Manu Brabo / AP
Je reste sans voix
face à l’horreur
de ces photos d’Alep
adolescent
je fus un jour à Buchenwald
muet déjà
face à l’indicible de l’Holocauste
de retour mon père me parla d’Hiroshima
du massacre des Indiens d’Amérique
il me raconta les guerres de religion
le goulag
la torture en Algérie
les doigts coupés de Victor Jara
un jour il me parla d´Oradour
de Gernika
plus tard je découvris Sabra et Chatila
Srebrenica
mon père me nomma aussi les hommes de paix
Gandhi
Martin Luther King
Mandela
et puis il me fit écouter Lennon
Dylan
et Jean-Sébastien Bach
aujourd’hui
je ne peux rien lire
rien écouter
sans avoir envie de pleurer
impuissant et honteux
devant ces photos d’Alep
il me faudra pourtant
je le sais
continuer à croire en l’humanité
parler d’amour à mes enfants
leur raconter les tragédies
leur nommer l’innommable
leur dire le martyre du peuple syrien
leur montrer les photos d’Alep
et espérer un monde de paix
Ameer Alhabi / AFP Photo
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