À écouter le monde en ces temps de grisaille
la vie semble rester collée en bas
à fleur de rue
parmi les flaques, la crasse, et les pavés muets
se demander comment laver tout ça
quand nettoyer à grande eau tout ce qui nous encombre
les esprits et les âmes et nos pauvres corps usés
comment et quand faire du beau, du neuf, qui nous plaise à toutes et à tous
d’abord se laisse happer par l’appel de la rivière
imaginer la mer, là-bas où elle se jette
et où elle ne cesse de finir ses jours
s’y jeter les yeux fermés et oser plonger ensemble
ne pas avoir peur de toucher le fond
ensuite repartir, marcher, errer, debout
en récitant les vieux slogans
« sous les pavés, la plage »
« la beauté est dans la rue »
et puis inscrire en soi les nouvelles phrases vivantes
« mais comment attendre quand le monde tombe »
« il devient fou celui qui ne fait rien de sa peine »
« tapez révolte sur votre clavier et sortez dans la rue »
« la liberté est notre bien commun »
« demain commence ici »