Shanghai est un mendiant

mendiant

Voilà septembre derrière Papet sous le soleil chaud qui colle les habits à la peau dimanche premier octobre soixante-huit ans de République populaire de Chine soixante-huit bougies le premier à les souffler sous tes yeux ce mendiant édenté posé au premier carrefour il attend des pièces et il les désire de chacun de automobilistes qui s’arrête à sa hauteur il est accroupi et se relève avec difficulté puis avance comme au ralenti une gamelle en fer blanc brillant à la main et il sourit lorsque ses doigts se referment sur le billet que lui tend Noémie depuis quand demande-t-il ainsi l’aumône combien d’années Mao depuis son mausolée à Pékin sait-il que soixante-huit ans après son épopée des hommes et des femmes de cet Empire du milieu qu’il fit tant avancer sont échoués sur les rives d’une misère qui se tait abandonnés de tous saison après saison ici tu n’as jamais vu autant de voitures de luxe te passer devant les yeux sauf peut-être à Monte-Carlo et chaque année aux carrefours dans les recoins des piliers géants qui supposent un trafic routier affolant de bruit et de chacun pour soi des mendiants des sans-logis des sans-amour se posent et tendent la main le regard usé fatigué d’une tristesse sans mots qui fait peine dans ce pays où résonnent tant de rires la voiture redémarre vers d’autres carrefours demain il sera là encore tu le croiseras il y passera la journée et tu ne sais vers quel abri il s’enfuira la nuit tombée sur Shanghai soixante-huit ans après l’avènement de Mao.

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