Si tôt de retour –
comme ivres de fatigue,
les grues sauvages.
Tissue N7, Philippe Glass, par Camille Thomas au violoncelle
Si tôt de retour –
comme ivres de fatigue,
les grues sauvages.
Le regard bleu azur, le rire aux larmes parfois, la voix claire et grave, la sévérité portée en héritage, l’inévitable égoïsme d’un enfant unique, l’irrésistible appétence pour le chocolat, le fredonnement sans relâche, l’authentique vénération de Jean-Sébastien Bach, la constante aversion pour les possédants, la conscience incarnée de l’exploitation et de la lutte des classes, le constat douloureux de l’échec du communisme, l’addiction profonde à la lecture, la passion pour l’Histoire, le regret éternel de n’avoir pu l’enseigner au lycée comme il en rêvait, car fils de pauvres, le dévouement de l’instituteur à ses élèves, le souci aigu de transmettre, l’amour sans bornes pour Marseille, la fierté intacte de son sang suisse, le penchant affirmé pour la mélancolie, l’attrait immodéré pour le mimosa, l’absence totale de peur de la mort, et tant et tant d’autres éclats de lumière et de mémoire qui me traversent et continuent de m’accompagner en silence, depuis deux ans jour pour jour maintenant que Papa est parti vers ce Grand Tout auquel il aspirait.
Bach – Abel – Prélude BWV 846/a – Arpeggio en Ré Mineur, par Lucile Boulanger à la viole de gambe