L’escalier du phare de Biarritz

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Cinquième épisode de l’atelier d’écriture proposé par François Bon sur son TiersLivre,
« Du lieu, le texte escalier » . Séduit par « l’idée d’un texte-escalier, qu’on monte ou qu’on descende, ou bien que chaque franchissement dans l’escalier-texte soit un franchissement dans les escaliers-souvenir », je me suis lancé dans l’ascension de l’escalier du phare de Biarritz.

Maintenant que tu as gravi les premières marches tu ne peux plus reculer tu étouffes déjà tu ne l’imaginais pas si étroit cet escalier en colimaçon du grand phare de Biarritz tout blanc mais pour l’instant c’est sombre si sombre et dire qu’il y a quelques secondes à peine du baignais dans le vert foncé des tamaris et l’océan te souriait à pleines vagues de rose et de doré et tu devinais presque l’Espagne à travers les embruns et c’est pour la voir d’en haut que tu es entré puis as commencé à monter le souffle teinté d’impatience et maintenant les cuisses commencent à te piquer un peu beaucoup car tu avances trop vite sans doute l’angoisse de rester prisonnier et tu te souviens du récit de Maman ta naissance elle dura près de vingt quatre heures puis forceps pour te mettre au monde sans doute est-ce inscrit gravé en toi à jamais alors tu te sens comme à chaque fois dans les ascenseurs là l’air te manque le grand air du large tu le désires fort et tu en es coupé tu l’as voulu cette ascension alors avance et tu tournoies dans le colimaçon géant traversé de haut en bas par les voix de celles et ceux qui ont atteint le sommet alors que toi tu ne sais pas combien de temps il te faudra pour crier victoire et mettre un pied puis deux sur la passerelle qui encercle la tête du phare tu ne comptes pas les marches peut-être que tu aurais dû prendre le prospectus car c’est inscrit dessus le nombre de marches qui mènent au grand air sous la coupole et son optique Fresnel plus que centenaire la voudrais tournée vers l’obscurité que tu traverses au fur et à mesure que tu avances dans la tour conique comme dans un tunnel et tu languis maintenant que se renforce la lueur qui tombe du sommet de l’escalier où résonnent tes semelles au rythme de ton souffle accordé aux battements de ton cœur c’est moins violent qu’à vélo quand tu grimpais l’Aubisque le matin sous le soleil de juillet et que parfois la lumière te manquait aussi et l’oxygène tu avançais presque au ralenti mais tu finissais par réussir à monter jusqu’au col jusqu’au sommet et là pas encore victoire tu accélères porté par le désir d’horizon et le désir d’Espagne tu la vois presque à présent tu la devines la touches presque alors encore un effort plus que quelques marches et tu la salueras d’en haut en souriant et tu chériras cette majesté qui de bout en bout t’aura ramené à ta petitesse à ton état de minuscule parcelle de vie qui un jour se dissout dans l’univers comme disait Maman avant de mourir le regard tendu vers le phare de Planier.

Cot Cot Codèt

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Le dimanche
j’aime bien aller saluer les poules
qui promènent auprès de leurs coqs
dans les jardins d’à côté

sont peureuses, peuchère
se cachent vite derrière les haies
si seulement elles savaient
que pourtant je ne veux rien d’autre
que tenter de chanter
avec elles à tue tête
Cot Cot Codèt

Ravel, Zygel et les Massin

Maurice Ravel (1875-1937), French composer. LIP-16

Prends le temps
aussi souvent que possible
de me rendre disponible
à l’écoute de la radio
et de la musique

Ravel hier
et Zygel
Maurice et Jean-François
sur France Inter
Ravel le natif de Ciboure
et sa Rapsodie espagnole
racontée
décrite
détaillée avec gourmandise
par le pianiste et professeur
à écouter
comme on visite un musée
comme on se laisse guider
dans les pas de celui qui éclaire
et permet d’orner ses émotions
de savoir et de comprendre
de faire connaissance

Ludwig van Beethoven

La Preuve par Z de Zygel
ma évoqué un souvenir d’adolescent
captivé je fus, à la télé, en 1970
par Brigitte et Jean Massin
et leur série d’émissions dédiées à Beethoven
à l’occasion du bicentenaire de son anniversaire.

* Pour prolonger la découverte de Maurice Ravel, visiter la page du Lycée Raymond Queneau d’Yvetot, dédiée à l’éducation musicale.

 

Le Rouge-gorge d’ici et de là-bas

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Le matin parfois
surgit sur mon écran
une merveille
une parcelle de grâce
un fil précieux
relié à la vie paisible qui bat
juste à côté
un fragment de  beauté
niché par surprise
juste en face de mon silence

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ce rouge-gorge de là-bas
offert par terres d’encre
l’ai désiré ici aussi
tout près de ce ciel
qui nous unit
ai déniché sa voix
et me suis assis
sur le vieil amandier
pour l’écouter

Retrouver terres d’encre par ici et sur Twitter 

L’oiseau du cimetière

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Comme par enchantement
l’oiseau s’est juché là-haut
juste en face de toi
là où depuis un mois
reposes en paix, mon Jacques

sur l’arbre vigie des tombes
il est venu te conter
les joies et les regrets
les espoirs et les tourments
les souvenirs et les silences
qui peuplent nos journées
et nos nuits ici-bas

 

Sous le grand mimosa

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Les yeux tendus vers l’azur,
comme souvent
j’ai entendu soudain
– approche, approche donc !
alors, j’ai avancé à petits pas
pour savourer l’offrande

enfoui ma tête sous le grand mimosa
laissé la voix de mille abeilles m’envahir
et tournoyer parmi les pompons d’or
jusqu’à parer mes pores d’éphémère poussière

ivresse légère d’un matin à chérir
parmi les souvenirs précieux
d’un hiver qui se meurt

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Sur le bouleau branchu

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Sur le bouleau branchu
découvrir un cœur
deviner un sexe offert
fixer un regard discret
comme un sourire lancé
à mes doigts étonnés
sous le soleil de février

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Lecteur audio

 

Glenn Gould joue la transcription par Franz Liszt
de la Symphonie pastorale de Ludwig van Beethoven

Elles sont de retour

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Juste le temps
de lever les yeux
et les voilà disparues
les grues sauvages
de retour des pays chauds
après à peine
deux mois d’hiver

Ce moment fugace de contemplation
m’a évoqué
deux haïkus

Une pierre pour oreiller
j’accompagne
les nuages

Taneda Santoka
( 1882 – 1939 )

Rien qui m’appartienne
sinon la paix du coeur
et la fraîcheur de l’air

Kobayashi Issa
( 1763 – 1828 )

Me serais bien baigné

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Un vrai parfum d’été
sur Donostia San Sebastián
me serais bien baigné
comme nombre de pépés et mémés

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mais me suis renseigné
la mer n’offrait pas plus que dix degrés
alors suis allé marcher
le long de la Concha
reviendrai nager au printemps
et cet été

 

Juste pour le plaisir

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Tout au bout de la Concha
à main gauche face à la mer
la promenade s’achève sur un cirque minéral
surplombe un passage troué
de lettres torturées
d’où l’océan raconte
une histoire d’océan
des paroles à imaginer
en fermant les yeux
et lâchant prise
comme ça
juste pour le plaisir

https://soundcloud.com/ericschulthess/la-mer-parle-tout-au-bout-de-la-concha