Octobre rouge #13

Octobre rouge

Lorsque l’automne a poussé son souffle tiède sur la ville, tu m’as réclamé l’école.

La grande école.

Celle aux cartables qui scient les épaules.

L’école des bons points et des récitations.

Tu a commencé aussi à vouloir un petit frère.

Tu t’es imaginée le rencontrer dans cette cour que tu me désignais avec gourmandise chaque fois que nous remontions de la mer.

(à suivre)

Richard Bohringer, Marseille et Izzo

Retrouvé cette interview de Richard Bohringer au creux de mes archives sonores,  bien au chaud. Elle date de 8 ans. Me suis laissé happer par l’attrait de ces sons qui attendaient une seconde vie et qui m’ont fait de l’oeil sans que je sache trop pourquoi. Rencontre d’autant plus belle que Bohringer n’oublie ni Marseille ni Jean-Claude Izzo.

 

Octobre rouge #12

Octobre rouge

Le lendemain du retour au quartier, les journaux titraient gros sur une rafle dans notre planque dorée sur la Côte.

Quelques heures de plus là-bas et nous serions tombés dans les rets de ces faces de rats.

À Marseille, tu as retrouvé un rythme plus rond, plus doux.

Finies les échappées nocturnes.

Au placard les semelles de crêpe.

Entre parenthèses les montées d’adrénaline.

Le portefeuille bien plein, je me suis déniché un pointu. Bleu ciel et blanc.

Nos semaines, nous les avons passées en mer, à caboter de crique en crique, de calanque en calanque.

Un été de rêve, à peine troublé par quelques journées de gros mistral.

Pointu à quai et orgies de ciné.

(à suivre)

Aubin – Mazmanian, un amour de concert au PIC de l’Estaque

Accompagné de Nicolas Mazmanian au piano, Alain Aubin nous a offert une merveille de concert l’autre soir au PIC – Pôle Instrumental Contemporain – à l’Estaque Riaux, dans le 16ème arrondissement de Marseille. Merveilleux de découvrir les Canciones raffinées et poétiques du compositeur Carlos Guastavino, chantre le l’Argentine et ami des poètes. Servies par l’étonnante voix du contre ténor, elles  décrivent des scènes de la vie populaire de son pays. Alain Aubin et Nicolas Mazmanian ont également interprété des pièces inspirées par de grands poètes argentins ou hispaniques comme Rafael Alberti, León Benarós ou Luis Cernuda. Le final fut somptueux avec trois oeuvres d’Astor Piazzolla. La Balada para mi muerte – Alain Aubin chante aussi parfois avec un timbre très grave – m’a arraché les larmes.

Jardìn de amores existe aussi en CD. Plus d’infos, c’est par ici. Le graphisme de la pochette qui illustre le premier morceau de ce billet est signé Max Minniti.

Octobre rouge #11

Octobre rouge

Tu n’as pas insisté, mais tu t’es mise à m’ignorer non stop.

Toute la sainte journée.

Indifférente à la moindre caresse, insensible au moindre mot gentil.

J’avais beau tenter de te dérouter de ton entêtement, je me heurtais à ta moue de tortue, à la transparence de tes yeux tristes.

Ce silence autiste m’est vite devenu intolérable.

En trois jours, il m’a fait basculer de l’autre côté et nous sommes rentrés.

(à suivre)

Algériens de Marseille : y’a pas le choix ! Ce sera Bouteflika ou coup d’Etat…

Toutes et tous sont désabusés. Samedi-dernier à Marseille, c’est donc du bout des doigts qu’ils ont voté Bouteflika. Sans illusions. Un vote par défaut. Toutes et tous minés par la peur du retour des années noires dans leur pays. Alors que les Algériens de là-bas votent ce jeudi, mon ami Yassine Bouzar propose cet après-midi sur France Culture un documentaire réalisé par Rafik Zenine consacré à cette jeunesse algérienne héritière des « 50 ans de farce » que vient de vivre l’Algérie. Le titre est évocateur : « Algérie, rire sur ordonnance ». En voici un extrait.

https://soundcloud.com/yassinebouzar/extrait-du-documentaire-alg

L’intégral du documentaire est à découvrir cet après-midi à 17 heures dans l’émission Sur les Docks.

 

Émile, 18 ans, à vélo au Mont Ventoux

Presque au coucher du soleil lundi-soir. Après avoir quitté les comédiens de Base Art Compagnie, pas résisté à l’appel du Géant de Provence, escaladé à vélo il y a près de 10 ans en compagnie d’un ami. Cette fois-ci en voiture. Mais les trois derniers kilomètres, à pied. Au sommet, un vent assez fort et assez frais. Plus personne, sauf un Monsieur de Bruxelles qui attend son fils Émile, passionné de vélo. Fierté partagée dans la lumière dorée.

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Pas pu m’empêcher de penser au Mont Fuji

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Entendu les oiseaux

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Taisez-vous !

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Au Mémorial Tom Simpson

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Thanks Tom

ventoux8Déclaration

ventoux9Me suis souvenu de Pantani

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Marcher sur la lune

Octobre rouge #10

Octobre rouge

Peu à peu, nous sommes devenus somnambules.

Mi chouettes, mi Belphégor.

Tu n’as plus fermé l’oeil avant les premiers rayons de soleil.

Nous avons vécu à contre-sens du reste du monde.

Reclus dans le sommeil la journée, en éveil et en vadrouille le reste du temps.

Jusqu’au jour où tu m’as parlé de Marseille.

Pour la première fois.

Tu voulais découvrir ta ville natale d’où j’avais dû t’arracher pour survivre à tes côtés.

Marseille, c’est impossible mon trésor.

Trop dangereux, je t’ai expliqué.

Demande-moi l’Amérique, l’Inde ou la Patagonie, mais pas Marseille.

Trop tôt, tu sais ? Il te faudra encore patienter.

(à suivre)

Marseille rouge sangs monte en douceur vers le Festival d’Avignon #1

Émotion forte hier. Très forte même. J’ai assisté hier à Mazan dans le Vaucluse  à l’une des répétitions du spectacle que la troupe Base Art Compagnie a choisi de créer à partir de 4 des 13 nouvelles noires de mon recueil Marseille rouge sangs publié l’an passé aux Éditions Parole. Laure Bruno, Paul Bruno et Frédéric Chiron répètent dans une petite salle superbe aux murs de pierre sise sur une aile de leur ferme. Ils l’ont aménagée exprès pour travailler et donner leurs spectacles aussi parfois. Émotion forte car je n’avais jamais osé imaginer que les personnages de mes nouvelles puissent un jour être incarnés, vivants, parlants, criants même parfois là sous mes yeux et bientôt devant ceux d’autres gens. Magie du théâtre. Accoucheur d’humanité. Fierté aussi, je l’avoue. Car ce spectacle, Base Art Compagnie le donnera cet été au Festival d’Avignon, dans le  cadre du OFF, du 19 au 27 juillet.

Allo, c’est le titre de la nouvelle dont vous venez d’entendre un court extrait. Laure dans le rôle de Maryse, Frédéric dans celui du client de la cafétéria où il rencontre Maryse… et Paul dans la peau du récitant. Prochainement, je donnerai à entendre les extraits des 3 autres scènes répétées par mes amis de Mazan : Du miel au bout des doigts, Andoni et Léa et L’affaire de ma vie.

Octobre rouge #9

Octobre rouge

Ce rêve mauvais m’a propulsé vers la peur violente de te perdre.

Mes esprits retrouvés, j’ai décidé de ne plus t’abandonner.

Je t’ai emmenée à chacune de mes virées.

Tu as donc commencé toute jeune à m’accompagner dans mes expéditions au pays des cuillères d’argent et des leçons d’équitation.

Ensemble, nous en avons remué des gentilhommières, visité des villas, escaladé des façades de palaces !

Lampe de poche en main, tu as vite appris à m’emboîter le pas, mon bijou.

A me prévenir par petits jets de lumière lorsque l’inquiétude te pinçait la joue.

A chaque fois, je venais te rassurer d’un clin d’oeil et d’un bisou et je repartais un peu plus loin, le sac en bandoulière, en quête de monnaie ou de trésor à négocier.

(à suivre)