Bercé par le Saleys

Me voici donc installé au bord d’une rivière nommée le  Saleys. Elle traverse Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées Atlantiques et se jette dans le Gave d’Oloron. Par temps de grosses pluies, j’entends depuis mon lit le Saleys rouler ses flots tumultueux et cela me berce.
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On pourrait croire que le Saleys doit son nom à Salies, la cité du sel. Il n’en est rien. L’origine est plutôt à rechercher dans la langue occitane, précisément du mot salejà, qui signifie remuer, s’agiter en gascon.

Changer de vie dans la joie

J’ai donc changé de vie et ceci me met en joie. Les mots me manquent. Alors, musique !

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Cet hymne à la joie a été joué en pleine rue par les musiciens de l’Orchestre Symphonique Vallès, accompagnés des choeur Amics de l’Òpera y la Coral Belles Arts de Sabadell en Espagne. C’était en mai 2012, un flashmob géant organisé pour célébrer les 130 ans de la Banco Sabadell.

L’Hymne à la joie – originellement l’Ode à la joie – est chanté dans le quatrième mouvement de la 9ème Symphonie de Ludwig van Beethoven. Il reprend une partie du poème du poète allemand Friedrich von Schiller.

« … Freude, schöner Götterfunken / Joie, belle étincelle divine,

Tochter aus Elysium / Fille de l’assemblée des dieux,

Wir betreten feuertrunken, / Nous pénétrons, ivres de feu,

Himmlische, dein Heiligtum!  / Céleste, ton royaume !

Deine Zauber binden wieder / Tes magies renouent

Was die Mode streng geteilt; / Ce que les coutumes avec rigueur divisent;

Alle Menschen werden Brüder, / Tous les humains deviennent frères,

Wo dein sanfter Flügel weilt. / Là où ta douce aile s’étend… »

Friedrich von Schiller (1759 – 1805)

L’Hymne à la joie est aussi le titre d’une oeuvre du grand artiste japonais Shoichi Hasegawa qui vit et travaille en France depuis 50 ans.

Hymne-a-la-Joie-by-Shoichi-Hasegawa

 

 

Sons de Marseille, fils de Marseille

Un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur avant de mettre le cap sur le sud-ouest. S’éloigner de Marseille mais ne pas la quitter.  Comment raconter ici ce paradoxe en évitant les clichés ? En célébrant la mescle. Le mélange. Le partage. L’échange. Autant de vertus qui collent à l’ADN de Marseille et que raconte si bien Imhotep, l’un des membres du groupe IAM, sur le Soundcloud de Radio France.

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Marseille racontée et célébrée en sons par Radio France, c’est aussi sur MarseilleSons

Pour prolonger votre découverte, je vous recommande vivement Radio Fañch, le blog passionnant d’un compañero breton passionné – le mot est faible – de radio. Un véritable brasseur et raconteur de sons, d’archives, d’opinions, de points de vue, d’images et d’émerveillements. Un vrai Marseillais en somme 🙂

Des artistes pour les Philippines

39 chansons pour les Philippines. U2, Dylan, les Beatles, et Beyonce, entre autres, sont associés dans le tout récent album « Songs for the Philippines » destiné à récolter des fonds pour les sinistrés du typhon Haiyan qui a ravagé les Philippines au début du mois. Disponible sur Itunes, l’album coûte 11€99. Sur chaque album vendu, 8€73 seront reversés à la Croix Rouge philippine. Depuis le passage du typhon, nombre d’artistes anonymes ont créé et mis en ligne des morceaux en signe de solidarité avec la population meurtrie. Fakiezero est l’un d’entre eux. Il vit à Saipan, sur les Îles Mariana, dans le Pacifique.

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Fakiezero sur Soundcloud

Madonna participe elle aussi à cet album de charité.

Le site de la Croix Rouge française

Le site d’Action contre la faim qui récolte également des fonds pour les sinistrés philippins.

 

 

Célia, la voix du Marché des Capucins

Sur le Marché des Capucins à Marseille, au coeur du quartier Noailles, vous ne pouvez pas la manquer. Célia c’est une voix. Un cri joyeux pour aguicher le client. Marchande de fruits de légumes elle est. De 6 heures du matin à 19 heures derrière son étal. Toujours d’humeur égale. Sauf lorsqu’elle parle de la misère qui gagne du terrain dans sa ville. En fin de marché, lorsque la nuit est tombée, les gamelles de fruits à un euro s’arrachent. Célia ne ménage pas sa peine pour tendre la main à celles et ceux qui comptent leurs sous.
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Célia aurait pu être l’un des personnages décrits par André Suares dans Marsilho. Marseille en provençal.
Philippe Caubère l’a adapté au théâtre. C’est sans doute le texte le plus beau et le plus poétique consacré à ma ville natale.
Je vous le recommande vivement.

 

Isabelle la boulangère

Hier-matin, Madame la boulangère m’a ouvert en grand les portes de son magasin pour une séance de dédicaces de « Marseille rouge sangs ». Lorsque le flot des clients s’est calmé, midi trente approchant, Isabelle Ederlé s’est racontée. A côté du fournil où elle ne ménage pas son énergie. Ce fournil où elle s’applique et s’affaire chaque jour, avant d’accueillir et servir ses clients. Ce métier n’est pas le premier qu’elle exerce. Isabelle est entrée en boulangerie après d’autres activités professionnelles. Un vrai choix de vie.
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Isabelle Ederlé vend son pain, ses viennoiseries et ses gâteaux au 76, traverse Tiboulen, dans le 8ème arrondissement de Marseille. Grâce à elle, j’ai eu notamment le plaisir de voir surgir dans le magasin mon ami Bob, Twitto à l’humour phénoménal. J’ai eu aussi l’immense joie de retrouver mon camarade Jean-Paul Nostriano, Endoumois comme moi. Le coeur rouge sangs comme moi. Mille fois merci à Isabelle. Sans doute appréciera-t-elle ce poème de Rimbaud…
Les Effarés
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond [,]À genoux, cinq petits, — misère ! —
Regardent le boulanger faire
Le lourd pain blond [.]

Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise, et qui l’enfourne
Dans un trou clair.

Ils écoutent le bon pain cuire.
Le boulanger au gras sourire
Chante un vieil air.

Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge,
Chaud comme un sein.

Quand, pour quelque médianoche,
Façonné comme une brioche,
On sort le pain,

Quand, sur les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées,
Et les grillons,

Quand ce trou chaud souffle la vie
Ils ont leur âme si ravie,
Sous leurs haillons,

Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres Jésus pleins de givre,
Qu’ils sont là, tous,

Collant leurs petits museaux roses
Au grillage, grognant des choses
Entre les trous,

Tout bêtes, faisant leurs prières,
Et repliés vers ces lumières
Du ciel rouvert,

Si fort, qu’ils crèvent leur culotte,
Et que leur chemise tremblote
Au vent d’hiver.

Arthur Rimbaud (1854 – 1891)

Chez le coiffeur algérien

De passage à Marseille, je me suis fait un petit plaisir : aller chez le coiffeur arabe. Même lorsque je n’en ai as vraiment besoin, je me rends rue Vincent Scotto, à deux pas du Marché des Capucins  si cher à Jean-Claude Izzo. De l’autre côté de la Canebière en descendant vers le cours Belsunce, la rue regorge de salons de coiffure tenus par de jeunes algériens. J’en apprécie la gentillesse. En plus, ce sont des as de la tondeuse, du rasoir et du ciseau. Et l’ambiance est toujours joyeuse. Depuis mardi et la qualification de l’Algérie pour la Coupe du monde de football 2014, les coiffeurs algériens ont encore plus la banane. Et ils écoutent en boucle la télé. Hier, c’était Canal Algérie.
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L’Algérie ira au Mondial brésilien

Rester à la House

Déniché ce son du danois Eric Connie, au titre qui correspond bien aux vies que nous menons souvent : Not a second.  C’est de l’Electronic House. On peut aisément danser dessus en se laissant tirer par l’oreille.
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Far From Las Vegas est un autre morceau bien agréable à siroter entre deux sessions de dance.
Eric Connie connaît bien la ville américaine. Il y a vécu 7 ans avant de rentrer à Copenhague produire des disques et faire le DJ.
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Eric Connie sur la Toile
et sur Twitter @ErikConnieMusic

L’hiver, entouré de nuit claire

Ici, la neige d’hier n’est plus ce matin qu’un souvenir boueux, un désordre verglacé abandonné dans les rigoles. Il fait froid. Très froid, je trouve. Je suis frileux, vous savez. J’ai la goutte au nez. C’est l’hiver. Der Winter ist da.
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Cette lecture poétique bilingue du poète allemand Friedrich Hölderlin est proposée par ARTE Radio.com, sur une idée de Tatjana Bogucz. Bernard Tautrat a assuré la traduction. Eric Herson-Macarel & Tatjana Bogucz lisent le poème. Christophe Rault a réalisé ce petit bijou radiophonique.
Friedrich Hölderlin lu avec douceur, en mélangeant les sons des deux langues, je suis sous le charme. D’autant plus que ce rythme lent, ce pas de deux tendre et sensuel titille la curiosité, incite à en savoir un peu plus sur ce grand poète qui vécut à cheval sur le XVIIIème et le XIXème siècles. Vous ne trouvez pas ?
Friedrich Hölderlin raconté par Esprits Nomades
 Der Winter

Das Feld ist kahl, auf ferner Höhe glänzet

Der blaue Himmel nur, und wie die Pfade gehen,

Erscheinet die Natur, als Einerlei, das Wehen

Ist frisch, und die Natur von Helle nur umkränzet.

 

Der Erde Stund ist sichtbar von dem Himmel

Den ganzen Tag, in heller Nacht umgeben,

Wenn hoch erscheint von Sternen das Gewimmel,

Und geistiger das weit gedehnte Leben.

 

L’hiver

Chauve est le champ

Ne luit dans la lointaine hauteur

Rien que le bleu du ciel et tels vont les sentiers

La nature apparaît une unité

Le vent est frais et le clair seul couronne la nature.

 

La rondeur de la terre est visible du ciel

Pendant le jour entier entouré de nuit claire.

Quand apparaît en haut la foule des étoiles

Et plus chargé d’esprit la vie loin étendue

 

Friedrich Hölderlin (1770-1843)

Un frisson blanc sur le Mont Fuji

Ce matin, je me suis réveillé entouré de petits flocons blancs. Pas un souffle d’air dans les branches et une douceur, dehors comme dedans, qui m’a aussitôt envoyé de l’autre côté du globe, vers ce Mont Fuji qui m’obsède depuis que je l’ai aperçu au printemps à travers le hublot de l’avion qui me ramenait au pays. Il doit être blanc de haut en bas en ce moment, le mont mythique des Japonais. Alors, j’ai pensé à Nobuto Suda, artiste japonais qui vit à Kyoto, adepte comme moi de la mescle, du mélange de musique et des sons de la nature. J’apprécie la couleur à la fois étrange, inquiétante et apaisante que donne à ses morceaux cet artiste, sorte de musicien-field-recorder. Voici son dernier opus, Preoccupying my imagination, qui date de quelques jours.
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Le Mont Fuji, je l’ai approché aussi grâce à Francis Royo, poète-blogueur rencontré sur Twitter, auteur d’un magnifique texte publié sous le titre énigmatique : Yui (Tokaïdo – Satta-Mine 16e relais)
« quatre voiles glissent sur la passe de Satta
sous les crêtes
depuis Yui
le frisson blanc du Fuji
affleure à bords de rocs
l’abrupt enseigne la prudence
et l’écoute
avant le saut fatal du regard
l’abrupt avide de nos cœurs
silencieux de tout
et de l’oubli du vent
passé
perdu
le vide est bleu comme la nuit
qui vient
entre les pins »
Francis Royo
Le blog de Nobuto Suda
 Le field-recording sur le blog Poptronic’s