Bientôt l‘offrande juteuse –
pour l’heure,
le pêcher savoure
Mois: avril 2017
Belle étoile, ange rouge et chute rose
Jeudi dernier ici même
évoquais aux côtés de l’un des gardiens
l’exposition À pied d’œuvre(s) *
proposée par le Musée de la Monnaie
pour fêter les 40 ans du Centre Pompidou
concept très conceptuel
j’écrivais
le passage de la verticalité propre à la sculpture et au monument à l’horizontalité et à son rapport immédiat au sol … je confirme
déroutante expo
déconcertante
navrante par endroits (éviterai de me moquer)
mais séduisante aussi dès l’entrée
me suis immergé dans cette vidéo contemplative
À la belle étoile
créée par la Suissesse Pipilotti Rist
et projetée à même le sol
elle m’a amusé cette vidéo
et j’ai aimé qu’elle me conduise vers l’œuvre de James Lee Byars
Red Angel of Marseille
autour de mille boules de verre rouge
conçues avec le CIRVA de Marseille *
suis resté longuement autour de ces arabesques élégantes
tracées au sol par une combinaison de sphères
selon l’artiste
la sphère interroge tout, critique tout, est tout
et le rouge représente l’immortalité
ça sonne joli et profond je trouve
une immortalité carmin ou vermillon ou rouge drapeau
je m’y projette volontiers
rendez-vous le 6 mai …
Ci-gît l’espace de Yves Klein m’a laissé perplexe
ai plaint ces pauvres roses désormais enchâssées dans du plastique
les préfère au grand air en bouquets d’espoir ou en pétales séchés au creux des livres
l’Infini de Fabro m’a séduit
avec sa mescle de matériau brut – un câble d’acier
et ses morceaux de noble marbre blanc de Carrare
ignorais tout du mouvement d’avant-garde Arte Povera
je ne pourrai plus le dire
ai marché avec précaution sur les vivre
tracés à la craie par Jochen Gerz – mais fixés par du vernis sur le parquet
cheminer dessus, comme un pied de pieds à l’évanescence de chacune de nos vies
jamais imaginé m’interroger un jour sur le destin du papier toilette
La Chute de Michel Blazy m’a ouvert cette porte
avec ce grand collier tout de rose étalé sur un échiquier
j’avoue que j’ai souri
puis applaudi
en osant une parabole politique d’actualité
et m’en suis allé méditer sur la chute l’échec et les déchets
auxquels sommes in fine
tous un jour ou l’autre condamnés
*À pied d’oeuvre(s), jusqu’au 9 juillet 2017 au Musée de la Monnaie
**Le CIRVA est le Centre international de recherches sur le verre et les arts plastiques
Retomber en jeunesse avec Erri de Luca
Avais quitté Erri de Luca à Paris
après son passage sur la scène de la Maison de la Poésie
ses mots si puissants pour évoquer son Naples natal
et la tragédie de la Méditerranée transformée en cimetière pour migrants
l’avais remercié pour ses écrits et ses combats en lui offrant mon Marseille rouge sangs
avions posé ensemble devant le regard affectueux du photographe Hervé Boutet
puis chacun avait repris sa route
lui en partance vers le bateau de SOS Méditerranée
moi de retour parmi les miens
les yeux tournés vers ses merveilles de textes
en ce printemps qui laisse monter
dans l’air
chaque jour
le parfum d’un espoir possible
l’amorce d’un changement chez nous
un rêve éveillé de vraie rupture avec le règne du fric tous azimuts
un changement profond qui pourrait nous permettre
de parler à nouveau d’amour de partage de justice de paix de poésie
puis scintiller et rejaillir sur le monde
ce printemps de l’amour retrouvé
Erri l’évoque aussi
dans l’un des trente-sept textes
de son livre Le plus et le moins
Un poids délicieux
ou le souvenir vivace
universel ?
du tout premier baiser
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Photos de ci-haut @ Hervé Boutet
M comme Marseille, M comme Mélenchon
Belle lurette que je ne crois plus à l’homme providentiel
belle lurette aussi
que suis un partisan de la paix
un amoureux de la paix des hommes
n’étais pas à Marseille hier
mais n’ai rien manqué du vibrant et poétique discours pour la paix
prononcé par Jean-Luc Mélenchon
sur le Vieux-Port
au cœur de cette cité qui m’a vu naître
comme tant et tant d’enfants aux sangs métissés
M comme Marseille
M comme Mélenchon
bouleversant dans ce silence convoqué par lui
rameau d’olivier à la boutonnière
en mémoire des migrants engloutis par la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe
convaincant dans sa condamnation des bombardements de la Syrie par Trump
et de tous les va-t-en guerre
touchant dans son amour déclaré à la France métissée et à tous ses enfants
émouvant dans son récit final de La Paix
le poème de Yannis Ritsos
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Mélenchon n’est pas un slogan, non
pas question pour moi de l’idolâtrer
mais il est le seul à mêler avec force et lyrisme
justesse de vue et poésie
à parler d’amour et de justice
à proposer de rompre vraiment avec ce monde d’argent qui broie les gens
à refuser que soit scandé son nom
à préférer que chacune et chacun prenne sa part
d’insoumission
Lune éphémère
Oseras-tu te poser
en mon nid de fortune
lune éphémère ?
Le destin des pétales
Couvrir d’amour les rues
et y mourir
le destin des pétales
Les Phuphumagnifiques bluesmen zoulous
L’élégance et la grâce
des chanteurs et danseurs
de Phuphuma Love Minus
sur la scène du Musée du Quai Branly à Paris
costumes impeccables
mains gantées de noir et blanc
chaussures vernies
et chants a capella
ils célébrent l’isicathamiya
cette tradition zouloue
enracinée depuis le vingtième siècle
dans les townships de Johannesburg
leurs chants puissants et bluesy
parlent d’amours impossibles
des êtres chers qu’il a fallu quitter
pour aller travailler aux champs ou dans les ports
ils racontent les fantômes des ouvriers migrants
leurs journées et leurs nuits
où surgissent larcins sida et violence
la beauté des cieux aussi
leurs danses souples et athlétiques
expriment un quotidien où se mêlent
ironie séduction et combat
elles évoquent par moments le haka maori
redécouverts par la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin
les artistes de Phuphuma Love Minus
devraient revenir en France l’an prochain
pour de nouveaux concerts festifs
OJIKELE (le chant de ci-haut)
Afrique-du-Sud
Nous t’aimons terre magnifique
Nous sommes fiers de toi Afrique-du-Sud
Nous sommes fiers nous sommes fiers nous sommes remplis de joie
Nous sommes des champions
Parmi les disparus
Deux ans que n’avions plus VaseCommuniqué avec Marie-Noëlle Bertrand
et là, presque par surprise,
un désir commun d’échanger à partir de trois mots :
parmi nos disparus
trois mots qui pèsent si lourd
dans le quotidien du monde
Bienvenue à son texte puissant.
Le mien est accueilli sur Éclectique et Dilettante
son blog de textes, de sons et de photos
mémoire sans lieu
disparu
mort
perdu
désavoué dans sa qualité d’être humain
disparus en mer
l’esclave enchaîné dans les cales, le marin d’ici ou d’ailleurs, le boat-people d’hier, le migrant d’aujourd’hui
disparus, avalés par Héphaïstos
l’ouvrière du textile au Bengladesh, l’enfant vietnamien ou syrien qui court sous les bombes, l’habitant d’Hiroshima ou de Tchernobyl
disparus, dévorés par Mammon
l’ouvrier licencié par Renault ou Arcelormital, le SDF sur le trottoir de Manhattan, la jeune femme abandonnée au cancer dans les usines Samsung
disparues, proies du dieu phallus
la prostituée de Ciudad Juarez, la femme de réconfort coréenne, l’épouse tuée par les coups de son conjoint
disparus, broyés par les mâchoires de Seth
le poilu dans la tranchée, le déporté à Auschwitz, le condamné au goulag sibérien, le prisonnier à Guantánamo
disparus
inconnus ou icônes
leur voix et leur cri
leur visage
dans nos vies
dans nos nuits
lieux de mémoire
mémoire sans lieu
Marie-Noëlle Bertrand
Un double grand merci à elle, qui chaque mois, coordonne, accueille et met en relation les VasesCo et leurs auteurs. Échanges à suivre sur Facebook et sur Twitter.
Gratitude également à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – , tous deux à l’origine du projet des Vases Communicants : le premier vendredi de chaque mois, chacun écrit et publie sur le blog d’un autre de son choix, à inviter selon son envie. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Regarder l’infini
De musée en musée
Jean-François Mpeck voyage dans Paris
fini le gardiennage dans les magasins
place maintenant aux œuvres d’art
forcément ça lui change de climat
les musées c’est plus tranquille
mais pas tout le temps exaltant
ça dépend
l’ai rencontré au Musée de la Monnaie
devant les sculptures de l’exposition À pied d’œuvre(s)
au concept très conceptuel
le passage de la verticalité propre à la sculpture et au monument à l’horizontalité et à son rapport immédiat au sol
dans les superbes salles de style néoclassique
pas envahies ce mercredi
des œuvres étonnantes
déroutantes
et pour les surveiller
devant l’infini de leur étrangeté
Jean-François Mpeck
souriant et disponible
L’infini dont parle Jean-François Mpeck se rapporte à l’œuvre conçue par l’artiste italien Fabro – photo ci-dessous
J’y reviendrai dans un prochain billet ainsi que sur d’autres créations de cette exposition présentée par La Monnaie de Paris à l’occasion du 40ème anniversaire du Centre Pompidou
Une pause mélodique au Parc Montsouris
Soudain, en plein Parc Montsouris
sur les marches d’un escalier pierreux
naissent quelques notes de guitare
et une voix de femme
parmi les cris d’oiseaux
et le souffle saccadé
du RER juste au-dessus
paisible cette pause mélodique
que s’offre Louiza Bouchikh
jeune artiste métis
papa kabyle
maman normande
Parisienne ouverte sur le monde
ses gens, ses accents et ses musiques
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