Aux bras de Pépé

Ce texte est ma contribution – il y en a 11 autres à ce jour sur le tiers livre – à la quatrième proposition de François Bon dans son atelier d’écriture en ligne sur le thème du lieu. Une contrainte proposée : se passer radicalement du je pour raconter un lieu public. Écrire un texte de coulisses. Comme pour mes trois précédentes contributions sur ce thème, le seul point-virgule ponctue ce texte jusqu’au point final. Je ne m’en lasse pas. Bienvenue aux bras de Pépé.

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Pépé te l’avait promis ; maintenant que tu es grand, on peut monter les voir de près à la nuit ; en grimpant dans le trolley il tire sur sa P4 et t’asperge en riant d’une fumée blanche qui te fait tousser ; les gens rigolent avec lui ; on les connaît presque tous les passagers du 63 ; des gens du quartier ; des employés de bureau en costume clair et cravate ; des veuves à chapeau noir et sac à main sur les genoux ; des retraités à casquette ; des boulistes à chaussures de toile blanche et à casquette aussi ; on les croise tous les jours chez le poissonnier ou au bar tabac du Terminus ou chez Bec le marchand de bonbons ; le poinçonneur de billets aussi on le connaît bien ; il fait presque toujours le 63  ; assis vers l’arrière dans sa mini cabine ; ils discutent souvent ensemble avec Pépé ; aurait voulu devenir cheminot mais a loupé le concours ; s’est rabattu sur traminot ; Pépé lui il voulait être capitaine au long cours pour naviguer jusqu’en Amérique ; depuis la Suisse c’était compliqué alors il a fait charbonnier puis conducteur de rouleaux compresseurs puis métayer ; et toi tu rêves de conduire des locomotives et c’est pour ça que tu pars à la gare avec Pépé ; à pied c’est trop loin ; le 63 et un peu de marche ce sera parfait ; elle te semble riquiqui la rue d’Endoume ; elle tourne beaucoup et s’allonge entre les façades blanches et beiges et grises ; elles renvoient la chaleur de ce dimanche-soir d’été jusque vers les vitres du trolley ; le quartier on dirait un village qui se repose après une journée de cagnard ; les maisons se serrent comme des anchois dans un désordre qui te plaît ; le ciel serpente au-dessus des toits de tuile ; on passe devant l’Impérial ; nous irons bientôt y voir un western promet Pépé ; il paraît que la salle est drôlement grande ; les sièges confortables et les frigolos délicieux à l’entracte ; tu tiens sa main ou plutôt ses gros doigts dans la tienne ; ne les lâches pas jusqu’au terminus cours Jean Balard sur le Vieux Port ; ça sent le beignet frit l’huile de moteur et le poisson mort sur le quai ; c’est pas là qu’il t’emmène pêcher Pépé ; tellement sale la mer ici ; mais cette vue sur le fond du port là-bas entre Saint-Jean et Saint-Nicolas il ne s’en lasse pas ; d’ici on ne voit pas le large ; on le devine ; Pépé il préfère imaginer ; lorsqu’il est sur les rochers et que la rade l’embrasse direct avec cet horizon toujours offert et marqué ça le rend triste ; il s’arrête de parler et tire fort sur sa P4 ; toi tu te sens bien à longer le quai ; tu y promènes souvent ; depuis tout bébé ; tu marches lentement vers les vendeurs  de cacahuètes tandis que Pépé se tourne vers les bateaux ; lèves les yeux vers les gabians qui crient au-dessus de ta tête ; te demandes s’ils remontent vers la gare eux aussi ; un jour une mouette a cagué sur la chaussure d’un monsieur qui marchait juste devant ; il a juré  fort ; en italien il a dit Pépé ; sans t’en rendre compte c’est déjà Canebière ; trottoir de gauche en montant ; encore un peu de marche il te dit en tirant sur sa cigarette ; plus hautes que tout à l’heure elles sont les maisons tu remarques ; en Amérique les immeubles touchent le ciel te répond Pépé en tendant le bras vers les lampadaires verts olive ; les terrasses des cafés se vident ; on s’arrête pour se désaltérer ; orangeade pour toi ; bière pour Pépé ; tu lui souris ; il te cligne de l’œil ; des matelots avec leur bonnet à pompon rouge plaisantent en regardant passer une demoiselle à talons hauts et éventail nacré ; on écoute les vieux messieurs assis à côté ; c’est quelle langue tu demandes ; Pépé ne sait pas ; l’espagnol peut-être ; ou le portugais ; on parle tellement de langues ici il te dit en roulant le r de parle ; les magasins commencent à tirer le rideau ; arrivés au pied du boulevard d’Athènes il reste une belle montée ; allez courage ; tu voudrais un peu les bras mais tu n’oses pas demander ; tu es grand maintenant ; plus l’âge de se faire porter pour un oui ou pour un non ; il fait presque nuit ; ça klaxonne moins qu’en bas ; des ombres traversent le boulevard ; les restaurants arabes sont bondés ; tu n’as pas faim ; plus de gabians au-dessus des fenêtres ; rien qu’un large voile rose orangé lissé de ci de là au sommet des façades ; juste avant d’arriver au pied des escaliers géants tu demandes à faire pipi ; allez ; contre un platane en vitesse ; Pépé te regarde en souriant ; après on compte les marches en s’arrêtant deux fois pour reprendre son souffle ; un deux trois quatre cinq ; pas plus loin que douze ou treize tu peux ; encore trop petit pour aller plus loin ; à l’entrée de la gare tu serres un peu plus fort les doigts de Pépé ; tu grelottes ; un peu d’inquiétude et de peur là dans le ventre ; l’impatience te donne froid ; tu ne sais pas pourquoi ; tu lances ton regard vers les sifflets les cris les paroles embrouillées et toutes ces voix perdues dans le vacarme du grand hall ; vides les premiers quais à main droite ; que l’argenté des rails ; pourvu qu’il en reste un plus loin ; on longe les butoirs désertés jusqu’aux voies là-bas au fond ; mains glacées et cœur qui s’accélère lorsque apparaissent les deux lanternes rouges à l’arrière du wagon de queue ; il est très long le Paris de nuit Pépé te dit ; viens on remonte ; vite ; longeons les voitures aux vitres dorées ; une odeur de graisse et de charbon te rentre par les narines ; bouche ouverte en passant devant le monsieur à casquette et sifflet qui regarde sa montre ; la visière est noire et brillante ; Pépé te prend aux bras ; quelques mètres et on s’approche d’une fumée blanche géante ; elle envahit le quai  ; comme les nuages de chaleur qui passent parfois au-dessus de la cour de l’école à la récré quand jouons aux osselets et que soudain le soleil se cache ; regarde comme elle est belle la locomotive il te dit Pépé ; tu ne devines rien d’autre qu’une masse blanche qui respire fort et gémit et vibre ; un cri strident s’en échappe ; il te fait sursauter ; comme un coup de poignard dans la chair chaude de la nuit naissante ; tu voudrais traverser la fumée géante et toucher la machine ; le sifflet du monsieur à casquette strie l’air et tu disparais ; réfugié dans le cou de Pépé.

Au chevet des survivants de la torture

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Capitale de la douleur et de la guérison
que pèsent ces pauvres mots surgis dans ma pauvre tête
à l’écoute – grâce au podcast de La Série Documentaire sur France Culture
de cette presque heure d’immersion sonore
profonde et poignante et pudique
au Centre Primo Levi
à Paris

centreprimolevi

 

que pèsent donc mes pauvres mots devant l’absolue souffrance
de ces femmes et de ces hommes
de leurs enfants aussi
torturés
violés
pourchassés
niés
réfugiés dans notre terre d’asile
cette terre de France pourtant si hostile encore
si peu généreuse
si frileuse
si réticente à accorder le droit d’asile
justement
à offrir un nouveau destin
à ces survivants de la torture
si peu désireuse de les accueillir
dans notre communauté d’humains

que pèsent mes pauvres mots
face à ceux prononcés chaque jour avec amour
par l’équipe soignante
que pèsent-ils
face aux paroles accueillies
au silence respecté
aux mains tendues
aux sourires échangés
aux guérisons entrevues

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je me demande aussi
alors que le jour baisse ici
et que s’approche la nuit
sous les arbres libres
je me demande
comment survivre à la torture
comment résister aux tortionnaires
comme elles l’ont fait
comme ils l’ont fait
comme elles et ils le font chaque jour
dans un pays sur deux dans le monde
aurais-je résisté
résisterais-je
pourrais-je survivre
pourrais-je encore parler
pourrais-je encore écrire
pauvre Français que je suis

Photos @ Centre Primo Levi

Pour prolonger, c’est ici

Mardi, c’est Cernobori

superheros

Les belles retrouvailles que voici
avais quitté Julien Cernobori
et son baladeur classique
dans la matinale
de France Musique
l’ai retrouvé
dans le podcast documentaire Superhéros
produit par Binge Audio
et diffusé sur internet

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le projet est beau
donner à entendre des femmes et des hommes ordinaires
au parcours extraordinaire

toujours aussi posé
Julien Cernobori
dans une vraie empathie
à l’écoute de l’autre
à l’écoute du silence aussi

la première série est dédiée à Hélène
c’est un récit de vie en 12 épisodes
accompagné d’une musique originale
écoutez et découvrez
moi, j’ai adoré

Au Pont de la Fausse Monnaie – 1959-2016

Ce texte est ma contribution – parmi vingt et une autres à ce jour – à la troisième proposition de François Bon dans son atelier d’écriture en ligne sur le thème du lieu. Une consigne : raconter un même lieu, un point précis du réel et le faire deux fois. J’ai rédigé ce diptyque en suivant – parce qu’elle m’offre un vrai champ de liberté et d’énergie – la consigne du premier atelier de cette série : le point-virgule comme seul signe de ponctuation. Bienvenue auprès du Pont de la Fausse Monnaie.

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Pont de la Fausse Monnaie ; été 1959

descendre vers la mer avec Papa et Maman ; des petits galets t’accueillent au bas des escaliers de pierre usée ; dès la dernière marche franchie ils crissent comme des grosses billes dans un sachet géant que l’on aurait déversé jusqu’à la mer qui t’attend à quelques mètres ; là ; en face ; meubles ils sont ces galets ; tu t’y enfonces un peu avec tes petites sandalettes en plastique blanc pour éviter de t’écorcher les pieds ; le mal aux pieds ce n’est pas bon pour apprendre à nager elle dit Maman ; tu as presque cinq ans ; en levant la tête vers le ciel tu t’arrêtes sur une voûte immense ; massif le pont blanc et gris ; avec des tâches noires qui ressemblent à des plaies cicatrisées ; Papa te raconte l’histoire de contrebandiers jetés de là-haut ; ils tombent côté galets ou côté mer pour échapper à la police ou à d’autres contrebandiers ; Papa ne sait pas bien ; toi tu cherches les traces de sang ; ne trouves que des algues par gros paquets ; sombres ; noirâtres ; peu de vertes ; c’est vers la mer où tu avances qu’il y en a le plus ; elles dégagent un fort parfum d’iode ; tu tiens ta bouée avec tes deux mains ; la mer est à peine agitée ; tu as très envie de te baigner mais tu prends ton temps ; à main droite le chemin monte vers les rochers en longeant un haut mur blanc ; pour l’instant tu n’y a pas droit puisque tu ne sais pas nager ; à gauche le pilier géant qui tombe de la voûte et la prolonge jusqu’à l’amas de galets ; dans ton dos des rangées de bateaux à voile et des garages à canoës ; tu les as aperçus en descendant tout à l’heure ; n’y as presque pas prêté attention ; te languissais de voir la mer ; et là tu les regardes en tournant la tête  ; ils attendent la mer eux aussi ; beaucoup de blanc sur les coques des petits voiliers ; quelques bandes de bleu ciel aussi ; pour faire joli ; les canoës sont couleur miel ; il est tôt ; l’air est tiède ; la petite digue en face de toi ; c’est vers là que tu nageras ; tu marches dans la mer en serrant ta bouée d’abord puis en la lâchant au fur et à mesure que tu avances et que tu perds pied ; l’eau est bonne ; très salée ; elle pique un peu les yeux ; de tes lèvres tu frôles la surface ; couleur argent avec ce bleu clair du ciel qui se mélange : Maman te dit c’est bien mon chéri, tu nages bien ; tu agites tes jambes et ne sens plus les galets sous tes pieds ; tu n’as pas peur ;

Pont de la Fausse Monnaie ; hiver 2016

les galets se sont obscurcis ; tu t’y enfonces encore un peu avec tes chaussures de marche ; à chacune de tes promenades c’est pareil qu’avant ; ce bruit de billes qui se cognent ; une forte odeur de pisse mêlée au parfum d’iode ; la paroi qui chute de la voûte est parcourue de flaques d’humidité de haut en bas ; au coin du pilier de gauche les vestiges d’un feu ; du bois calciné et des cendres grises et foncées ; juste à côté un sac de couchage abandonné ; là où s’échouaient les contrebandiers s’installent les sans abri ;  les voiliers et les canoës garés derrière un peu plus haut ont pris un coup de vieux ; le blanc est plus mat ; le bleu clair un peu craquelé ; ces bateaux n’ont pas touché la mer depuis combien d’années tu te demandes ; les paquets d’algues traînent toujours près de l’eau ; plus claires il te semble que les algues de l’enfance ; tu marches sur des sacs plastique et des canettes vides ; quelques unes mais c’est déjà beaucoup ; tu te demandes où est passée ta bouée depuis tout ce temps ; aucune trace de sang nulle part ; tu entends le bruit des voitures au-dessus du pont sur la Corniche ; la mer est calme ; trop froide pour se baigner ; et puis maintenant que tu sais nager tu préfères aller sur les rochers en prenant le chemin qui longe le haut mur blanc à main droite ; tu aperçois les graffitis qui le salissent ; l’air est froid ; le soleil est en train de s’en aller vers les îles ; en remontant le chemin tout à l’heure tu surplomberas la petite digue ; après le virage lorsque le chemin redescend vers les rochers tu les verras ces îles que tu rejoignais à la nage avec les copains ; il a fait très beau aujourd’hui et la lumière teinte de rose tout ce qui s’offre à elle ; Maman est partie ; tu n’as toujours pas peur car elle continue de te regarder et de te parler.

On attend quoi ?

 

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Mortes de froid

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retournent en terre

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qui s’en souviendra ?

il fait surtout froid pour les femmes et les hommes
sans toit
gel ou pas
tant de morts dans la rue
chaque mois
qui s’en souviendra ?

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et nous
bien au chaud
on fait quoi ?
on attend quoi ?

on-attendquoi

Les marins perdus de Nikos Kavvadias

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J’ai commencé la nouvelle année comme j’ai achevé 2016
avec en mains Le Quart
l’unique roman du poète et marin grec Nikos Kavvadias
lyrique, sombre, cru et désespéré
Le Quart raconte des histoires d’hommes à la dérive
de fille en fille
de mère en veuve
de port en port
Marseille, Beyrouth, Aden, Cardiff, Calcutta, Port-Saïd
des hommes forçats
comme les personnages de Les Marins perdus, le roman de Jean-Claude Izzo
des marins aux destins liés à ces mers du monde
où peuvent surgir les plus beaux rêves comme les pire cauchemars

Encore un extrait : « … Se réveiller et se trouver dans un pays où l’on vient pour la première fois. On se frotte les yeux, qui sont rougis et fatigués. On voit trouble. Des hommes que l’on n’imaginait pas. On s’attache à eux. À force de les fréquenter, on ne fait plus qu’un avec eux. On s’en va. On se souvient d’eux quand on reste un temps chez soi, à l’heure où l’on se couche pour dormir. Le souvenir n’a de valeur que quand on sait que l’on repartira pour un nouveau voyage. Le pire des reniements, le plus grand désespoir est de jeter l’ancre dans son pays et de vivre de souvenirs … »

Pour prolonger cette lecture, c’est ici .

Trois petits oiseaux Quai de la Fraternité

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Sous le soleil de janvier
Three little birds
survolent en chantant
le Quai de la Fraternité

https://soundcloud.com/ericschulthess/quai-de-la-fraternite

Il s’appelle Staulen Green
chanteur-guitariste de passage à Marseille
il est né au Rwanda
vit en France depuis dix ans
fan absolu de Bob Marley comme moi
et amoureux bien sûr de ses Trois petits oiseaux

https://youtu.be/PGYAAsHT4QE

Three little birds

Don’t worry about a thing
‘cause every little thing is gonna be alright
Don’t worry about a thing
Every little thing is gonna be alright

Rise up this morning
Smiled with the rising sun
Three little birds
Pitch by my door step
Singing sweet songs
Of melodies pure and true
Saying, this is my message to you

[Refrain]

Don’t worry about a thing
‘cause every little thing is gonna be alright
Don’t worry about a thing
Every little thing is gonna be alright

Bob Marley

Écouter au port, comme à la radio

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J’ai toujours aimé écouter aux portes
depuis tout minot
si curieux suis des voix et des murmures
des paroles et des accents
des soupirs et des cris
qui passent et jaillissent et traversent
depuis l’autre côté
toujours été aimanté par la face cachée
celle qu’il faut deviner
imaginer
désirer
ceci explique sans doute mon amour de la radio
pas la triste et fade et formatée radio filmée de today
non
la vraie de vraie
la vibrante
celle qui s’écoute les yeux fermés
dans le noir
ou le regard accroché à la lumière des nuages
celle qui nourrit les images à l’intérieur

écouter aux portes
je continue bien sûr
aussi souvent que le puis
laisse trainer mon enregistreur
désire que restent ces sons
ces vibrations humaines
ces échanges
les mettre au chaud
les revisiter
les partager
les transmettre

écouter au port hier à Marseille
le lieu béni de ma prime enfance
près des bateaux amarrés ou à réparer
un court moment de radio vivante
improvisée
une femme
son homme
leur ami
avec l’accent d’ici
la légèreté d’ici
l’humour d’ici
gens du peuple marseillais que j’aime
mon peuple
que je ne me lasse pas d’écouter

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Je suis d’ici

Je suis d’ici
de la ville-pays
où les oiseaux caressent les statues

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où Hassen est mon frère

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comme Frank
comme Youssou
comme Igor
et tant d’autres

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je suis de cette ville où les fleurs poussent sur les murs

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où les licornes rosissent lorsque tu leur dis qu’elles sont belles

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où les ports sont quasi morts

je suis de cette ville-pays
où survivent les traces des combats de libération

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où la misère hurle à force de se taire

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où les cinémas ferment en attendant l’an que ven

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cette ville où nuit et jour la Corse s’invite après Planier

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je suis de Marseille
où en toute saison
fleurissent les rires des enfants
près de leurs coquillages

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