Des oiseaux et des avions

Petit matin au sud de Paris hier matin. Un jardin en face de la chambre. De beaux arbres ouverts au vent de pluie, et des oiseaux heureux comme tout. Malgré le passage des avions tout là-haut. Entendre les oiseaux dès le réveil me met en joie pour la journée. Entendre les avions me donne encore un peu plus la bougeotte. Attise mon désir de voyage.

Samantha, auditrice de France Inter, en colère contre la suppression de « Là-bas si j’y suis »

250 personnes se sont rassemblées ce samedi après-midi devant la Maison de la Radio à Paris pour protester contre la suppression annoncée de Là-bas si j’y suis, l’émission présentée et animée par Daniel Mermet depuis 1989 sur France Inter. Faible mobilisation initiée par l’association AFRIC, les auditeurs de France Inter en colère. Déception au fond de moi de constater que cette émission  suivie au quotidien par des centaines de milliers d’auditeurs n’ait pas attiré davantage de personnes à cette manif. Triste de réaliser que désormais il nous faut parler au passé de ce moment de radio unique qui grâce à Mermet et son équipe, ouvrait de larges fenêtres d’expression et de contestation de l’ordre établi, qui ne brossait pas les puissants dans le sens du poil et qui osait affirmer son refus de l’idéologie et de la politique néo-libérale qui font le lit de la droite extrème.  Certains ce samedi avançaient que Mermet reprendrait son émission sur une autre antenne. Je me demande quelle grande radio nationale pourrait aujourd’hui relever ce défi de libre expression et surtout de pleine contestation.

Pour écouter le dernier répondeur de l’émission, c’est par ici. Pour signer la pétition qui demande que Là-bas continue, c’est par là. Elle a déjà recueilli plus de 31.660 signatures.

À la suppression de Là-bas si j’y suis s’est ajoutée ce vendredi sur France Culture  la scandaleuse censure de la toute dernière émission Du jour au lendemain d’Alain Veinstein, prévenu récemment que celle-ci ne serait pas reconduite à la rentrée.

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Alexander Lévy à l’Open de France de golf, sur le parcours de l’Albatros

J’ai découvert le golf sur le tard, il y a 6 ans. Depuis, j’adore ce sport. Y jouer d’abord. Et puis regarder les cadors s’exprimer sur le pré. Alexander Lévy est l’un d’entre eux. Tout jeune – il n’a pas encore 23 ans – professionnel depuis 2011, il a gagné l’Open de Chine fin avril. Depuis jeudi, il dispute l’Open de France, sur l’Albatros, le parcours du Golf National à Guyancourt*. À l’issue des deux premiers jours, il s’est qualifié – comme 9 autres joueurs français – pour la suite du tournoi ce week-end. Alexander n’a pas la grosse tête. Il est accessible et souriant, ce qui est loin d’être le cas de nombre de golfeurs. Qu’ils soient pros ou pas d’ailleurs…

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* C’est sur ce magnifique parcours que la France accueillera en 2018 la mythique Ryder Cup, épreuve qui oppose tous les deux ans une équipe européenne à une équipe américaine. Cette année, c’est en Écosse, à Gleneagels, que se disputera la Ryder Cup 2014. La première édition remonte à 1927.

Au Château de Versailles, des Chinois, une Béarnaise et des jardins

De la Cour d’honneur à la chambre du Roi, du hameau de la Reine au Jardin français, nous avons côtoyé des centaines de touristes chinois* hier en visitant le Château de Versailles. Bien présents parmi les Russes, les Espagnols, les Italiens, les Japonais, les Québécois, les États-Uniens, les Pakistanais et les quelques Français qui ont pris d’assaut l’endroit. Une bonne heure de piétinement sur les pavés de la Cour d’honneur, sous un soleil trentenaire en degrés, une belle mêlée sur le parquet grinçant de la chambre de sa majesté Louis XIV, une longue promenade dans ce domaine exceptionnel de grandeur et de beauté. Avec Chantal, ma compagne, nous avons savouré. Et n’avons pas oublié les milliers et milliers d’ouvriers qui ont bâti cette merveille au fil des années.

*Cette affluence de touristes venus de l’Empire du milieu est sans doute liée à l’exposition « La Chine à Versailles, art et diplomatie au XVIIIème siècle » présentée jusqu’au 26 octobre au Château de Versailles. J »y reviendrai ici dans un tout prochain billet.

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VasesCommunicants de juillet – 3 cartes postales d’Anna Jouy

Premier vendredi du premier mois du second trimestre. Comme le temps file vite. Je m’égare… Premier vendredi du mois et donc jour de l’échange, du mélange, de l’envasement désiré. Les VasesCommunicants, quelle découverte depuis le joli mois de mai ! Après Claudine Sales et Candice Nguyen, c’est avec Anna Jouy que nous avons choisi en ce mois de juillet de partager des mots, des phrases, des textes, des émotions, des sensations.

Anna Jouy est une poétesse suisse. Les adjectifs me manquent pour qualifier la beauté et la force de son Journal poétique « Les mots sous l’aube » http://www.jouyanna.ch/. Elle m’a suggéré voyages comme mot déclencheur. Et puis cartes postales. Je me suis laissé tenter. Comment aurais-je pu résister à ce partage ? Merci mille fois à elle d’accueillir sur son blog mes petites cartes postales. Sur mon CarnetDeMarseille, voici les siennes. Je les trouve superbes.

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Je t’écris de la terre lourde, de la glèbe et du pays de l’arbre ; je t’écris des eaux qui charrient des vaisseaux fantômes, de l’Indien, du cri, du Grand Voyageur.

Je t’écris à cheval sur les totems, dans la crique, dans le bois et dans le plus grand froid. Je t’écris de là où le cœur prend des racines qui soulèvent la forêt, la portent en ciel, sac de nuages et filaments de feu, en sacrant des blasphèmes de douleur et de désir.

Je t’écris des tripes liquoreuses des écorces, de l’état sauvage des jungles du Nord ; du triste et pesant travail de la taille et de la scie, du bruit mécanique et huileux des tronçonneuses. Je t’écris du barrage, du socque gras et des épis de gel dans les cheveux. Je t’écris comme on chute, avec ce squelette de foi qui tire les convois dans les banquises, avec cette chair de note brumeuse s’élevant des nostalgies. Je t’écris du chant de l’homme en mal d’amour.

Ici je vis solitaire, humain tendu, humain de trait, sans cesse, vainqueur de chaque défaite : Spike white Spike white, être de l’œuvre, esclave fier. Je t’écris de la rapaille, de l’ailleurs et tu sauras que partout où c’est noir, où c’est sale, où c’est transversales sombres, il y a ma poigne amoureuse désirante, projectile lent et lourd, planète ébranlée, ma Marche à L’amour.

ABITIBI photo guide sulisse.com

Québec Miron

PS Lire http://lunefunambule.com/2013/11/12/je-tecris-gaston-miron/

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Tu attends n’est-ce pas… ? Tu attends que se lève la nuit comme on lève la poste, les relevailles de folie, celle que je t’écris chaque soir, chaque nuit, à doigts saignants puisqu’en dessous il y a peut-être la vie.

Tu attends n’est-ce pas, que je rentre de mes frémissements, de mes alcools, des pilules blanches de lune ? J’en ai gobé des réverbères ronds et entiers sur le chemin de retour des aventures de Buenos Aires.

Tu attends que de solitude, que de chambre, que de table rase, je te sorte les foisons de l’immense, que je n’y aie pas fermé les yeux, mais gardé bien ouverts, nus de larmes, pures soucoupes dans lesquelles déposer tes amandes.

Tu attends que je sois devenue une danse, un briquet de feu dans les lampions du jeu des jambes. Tu attends que de ce ciel, je t’en dise la lumière, moi, qui n’habite que la nuit, seule couleur où tout le monde, même les êtres allogènes, les fiévreux du dispensaire, tous, peuvent fondre et me joindre.

Tu attends ces mots, qu’on ne peut dire que d’ici et qui sont bien ceux d’ici, America del Sur… Mais c’est à toi de trouver mon chemin, à toi de venir en moi, extraire la prose instable et le tango définitif d’un peu d’amour argentin.

Moi je n’ai que les cachets pour estampille de voiles à mettre.

Buenos Aires photo Omar Uran

Buenos Aires Pizarnik

PS Lire Pizarnik Alejandra http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/pizarnik/pizarnik.htm

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Ça y est, j’y suis. Moi aussi j’ai cherché ce carré de neige rose dans le ciel de Google Earth. Moi aussi j’ai voulu m’enivrer de ce parfum, là où marcher sans jamais n’en revenir, dans le duvet du printemps. Il m’a fallu comme lui, attendre mon heure, attendre ce déclenchement soudain des chaleurs et des lumières pour savoir qu’il était temps. J’y suis allée pour toi, parce que je le savais déjà, à l’instant même où j’en ai lu le détail stérile de sa visite, sans la moindre miellée, que c’était l’exacte métaphore de tout ce que l’on entreprend et qui n’aura pas de suite.

Parfois c’est si beau que cela coupe le souffle. On se sent éperdu d’une gratitude inquiète : il y a bien des chances que la vie ressemble à ça. Ces kilomètres de pommiers, tous en même temps éclos, comme un gigantesque champignon aux spores évaporés, grand pompon de chantilly sur ce coin de terre, mouchoir d’un tulle infiniment léger et subtil recouvrant une absence en creux, un silence abasourdi, l’hébétude d’exister pour rien…. Un « don de Dieu », a-t-il dit, déambulant parmi ces arbres goupillant leur parfum au vent sec de Sibérie.

Et tout près de lui, dans les mêmes pas, aussi proches que possible aussi, aussi vains que le sont ces croisées qui n’auront jamais lieu…cet autre inaccessible.

Pommeraie/photo atome 77.com

Sibérie Andreï Makine

PS Lire Andreï Makine, Le Livre des brèves amours éternelles

http://www.aventurelitteraire.com/andrei-makine-le-livre-des-breves-amours-eternelles/

                                                                                                    Anna JOUY                                                                                                                                       

Un grand merci à François Bon et son Tiers Livre http://www.tierslivre.net/spip/, ainsi qu’à Scriptopolis http://www.scriptopolis.fr/, initiateurs de ce vivant projet des VasesCommunicants.

Remerciements chaleureux aussi à Brigitte Célérier grâce à qui chaque mois, nous ne manquons rien des autres échanges rendezvousdesvases.blogspot.fr.

 

Mis en examen, par Massilia Sound System

Cette chanson est l’un des 19 titres de Commmando Fada, le troisième album de Massilia Sound System. Le groupe marseillais de reggae et de raggamuffin l’a sorti en 1995. Deux ans plus tôt, le terme juridique de mise en examen* remplaçait celui d’inculpation. Bigrement d’actualité ces trois mots. Sarkozy aujourd’hui, Cahuzac hier. Cette France sent mauvais. Cette France de 2014 ne ressemble plus à grand chose. Sans parler de Hollande qui tourne le dos à ses promesses, de Copé corrompu dans l’affaire Bygmalion, des Le Pen qui continuent à éructer leur haine, de Balkany, de Guerini… Je ne vais pas aboyer avec ceux qui lancent tous pourris, non. Mais je suis atterré en constatant que comme le dit Edwy Plenel, le directeur de Mediapart, tout un monde politique est en train de mourir sous nos yeux. Et le monde médiatique qui va avec, servile et courbeur d’échine. Bref, vivement la VIème République !

Massilia Sound System sort son prochain album en octobre prochain et sera en tournée à partir du 1er août. Les dates des concerts, c’est par ici.

*Compétence exclusive du juge d’instruction, une mise en examen vise une personne contre laquelle il existe des indices graves ou concordants qui rendent vraisemblable qu’elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission d’une infraction

Orage de juillet, oh yeah !

En avais un peu assez de la chaleur lourde depuis quelques jours. Me languissais de voir la lumière vive laisser la place à des teintes plus douces. Guettais l’arrivée de la pluie. Mon voeu a été exaucé hier après-midi. Un court orage a traversé la ville. Le temps de garer ma voiture et de raser les murs, tout mouillé, et je suis rentré à la maison écouter les gouttes sur les toits et contempler les roses trempées.

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L’opérette marseillaise revisitée dans la joie par Moussu T e lei Jovents

Le plaisir de la pêche est l’un des treize titres d’Opérette, le tout nouvel album de Moussu T e lei Jovents. L’avais pré-commandé sur Itunes. Le voici sur mon ordi. De la grande et pure régalade. Un hommage jubilatoire à la voix d’Alibert, aux musiques de Vincent Scotto et aux paroles de René Sarvil et Raymond Vinci. L’opérette marseillaise des années 30 fut en fait le fruit d’un métissage, d’une mescle de tradition provençale, de chanson populaire italienne, de bel canto et de musique afro-américaine. Ces chansons furent créées dans l’idée de conquérir le public parisien. Aujourd’hui, avec cet album, Moussu T e lei Jovents ambitionnent de parler au monde depuis Marseille. C’est leur huitième opus. À déguster sans modération.

Éditeur : Les Éditions du Gabian/ Manivette Records
Producteur : Manivette records
Label Licenceur : Le Chant du Monde
Distributeur : Harmonia Mundi

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L’écho de France Info sur Opérette vaut le détour.