Octobre rouge #15

Octobre rouge

Dès l’instant où tu as franchi le portail de cette communale, j’ai senti mes cellules se gorger de vide, ma peau se racornir, ma voix se rabougrir.

Il m’a fallu passer de longues heures face à la mer pour commencer à accepter le pas de deux esquissé par ton essor et par ma chute.

Les premiers jours, j’ai bien failli venir te chercher en pleine classe.

J’ai renoncé à la tentation de nous rapter vers je ne sais quel pays où la vie aurait pu se redessiner comme avant.

J’ai résisté mais hélas, je ne me suis pas assez méfié.

Quelqu’un m’a dénoncé, je crois. Va savoir pourquoi.

Hier soir, devant l’école, un milicien en civil a attendu que tu sautes dans mes bras pour me faire signe de surtout rester bien sage.

Je l’ai suivi sans sourciller et nous avons atterri dans cette pièce humide où de la nuit, tu ne m’as pas lâché d’un millimètre.

(à suivre)

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