Là-bas ils y sont, à la radio

Vive la radio ! À partager sur la toile, cette émission commune, transchaînes, au 13ème jour de la grève à Radio France. Une espèce de Là-bas si j’y suis fabriquée in situ, en direct dans le studio 108 de la Maison de la Radio, par la Société des Producteurs Associés de Radio France. Ils ont pris l’antenne avec l’ambition d’expliquer aux auditrices et auditeurs que nous sommes les raisons de la grève. Une émission destinée à rappeler qu’une véritable radio de service public, qui informe, éduque et distrait, indépendamment des puissances de l’argent comme du pouvoir politique, c’est plus que jamais précieux pour notre démocratie. La dessinatrice Louison a participé à l’émission feutres à la main. Pour suivre le conflit à Radio France, ne pas se refuser une visite quotidienne à Radio Fañch. Ni à la page SoundCloud des grévistes.

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Que revienne vite le temps des cerises

En ce lundi teinté de brun et de bleu foncé, pas le cœur à parler. Juste envie de partager cette version de la chanson de Jean-Baptiste Clément. Elle nous vient de l’Empire du soleil levant.

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Quand nous chanterons, le temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête.
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au coeur
Quand nous chanterons, le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur.

Mais il est bien court le temps des cerises
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreilles,
Cerises d’amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendant de corail qu’on cueille en rêvant.

Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Evitez les belles!
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai point sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des peines d’amour.

J’aimerai toujours le temps des cerises
C’est de ce temps là que je garde au coeur
Une plaie ouverte.
Et Dame Fortune en m’étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur,
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au coeur.

Couplet ajouté pendant la guerre de 1871

Quand il reviendra le temps des cerises
Pendores idiots magistrats moqueurs
Seront tous en fête.
Les bourgeois auront la folie en tête
A l’ombre seront poètes chanteurs.
Mais quand reviendra le temps des cerises
Siffleront bien haut chassepots vengeurs.

Une de ces envies de crier

J’ai choisi mon animal préféré pour hurler à ma place. Pas assez de coffre, j’ai. Lui donne carte blanche. Des raisons de s’indigner, il y en a tant. Ne vais pas les énumérer toutes, mais bon, la proche reprise des expulsions locatives, la précarité des travailleurs qui gagne du terrain, le FN présent au second tour des départementales ce dimanche dans tous les cantons de Marseille, la poursuite du massacre des éléphants et des baleines, l’Antarctique qui perd sa glace… tout ça me fait hurler. Ça ne change rien à rien mais ça me fait du bien.

Sabine Huynh résiste et résistera

Bouleversé par ce texte de Sabine Huynh, publié mardi par Jan Doets sur son site Les Cosaques des Frontières. En dessous du titre – Je résisterai – une photo signée Marc Melki suivie d’une note de Jan en quelques phrases : À l’adolescence, Sabine Huynh s’est retrouvée à la rue, après le divorce de ses parents. Aujourd’hui écrivain, elle évoque pour la première fois cette facette de sa vie dans un texte qu’elle a écrit pour soutenir le travail du photographe Marc Melki, qui s’attache à sensibiliser l’opinion publique sur le sort des sans-abris.

Cette lecture est un petit caillou arc-en-ciel que je sème sur le sentier où cheminent ensemble Sabine, Marc et toutes les personnes indignées par le sort de celles et ceux qui n’ont pas de toit. Pour prolonger, marcher jusqu’au site de Marc Melki Exils intra-muros où il mène campagne pour que toutes le familles et leurs enfants puissent avoir un toit dans notre ville.

Le poids du papillon, éprouvé par Erri de Luca

Tout comme Montedidio, j’ai dévoré Le poids du papillon, le conte poétique d’Erri de Luca. Ne suis pas chasseur. Ne suis pas alpiniste. N’empêche, j’ai été bouleversé par ce texte où résonne l’amour de l’écrivain napolitain pour la montagne, ainsi que toute l’admiration qu’il voue au dépassement de soi dont font preuve parfois les humains. Cet extrait raconte la fin de l’histoire de ce roi des chamois et de ce chasseur vieillissant. Une rencontre sur les rivages escarpés de la mort. Je l’ai choisi pour sa beauté, sa poésie et pour ce qu’il dit de la finitude. Celles des rois comme celle des héros.

Ai Weiwei et Joan Baez compagnons d’armes

J’ai mêlé leurs voix et leurs mélodies* pour saluer la distinction dont Amnesty International a choisi de les honorer. L’artiste chinois et la chanteuse américaine recevront ensemble le 21 mai prochain à Berlin le prix Ambassadeur de conscience, pour leur combat en faveur des droits de l’homme. J’ai appris la nouvelle ce mardi matin sur Twitter, via le compte d’Amnesty Deutschland @amnesty_de. Désolant de se dire qu’Ai Weiwei ne sera vraisemblablement pas du voyage dans la capitale allemande, assigné à résidence qu’il est à Pékin par les autorités chinoises.

* Ai Weiwei chante Give Tomorrow back to me, l’un des titres de son album The Divine Comedy – Joan Baez reprend Brothers in arms, le standard de Dire Straits.

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Ce printemps qui ne vient pas

Ne pas se fier aux apparences. L’hiver aux trousses, continuons d’avoir. Les aborigènes humiliés. Erri de Luca hospitalisé. Les baleines massacrées. Chez nous, le bleu foncé et le brun en avancée. D’où qu’elles viennent, les nouvelles nous racontent un hiver qui se prolonge. Ces oiseaux et ce piano, ce serait comme pour croiser les doigts. Comme pour nourrir la petite flamme de l’espoir. En récitant ce haiku de Yosa Buson :

Rien d’autre aujourd’hui

que d’aller dans le printemps

rien de plus.

  Le morceau de piano qui accompagne les oiseaux est l’œuvre de la pianiste japonaise Yuki Murata, membre du groupe Anoice.

Trois pages japonaises de Richard Brautigan

Le Journal japonais de Richard Brautigan. Découverte douce et sensuelle. Pendant plus de six mois, en 1976, l’écrivain américain découvrit le Japon et se prit d’une immense passion pour l’Empire du soleil levant. L’esprit des maîtres du Haiku hante ce recueil de poésie. J’y navigue souvent. La nuit notamment. Lorsque mes pensées s’envolent vers mes amis laissés au Japon. Pour prolonger cette écoute, découvrir le travail délicat de Margaux Fédensieu, les douze baies rouges.

LEG mannequin japonais

Une minute et des poussières à Naples

Naples. Quartier populaire de Montedidio. Erri de Luca* en a fait un merveilleux roman. Nous y cheminons aux côtés d’un adolescent de 13 ans qui découvre la vie, le monde du travail, les sentiments amoureux. Ce jeune garçon sans prénom se raconte en écrivant son quotidien dans un long rouleau de papier, chéri comme un confident. Chapitres courts. Poésie à chaque page. Personnages gorgés d’humanité dans ce Naples des années 50 qui ressemble tant au Panier marseillais de mon enfance.

* Erri de Luca est poursuivi par  la justice pour son soutien à un mouvement de refus de la ligne TGV Lyon-Turin, la TAV.