Y’a point pour moi !

Partie de ping pong en plein air, sur une table aménagée dans un parc bordelais

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La peinture dans le poste

J’aime la radio. Surtout lorsqu’elle m’étonne, me surprend, me fait entrer dans un monde poétique.
 » Vous voyez le tableau  » a attiré mon oreille jeudi dernier juste avant le journal de 19 heures sur France Inter. Il s’agit d’un récit-croquis proposé par Joann Sfar, scénariste, réalisateur et auteur de bandes dessinées, une esquisse sonore qui offre une entrée singulière dans une oeuvre de son choix. Comme par exemple  » Les Nymphéas  » de Claude Monet
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 » Vous voyez le tableau  » ferme l’émission  » Downtown « , du lundi au jeudi, à 18h55 sur France Inter

La voix de Lluis Llach

J’ai réécouté Lluis Llach l’autre soir à la radio, dans l’émission « Jusqu’à la lune et retour » d’Aline Pailler. J’ai monté le son, ralenti mon allure et j’ai ressenti une telle émotion que j’ai eu envie de partager ce moment de poésie et de tendresse. La langue catalane. Langue cousine. Lllach défendit la culture catalane avec une telle vigueur sous le franquisme qu’il dût s’exiler. Pendant 5 ans. De 1971 à 1976. La douleur de cet exil teinte la chanson  » Laura  » dont voici un extrait
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Quelques années après son retour dans son pays, Lluis Llach donna un concert devenu mythique au Camp Nou de Barcelone. Le stade monumental du grand Barça. Devant 100.000 personnes.
* Le site officiel de Lluis Llach
Merci à Aline Pailler pour ses belles émissions sur France Culture et pour ce moment de grâce.
Laura
Avui que et puc fer una cançó / Puisque aujourd’hui je peux t’écrire une chanson,
recordo quan vas arribar / je me souviens quand tu es arrivée,
amb el misteri dels senzills, / pleine du mystère des humbles,
els ulls inquiets, el cor altiu. / les yeux inquiets, le corps altier.
Amb la rialla dels teus dits / Et avec le sourire de tes doigts
vares omplir els meus acords / tu as rempli mes accords
Amb cada nota del teu nome,  / de chaque note de ton nom
Laura.

M’és tan difícil recordar / Il m’est difficile d’évoquer
quants escenaris han sentit / tous les lieux qui ont connu
la nostra angoixa per l’avui, / notre angoisse pour le présent,
la nostra joia pel demà. / notre joie pour l’avenir.

I a casa enmig dels meus companys / Chez nous, au milieu de tant de compagnons
o a un trist exili mar enllà / ou dans un triste exil au-delà des mers,
mai no ha mancat el teu alè, / jamais ton souffle n’a manqué,
Laura.

I si l’atzar et porta lluny / Et si le hasard t’emporte au loin,
que els déus et guardin el camí, / que les dieux veillent sur ton chemin,
que t’acompanyin els ocells, / que les oiseaux te fassent compagnie,
que t’acaronin els estels. / que les étoiles te bercent.

I en un racó d’aquesta veu, / Et dans un coin de cette voix,

mentre la pugui fer sentir / tant que je pourrais la faire entendre,
hi haurà amagat sempre el teu so, / le son en sera toujours caché
Laura.

Le chant des grenouilles

La nuit fraîche s’ouvre au timide chant des grenouilles, près de la fontaine
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Dormir, il pensa –
grenouilles dehors
vagabonds dehors
tristesse des nuits.
Tout sur les grenouilles

L’écrivaine des oliviers

Jacqueline Bellino a la passion de l’écriture et des oliviers. Elle les cultive depuis des années sur son domaine de L’Escarène, dans l’arrière-pays niçois. Ses arbres l’inspirent. Jacqueline est une écrivaine paysanne
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Les livres de l’olivier
Le site des écrivains paysans

Boris Cyrulnik regarde Marseille

Boris Cyrulnik est un homme passionnant. Neurologue, psychanalyste, éthologue et j’en passe, il captive et fascine même, lorsqu’il parle de résilience ou lorsqu’il raconte les tragédies qui ont peuplé son enfance. Ce week-end, j’ai rencontré Boris Cyrulnik à l’Agora des Livres et des Arts de Sanary-sur-Mer. Il était là pour donner une conférence sur la résilience, dont il est l’apôtre. Moi, je venais présenter mon livre  » Marseille rouge sangs « . Marseille justement. Nous avons échangé sur son actualité. Lui qui vit tout près, dans le Var, et qui voyage dans le monde entier, n’est pas insensible à la plus vieille cité de France. A ses souffrances, ses douleurs, son devenir. Inévitablement, je lui ai parlé de ce qui me révolte, entre autres : le déplacement des familles populaires du centre-ville vers la périphérie, conséquence du rachat d’immeubles entiers par des fonds de pension américains et canadiens, comme par exemple Rue de la République, dans le cadre d’Euroméditerranée. Boris Cyrulnik évoque une « parasitose »
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Autre sujet du moment qui meurtrit  et scandalise tous ceux qui se sentent de cette ville : les règlements de compte sanglants à la Kalachnikov dans les quartiers populaires sur fond de trafic de drogue
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Alors, selon lui, Marseille doit-elle entreprendre un travail de résilience ?
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Marseille serait donc entrée en résilience… sujet à creuser, investigation à poursuivre, débat à mener. Pour prolonger cette interview, notamment à propos des conséquences d’Euroméditerranée ainsi que de Marseille Provence 2013 capitale de la culture, je vous recommande cet article de Nicolas Roméas sur Médiapart.
Boris Cyrulnik a publié plus d’une vingtaine de livres depuis trente ans.
Son dernier ouvrage est son autobiographie « Sauve-toi, la vie t’appelle ».

La voix saisissante de Manu Théron

Saisissante et puissante, la voix de Manu Théron m’enchante. Manu Théron, c’est le créateur du groupe de polyphonistes marseillais Lo Cor de La Plana. A la fois troubadour occitan, muezzin, lanceur de mantra, chanteur juché sur les plus hautes tours, héritier de Victor Gélu, Manu « rappelle que le métissage n’est pas une galéjade. Il est le fondement  même de la cité »
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Extrait de Noste pais, l’un des 9 titres de  » Marcha !  » le dernier album de Lo Cor de La Plana
Marcha
Noste pais / Notre pays est une chanson dédiée aux étrangers. A toutes ces femmes et ces hommes qui ont façonné Marseille et continuent à faire vivre cette ville aux côtés de ceux qui y sont nés, dont beaucoup ont d’ailleurs des ancêtres venus d’ailleurs
Au país que volèm viure / Au Pays où l’on veut vivre
Que li vengon d’estrangiers / Que viennent les étrangers
De restar lo còr leugier / D’y habiter le coeur léger
Emai que li siegon liures / Et qu’ils soient libres
Se lo país fa son viure / Si le pays fait son quotidien
Dau trimar deis estrangiers / De l’exploitation des étrangers
Li fague toei venir liures / Qu’il les fasse venir libres
E demorar sensa dangier / Et y rester sans danger
En pantaiant la cocanha / En rêvant au pactole
Vivon pièger que l’infèrn / Ils vivent pire que l’enfer
Enduran toei lo govèrn / Et subissent la loi
Dei caïmans, dei maganhas, / Des tromperies et des voleurs
S’amolonan a la bruna / Ils s’entassent à la nuit
Pour narguer le danger / Per bravejar lo dangier
Sur des bateaux de fortune / Subre de naus de fortuna
De Tirana ou d’Alger / De Tiranà vò d’Argier
Quant de lagremas van beure ? Combien de larmes vont-ils boire ?
Per pas si negar lo respiech / Pour ne pas noyer leur dignité
De quant de sau van embeure / De combien de sel vont-ils imbiber ?
Tant d’espèrs e de despiechs ? / Tant d’espoirs et de dépits
E còntra la sòrt enversa / Pour échapper au mauvais sort
Laisson fins qu’au darrier sòu / Ils lâchent jusqu’au dernier sou
Entre l’espravent deis èrsas / Dans l’épouvante des vagues
Que li vòlon far lançòu. /Qui cherchent à les ensevelir
L’a qu’arribon puei en quista / Puis, certains arrivent en quête
D’una sosta e de papier / D’un abri ou de papiers
Que l’estrassa emai li pista / Que leur déchire ou leur écrase
Un òste mai qu’espitalier / Un hôte bien hospitalier
E de patrons esclavistas / Et des patrons esclavagistes
Lei fan crebar a son profiech / Les crèvent à leurs profits
Dau temps qu’un estat racista / Pendant qu’un état raciste
Lei menaça dau poarfèct / Les menace du Préfet
E tant lei menon a l’òbra / Et on les mène au travail
Coma au mazelier lei buòus / Comme des boeufs à l’abattoir
Lei pagon ce que s’atròba / On les paie avec ce qu’on trouve
Leis abenon tant si pòu / On les pressure tant qu’on peut
Aduson leis esperanças / Ils transportent avec eux les espérances
E lo vam de l’avenidor / Et l’élan de l’avenir
Li porjissèm qu’abusança, / Nous ne leur prodiguons que l’injustice
Arroïna e crebador / La ruine et l’anéantissement
Les voici avec l’image, sur Mezzo Voce

 

Dans le tram

Hier-soir, après une petite tournée des librairies, j’ai pris le tram. Montée Belsunce. Descente Arenc.
Mescle de bruits et de langues. Marseille
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Il faisait nuit lorsque je suis descendu du tram.
Nouveau quartier Euroméditerranée.

Ce que j’ai vu et entendu m’a inspiré ces deux haikus
Smartphones,
grand-mères aphones
cagoles défoncées
Belsunce – Arenc tramway
Veilleurs de nuit
en place
grues bleues
en place
banques
en place
habitants du quartier
déplacés
Euroméditerranée

Rouvrir ses volets

Mes volets ne sont pas restés longtemps fermés…

Pas pu résister à l’appel du printemps

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Je gravis la pente du printemps

pour y déposer

mes ex-voto d’amour

Mayuzumi Madoka

Même derrière les barreaux

on peut souffler

des bulles de savon

Hirahata Seitô