Si je ne te retenais pas, mon Jo, tu serais capable d’aller te frotter aux bleus des mécaniciens.
Je te laisse leur offrir nos airs préférés, à ces horlogers de la mer, malgré le vacarme.
Un jour, hypnotisé par les vibrations, tu t’es retrouvé happé vers l’hélice d’un moteur de cargo.
Dieu sait comment, je t’ai sauvé in extremis.
Je t’aurais pilé.
Depuis, même si je t’entends ronchonner, j’abrège les visites.
Je ne suis rassuré que lorsque nous sommes de retour au grand air.
Toi, tu ne rêves que de redescendre plonger auprès des hommes de l’art.
Ces hommes que l’on abandonne aujourd’hui dans le plus assourdissant des silences.
Encore quelques minutes et tu disparaîtras derrière les blocs blancs de la digue.
Je prie pour que tu sois recueilli avant la nuit.
Les doberman me saisissent à la gorge.
Ils me broient les chevilles.
Je cherche à hurler ton nom, mon Jo, mais je n’ai plus de voix.
En m’écroulant dans le bassin de radoub, je me souviens : tout à l’heure, un gros flic à lunettes m’a lancé
– vous vous prenez pour Rostropovitch ?
J’aime bien ce que vous faites. Dense et concret, imagé. Bien découpé. Ça va vite. De l’émotion aussi. Ça claque,ça empoigne !
Merci beaucoup, Monsieur. Vos mots me touchent.
J’ai habité Marseille,et je retrouve dans votre univers ce que Marseille a de meilleur.
Je suis sur Nerval.fr aussi, le magazine fiction de François Bon,que vous connaissez vous-même,car c’est un retweet de FB qui m’a permis de faire votre connaissance.