fut un vrai Umarell marseillais Je me souviens de ses escapades quotidiennes en trolley dans les années 60-70. Avec sa carte de la RATVM* au tarif retraité, il sillonnait Marseille de ligne en ligne et de chantier en chantier. Tunnel du Vieux-Port, construction du métro, rien ne lui a échappé. Au repas du soir, il nous faisait un récit détaillé de ses découvertes. Parfois, au lieu de m’accompagner à la mer ou de m’emmener à la pêche, Pépé me conduisait sur l’un des chantiers qui lui faisaient tant briller les yeux. Nous restions deux trois heures à bader le ballet des ouvriers sur les marteaux piqueurs, les grues et les pelles mécaniques. Je me souviens que nous ne disions mot devant ce spectacle et qu’au bout d’un moment, sentant que je fatiguais et me lassais sans doute un peu, il me lançait en roulant les « r » – allez Érrric, c’est l’heurrre de rrrentrrrer  !

Les chapacans qui nous gouvernent ne sont pas à une vilenie près : ils viennent de décider que c’est désormais à 64 ans, pas avant, que les travailleurs pourront partir à la retraite et donc entamer, s’ils le désirent, une carrière d’Umarell. Je ne vois guère qu’une grève générale pour tenter d’empêcher ces nuisibles de continuer à bousiller la vie des gens.

*La RATVM, Régie autonome des Transports de la Ville de Marseille, est l’ancêtre de la Régie des Transports de Marseille, aujourd’hui Régie des Transports Métropolitains

Photo d’illustration @Wikipedia : le trolleybus de la ligne 63 qu’empruntait mon Pépé au départ de chacun de ses périples. Il montait au Terminus Église d’Endoume près duquel nous vivions.

Le premier bain de mer de l’année

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Quand j’étais petit à Marseille, d’avril à octobre, j’allais chaque jour à la mer avec mes copains et nous nous baignions. Nous jouions sur les rochers, nous cherchions des crabes, nous pêchions des gobis ou des bavarelles, et lorsque les épaules nous brûlaient, nous sautions dans les vagues en riant et nous nagions longtemps. Du milieu de l’automne jusqu’aux derniers frimas du printemps, la mer, nous la laissions de côté. Nos jeux se déplaçaient vers les parcs voisins de nos maisons. Lorsque nous longions la Corniche, parfois nous nous arrêtions face au spectacle de quelques vieux qui s’offraient une baignade, qu’il fasse frais ou que le mistral se déchaîne sur la ville. Aujourd’hui, je vais à la mer en toute saison. Hélas pas tous les jours car je n’habite plus au bord de la grande bleue. Mais dès que je m’en approche, je ne résiste pas à ce plaisir. Hier, loin de Marseille, il faisait presque chaud près des palmiers et la mer était froide. Seize degrés, je crois bien. J’ai pris mon temps pour y entrer et j’ai nagé quelques minutes. Ce premier bain de l’année m’a replongé quelques décennies en arrière. Au temps de nos rires et de nos jeux d’enfants.

Malou du Panier, une histoire d’amour marseillaise

Il fut un temps, à chacun de mes retours à Marseille, où je déambulais à micro ouvert sur les lieux de ma jeunesse. Pas un jour sans saisir l’occasion de tchatcher avec tel ou telle inconnu.e croisé.e sur mon chemin. Marseille permet ce contact immédiat et cette proximité à savourer dans l’instant car bien souvent éphémère. Bavard et curieux de naissance, je ne me suis pas privé d’échanger, d’écouter les autres se raconter et parfois d’enregistrer cette parole, d’en conserver la trace avant de repartir à la pêche aux mots.

Le temps a filé.

Les traces se sont empilées dans le silence de mon disque dur externe.

Certaines voix captées se sont tues à jamais.

C’est l’une d’entre elles que je désire ressusciter et partager aujourd’hui.

La voix d’une femme extraordinaire.

Elle s’appelait Malou. Marchande de vêtements, elle était. Au Panier, le quartier de ma prime enfance.

Au début du printemps 2006, j’entre dans son magasin, attiré par l’enseigne : À touprix. Malou m’accueille avec gentillesse, nous bavardons un peu et elle accepte de se raconter. Longuement. Ses client.e.s ne sont pas en reste de paroles. En sortant du magasin ce jour-là, j’ignore que je ne reverrai plus jamais Malou. Près de quinze années plus tard, je réussis à retrouver son fils Gilbert. Il me reçoit chez lui. Je lui raconte ma rencontre impromptue avec sa maman. Il accepte lui aussi d’évoquer ses souvenirs à mon micro et de jouer quelques airs pour elle sur son orgue électronique.

Les voici tous deux réunis, huit ans jour pour jour après la disparition de Malou, le 15 août 2013.

Oh Marseille ! Enfin libérée, ne perds pas la mémoire !

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Marseille libérée, oui, après avoir été si longtemps martyrisée. Michèle Rubirola est devenue hier la première femme maire de notre ville d’amour. Alleluia ! La chute du monstre, tweetait Philippe Pujol dimanche dernier pour saluer la victoire de la gauche unie, incarnée par le Printemps Marseillais. À terre, les héritiers du vieux système gaudiniste.
Oui, conformément au choix de ses électeurs, la deuxième ville de France va enfin pouvoir commencer à changer d’ère, à s’offrir de l’air, étouffée, enkystée, emboucanée qu’elle fut depuis au moins vingt cinq ans par le clientélisme et la soumission du pouvoir municipal aux magnats du BTP et de l’immobilier.
Pour donner concrètement à Marseille le nouveau visage et le nouveau souffle auxquels aspire le peuple marseillais, il ne faudra à la nouvelle équipe ni négliger les plus délaissés de ses habitants, ceux des quartiers populaires, ni perdre la mémoire. Surtout ne pas oublier la tragédie de la Rue d’Aubagne et les huit personnes mortes dans l’effondrement de deux immeubles où ils vivaient, dans le quartier de Noailles : elles et ils se prénommaient Niassé, Julien, Simona, Ouloume, Marie-Emmanuelle, Chérif, Fabien et Taher. Le succès de Michèle Rubirola ne les ramènera hélas pas à la vie mais pourvu qu’il permette de leur rendre justice. Sans tarder. Ce n’est qu’à ce prix que la victoire historique du Printemps Marseillais sera aussi leur victoire et permettra d’enterrer définitivement le monstre.

Ma Ville Réveille-toi – Massilia Sound System

 

Farandola dei Bàris – Lo Cor de la Plana

Marseillais, Stop ou encore ?

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En ce dimanche d’élections municipales, j’écoute le Printemps de Vivaldi en pensant à Marseille, ma ville d’amour, et je me demande : Stop ou encore ? Les immeubles qui s’écroulent et qui tuent, Stop ou encore ? Les milliers de logements indignes, Stop ou encore ? Les élus marchands de sommeil, Stop ou encore ? Les écoles délabrées, Stop ou encore ? Les piscines en ruine, Stop ou encore ? La misère endémique, Stop ou encore ? Les quartiers populaires abandonnés, Stop ou encore ? Les rues privatisées, Stop ou encore ? Les transports en commun négligés, Stop ou encore ? Les pistes cyclables galvaudées, Stop ou encore ? La saleté et la pollution à gogo, Stop ou encore ? Les bibliothèques fermées, Stop ou encore ? La ségrégation sociale entretenue, Stop ou encore ? La bétonisation à outrance, Stop ou encore ? L’arrogance et le déni, Stop ou encore ? Marseille maltraitée, Stop ou encore ? Je réponds Stop ! Mille fois Stop ! Et je conjure les Marseillais d’aller en masse jusqu’aux urnes pour dire Stop ! Basta ! Pour qu’ils choisissent de tourner une bonne fois pour toutes la page sur un quart de siècle de désastre entretenu à petit feu. Pour qu’ils décident de faire prendre à leur ville, notre ville, le virage vers une vie plus douce, un quotidien plus apaisé, un futur plus serein, à échelle humaine, dans une cité plus durable et plus égalitaire. Le choix me semble limpide. C’est le choix de la dignité. Il est urgent de dire Stop à tous les chapacans, Stop au naufrage en cours et de pousser bien fort dans les urnes le son du Printemps de Vivaldi, pour accompagner jusqu’au Vieux-Port le Printemps Marseillais.

 

Le Printemps, Antonio Vivaldi – version pour trois violoncelles, signée Mau Castillo

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Illustration : Marseille, par @Félix Vallotton

Les mots de Gilou, mon ami d’enfance sourd-muet

Gilbert

Il me manque Gilou, mon ami d’enfance sourd-muet. Nous nous connaissons depuis tout minots. La vie nous a longtemps tenus éloignés mais chaque année ou presque, nous nous sommes retrouvés l’été et nous avons partagé tant de moments plaisants. Inoubliables. Je me souviens des après-midis de canicule en juillet et en août au bord du Verdon. Plus tard des baignades au bord du lac de Sainte-Croix. Je me rappelle le miel dégusté à même les hausses sur la murette de sa maison, près du monument aux morts de 14-18. Je me souviens des parties de boules, le soir à la fraîche sur la place de Bauduen, son village qui est aussi l’endroit du monde où est née ma Mémé Zoé. J’y montais pour les grandes vacances. Lui aussi se souvient de ces moments précieux, j’en suis sûr. Pendant le confinement, nous avons pris de nos nouvelles. Lui l’a passé à Bauduen, auprès de ses parents, là où il a vécu les trois premières années de sa vie.
Avec Gilou, nous avons toujours communiqué facilement. J’ai appris à lui parler lentement et en accentuant l’articulation des mots. Lui, il a toujours su déchiffrer mes paroles sur mes lèvres et toujours su me répondre à sa façon, avec ses sons à lui. Son langage, je l’ai toujours compris. Du coup, nous avons toujours beaucoup échangé. Il y a six ans, c’est à Bauduen que je lui avais proposé d’enregistrer ses paroles. J’en avais très envie. Je m’étais dit qu’il n’y avait pas de raison pour que je le fasse pas. Je savais que j’apprendrais beaucoup à l’écouter se raconter. Il avait accepté de se confier. Avec tant de gentillesse. Il m’avait parlé de son enfance, de ses années d’apprentissage, de sa condition de sourd-muet, de son parcours professionnel, de son village d’amour. Ses mots, je les réécoute aujourd’hui et je les partage. En espérant fort que nous pourrons nous retrouver bientôt pour échanger encore et toujours.

Les mots pour le dire.

« Je suis sourd de naissance. Depuis tout petit je n’entends rien. Déjà dans le ventre de ma maman, je n’entendais rien. Je ressens les vibrations des sons lorsque je suis en boîte de nuit, ou quand il y a le feu d’artifice. Je les ressens dans le corps. Sinon je n’entends rien. Ce silence c’est une habitude. Je vois plus. Je suis plus attentif. La nuit c’est difficile dans le noir. L’équilibre est difficile la nuit. Je n’arrive pas à imaginer le chant des oiseaux. Les oiseaux, je les vois voler et puis c’est tout. Avec les gens, la communication est difficile. J’écris des sms sur mon portable mais c’est difficile. J’ai des amis qui sont eux aussi sourds et muets, à Marseille, à Nice. À La Ciotat, j’ai des amis qui entendent et j’arrive à parler avec eux. J’aime le foot. Je jouais bien, mais maintenant c’est fini, j’ai soixante ans. Je regarde le foot et je vais au stade. Je supporte l’OM. Je viens souvent à Bauduen voir ma famille, voir maman. Je l’aide à entretenir la maison. J’aime beaucoup être à Bauduen. C’est calme, tranquille. Je rêve de beaucoup de choses. Si je suis heureux ? Normal. Ça dépend des jours. Il y a des hauts et des bas. C’est difficile d’être sourd, de ne pas entendre. Je lis des livres un peu. Je vais sur Internet. J’y ai des amis. Nous communiquons par vidéo. Nous échangeons avec le langage des signes. Je suis content de venir dans mon village et de retrouver les gens. Ici, je vais me baigner dans le lac. »
« J’ai été à l’école à Nice, de 3 ans à 8 ans, puis après à Marseille, à l’Institut des sourds et muets, à côté de Notre Dame de la Garde, en dessous. J’y ai appris à parler, à écrire. J’ai appris le langage des signes. Ensuite, j’ai passé le Certificat d’études et j’ai été apprenti menuisier pendant trois ans. J’ai réussi le CAP à 17 ans et j’ai travaillé aux Chantiers navals de La Ciotat comme menuisier ébéniste à l’intérieur des bateaux. J’avais de bons camarades. Nous étions un bon collectif. Après, les Chantiers ont fermé, j’ai été licencié économique et j’ai trouvé du travail à l’Institut des sourds et muets à Marseille, comme homme d’entretien. J’y suis resté jusqu’à la retraite. »

Missak, mémoire rouge

MISSAK

J’ai découvert hier que c’était la Journée nationale de la Résistance. Me suis souvenu que c’est mon instituteur de père qui m’a appris à le lire ce mot. Juste avant que j’entre à la grande école, je crois bien. Écrit avec un R majuscule. Toujours. Ces dix lettres, je les avais découvertes dans l’Humanité laissée sur le rebord de la table. Imprimées peut-être à la Une. En dessous de la faucille et du marteau. Tout minot, je cherchais tout le temps des mots à déchiffrer, à reconnaître et à mémoriser. Puis à prononcer à voix haute. Pour le plaisir de les dire. Il fallait m’arrêter tellement j’étais bavard. Je fouinais dans les livres, je cherchais des mots nouveaux dans les revues et donc dans l’Huma. Résistance. Papa m’avait ensuite appris à l’écrire. Plus tard, il m’avait raconté. Il était enfant sous l’Occupation, à Marseille. Pas encore communiste. Fils d’ouvrier arrivé de Zurich dans les années 20 et pas du tout politisé. Papa avait revisité ses souvenirs. Je le réentends me dire qu’une image l’avait frappé à l’époque. Une affiche rouge collée plusieurs fois sur les murs de son quartier de Saint-Just. L’Armée du crime. Missak Manouchian. Il m’avait parlé des Résistants. Des Francs Tireurs Partisans – Main d’œuvre immigrée. Des Espagnols, des Arméniens, des Italiens, des Hongrois, des Polonais, aux côtés de Français. Il m’avait dit qu’ils étaient vingt-trois à s’être fait arrêter par les nazis, qu’ils étaient morts en héros, et qu’ils avaient refusé d’être fusillés les yeux bandés. Lui le fils d’immigré, il m’avait demandé de ne jamais oublier ce que les étrangers avaient fait pour libérer la France. Je lui avais promis que je garderais toujours en mémoire Missak et ses camarades. 

 

L’affiche rouge – Louis Aragon – Léo Ferré

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Le cœur des Marseillais, mais pas que…

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Chaque année, le 26 mai est une date à part. Une date anniversaire. 27 ans que ça dure. 26 mai 1993. Je me souviens de Marseille, ma ville, en liesse comme je ne l’avais jamais vue ni entendue. À Munich, l’OM devient champion d’Europe de football. À jamais le premier club français à soulever la Coupe aux grandes oreilles. Grâce à Basile Boli. Ce coup de tête magistral qui loge le ballon dans les cages du grand Milan. 27 ans. Une éternité. Mais un bonheur et une fierté qui restent. En profondeur. L’OM c’est le club de ma ville. C’est aussi le club dont ma mère porta les couleurs. Mais oui…

 

L’OM c’est le club d’une ville ouverte sur le monde depuis plus de vingt-six siècles. Une ville de migrations, d’allées et venues. D’arrivées, d’installations, de départs, de retours. Pour une heure ou pour toujours. Parfois le temps d’un match. À Marseille comme en son Vélodrome, on est accueilli d’où que l’on vienne. Même de Paris…

 

Trois petits tours et puis revient (10) Pape Diouf…

pape

 

Pas les mots ce matin. Rien que les siens.

« On naît, on vit, on part, on est tous de passage. On se succède les uns aux autres. C’est la loi de la nature. Je n’ai pas peur qu’on m’oublie. L’essentiel est que mes enfants et ma famille ne m’oublient pas. »

Pape Diouf, 1951-2020

 

 

pape

Birima  – Youssou N’Dour

 

(À demain 8h30…)

 

 

 

Trois petits tours et puis revient (7) Il n’y a pas la mer…

depuismafenetre

 

 

Parfois, le matin, en ouvrant la fenêtre de ma chambre, je me dis que je vais voir la mer en vrai, comme quand j’étais minot depuis notre maison d’Endoume, à Marseille. Et bien non, il n’y a pas la mer. C’est joli dehors mais il n’y a pas la mer. Ça m’attriste un peu. Et puis je me dis que lorsque tu ouvres ta fenêtre toi aussi, tu ne vois ni la mer ni le ciel. Tu n’aperçois même pas un arbre. Ça me fend le cœur de réaliser ça. Je sais aussi qu’il y en a qui ouvrent leur fenêtre le matin, qui voient la mer et qui sont tout aussi tristes.

 

 

depuismafenetre

 

(À demain 8h30…)

 

Par la fenêtre – Moussu T e lei Jovents

 

Quelque part, là je jouis !

écoute

carnet d’écoute 2 (1)

Dès que je me suis installée devant le grillage qui sépare le boulodrome Saint-Victor de l’antique carrière de la Corderie les flics sont arrivés une poignée pas plus arnachés comme pour affronter des ennemis surarmés casques gilets pare-balles boucliers protège-genoux le regard vissé sur la foule des habitants qui viennent chaque jour parler de leur amour pour ce patrimoine marseillais qu’on veut leur arracher moi je me suis assise sur mon petit tabouret de camping pliable j’ai sorti mon violoncelle de sa housse et j’ai commencé à jouer tranquille les yeux baissés vers l’ocre de la terre puis levés vers le ciel d’hiver plus un bruit de pas en face de moi Bach seulement par la grâce de mon archet sur les quatre cordes ensuite tout est allé très vite chacun s’est pris par la main une chaîne humaine s’est formée sur des dizaines de rangées les policiers n’ont pas bronché lorsque la foule a renversé le grillage j’ai continué à jouer et une vieille dame est venue me glisser à l’oreille « quelque part, là je jouis ! »

 

Izzo… hissez haut !

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Vingt ans qu’il nous a quittés, Jean-Claude Izzo.

Ses livres nous ont tant accompagnés de son vivant.
Ils continuent de compter depuis qu’il est parti.
Je n’oublie pas l’auteur des Marins perdus et du Soleil des mourants, ses deux livres que je préfère.
Je me souviens de notre fugace rencontre à la fin des années 90, avant une émission de Télé Monte Carlo dont il était l’invité.
Nous avions échangé sur Marseille, sur le journal La Marseillaise où il avait travaillé, sur l’idéal communiste que nous partagions et sur la « saloperie du monde », comme il disait. Je me souviens de la douceur de sa voix.
Présents en moi aussi ses encouragements à continuer à écrire, à m’accrocher, alors que j’empilais les refus de mes manuscrits de nombre d’éditeurs.
Il y a quelques années, j’étais allé lire Izzo à voix haute au Rond point de Callelongue, dans ce coin de Marseille si cher à son cœur.

J’ai découvert hier sur Twitter que Jean-Claude Izzo avait désormais une place à son nom dans le quartier du Panier. Consterné mais guère surpris que la Ville ait mis dix-neuf ans pour l’inaugurer. En présence de son fils Sébastien.

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@LeoPurguette

J’ai apprécié que samedi-soir, les supporters de l’OM, dans le virage sud, rendent hommage « au grand Jean-Claude Izzo, amoureux de sa ville, disparu le 26 janvier 2000.

On pourrait inventer un nouveau chant au Vélodrome :  « Izzo…  Hissez haut ! »

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@VieilleGardeCU84

Vous êtes une merveille !

écoute

À Marseille tu écoutes toujours les gens dans la rue
surtout les femmes oui
peut-être parce que tu perçois mieux leurs vibrations
le flot de leurs mots roule vers tes oreilles tu les accueilles à la volée
happé par leur son tu es au fur et à mesure qu’elles se rapprochent
souvent tu ne comprends pas ce qu’elles disent quand tu les croises
tu acceptes de rester en dehors des paroles qui surgissent et qui passent
en dehors de leur rythme de leur modulation de leur timbre de leur volume
mais parfois tu en imprimes des bribes
tu saisis des petits mots
ces sons fugaces mis bout à bout en un éclair t’emmènent à chaque fois vers de petites histoires tu te les racontes ensuite dans ta tête et les écris dans ton carnet d’écoute

Vous êtes une merveille !

Il tourne il vire sur le trottoir il ne peut s’arrêter parfois tu sens qu’il voudrait se poser un peu en terrasse et respirer mais là non il ne peut il va et vient la rue est longue elle court du quai à la place là-haut et il monte et descend essoufflé pardi il imprime un rythme fou il marche un peu comme s’il était en cage comme ces pauvres fauves enfermés dans les zoos pourtant aucune barrière aucune entrave à ses mouvements lorsqu’il passe devant la table où je prends mon café il ferme les yeux et continue à avancer il me semble même qu’il accélère en nous frôlant nous les quelques clients qui profitent de la douceur du crépuscule pour respirer l’air de la ville débarrassé des brassées de fumées qui ont enveloppé chaque quartier tout l’été il nous passe devant en apnée le regard vissé sur le trottoir pavé tout jeune il est blond comme un angelot de Botticelli la bouche carmin gourmande des doigts longs sans doute mais comment le savoir le deviner il serre ses poings et il repart vers le port il vole presque le regard dressé vers le ciel à présent puis il s’en retourne il s’approche maintenant juste à la bonne vitesse je range mon rouge à lèvres le temps de me parfumer il s’arrête devant ma table et me lance « vous êtes une merveille !« 

Mon premier Premier Mai à Paris

premiermai

Premier Premier Mai de ma vie à Paris
pas pu m’empêcher de lancer ma mémoire vers Marseille alors que l’air se chargeait de nuages toxiques là-bas en tête de cortège
en cheminant vers la Place d’Italie
ne savais ne savions rien encore de ces relents puants, fascisants
rien de cette violence sourde en train de blesser le Paris des travailleurs, d’humilier le Paris des luttes et de la fête, de mettre en colère Paris du Front Populaire et de la Libération

Premier Premier Mai de ma vie à Paris
parmi frères et sœurs à l’accent pointu avancer en souriant à la chaleur de mai
en me souvenant que minot c’était sur les épaules de mon père que je défilais entre les Réformés et la Joliette
il y avait des drapeaux rouges des faucilles et des marteaux dessus jaunes d’or
des calicots blancs avec slogans clairs Paix au Vietnam, Liberté pour Angela Davis
je me souviens des banderoles aux lettres rouges sang des cheminots, des postiers, des travailleurs de la réparation navale avec leurs Bleus de Chine
les adultes chantaient l’Internationale
l’ambiance était joyeuse légère
en descendant Canebière des gens applaudissaient ou nous rejoignaient ou se mêlaient au défilé en chantant
ça me plaisait de lever le poing les doigts bien serrés
quelques agents de police nous dévisageaient sous leurs képis blancs
ils transpiraient certains baillaient en regardant leur montre

parvenu sur le Vieux-Port le cortège ralentissait on regardait la mer scintiller et les mats des voiliers se dandiner
Rue de la République je me souviens de l’ombre soudain dans le cou et des slogans qui résonnaient plus fort
je voulais marcher moi aussi me dégourdir les jambes
mon père me faisait descendre maman me prenait par la main
vus d’en bas les drapeaux rouges caressaient le ciel
ça sentait l’iode le poisson mort la mer l’urine et un peu les poubelles aussi
elle me semblait lointaine la place de la Joliette là où le cortège se dispersait
en face des bateaux qui attendaient de reprendre la mer pour Bastia ou Alger
chaque fois j’avais envie d’embarquer moi aussi
et je pensais à mon grand-père corse qui avait passé sa vie à naviguer
à ses Premiers Mai à lui travailleur de la mer parmi les travailleurs sur la terre
et puis il fallait rentrer repartir vers l’autre côté du Vieux-Port retourner au quartier remiser les drapeaux
le visage brûlant de soleil

Premier Premier Mai de ma vie à Paris
ce souvenir d’enfance m’a accompagné hier de Montparnasse jusqu’au carrefour où j’ai rebroussé chemin étouffant soudain dans ce cortège géant bruyant bon enfant ce cortège rempli de colère et de chants et de slogans tonitruants
colère à chaque coin de rue barrée
toutes sans exception
par les hommes bleus géants casqués armés boucliers matraques grenades lacrymogènes LBD
pris dans une nasse géante avons avancé dans l’autre sens alors que circulaient tout à coup sur nos smartphones les images violentes de la répression sauvage en tête de cortège le sang les blessés
les plans affolés sur ce déferlement de coups d’assauts de poursuites de baston de gazages de pavés lancés de cris et de colère mêlés

Premier Premier Mai de ma vie à Paris
ne serai pas allé jusqu’à la Place d’Italie
de retour à l’abri découvrir avec dégoût le mensonge d’État
honteux méprisable haïssable
reconnaître l’odeur affreuse de ces mots dans ma bouche
en détester la râpeuse texture
maudire chacune de leurs consonnes
les recracher avec dégoût
en reconnaître pourtant le poids de colère et de révolte
prendre pitié pour les blessés les cabossés les défigurés les menottés les humiliés
puis repartir les yeux clos vers la lumière joyeuse de mes défilés d’enfance.

Shanghai est une tchatche

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Elles papotent sur leurs chaises devant leurs maisons
profitent d’une rare matinée sans pluie pour se retrouver dehors et bavarder
en shanghaien peut-être en mandarin moins sûr
tu ne comprends rien de rien mais tu t’en moques leurs yeux parlent et tu accueilles leur vie leur gaité
elles sont voisines parentes ou copines
les deux moins jeunes peut-être anciennes camarades d’école ou collègues d’usine

lorsque tu t’approches pour les saluer elles se taisent te dévisagent te sourient sauf la dame de droite peu démonstrative
puis elles repartent de plus belle
parlent fort sans desserrer leurs doigts semblent soudain se fâcher frôler la dispute
et se mettent à rire comme des gamines
en un éclair elles sont passées du drame à la comédie
tu te croirais dans le Marseille de ta prime enfance au quartier du Panier.

J’ai trois souvenirs de films

laguerredesboutons

Voici ma contribution à l’atelier d’écriture proposé par François Bon sur son Tiers Livre sur le thème « J’ai trois souvenirs de films » l’ai écrite sous la forme d’un triptyque histoire de respecter la consigne donnée par François

#Marseille #1962

L’Impérial tu sors de la maison tu fais à peine cent mètres sur le petit trottoir la main dans celle de Maman et tu y arrives il se trouve Rue d’Endoume ce cinéma dans la pente à droite en remontant vers la Place Saint-Eugène nous allons voir La Conquête de l’Ouest le tout premier film de ta vie Papa est là aussi comme c’est les vacances scolaires il marche devant pour prendre les billets à la caisse la dame qui les vend trop petit je suis pour voir son visage rien que ses cheveux noirs bouclés dépassent du petit fénestron carré qu’elle referme dans un grincement rouillé après chaque groupe de clients il y a foule devant l’entrée tous emmitouflés nous sommes au premier rang nous allons nous asseoir Maman au milieu à ma gauche Papa à la sienne elle n’aime pas trop les western mais elle fait un effort pour me faire plaisir Noël approche mon chéri la salle est bruyante il y a les actualités au début en noir et blanc et un entracte juste après j’entends l’ouvreuse descendre vers nous ses talons claquent bonbons esquimaux chocolats caramels elle répète il y a aussi des Kréma au réglisse ils collent à mes dents l’ouvreuse est souriante elle sent bon elle mâche un chewing gum en faisant exploser des bulles avec sa langue puis elle remonte vers le balcon du cinéma peuplé d’adolescents chahuteurs ils jettent leurs papiers et leurs bâtons de frigolos sur les rangées du bas les gens râlent je les entends le film commence le son est très fort pour mes oreilles de minot de huit ans je découvre l’Amérique en couleurs les forêts les rivières les Indiens les bisons nous sommes tellement près de l’écran que les bêtes me cavalent presque dessus soudain des barils de poudre explosent et je sursaute je décolle de mon siège j’ai très peur heureusement Maman me prend la main et ça va mieux les coups de revolver la guerre je me languis que ça s’arrête ça ne me plaît pas trop que les cowboys gagnent à la fin.

#Marseille #1966
Le Forum il nous faut dépasser le croisement du Boulevard Bompard et descendre vers le centre-ville pour y arriver une fois laissée la Maison du Peuple à main droite deux virages après nous y sommes avec les copains avons un peu traîné appuyé sur quelques sonnettes pour rigoler et détalé vite vite la séance de quatre heures la prenons en marche juste à la fin du film muet avec Laurel et Hardy La Guerre des boutons nous nous sommes payés Pépé m’a donné les sous avec un petit plus pour l’esquimau glacé il m’a dit j’ai choisi plutôt les bonbons au chocolat Pie qui chante sommes montés nous asseoir au balcon chacun a choisi son camp les Longeverne c’est le mien Petit Gibus je l’aime beaucoup petit de taille comme moi et espiègle comme j’aimerais être la campagne où se déroule le film ressemble à Gémenos où j’allais chez Pépé et Mémé tout gamin pour les vacances quelques copains de la bande ne s’intéressent pas du tout au film très dissipés ils se penchent à la balustrade du balcon et envoient des crachats sur les rangées du bas puis pouffent de rire j’ai du mal à suivre l’action planqués derrière nous au dernier rang du haut dans la pénombre un couple de grands la vingtaine je crois ne cesse de s’embrasser j’entends la demoiselle gémir légèrement son mollet blanc rosé est posé sur le dossier du siège elle non-plus n’a pas vu grand chose du film et moi j’aimerais être à la place du garçon.

#Marseille #1990
Le Breteuil tout en haut de la rue qui donne son nom au cinéma en voiture nous y rendons avec Noémie ma fille de huit ans peu de places libres pour se garer dans le quartier je tourne je vire perdons du temps et lorsque nous pénétrons enfin dans le couloir à la lumière rouge sombre la caissière sort de sa cabine désolée Bernard et Bianca c’est complet je lui réponds que c’est la toute première fois que j’emmène Noémie au cinéma tant pis s’il vous plaît nous nous assiérons sur une marche d’escalier c’est pas grave la dame est gentille nous prenons place au fond de la salle le dessin animé vient de commencer ma fille sur mes genoux la tête calée sous mon menton ses cheveux sentent la vanille elle se retourne en souriant lorsque les souris entonnent la chanson SOS Société nous sommes là pour vous aider elle me tapote le genou en suivant le rythme je chantonne elle me dit chut nous sommes deux petites souris nous aussi blotties contre le mur tapissé de velours rouge loin du monde des humains et lorsque le film s’achève Noémie se prend pour Bianca en me lançant J’adore les décollages !

*Chacune des contributions se découvre ici

Aujourd’hui L’Impérial est devenu un CIQ, le Forum un garage et le Breteuil je ne sais pas…

Photo de ci-haut extraite du film La Guerre des boutons de Yves Robert 1962

Qu’es bòn !

portraitMarseille

Sur les murs de ma ville cette femme nous regarde venue de loin arrivée ici comme tant d’autres depuis tant de siècles derrière sa photo des journaux en chinois comme un habit de lumière au carrefour des continents un jour un portrait #OneDayOnePortrait ne sait qui a signé cet hommage discret à toutes celles et tous ceux venu.e.s d’ailleurs pour vivre à Marseille hommage à la fraternité joie dedans à chacun de mes pas et plaisir de fredonner l’une des chansons de Moussu T e lei Jovents qui chaque jour m’accompagnent où que je marche où que je respire où que je tâche de ne point désespérer

Qu’es bòn !

Nos farien creire que viure ensems es una ideia de calut,
Nos farien creire que sensa mestre seriam perdut,
Nos farien creire que tot pòu estre crompat o vendut,
Nos farien creire qu’es totjorn lo copable qu’es abatut.

Ils nous feraient croire que vivre ensemble est une idée de fou
Ils nous feraient croire que sans maître, nous serions perdus,
Ils nous feraient croire que tout peut être acheté ou vendu,
Ils nous feraient croire que c’est toujours le coupable qui est abattu

O fan
Qu’es bòn
De relevar la testa!
Qu’es bòn
De si sentir vivent!
Qu’es bòn
De rintrar dins la festa!
Qu’es bòn oie qu’es bòn!

Que c’est bon
de relever la tête !
De se sentir vivant !
De rentrer dans la fête !
Que c’est bon !

Nos farien veire dei montanhas d’aur per nos atisar,
Nos farien veire dei dieus poderos per davant si clinar,
Nos farien veire dei gròs saberuts per mai nos embarcar,
Nos farien veire d’imatges verinosa per nos enganar.

Ils nous feraient voir des montagnes d’or pour nous attirer
Ils nous feraient voir des dieux puissants pour s’incliner devant
Ils nous feraient voir des grands savants pour mieux nous arnaquer
Ils nous feraient voir des images venimeuses pour nous tromper.

Qu’es bòn
De relevar la testa!
Qu’es bòn
De si sentir vivent!
Qu’es bòn
De rintrar dins la festa!
Qu’es bòn oie qu’es bòn!

Nos farien viure un monde d’enveja e de prohibicion,
Nos farien viure empegat au pecat, a la supersticion,
Nos farien viure segon la borsa e seis evolucions,
Nos farien viure dins un astre malaut, poirit de polucion.

Ils nous feraient vivre un monde d’envie et de prohibition
Ils nous feraient vivre collés au pêché, à la superstition
Ils nous feraient vivre selon la bourse et ses évolutions,
Ils nous feraient vivre dans un astre malade, pourri de pollution.

Qu’es bòn
De relevar la testa!
Qu’es bòn
De si sentir vivent!
Qu’es bòn
De rintrar dins la festa!
Qu’es bòn oie qu’es bòn!

Un thé à la menthe sans frontières

affichesmigrantsQuitter le métro station Noailles et juste à la sortie face au marché des Capucins tomber sur cette affiche les frontières tuent oui là-haut dans les Alpes tout près de nous imaginer le calvaire de ces jeunes migrants africains raconté ici être fier de la solidarité des gens de montagne guidés au quotidien par ce que leur dicte leur conscience leurs valeurs leurs principes souvent dans la crainte des gendarmes

vieuxportensuite descendre vers le Vieux-Port là où tout a commencé pour notre Marseille là où ses fondateurs phocéens choisirent de se poser après des jours et des jours de mer les mêmes qui pour construire la ville puisèrent dans l’antique carrière de la Corderie aujourd’hui dévastée endeuillée

accoulespuis aller saluer le clocher de l’Église des Accoules au pied de ce quartier du Panier où je passai les deux premières années de ma vie elle au moins personne ne va la menacer personne ne projette de la couper en morceaux pour vendre le terrain à un promoteur enfin mèfi quand-même Marseille regorge parfois de mauvaises surprises poursuivre la balade à travers les lieux familiers et m’asseoir devant un thé à la menthe dans ce café où je me plais à écouter les gens parler arabe

ne rien comprendre à ce qu’ils disent mais pas grave au contraire en capter les sons savourer les intonations deviner les humeurs les émotions de celles et ceux qui échangent ici en paix devant la même boisson que moi Marseillais comme moi frères et sœurs de la même cité qui n’en finit pas d’être blessée humiliée et de tenter de panser ses plaies comme elle peut

pizzaavant de m’en repartir une petite faim m’arrêter chez Charly où la pizza est une maxi-régalade me souvenir des mots de Jean-Claude Izzo sur le bonheur .

Du désastre de la Corderie aux mots de Marsiho

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Le désastre vécu par l’antique carrière de la Corderie a fait surgir en moi un désir de vengeance pour qu’à jamais les coupables de ce crime contre le patrimoine de Marseille soient expédiés dans les décombres de l’Histoire surgi aussi un rêve de grand tremblement qui ressuscite le site pour que tous ensemble nous puissions repartir pour 2600 ans de mémoire vive vite m’efforcer de chasser cette pulsion vilaine la rayer de ma tête et de mes tripes car le sang et la haine ne lavent jamais aucun forfait je le sais bien chasser ce cauchemar funeste et tenter de me tourner vers le beau vers les mots qui eux enterrent la saloperie du monde et le sauvent ils le peuvent oui ils le peuvent désir profond ici au cœur de notre cité de retrouver l’un de ses fils les plus inspirés les plus poètes l’écrivain André Suarès auteur du formidable Marsiho savourer chaque phrase de ce bijou et lire un extrait à voix haute où trois mots sonnent en écho au désastre meurtre lâcheté et soleil…

« … Sous le ciel d’azur, rire éclatant, il y a dix coins marqués pour le meurtre. Ce sont des places régulières, des trapèzes biscornus qui s’espacent au soleil entre deux ou trois pâtés de grosses maisons. Terrains vagues, lieux de démolitions, ils semblent piqués de décombres, jalonnés pour le crime et lotis au guet-apens. Les pavots du sang doivent pousser sur ces champs arides : ils attendent la saison.
Que le ciel est heureux qui les illumine, qu’il laisse tomber de haut le miel de la lumière sur ces dartres galeuses de la peau d’une ville ! Rien ne ressemble moins au coupe-gorges des ruelles sinistres, dans les vieilles cités à l’ombre des cathédrales. Ici, tout se fait en plein soleil. Quelle merveille dans une ville où comme partout, le style moderne commande l’hypocrisie et la lâcheté.
Au beau milieu de la cité, dans le centre de la ruche, là où grouille la foule, les carrefours prédestinés haussent une large épaule, étirent leurs membres de plâtre gris, et dressent leurs bosses de terre battue. Tantôt plus couverte de gens qu’une charogne de vermine et tantôt déserte comme un cimetière à minuit, la place est un champ clos.
J’en sais une, les lignes courbes, la rue qui fuit, les ruelles qui s’amorcent en serpents et en scorpions, mes murs aveugles d’une part, des murailles trouées en écumoire, de l’autre, tout y appelle le meurtre… »

Copyright @ Editions Jeanne Laffite

Colère, tristesse et honte

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Comment taire ma colère quand à Marseille brise-roche et tracto-pelles dévastent des vestiges grecs vieux de vingt-six siècles ça se passe dans le quartier de ma jeunesse sur le site de l’antique carrière de la Corderie où les Phocéens fondateurs de la cité venaient s’approvisionner pour construire Massalia

ce carnage patrimonial me révolte tout autant qu’il m’attriste 2600 ans d’histoire démolis pour laisser Vinci construire un immeuble de cent-neuf logements de standing avec la bénédiction du Président de la République de la Ministre de la Culture et du Maire de Marseille que la honte les inonde !

 

Photo de ci-haut @DavidCoquille

Tant mieux pour les poissons

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Sous le vent déchaîné
le sémaphore se tait
il laisse la mer parler

ni brigands ni contrebandiers
à guetter de là-haut
comme au bon vieux temps

en secret les gabians
observent apaisés
les rochers débarrassés
des pêcheurs à la ligne

tant mieux pour les poissons.

 

Callelongue dans la présence d’Izzo

Callelongue2

Chaque fois que mes pas me mènent ici en ce bout du monde marseillais je sais je sens que Jean-Claude Izzo m’accompagne pareil hier sous les embruns et les bourrasques de ce vent d’est furieux Callelongue et ses cabanons trempés sa roche blanche indondée teintée de beige par la pluie son sémaphore tendu vers le ciel gorgé de gris face aux îles Maïre et Tiboulen de Maïre secouées de vagues et d’écume Jean-Claude Izzo tremble à mes côtés devant ce Marseille grandiose terrible et cette Méditerranée où tant d’humains de migrants de marins continuent de se perdre

Je me souviens qu’il y a plus de deux ans et demi je m’étais installé au rond-point de Callelongue pour lire à voix haute un texte de Jean-Claude Izzo

Mon billet de blog du 1er avril 2015 c’est par ici.

 

Quelques pensées de mistral

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Qu’en entendent-ils du mistral les disparus il fait danser les mouettes écumer les flots hurler trembler les fenêtres de ma chambre qui fut ton bureau Maman l’entends-tu toi dis ce vent de folie le sentent-ils les morts pousser et pousser encore les dalles de leurs tombes s’engouffre-t-il dans les fissures délaissées les pots de fleurs les ex-voto les plaques aux mots offerts qui tapent sur le marbre en perçoivent-ils les claquements et ces cendres dispersées au jardin du souvenir qu’en reste-t-il lorsque le vent se déchaîne et nous vrille la tête avec toutes ces pensées sombres tu peux me dire Maman ?

« … Mistral mistral mistral
On voudrait bien que tu t’arrêtes … »

Et maintenant, le Jardin public Valmer !

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Valmer c’est un jardin public de toute beauté comme la villa qui le surplombe dans le quartier de ma jeunesse j’y venais souvent refaire le monde avec les copains et regarder la mer avec une chérie il sent bon l’iode les pins et les arbousiers ce jardin il est délicieusement arboré il permet de se détendre à l’ombre les après-midi d’été Valmer accueille souvent des mariés en quête de photos face à la mer car il offre une vue somptueuse sur la Corniche le Frioul les îles d’Endoume Malmousque le Petit Nice jusqu’à l’île Maïre à l’autre bout de Marseille vers les Calanques aujourd’hui le voilà menacé d’être privatisé sur sa partie haute celle qui jouxte la villa vouée à devenir un hôtel cinq étoiles la Ville veut y aménager un parking en catimini sans consulter personne c’est juste une nouvelle atteinte au patrimoine commun des Marseillais ce joyau doit rester public ouvert à toutes et à tous ça n’est pas négociable j’ai choisi de rejoindre les plus de 13.400 signataires de la pétition lancée par Hervé Menchon parce que je ne supporte pas l’avenir qui est dessiné à ce jardin par des élus irresponsables ceux qui cautionnent aussi la construction programmée par Vinci d’un immeuble avec parkings souterrains sur le site de la carrière antique de la Corderie peut-être signerez-vous aussi ça peut servir une signature deux signatures des milliers de signatures pour renverser le cours d’une histoire de Marseille qui a tendance à se conjuguer de plus en plus avec le fric les intérêts privés au détriment de notre vivre tous ensemble sur le sol de notre cité.

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Pour prolonger, lire la page Facebook du groupe Les Sentinelles.

 

Vinci indésirable sur l’antique carrière marseillaise de la Corderie

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Retourner à Marseille hier dans le quartier de ma jeunesse boulevard de la Corderie si souvent emprunté adolescent pour descendre en ville tourner à droite à Saint-Victor juste après la rue d’Endoume venions de là avec les copains pour aller au ciné à deux pas de la mythique et somptueuse Abbaye avancions vers le Vieux-Port passions en dessous de l’antique carrière grecque exploitée à partir du VIème siècle avant notre ère du temps où Marseille était Massalia pas encore mise à jour à l’époque où la longeais sans le savoir aux côtés de Jean-Marc de Guy et de tant d’autres aujourd’hui Vinci ose vouloir y construire un immeuble résidentiel avec la bénédiction de la Mairie de Marseille et de la Ministre de la Culture pas une semaine sans rassemblement d’habitantes d’habitants d’architectes d’archéologues pour protester contre l’insupportable le sacrifice du patrimoine historique des Marseillais sur l’autel du fric banderoles affichettes pancartes et paroles aussi paroles de colère à commencer par Franck Pini habitant du quartier.

David Coquille est journaliste au quotidien La Marseillaise je garde une tendresse pour ce journal où fus correcteur l’été de mes dix-sept ans ce fut aussi le journal du regretté Jean-Claude Izzo David Coquille donc qui chronique avec talent chaque épisode du feuilleton de l’antique carrière remonté lui aussi devant le scandale de ce projet immobilier cautionné par Jean-Claude Gaudin et Françoise Nyssen.

Ne pas lâcher résister ensemble chacune et chacun à son niveau seule condition pour que ce funeste projet finisse par être enterré dans les poubelles de la ville.

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Lire l’interview réalisée par David Coquille de Georges Heintz, architecte urbaniste et membre de l’Académie d’architecture, publiée dans La Marseillaise.

David Coquille est aussi sur Twitter : @DavidLaMars
Il y tient entre autres la chronique de la carrière antique de la Corderie

La lune, la carrière et les caractères

24734FE7-BB41-4585-8013-D2E2562C1517Presque pleine lune brille tant que nuit fut peu paisible pensé aux nouvelles d’ici accueillies en désordre comme un flot continu d’autant plus violent qu’en fus coupé là-bas du coup ai sorti la machine à trier à élaguer à contenir le plus possible le flux de colère en moi histoire de conserver lucidité sens critique mais sans brider ma capacité à m’indigner ne vais pas dresser la liste de tout ce qui me fait bondir depuis qu’ai retrouvé notre vieux monde serait longue à dresser mais fais le choix de retenir le plus exaspérant le site antique de la Corderie à Marseille menacé par Vinci avec la bénédiction de la Ville ça résiste oui ça résiste beaucoup un combat quotidien des Marseillais pour sauvegarder le site entier il faut le gagner ce combat contre la fabrique du fric contre ce monstre aux dents d’acier c’est un combat pour notre mémoire vive notre dignité de Marseillais d’où que nos ancêtres et nous mêmes soyons arrivés sur le sol de la cité quelle que soit la date du début de l’histoire qui nous lie en profondeur avec la plus ancienne ville de France ne pas lâcher continuer à crier à dénoncer à s’opposer me souviens bien des sorties au cinéma de notre jeunesse descendions par le boulevard de la Corderie pour remonter vers le Breteuil ignorions la carrière mais elle nous entendait passer c’est sûr les vestiges encore enfouis captaient nos pas et nos paroles de fils et filles de Marseille souvenir vivace si on nous avait dit à l’époque nous serions venus nous agenouiller de fierté devant ces trésors les protéger aujourd’hui combat de haute importance et de haute lutte oui mal dormi donc  agité tourné et retourné dans le lit à cause aussi des caractères chinois que j’ai commencé à apprendre la trentaine de verbes que je sais dire que je comprends qui me servent pour échanger un peu et que je désire savoir écrire et lire maintenant la tâche est belle et difficile les mots ont défilé devant mes yeux tandis que de mes doigts dans le clair obscur de la nuit je tentais de répéter l’ordre des traits de chacun en me trompant forcément en mélangeant un peu il me faudra reprendre dans la quiétude du matin sur mon cahier quadrillé répéter répéter encore comme le font toutes celles et tous ceux qui chaque jour font entendre à Marseille que la carrière antique de la Corderie elles, ils y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.

Shanghai est un vendredi treize porte-bonheur

pudong

Inédit et béni ce vendredi treize vrai porte bonheur invité à rencontrer collégiennes et collégiens du Lycée français de Shanghai Campus de Pudong pour parler écriture blog histoire poésie autour de mes livres et d’abord de Marseille inconnue de la plupart de ces minots Marseille rouge sangs en mains le s final de sangs les intrigue pourquoi Monsieur pourquoi ce pluriel tu expliques la multitude des sangs qui coulent dans tes veines comme tant et tant de Marseillais la cité la plus vieille de France accueille des gens de partout du monde entier depuis plus de deux mille six cents ans c’est notre fierté première tu parles aussi respect des différences richesse des métissages l’ouverture sur la mer la chance que c’est l’Afrique non-loin parler de l’OM aussi bien sûr de la magie des calanques le scandale des piscines municipales fermées l’été par la municipalité la vie très dure dans les quartiers délaissés abandonnés la violence qui en découle le chômage de masse et puis se souvenir des canons tournés par Louis quatorze sur la ville rebelle et le rouge du titre le rouge de la lutte et du courage rouge sangs oui forcément le Japon ensuite En attendant la pluie le petit conte ton deuxième livre intrigués par le côté pile en français et face en japonais leur parles de Momomi qui l’a si joliment traduit du tsunami sur la côte est le onze mars deux mille onze de la ville de Kamaishi meurtrie et de ces gamins en photo au milieu du livre auxquels il est dédié ils ont dessiné la pluie leurs dessins côtoient des haïkus de grands maîtres japonais Alphonse Richard enfin le dernier né de la famille le premier Dignois tué à la Grande Guerre et là les visages se ferment encore quand tu évoques la tragédie qui ouvrit le siècle passé le destin brisé de tant de jeunes hommes la vie foutue de parents d’amoureuses aux promis tombés si loin des villages natals Alphonse qui tombe le quatorze août quatorze et le souvenir de ta grand-mère à jamais endeuillée son chéri ne revint jamais à Bauduen la souffrance du peuple allemand aussi comment la passer sous silence les yeux des collégiens ne lâchent pas les tiens et tu ressens à quel point ils te comprennent la guerre est une monstruosité dans chaque camp et enfin un moment de pur enchantement auprès d’élèves de cinquième en cours de français avec Antoine leur prof passionné aux yeux malicieux son désir de les voir écrire eux aussi les écrivains ne sont pas les seuls à pouvoir écrire tu leur as dit en préambule oser il faut aller vers ce plaisir écrire lorsque ça palpite en soi lorsque le désir de faire sonner les mots tape à la porte enchantement oui lorsque tu leur proposes d’écrire un haïku trois thèmes au choix la lune l’été la nature et bien sûr la consigne des dix-sept syllabes à respecter si possible avant qu’ils prennent le stylo tu leur en lis quelques uns Issa Basho Sōseki l’évanescence des choses comment la dire comment l’écrire oui c’est possible poésie fugace et la ruche se met à palpiter en douceur puis des Monsieur Monsieur jaillissent des doigts se lèvent tu te rapproches de chacune et de chacun quelques syllabes en trop quelques mots à ôter parfois aussi tu suggères tu mets sur la voie tu transmets transmettre enchantement te souviens de ton premier cours d’allemand les premiers mots transmis par Monsieur Maurer à la fine moustache noire Bär ours Himmel ciel Vögel oiseau ces mots écrits vivants sur le cahier les prononcer à voix basse transmettre oui enchantement car la récolte est belle le miel savoureux les enfants ont laissé parler leur cœur et tu bénis ce vendredi treize en rentrant dans la nuit de Shanghai écouter avec Noémie les petits bijoux que voici

La nature m’émerveille
le monde m’enchante
comme la brise du vent

Hugo

Quand le sang coule
dans les rues de la lune
il est temps d’agir

Victor

Sous la lumière
blanche et humide
les animaux festoient

Stan’

Les animaux sont
émerveillés devant moi
et tombent en amour

Théo

Le soir je regarde la lune
brillante et vaste
comme l’amour

Oscar

J’adore la nature, la verdure
elle abrite la vie
que je chéris

Clément

Le portail s’ouvre
le grand portail de l’été
grande fête dans les rues

Marie

Malheur et terreur règnent
dans les abysses profonds
avec les démons

Flavie

Les astres célestes
brillent dans les yeux
de l’enfant émerveillé

Marie

Belle mère nature
pousse en silence
dans toute sa prestance

Prune

La lune astre du ciel
éclaire la terre
de sa brillance

Baptiste

Ce monde m’effraie
ce monde m’émerveille
c’est mon univers

Lili

L’obscurité règne
elle me tend la main
et je pars avec elle

Chloé

et grand merci à l’équipe pédagogique pour l’accueil chaleureux et l’extrême gentillesse Anne-Laure Fournier Sylvie Fondeville Antoine Decossas les professeurs Élise Doux Guillaume Tournier les documentalistes Stephan Anfrie le proviseur adjoint.

Cigales du matin

cigales

Cigales du matin
pas chagrin
dès les premières lueurs
chantez en chœur

reines du camouflage
vous répandez
vos ondes de gaieté
sur tout le paysage

cigales du matin
pas chagrin
s’il vous plaît
de célébrer l’été
jamais ne cessez

Comme une Reine des surprises

commeunereinedessurprises

Où est passée la mer
me suis demandé hier

à peine deviné sa trace
humé sa présence
en dessous de la blancheur des roches
tandis que la brume remontait jusqu’au vieux sémaphore

et là, comme un enfant naïf
j’ai cru voir la mer tout là-haut
vêtue de bleu azur comme une Reine des surprises

Demain il fera beau

Demain ilfera beau

Revenir au pays
là où marchions ensemble
il y a combien de jours et de jours, dis ?
poser les yeux où si longtemps tes yeux se posèrent
d’est en ouest
vers Planier aussi
et puis auprès des bateaux de retour des îles
lancer le regard jusque derrière les limites de cette ville
où tu me donnas vie
guetter la fuite du jour
et savoir
ce soir peut-être encore plus profond que les autres soirs
que demain il fera beau

 

Respirer #4 Baignade imminente

justeavantlabaignade

Peu importe que l’eau soit glacée
dans une minute
pas plus
je me lance

tout nu
c’est encore meilleur

Suggiton, c’est pour ce plaisir-là
que je descends m’asseoir sur tes rochers

redécouvrir ton dénuement
te désirer
chaque fois
lovée dans l’extrême beauté de ton attente

et surtout oublier un instant
qu’il me faudra
comme chaque fois
me revêtir
finir par te tourner le dos
puis remonter sur le sentier
et repartir là-haut vers la ville
avant que la nuit pose en silence ses bras
sur tes attraits

Respirer #3 Suggiton en bas

Suggiton en bas

Loin des mauvaises ondes du monde
marcher longtemps
puis se percher
ici
au-dessus de Suggiton
ma calanque préférée
encore masquée par les arbres

réaliser que n’ai pas quitté Marseille
mes pieds bien ancrés sur le sol natal
savourer l’ouverture sur le large
l’ailleurs à portée de cils
respirer profond
et se relancer en chemin vers la mer

la deviner frisquette
désirer follement m’y plonger
loin des tragiques vagues du monde

Respiration #1 La rade en face

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Grand besoin de m’oxygéner
l’écrivais hier ici

sans tarder
joindre le geste à la parole

séduit suis par le site Respirations
proposé par Alexandre Liebert
et découvert grâce à Arnaud Maïsetti

simple comme un bonjour ou un bonsoir
ce rendez-vous pour vidéos qui respirent
une minute en plan fixe
avec un petit titre pour ouvrir l’imagination
et susciter le désir de respirer et de reprendre espoir

le lieu : chez mon Papa
au-dessus de la Campagne Pastré
Frioul et Mont-Rose en vue

l’heure : midi, quand le mistral continue de s’apaiser

le titre : La rade en face

et à un de ces quatre
qui sait
avec une nouvelle respiration
pour se faire du bien

Une paisible touche blanche

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Face au grand phare
désormais déserté des hommes
vigie cachée au loin en pleine lumière
prendre son temps
à pas de tortue
s’accrocher aux rochers
fouiller au cœur de ses plumes
et tenter d’écrire le présent
comme sur une île vierge

ne redouter ni l’orage possible
ni la tornade qui menace
oser faire face
avec le chaud du dedans
orner le futur offert
d’une paisible touche blanche

 

M comme Marseille, M comme Mélenchon

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Belle lurette que je ne crois plus à l’homme providentiel
belle lurette aussi
que suis un partisan de la paix
un amoureux de la paix des hommes

n’étais pas à Marseille hier
mais n’ai rien manqué du vibrant et poétique discours pour la paix
prononcé par Jean-Luc Mélenchon
sur le Vieux-Port
au cœur de cette cité qui m’a vu naître
comme tant et tant d’enfants aux sangs métissés

M comme Marseille
M comme Mélenchon

bouleversant dans ce silence convoqué par lui
rameau d’olivier à la boutonnière
en mémoire des migrants engloutis par la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe

convaincant dans sa condamnation des bombardements de la Syrie par Trump
et de tous les va-t-en guerre

touchant dans son amour déclaré à la France métissée et à tous ses enfants

émouvant dans son récit final de La Paix
le poème de Yannis Ritsos

Mélenchon n’est pas un slogan, non
pas question pour moi de l’idolâtrer
mais il est le seul à mêler avec force et lyrisme
justesse de vue et poésie
à parler d’amour et de justice
à proposer de rompre vraiment avec ce monde d’argent qui broie les gens
à refuser que soit scandé son nom
à préférer que chacune et chacun prenne sa part
d’insoumission

Missak, je ne t’oublie pas

missak

Ce samedi-matin à 11 heures
j’espère que seront nombreuses et nombreux
celles et ceux qui viendront à Marseille
se rassembler au Square Missak Manouchian *
pour commémorer le 73ème anniversaire
de l’exécution au Mont Valérien du groupe Manouchian
ces résistants dont les nazis et leurs sbires de Vichy
apposèrent les visages sur la sinistre Affiche Rouge

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à chacun de mes séjours à Marseille
mes pas me mènent devant le mémorial dédié à Missak
boulevard Charles Livon
tout près du Jardin du Pharo où je jouais, enfant
ce mémorial a été honteusement profané il y a quelques jours
alors, pour encore moins oublier Manouchian et ses camarades fusillés le 21 février 1944
voici un extrait sonore des actualités télévisées du 2 Mars 1945
au cimetière d’ Ivry, on honorait leur mémoire

* D’origine arménienne, Missak Manouchian était militant communiste et résistant
commissaire militaire des Francs Tireurs Partisans-Main d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne
il fut arrêté en novembre 1943 et condamné à mort comme membre de l’ Armée du crime
ainsi que 23 de ses camarades
ces héros refusèrent d’être fusillés les yeux bandés

Voir aussi L’Armée du crime, le film dédié en 2009 par Robert Guédiguian à Missak Manouchian et à ses camarades, et dont voici la bande annonce

Janvier 43, Marseille meurtrie en son cœur

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Mémoire vive . Un grand merci à David Coquille, journaliste à La Marseillaise pour son travail de mémoire hier sur Twitter : le récit en images de ce qui reste et restera une meurtrissure profonde dans le cœur des Marseillais : il y a 74 ans, Marseille vécut une grande rafle dans les quartiers du centre-ville : l’Opéra, le Panier et le Vieux Port.

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L’armée allemande et la police de Vichy dirigée par René Bousquet arrêtèrent des milliers de personnes, dont 250 familles juives qui furent arrachées de leur logement. 1.642 hommes, femmes et enfants furent déportés vers Sobibor.

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Quelques jours après cette rafle, le 1er février 43, les nazis firent procéder à la destruction du quartier du Panier, qualifié de « chancre de l’Europe » et de « repère de toute une pègre internationale ». Voici comment le JT de l’époque, France Actualités, osait raconter cet évènement, sur 56 petites secondes…

Ce document est à retrouver en images sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel.
et le Mémorial de la Shoah œuvrent pour transmettre cette mémoire, notamment auprès des jeunes.

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Aux bras de Pépé

Ce texte est ma contribution – il y en a 11 autres à ce jour sur le tiers livre – à la quatrième proposition de François Bon dans son atelier d’écriture en ligne sur le thème du lieu. Une contrainte proposée : se passer radicalement du je pour raconter un lieu public. Écrire un texte de coulisses. Comme pour mes trois précédentes contributions sur ce thème, le seul point-virgule ponctue ce texte jusqu’au point final. Je ne m’en lasse pas. Bienvenue aux bras de Pépé.

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Pépé te l’avait promis ; maintenant que tu es grand, on peut monter les voir de près à la nuit ; en grimpant dans le trolley il tire sur sa P4 et t’asperge en riant d’une fumée blanche qui te fait tousser ; les gens rigolent avec lui ; on les connaît presque tous les passagers du 63 ; des gens du quartier ; des employés de bureau en costume clair et cravate ; des veuves à chapeau noir et sac à main sur les genoux ; des retraités à casquette ; des boulistes à chaussures de toile blanche et à casquette aussi ; on les croise tous les jours chez le poissonnier ou au bar tabac du Terminus ou chez Bec le marchand de bonbons ; le poinçonneur de billets aussi on le connaît bien ; il fait presque toujours le 63  ; assis vers l’arrière dans sa mini cabine ; ils discutent souvent ensemble avec Pépé ; aurait voulu devenir cheminot mais a loupé le concours ; s’est rabattu sur traminot ; Pépé lui il voulait être capitaine au long cours pour naviguer jusqu’en Amérique ; depuis la Suisse c’était compliqué alors il a fait charbonnier puis conducteur de rouleaux compresseurs puis métayer ; et toi tu rêves de conduire des locomotives et c’est pour ça que tu pars à la gare avec Pépé ; à pied c’est trop loin ; le 63 et un peu de marche ce sera parfait ; elle te semble riquiqui la rue d’Endoume ; elle tourne beaucoup et s’allonge entre les façades blanches et beiges et grises ; elles renvoient la chaleur de ce dimanche-soir d’été jusque vers les vitres du trolley ; le quartier on dirait un village qui se repose après une journée de cagnard ; les maisons se serrent comme des anchois dans un désordre qui te plaît ; le ciel serpente au-dessus des toits de tuile ; on passe devant l’Impérial ; nous irons bientôt y voir un western promet Pépé ; il paraît que la salle est drôlement grande ; les sièges confortables et les frigolos délicieux à l’entracte ; tu tiens sa main ou plutôt ses gros doigts dans la tienne ; ne les lâches pas jusqu’au terminus cours Jean Balard sur le Vieux Port ; ça sent le beignet frit l’huile de moteur et le poisson mort sur le quai ; c’est pas là qu’il t’emmène pêcher Pépé ; tellement sale la mer ici ; mais cette vue sur le fond du port là-bas entre Saint-Jean et Saint-Nicolas il ne s’en lasse pas ; d’ici on ne voit pas le large ; on le devine ; Pépé il préfère imaginer ; lorsqu’il est sur les rochers et que la rade l’embrasse direct avec cet horizon toujours offert et marqué ça le rend triste ; il s’arrête de parler et tire fort sur sa P4 ; toi tu te sens bien à longer le quai ; tu y promènes souvent ; depuis tout bébé ; tu marches lentement vers les vendeurs  de cacahuètes tandis que Pépé se tourne vers les bateaux ; lèves les yeux vers les gabians qui crient au-dessus de ta tête ; te demandes s’ils remontent vers la gare eux aussi ; un jour une mouette a cagué sur la chaussure d’un monsieur qui marchait juste devant ; il a juré  fort ; en italien il a dit Pépé ; sans t’en rendre compte c’est déjà Canebière ; trottoir de gauche en montant ; encore un peu de marche il te dit en tirant sur sa cigarette ; plus hautes que tout à l’heure elles sont les maisons tu remarques ; en Amérique les immeubles touchent le ciel te répond Pépé en tendant le bras vers les lampadaires verts olive ; les terrasses des cafés se vident ; on s’arrête pour se désaltérer ; orangeade pour toi ; bière pour Pépé ; tu lui souris ; il te cligne de l’œil ; des matelots avec leur bonnet à pompon rouge plaisantent en regardant passer une demoiselle à talons hauts et éventail nacré ; on écoute les vieux messieurs assis à côté ; c’est quelle langue tu demandes ; Pépé ne sait pas ; l’espagnol peut-être ; ou le portugais ; on parle tellement de langues ici il te dit en roulant le r de parle ; les magasins commencent à tirer le rideau ; arrivés au pied du boulevard d’Athènes il reste une belle montée ; allez courage ; tu voudrais un peu les bras mais tu n’oses pas demander ; tu es grand maintenant ; plus l’âge de se faire porter pour un oui ou pour un non ; il fait presque nuit ; ça klaxonne moins qu’en bas ; des ombres traversent le boulevard ; les restaurants arabes sont bondés ; tu n’as pas faim ; plus de gabians au-dessus des fenêtres ; rien qu’un large voile rose orangé lissé de ci de là au sommet des façades ; juste avant d’arriver au pied des escaliers géants tu demandes à faire pipi ; allez ; contre un platane en vitesse ; Pépé te regarde en souriant ; après on compte les marches en s’arrêtant deux fois pour reprendre son souffle ; un deux trois quatre cinq ; pas plus loin que douze ou treize tu peux ; encore trop petit pour aller plus loin ; à l’entrée de la gare tu serres un peu plus fort les doigts de Pépé ; tu grelottes ; un peu d’inquiétude et de peur là dans le ventre ; l’impatience te donne froid ; tu ne sais pas pourquoi ; tu lances ton regard vers les sifflets les cris les paroles embrouillées et toutes ces voix perdues dans le vacarme du grand hall ; vides les premiers quais à main droite ; que l’argenté des rails ; pourvu qu’il en reste un plus loin ; on longe les butoirs désertés jusqu’aux voies là-bas au fond ; mains glacées et cœur qui s’accélère lorsque apparaissent les deux lanternes rouges à l’arrière du wagon de queue ; il est très long le Paris de nuit Pépé te dit ; viens on remonte ; vite ; longeons les voitures aux vitres dorées ; une odeur de graisse et de charbon te rentre par les narines ; bouche ouverte en passant devant le monsieur à casquette et sifflet qui regarde sa montre ; la visière est noire et brillante ; Pépé te prend aux bras ; quelques mètres et on s’approche d’une fumée blanche géante ; elle envahit le quai  ; comme les nuages de chaleur qui passent parfois au-dessus de la cour de l’école à la récré quand jouons aux osselets et que soudain le soleil se cache ; regarde comme elle est belle la locomotive il te dit Pépé ; tu ne devines rien d’autre qu’une masse blanche qui respire fort et gémit et vibre ; un cri strident s’en échappe ; il te fait sursauter ; comme un coup de poignard dans la chair chaude de la nuit naissante ; tu voudrais traverser la fumée géante et toucher la machine ; le sifflet du monsieur à casquette strie l’air et tu disparais ; réfugié dans le cou de Pépé.

Au Pont de la Fausse Monnaie – 1959-2016

Ce texte est ma contribution – parmi vingt et une autres à ce jour – à la troisième proposition de François Bon dans son atelier d’écriture en ligne sur le thème du lieu. Une consigne : raconter un même lieu, un point précis du réel et le faire deux fois. J’ai rédigé ce diptyque en suivant – parce qu’elle m’offre un vrai champ de liberté et d’énergie – la consigne du premier atelier de cette série : le point-virgule comme seul signe de ponctuation. Bienvenue auprès du Pont de la Fausse Monnaie.

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Pont de la Fausse Monnaie ; été 1959

descendre vers la mer avec Papa et Maman ; des petits galets t’accueillent au bas des escaliers de pierre usée ; dès la dernière marche franchie ils crissent comme des grosses billes dans un sachet géant que l’on aurait déversé jusqu’à la mer qui t’attend à quelques mètres ; là ; en face ; meubles ils sont ces galets ; tu t’y enfonces un peu avec tes petites sandalettes en plastique blanc pour éviter de t’écorcher les pieds ; le mal aux pieds ce n’est pas bon pour apprendre à nager elle dit Maman ; tu as presque cinq ans ; en levant la tête vers le ciel tu t’arrêtes sur une voûte immense ; massif le pont blanc et gris ; avec des tâches noires qui ressemblent à des plaies cicatrisées ; Papa te raconte l’histoire de contrebandiers jetés de là-haut ; ils tombent côté galets ou côté mer pour échapper à la police ou à d’autres contrebandiers ; Papa ne sait pas bien ; toi tu cherches les traces de sang ; ne trouves que des algues par gros paquets ; sombres ; noirâtres ; peu de vertes ; c’est vers la mer où tu avances qu’il y en a le plus ; elles dégagent un fort parfum d’iode ; tu tiens ta bouée avec tes deux mains ; la mer est à peine agitée ; tu as très envie de te baigner mais tu prends ton temps ; à main droite le chemin monte vers les rochers en longeant un haut mur blanc ; pour l’instant tu n’y a pas droit puisque tu ne sais pas nager ; à gauche le pilier géant qui tombe de la voûte et la prolonge jusqu’à l’amas de galets ; dans ton dos des rangées de bateaux à voile et des garages à canoës ; tu les as aperçus en descendant tout à l’heure ; n’y as presque pas prêté attention ; te languissais de voir la mer ; et là tu les regardes en tournant la tête  ; ils attendent la mer eux aussi ; beaucoup de blanc sur les coques des petits voiliers ; quelques bandes de bleu ciel aussi ; pour faire joli ; les canoës sont couleur miel ; il est tôt ; l’air est tiède ; la petite digue en face de toi ; c’est vers là que tu nageras ; tu marches dans la mer en serrant ta bouée d’abord puis en la lâchant au fur et à mesure que tu avances et que tu perds pied ; l’eau est bonne ; très salée ; elle pique un peu les yeux ; de tes lèvres tu frôles la surface ; couleur argent avec ce bleu clair du ciel qui se mélange : Maman te dit c’est bien mon chéri, tu nages bien ; tu agites tes jambes et ne sens plus les galets sous tes pieds ; tu n’as pas peur ;

Pont de la Fausse Monnaie ; hiver 2016

les galets se sont obscurcis ; tu t’y enfonces encore un peu avec tes chaussures de marche ; à chacune de tes promenades c’est pareil qu’avant ; ce bruit de billes qui se cognent ; une forte odeur de pisse mêlée au parfum d’iode ; la paroi qui chute de la voûte est parcourue de flaques d’humidité de haut en bas ; au coin du pilier de gauche les vestiges d’un feu ; du bois calciné et des cendres grises et foncées ; juste à côté un sac de couchage abandonné ; là où s’échouaient les contrebandiers s’installent les sans abri ;  les voiliers et les canoës garés derrière un peu plus haut ont pris un coup de vieux ; le blanc est plus mat ; le bleu clair un peu craquelé ; ces bateaux n’ont pas touché la mer depuis combien d’années tu te demandes ; les paquets d’algues traînent toujours près de l’eau ; plus claires il te semble que les algues de l’enfance ; tu marches sur des sacs plastique et des canettes vides ; quelques unes mais c’est déjà beaucoup ; tu te demandes où est passée ta bouée depuis tout ce temps ; aucune trace de sang nulle part ; tu entends le bruit des voitures au-dessus du pont sur la Corniche ; la mer est calme ; trop froide pour se baigner ; et puis maintenant que tu sais nager tu préfères aller sur les rochers en prenant le chemin qui longe le haut mur blanc à main droite ; tu aperçois les graffitis qui le salissent ; l’air est froid ; le soleil est en train de s’en aller vers les îles ; en remontant le chemin tout à l’heure tu surplomberas la petite digue ; après le virage lorsque le chemin redescend vers les rochers tu les verras ces îles que tu rejoignais à la nage avec les copains ; il a fait très beau aujourd’hui et la lumière teinte de rose tout ce qui s’offre à elle ; Maman est partie ; tu n’as toujours pas peur car elle continue de te regarder et de te parler.

Trois petits oiseaux Quai de la Fraternité

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Sous le soleil de janvier
Three little birds
survolent en chantant
le Quai de la Fraternité

https://soundcloud.com/ericschulthess/quai-de-la-fraternite

Il s’appelle Staulen Green
chanteur-guitariste de passage à Marseille
il est né au Rwanda
vit en France depuis dix ans
fan absolu de Bob Marley comme moi
et amoureux bien sûr de ses Trois petits oiseaux

Three little birds

Don’t worry about a thing
‘cause every little thing is gonna be alright
Don’t worry about a thing
Every little thing is gonna be alright

Rise up this morning
Smiled with the rising sun
Three little birds
Pitch by my door step
Singing sweet songs
Of melodies pure and true
Saying, this is my message to you

[Refrain]

Don’t worry about a thing
‘cause every little thing is gonna be alright
Don’t worry about a thing
Every little thing is gonna be alright

Bob Marley

Je suis d’ici

Je suis d’ici
de la ville-pays
où les oiseaux caressent les statues

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où Hassen est mon frère

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comme Frank
comme Youssou
comme Igor
et tant d’autres

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je suis de cette ville où les fleurs poussent sur les murs

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où les licornes rosissent lorsque tu leur dis qu’elles sont belles

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où les ports sont quasi morts

je suis de cette ville-pays
où survivent les traces des combats de libération

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où la misère hurle à force de se taire

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où les cinémas ferment en attendant l’an que ven

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cette ville où nuit et jour la Corse s’invite après Planier

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je suis de Marseille
où en toute saison
fleurissent les rires des enfants
près de leurs coquillages

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Te retrouver ici et là-haut

 

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C’est donc ainsi
encore une année sans toi
la troisième
en naîtront d’autres où tu vivras encore
chaque jour et chaque nuit

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retournerons à la mer
sur ces rochers qui se souviennent
de la femme que tu fus
de l’enfant que j’étais
des baignades et des embruns
des gabians et des crabes
des aubes et des midis et des crépuscules
à écouter ensemble

 

nous repartirons aussi en montagne
approcherons des sommets
monterons marcher dans la neige

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prendrons le temps de retrouver ces lacs
qui gardent en mémoire
le reflet de ton regard émerveillé
face aux silence des cimes

 

 

 

encore une année sans toi
mais chaque seconde de ma vie
te nomme et te ressuscite
c’est donc ainsi

 

Les murs parlent de toi, Aslı

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Il y a des combats violents
pour libérer la parole
les murs parlent de toi, Asli

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tant de visages ont disparu
tapis dans les murmures
des palissades froides où tu survis, Aslı

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parfois un cœur s’accroche
en solidarité vivace
des amoureux de la liberté comme toi, Aslı

Le procès d’ Aslı Erdoğan s’ouvre aujourd’hui à Istanbul. L’écrivaine turque est emprisonnée depuis le 17 août, poursuivie pour « atteinte à l’intégrité de l’Etat » et « propagande en faveur d’une organisation terroriste » pour avoir collaboré avec le journal Ozgür Gündem, qui soutenait des revendications pro-kurdes. Comme huit des prévenus jugés avec elle, Aslı Erdoğan risque la prison à perpétuité.

 

Même chagrin, même colère

À chaque fois pareil
même chagrin
même colère ici
face au port éteint

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encore plus à vif en remontant la Rue de la République
de Joliette à Vieux-Port
s’arrêter devant ses immeubles vidés de leur peuple
depuis des années

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rachetés – les immeubles –
par fonds de pension américains

 

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délogées les petites gens d’avant
la sève et la pulsation du quartier
y vécus non-loin, petit garçon
à peine un peu plus haut
au Panier
le lieu où vinrent se poser
tant de migrants
fuyaient le fascisme
ou débarquaient pour tenter leur chance
dans la ville sans nom
prenaient soin sans tarder de la nommer
de la chérir

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et aujourd’hui
Rue de la République

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ces femmes et ces hommes de peu
ces travailleurs du port
ces manœuvres
ces retraités
ces mères et pères dignes
avec leurs volées de minots
toutes et tous rayés de la carte
relogés ailleurs
contre leur gré

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toutes ces années plus tard
invisibles sont ces vies d’avant
hormis quelques traces tenaces

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et là
entre tramway et façades et palissades et cadenas
les fantômes qui se glissent
le long des promesses en sable

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sur ces pans de devantures où tout reste à écrire, à transformer
et où se renifle pourtant la crainte amère et glacée
des combats perdus et des luttes abandonnées.

D’un rivage à l’autre

D’un rivage à l’autre
la joie et les larmes d’un voyage

hier

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le sol natal d’abord

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le retrouver
l’embrasser à nouveau

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Marseille toujours aussi belle

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Marseille vivante et métissée
toujours aussi riche de ses accents
de ses couleurs et ses parfums venus de partout

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Marseille et son thé à la menthe brûlant
en plein quartier Noailles
y marchais enfant avec ma mère
Izzo s’y promenait souvent
ce thé brûlant comme le sang et le souvenir
de celles et ceux d’Alep
qui ne le partageront plus

Calais ensuite
tout là-haut sur la carte

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d’où se sont envolées vers moi ces photos sombres
postées par une amie

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Calais désormais désertée par celles et ceux
dont personne n’aura voulu

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et ce mot « jungle » qui rode
ce mot qui claque et claquera toujours comme une insulte
crachée à la face de l’humanité

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Calais et ses barbelés
ses sols pollués
ses menus restes

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Calais et ces traces infimes de la vie qui fut
cette vie précaire et dangereuse
qui ne se nourrit plus de rien d’autre à présent
que du souvenir de l’horizon inatteignable

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Planier

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Boussole du large
tu apparais au loin
disparais
puis réapparais
derrière le Mont Rose
à chaque fois je guette
l’instant du basculement
la seconde exacte où tes feux se rallument
où ta joie étincelle
où la fierté de guider les marins saupoudre la rade
alors je rends grâce aux baisers répétés
que tu offres au crépuscule
puis à la nuit qui noircit
jusqu’aux premiers balbutiements
de l’aube neuve
lorsque tu t’enfuis à nouveau
et nous laisse perdus
les yeux posés sur l’horizon

Petit pointu

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Érigés vers l’azur
basilique et pointu
ignorent le drapeau
de trop sur la photo

qu’importe le cliché
ma ville est un désordre
goûte-la comme elle est
et reviens quand tu veux

qu’importe le drapeau
pourvu qu’on aie l’azur
et les désirs de mer
tapis au creux des coques

continue de bander
ta proue en majesté
petit pointu en bois
au loin emmène-moi

 

Retourner écouter la mer

Retourner écouter la mer
à toute heure
assis sur les rochers
où passa mon enfance
si vite

2006 – Sur « les Champs Élysées du sud »

 

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«… Pour le moment, c’est du carton. Les hommes qui passent ici, les véritables, ceux en os et chair, semblent perdus au milieu de la réalité virtuelle dessinée par les architectes… »

Le billet qu’Arnaud Maisetti a publié hier, titré Marseille | République en carton (grave) m’a renvoyé 10 ans en arrière. Précisément au temps où je podcastais.
Tchatchcast ça s’appelait.
Au printemps 2006, j’avais consacré le dixième épisode aux habitants de la rue de la République, alors en plein chantier.
Futur tramway et réhabilitation.
Se dessinait alors bien concrètement le devenir gentrifié de cette artère haussmannienne entre Vieux Port et Joliette.
Un devenir en carton si bien décrit par Arnaud Maisetti, dix ans après.

Photos (texte & et son) @Arnaud Maisetti
Ses Carnets se découvrent ici
Le suivre sur Twitter @amaisetti

 

Ma chéchia

Ma chéchia

Mon couvre-chef d’intérieur est une espèce de chéchia
plus de 15 ans que je la porte
depuis que j’ai froid au crâne avec la vie qui avance et se peuple d’années
ma chéchia en coton ressemble comme une sœur à une kippa
un peu plus large de taille elle est
confortable comme j’aime
s’ajuste bien à ma tête déplumée
parfois, je la garde pour sortir au marché ou à la boulangerie
elle me maintient à bonne température
personne ici ne me dévisage
personne ne me montre du doigt
personne ne m’ordonne de filer chez moi puisque je suis chez moi ici
dans cette ville de mélanges
plus de vingt-six siècles de mescle
peaux, religions, langues, le grand et beau brassage
ici, salam et shalom et salut s’échangent avec le sourire
sans ôter ni chéchia ni kippa
ni casquette ni chapeau ni couvre-chef de son choix.

je ne suis ni musulman ni juif
ne me découvre jamais pour engueuler Dieu au cas où il existerait.

Juifs Arabes – Philippe Katerine

 

Lire Jean-Claude Izzo au rond-point de Callellongue

J’ai franchi le pas. Impressionné et séduit depuis des mois par le projet que mène François Bon en partenariat avec le Pôle des arts urbains Saint-Pierre des Corps, le tour de Tours en 80 ronds-points. Alors, j’ai décidé de me lancer, de tenter le coup, et d’aller lire à voix haute – un jour peut-être crierai-je moi aussi – de la littérature. J’ai choisi Jean-Claude Izzo, un extrait de Marseille, la lumière et la mer, et me suis installé au rond-point de Callelongue.

Izzo parce que l’auteur des Marins perdus et du Soleil des mourants – je n’oublie pas Total Khéops et la suite – a écrit tant de beaux textes sur Marseille. Izzo car c’est lui qui m’encouragea à ne rien lâcher et à continuer à écrire, alors que mes nouvelles essuyaient refus après refus d’éditeurs parisiens.

Callelongue parce qu’avec L’Estaque, c’est le quartier d’une extrémité de ma ville. Ouvert sur la possibilité de s’en aller,  de voyager, d’imaginer d’autres vies possibles, d’autres destins. Ce rond-point de Callelongue est l’ultime rond-point marseillais avant le chemin des calanques. Une impasse à l’extrême sud-est de la cité. Le décor est minimaliste : quelques cabanons dans le fond du port, un bar restaurant, un parking, le terminus de la ligne 20 du bus et une fontaine pour les marcheurs. Chaque fois que j’y viens pour promener entre mer et roches blanches, me revient en mémoire la voix de Izzo. Posée. Chaleureuse. Timide. Tout comme le quartier du Panier ou le marché des Capucins, au coeur de Marseille, cet endroit est intimement lié à l’écrivain. Izzo adorait s’y perdre, en toute saison. Cet ailleurs dans Marseille lui rappelait la Grèce fondatrice. Il y côtoyait les gens de peu. Pêcheurs, marcheurs, cabannoniers, anonymes happés par la magie de l’endroit. C’est peut-être ici qu’Izzo écrivit Marseille, la lumière et la mer, qui figure dans l’anthologie Méditerranées qu’il publia avec Michel Le Bris en janvier 1999, quelques semaines avant sa mort. Douze autres écrivains y sont associés, dont Erri de Luca, Amin Maalouf, Jacques Lacarrière et Assia Djebar.

Située à l’entrée du Parc national des calanques, Callelongue est posée tout au bout de la route du bord de mer, après le village des Goudes. Pour y accéder, il faut traverser le quartier de la Pointe-Rouge, qui nous renvoie à un passé industriel aujourd’hui mort et enterré. À partir de la fin du XVIIIème siècle, ce quartier abrita des usines : traitement de la soude, traitement du plomb, puis raffinage du soufre. La soude permettait d’alimenter les multiples verreries et savonneries marseillaises. Nettoyé de ses impuretés, le soufre était destiné aux moulins à poudre marseillais et aux industriels de textiles pour le blanchiment de la laine ou de la soie. Une partie de leur production était également exportée vers l’Orient. D’où l’intérêt d’une implantation en bord de mer. Aujourd’hui, les collines de Callelongue et des Goudes gardent quelques traces encore visibles de ces usines, entre autres des cheminées rampantes, condensateurs destinés au filtrage des vapeurs d’acide chlorhydrique.

Ce que le rond-point voit de Marseille

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autour du rond-point

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le rond-point vu de l’extérieur

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Google Earth 43 ° 12’45.63 N – 5°21’12.18 E

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Une de ces envies de crier

J’ai choisi mon animal préféré pour hurler à ma place. Pas assez de coffre, j’ai. Lui donne carte blanche. Des raisons de s’indigner, il y en a tant. Ne vais pas les énumérer toutes, mais bon, la proche reprise des expulsions locatives, la précarité des travailleurs qui gagne du terrain, le FN présent au second tour des départementales ce dimanche dans tous les cantons de Marseille, la poursuite du massacre des éléphants et des baleines, l’Antarctique qui perd sa glace… tout ça me fait hurler. Ça ne change rien à rien mais ça me fait du bien.

Un bol de pop chinoise

Un bazar chinois en plein Marseille. De la pop musique au mètre. Made in Beijing. Sans doute une chanson d’amour. Si c’était en français, je dirais que c’est de la soupe. Mais là, la chanson me fait voyager. Bientôt retourner là-bas.

Le feuilleton du parler marseillais #9 L’intégrale

À la demande générale, voici l’intégrale du feuilleton consacré au parler de Marseille. Pas interdit de venir tchatcher avec nous. Histoire d’écouter in situ ces mots et ces paroles de chez nous. Et de nous dire ce que ça vous évoque. C’est quand voulez.

Le feuilleton du parler marseillais #8 Clichés, mèfi !

Par paresse ou facilité, c’est souvent par des clichés et des images toutes faites que l’on évoque Marseille et les Marseillais. Notre parler peut s’y prêter. Pierre Échinard, membre de l’Académie de Marseille, ne néglige pas ce travers qui rode autour de notre langue.

Le feuilleton du parler marseillais #7 Les bellures

Bellures, je ne l’avais jamais entendu. Grâce à Pierre Échinard, je ne pourrai plus le dire. (à suivre)

Le feuilleton du parler marseillais #6 Le cacou ; La cagole

Le cacou et la cagole. Souvent croisés dans les rues de Marseille. Ils peuplent aussi la chanson qui a lancé IAM : Je danse le mia. Ces deux mots ne sont pas passés inaperçus de Pierre Échinard et de son Dictionnaire du Marseillais. (à suivre)

Le feuilleton du parler marseillais #4 Dégun

Dégun. On le dit souvent à Marseille, ce mot. Personne, il signifie. Pierre Échinard, membre de l’Académie de Marseille, nous en dit plus. (à suivre)

Fathy, caricaturiste au Ravi : résister pour survivre

Je viens tout juste d’interviewer Fathy, l’un des dessinateurs du Ravi qui se produisent « en direct » à l’occasion du concert de soutien au journal pas pareil, ce vendredi soir 13 mars, aux Docks des Suds. Fathy est un caricaturiste historique du mensuel d’enquête et de satire mis en redressement judiciaire en novembre dernier et qui a obtenu du tribunal un sursis jusqu’au mois de mai. Fathy est aussi le fondateur du Festival International du dessin de presse, de la caricature et de la satire de l’Estaque, à Marseille. La prochaine édition aura lieu du 17 au 20 septembre prochains.

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Vers le printemps du Ravi, le mensuel pas pareil ?

C’est à Marseille, aux Docks des Suds, que je viens de rencontrer Michel Gairaud, le rédacteur-en-chef du Ravi, juste avant le concert de soutien au mensuel pas pareil qui depuis 10 ans en PACA, mescle enquête et satire. En cessation de paiement depuis novembre, Le Ravi a décidé de continuer sa bataille pour faire vivre un journal indépendant. Le tribunal lui a accordé une période d’observation jusqu’en mai. D’ici là, la bagarre continue. Et l’espoir est grand, en dépit des grandes difficultés que connaît la presse, notamment dans les régions. À l’affiche du concert, Imhotep, d’IAM, Zé Mateo Chinese Man, The Coyotes Dessert, DJ Big Buddha, Bon Entendeur et Kantes DJ Set. Depuis 19 heures, 8 dessinateurs se produisent en « live » sur les écrans de la fête au Ravi : Charmag, Fathy, Eric Ferrier, Moix, Red, Trax, Yakana et Ysope.

Le Ravi est sur le web. C’est là que l’on peut s’abonner.

Le Ravi est sur Facebook.

Le feuilleton du parler marseillais #3 Les gros mots

Le parler marseillais est fait aussi de mots grossiers. Pierre Échinard, membre de l’Académie de Marseille, en connaît quelques uns. (à suivre)

Le feuilleton du parler marseillais #1 Peuchère

Peuchère. Le pauvre. Jean Échinard est l’un des auteurs du remarqué Dictionnaire du Marseillais, publié il y a près de dix ans. Historien, membre de l’Académie de Marseille, il a co-signé l’ouvrage riche de plus de 300 pages consacrées au parler de Marseille du début du XXe siècle à nos jours. Pendant 8 jours, Jean Échinard viendra nous raconter quelques mots choisis de ce parler populaire encore bien vivace dans sa (ma) ville natale. (à suivre)