Pour l’instant, la voie est libre.
Tu avances vers le large, en frissonnant dans le ressac.
Le crépuscule approche. J’ai peur que tu attrapes froid.
Lorsque je t’emmène au coeur des ateliers, tu n’en crois pas tes yeux.
Un décor d’opéra dans un espace de cathédrale.
Aux quatre coins des hangars ouverts aux courants d’air, un râle de ferraille et de feu.
Un gigantesque ronflement de moteurs, de fraiseuses, de presses et de tours avec de grosses mains autour.
Au travail, les machines hurlent et les hommes se taisent.
Quelquefois, c’est l’inverse.
A la pause, en sourdine, nous essayons d’accompagner ce brassage de langues et d’accents.
Tu es plus doué que moi pour l’improvisation, mon Jo.
Je n’ai jamais eu ni coffre, ni voix. A peine un peu d’oreille.
Toi, tu ne vis que pour ces instants où les sons se mêlent, se jaugent, se défient.
Je tente de te suivre de mon mieux.
Tu sais bien que mes mains ne t’abandonnent jamais.
(à suivre)