Nos douze haïkus pour Kamaïshi

1vestiges-du-tsunami

Il y a quatre ans
avec ma fille Zoé et mon fils Marius
avions choisi et lu à voix haute quatre haïkus chacun
dédiés aux enfants et aux parents de Kamaïshi,
cette ville du nord-est du Japon
tragiquement frappée par le tsunami
il y a six ans jour pour jour
le 11 mars 2011

Les haïkus de Zoé

Entouré de branches mortes
il se redresse
le printemps !

Ishikawa Keirô

Comme un bloc de nuit voilée
perdu dans mes pensées

Katô Shuson

Viens écouter la glace
qui se craquelle sur le lac

Ozawa Minoru

Quand une tortue crie
l’autre lève la tête
pour l’écouter

Nakahara Michio

Les haïkus de Marius

Voile de lune
une grenouille
trouble l’eau et le ciel

Yosa Buson

Sur le gazon
languissamment retombe
la brume de chaleur

Natsume Sôseki

Dans les brumes de chaleur
quelques trous laissés
par le bâton allé au temple

Kobayashi Issa

A l’entrée du jardin
fleurit le blanc
d’un camélia

Ueshima Onitsura

Les Haikus d’Eric

La lampe éteinte
les étoiles fraîches
se glissent par la fenêtre

Natsume Sôseki

Nulle trace dans le courant
où j’ai nagé
avec une femme

Yamaguchi Seishi

Mon pays natal
détrempé par la pluie
je le foule pieds nus

Taneda Santôka

On vieillit
même la longueur du jour
est source de larmes

Kobayashi Issa

Je n’oublie pas Kamaïshi #2

pecheurscoquillages

À Kamaïshi
il a fallu deux années
pour que la mer accueille à nouveau
le travail des hommes

en mai 2013
avec Momomi Machida
avions accompagné les pêcheurs du petit port de Osaki Sirahama,
pour leur toute première récolte d’huîtres et de coquilles Saint-Jacques
depuis le tsunami du 11 mars 2011

le 11 mars 2011
la vague géante avait tué l’un des camarades de ces pêcheurs
95% de leur flotte avait été détruite.
Seulement 30 de leurs 130 maisons avaient été épargnées

 

Je n’oublie pas Kamaïshi #1

2CentredepréventiondesrisquesKamaishi

six ans ont passé depuis le terrible tsunami
qui endeuilla le nord-est du Japon le 11 mars 2011
notamment la ville de Kamaïshi

m’y rendis en mai 2013
en reviens bouleversé
et à mon retour, écrivis un conte
En attendant la pluie
publié aux Éditions Parole
un témoignage d’amitié et de compassion envers les femmes, les hommes et les enfants rencontrés là-bas

Couvenattendant-la-pluie

ce livre est bilingue,
traduit en japonais par Momomi Machida
en avons tous deux lu un extrait
à voix haute
dédié à toutes les victimes du tsunami
ainsi qu’à leurs familles

Ci-dessous trois photos ramenées de Kamaïshi
sourire retrouvé des pêcheurs
jeune maman relogée dans un abri préfabriqué
et espoir vivace de connaître à nouveau des printemps paisibles

4pecheurs

5femmetebébérelogés

6tulipesstigmatestsunamikamaishi

Le temps des baignades

gabian

Que revienne bientôt
le temps des baignades
de la causette tranquille
avec les gabians
le temps des escapades
en calanques
des virées sur les rochers
du rosé dans la glacière
des plongeons dans l’eau claire
des siestes apaisées
et des baisers salés

mouettesjaponaises

Illustration : OharaKoson – Mouettes sur les vagues – 1910

L’ode aux marins

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Marins est un oratorio sonore
somptueux
mélodieux
chaleureux
respectueux des langues du monde
un poétique essai radiophonique
riche de voix humaines
empli de sons de mer et de bateaux
une plongée délicate
dans le monde des marins de commerce
ces ouvriers de la mondialisation

Marins
est l’œuvre de Jean-Guy Coulange
une ode à ce métier
qui « aide à mieux comprendre le monde
à mieux comprendre les autres »

https://soundcloud.com/jgcoulange/marins

La violoniste du tunnel del Antiguo

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Elle s’est installée là
juste sous le tunnel del Antiguo
entre la Concha
et l’Ondaretta
et elle a joué
toute la matinée

https://soundcloud.com/ericschulthess/la-violoniste-du-tunnel

plus toute jeune la dame
le regard indifférent
aux quelques pièces jetées
dans la housse de son violon

au-dessus d’elle
les vagues et les reflets du projet MiraMart
vestiges colorés de Donostia San Sebastián
Capitale européenne de la culture 2016

Quatre haïkus de Issa

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Toujours à portée de ciel
de doigts et de voix
les haïkus de Issa

Ne possédant rien
comme mon cœur est léger
comme l’air est frais

Sois donc rassuré
les fleurs aussi qui voltigent
prennent ce chemin

Par la rosée blanche
le chemin du paradis
peut être perçu

Une bise fraîche
ondoyant et tournoyant
est enfin venue

 

L’Oiseau, de Pierre Gamarra

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Chez mon bouquiniste préféré
déniché ce petit recueil
Le sorbier des oiseaux
de Pierre Gamarra
ne résiste pas au plaisir
de lire l’un de ses poèmes
à voix haute
comme il se doit

me souviens qu’à l’école primaire
au CP ou au CE1
avions appris quelques poèmes
de Pierre Gamarra
comme celui-ci

Mon cartable

Mon cartable a mille odeurs,
mon cartable sent la pomme,
le livre, l’encre, la gomme
et les crayons de couleurs.

Mon cartable sent l’orange,
le bison et le nougat,
il sent tout ce que l’on mange
et ce qu’on ne mange pas.

La figue, la mandarine,
le papier d’argent ou d’or,
et la coquille marine,
les bateaux sortants du port.

Les cow-boys et les noisettes,
la craie et le caramel,
les confettis de la fête,
les billes remplies de ciel.

Les longs cheveux de ma mère
et les joues de mon papa,
les matins dans la lumière,
la rose et le chocolat.

La tentation de la fuite

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Promener dans quelques allées
l’oreille dressée
l’œil attiré
par une sonnette-coq
écouter au portail
tomber sur un transistor
abandonné
pour minutes ou heures
posé sur la machine-à-laver
comprends le proprio
trop souvent l’info servie dans le poste
moins qu’à la télé mais quand-même
me laisse lessivé
happé par la tentation
de la fuite vers le silence-radio

Bambi

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Ai approché Bambi
petit daim
petit comme le garçon
qui me dit
à chaque instant
continue d’ouvrir bien grand
tes yeux d’enfant

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ai parlé avec son père
yeux noisette aux reflets bleutés
armé de longs bois
nous sommes souvenus de Tyrus Wong
le papa du Bambi de Walt Disney

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