Le retour du Jeudi pluvieux. Jeudi de chantier. En bas dans la maison. Cette maison où nous habitons et qui se transforme. Il sera achevé mi-mai. Pour ce qui est de la maison France, je crains que le chantier dure bien plus longtemps et que nous devions sans tarder changer d’artisans… Pour changer vraiment.
Mois: avril 2014
Générique de fin #10
Zoé. Le prénom de ma grand-mère.
Celle qui n’émigra jamais plus loin que de son village à Marseille.
Cent dix kilomètres sur les ailes d’une calèche pour tomber chez des riches et suer sa vie durant comme bonniche.
Ces histoires du coeur de l’Amérique lui auraient écarquillé les yeux.
Malgré l’absence de Dieu et la moiteur des tropiques, je suis sûr qu’elle ne se serait pas sentie étrangère à ces femmes cent fois brisées et cent fois ressuscitées.
Zoé, c’est promis, votre livre je ne le quitterai plus.
Je l’emporte avec moi et pourquoi pas à Cuba.
(à suivre)
Ai Weiwei ! Let’s sing 艾未未!
J’ai joint ma voix à celle de ces enfants, femmes et hommes chinois parce que je sais que nommer signifie faire un pied de nez à l’oubli, à la disparition, à l’effacement. Ai Weiwei n’a pas disparu de la scène, non. Seulement voilà, il ne pourra pas assister au vernissage de l’exposition » Ai Weiwei – Evidence » que lui consacre à partir d’aujourd’hui le Musée Martin Gropius Bau à Berlin. L’artiste reste privé de passeport. Les autorités chinoises le lui ont confisqué en 2011. Ce qui l’empêche de sortir de Chine mais pas de créer.
ARTE Creative n’oublie pas Ai Weiwei. Elle présente sa performance filmée « Fresh Flowers » : chaque jour depuis le 30 novembre 2013, il dépose un bouquet de fleurs fraichement coupées dans le panier d’un vélo garé devant son atelier de la banlieue pékinoise.
Générique de fin #9
Il y a du Zeus dans cette écrivaine-là.
La foudre est son style, teinté de vague à l’âme et de sensualité.
Ce livre me révéla la violence d’une existence de routine étriquée par l’embargo.
L’idéal révolutionnaire du Che assommé à petit feu.
Le poids de slogans ressassés comme des comptines usées jusqu’à la ixième génération de barbudos.
Et puis le sexe à fleur de mots pour sans cesse affirmer sa liberté envers et contre tous.
Les amours pitoyables et admirables d’une jeunesse havanaise promise à l’anesthésie du dollar.
(à suivre)
Générique de fin #8
À Buenos Aires, les tanguerias portent des noms d’enfant, de femme ou d’artiste. Caminito, La Ventana, Michelangelo…
J’aime la langue qui s’y enroule autour des dents et des palais comme un dessert secret.
Un espagnol tantôt sucré, tantôt salé.
Un tango con cortes y quebradas del mas puro estilo de la guardia vieja…
Envie d’un dernier jus d’orange avant de vérifier encore une fois que je n’oublie rien.
Dans le salon, sur le rebord de la cheminée, m’apparaît le livre que je ne cherchais plus tant je croyais l’avoir perdu dans je ne sais quel déménagement.
“Le néant quotidien” de Zoé Valdés, petite soeur cubaine.
(à suivre)
Découper, coller, peindre, c’est sa vie
Corinne Attali est une artiste singulière. Ses collages et ses peintures naviguent depuis quelques semaines sur Twitter. Ils en illuminent le flot et à chaque fois, c’est une invitation au voyage, l’on se prend à rêver. Mozart, Bach, Barbara, Ferrat, Chopin et bien d’autres l’accompagnent dans son atelier inondé de soleil. Elle raconte qu’elle crée tout le temps quantité d’oeuvres. Elle confie que ces oeuvres l’envahissent toute entière et la débordent par manque de place. Corinne Attali se dépeint comme un ovni, ignorant d’où lui vient cette frénésie créative depuis maintenant un bon quart de siècle. J’avoue être séduit par son audace, sa poésie et son talent de coloriste. Son imagination de découpeuse-colleuse. J’adore notamment ses élégantes Japonaises et ses images d’Afrique. Si tristes et si joyeuses aussi parfois. Je suis sensible à l’allure paisible de ses longues femmes. Ses natures mortes riches en théières me charment. Je retrouve des touches de Matisse, de Modigliani et de Cézanne dans cette artiste à la créativité foisonnante. Corinne Attali, vous pouvez l’approcher d’un peu plus près par ici.
Générique de fin #7
Dans la seconde, New York s’est effacée.
La plainte acide du bandonéon a chloroformé les gratte-ciel et les enseignes fluo des clubs de jazz.
Sur le panneau lumineux géant de l’aéroport, Buenos Aires clignotait déjà de son soleil d’or.
Je sais si peu de l’Argentine sinon que la fierté secoue le sang des danseurs. C
es couples qui tournent et s’éloignent sur les parquets et les pavés me parlent d’un bout de monde où les corps et les âmes n’ont presque jamais peur.
J’aime le port de tête du bailador macho, mélancolique et délicat.
(à suivre)
Le Chant des Marais résonne en Haute-Provence. Nie wieder faschismus !
Ce Chant des Marais est interprété par des élèves de 3ème du collège du Sacré-Cœur et du lycée Beau de Rochas de Digne-les-Bains, aux côtés des choristes de la Claire Fontaine. Cette aventure artistique et humaine correspond à un projet pédagogique « Mémoire et devenir » lancé à la rentrée 2013, à l’occasion du 70ème anniversaire des années 1944 et 1945, avec l’implication du Service des archives communales – et notamment de son responsable Rémi Garcin, très investi dans un travail de transmission de mémoire – et du Service culturel de la ville préfecture des Alpes de Haute-Provence.
Le Chant des Marais a été composé dès 1933 par quelques détenus politiques allemands du camp de Börgermoor, situé dans une région pauvre et marécageuse de Basse-Saxe, au Nord-ouest de l’Allemagne. Tout d’abord encouragé par les SS comme chant de travail, il a été ensuite interdit car reconnu comme subversif. Ce fut en fait l’un des premiers gestes de résistance aux nazis et il est devenu après la guerre l’hymne commémoratif de tous les anciens déportés, partout en Europe.
Après deux répétitions de travail début 2014, l’enregistrement du chant dans sa version française (harmonisée par César Geoffray), s’est déroulé durant 3 heures hier au centre culturel René Char. L’enregistrement va désormais être gravé sur CD par le technicien son du Service culturel, et il pourra être diffusé lors des cérémonies commémoratives, notamment la Journée Nationale de la Déportation.
Choristes adultes et adolescents se retrouveront une dernière fois le 27 mai prochain, Journée nationale de la Résistance. Ils chanteront ensemble le Chant des Marais dans 3 établissements scolaires dignois : le Sacré-Cœur, les lycées Alexandra David-Néel et Beau de Rochas.
Au mémorial de Börgermoor.
Nie wieder faschismus ! – Plus jamais le fascisme !
Le Chant des Marais
Loin dans l’infini s’étendent
Les grands prés marécageux
Pas un seul oiseau ne chante
Dans les arbres secs et creux
Refrain
O terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Piocher, piocher ! (bis)
Bruits de chaînes, bruits des armes
Sentinelles jour et nuit
Des cris, des pleurs et des larmes,
La mort pour celui qui fuit
Mais un jour, dans notre vie,
Le printemps refleurira.
Libre alors, ô ma Patrie,
Je dirai : tu es à moi !
O terre d’allégresse
Où nous pourrons sans cesse
Aimer, aimer !