Vé ! C’est ainsi qu’à Marseille, ma ville natale, on sollicite le regard d’un autre sur quelqu’un ou quelque chose. Là, c’est pain béni de jouer de la rime : Vé Ervé, qué livre il a écrit ! Parce que oui, ses Écritures carnassières sont un livre qui vous prend d’entrée et ne vous lâche plus et qui vous réclame d’y replonger encore et encore. Ce livre, je l’ai dévoré et savouré en même pas une journée. Ervé fut un enfant sans famille, sans amour, sans repères. Depuis tout petit, son monde est celui des foyers, des travailleurs sociaux maufatans, des humiliations, de l’extrème violence de la rue, son univers de vie à Paris, là où il fait la manche pour survivre. Un univers de regrets, de rencontres belles et douces aussi, éclairé par tout l’amour qu’il porte à ses deux filles, ses deux poumons. D’une plume tantôt acerbe et sèche, tantôt vibrante, souvent poétique, jamais misérabiliste, Ervé se livre et raconte ce que fut son premier demi-siècle de vie. Ses textes sont teintés d’une grande tristesse, d’humour parfois, de mélancolie beaucoup. Ervé n’est pas tendre avec lui-même. Il nomme les dépendances qui l’accompagnent, désigne les souffrances qui le minent, l’espoir qui scintille en lui aussi grâce à l’écriture. Ervé nous parle de son intimité sans détour. Il pleure, il hurle tout à la fois sa colère et son besoin d’amour. Quand je remonterai à Paris, j’aimerai lui dire en face, au fond de ses yeux si bleus, que ses mots et ses phrases m’ont bouleversé et que je me languis de son prochain livre. Tè, pourquoi pas, Ervé ?
En attendant, voici lu à voix haute l’une de ses écritures carnassières, Code de la rue sans déroute (ou presque)
Écritures carnassières est publié aux Éditions Maurice Nadeau, dans la collection À vif
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