J’ai croisé Maïté sur le chemin qui mène aux maisons où chantent les coqs le matin d’habitude elle est penchée sur les sillons de son jardin mais là l’ancienne factrice avait rendez-vous avec des chats l’ai suivie friand comme toujours de ces instants presque hors du temps tissés de trois fois rien et de beaucoup d’humanité.
Récits, nouvelles et autres curiosités
Sont passés où les cochons noirs ?
Rien ne m’inspire davantage que ce que j’entends que ce qui surgit impromptu à mes oreilles et que j’écoute en prenant le temps l’automne filant et l’hiver approchant me revient en douceur le désir de ressortir l’enregistreur pour aller capter les sons des alentours pas pu graver le cri des grues avant-hier frustré volaient trop haut mais ces deux cochons noirs croisés au détour d’un chemin dans leur enclos ai gravé leurs grognements il m’ont approché de bon matin le groin humide et gourmand n’ai pas trop su quoi leur dire sinon que je les trouvais beaux dans leur habit soyeux puis m’en suis allé en pensant à leurs petits yeux curieux l’après-midi repassant devant leur champ ils avaient disparu les ai cherché ai guetté leurs pas et leurs voix mais non rien envolés ai soupiré en me souvenant des canards croisés l’hiver dernier non-loin d’ici et plus jamais retrouvés aujourd’hui sans doute hélas transformés en pâté ai campé un moment silencieux devant le grillage puis me suis rentré résolu à continuer au quotidien à avancer serein et décidé sur mon chemin végétarien.
Les grues sauvages
Quelques pensées de mistral
Qu’en entendent-ils du mistral les disparus il fait danser les mouettes écumer les flots hurler trembler les fenêtres de ma chambre qui fut ton bureau Maman l’entends-tu toi dis ce vent de folie le sentent-ils les morts pousser et pousser encore les dalles de leurs tombes s’engouffre-t-il dans les fissures délaissées les pots de fleurs les ex-voto les plaques aux mots offerts qui tapent sur le marbre en perçoivent-ils les claquements et ces cendres dispersées au jardin du souvenir qu’en reste-t-il lorsque le vent se déchaîne et nous vrille la tête avec toutes ces pensées sombres tu peux me dire Maman ?
« … Mistral mistral mistral
On voudrait bien que tu t’arrêtes … »
Alphonse et Zoé, mémoire à voix haute
Mémé Zoé c’était ma grand-mère maternelle haute-provençale née en 1894 qui perdit son promis à la Guerre de 14 et ne s’en remit jamais Zoé ainsi se prénomme ma fille cadette née en 2001 elle n’a pas connu son arrière grand-mère puisque décédée vingt ans avant sa naissance ai souvent parlé à Zoé comme à chacun de mes trois enfants de l’aïeule Zoé endeuillée à vingt ans leur ai offert mon dernier livre et ils connaissent d’autant mieux Alphonse Richard qu’ils portent en eux les mots par moi énoncés pour leur raconter la tragédie vécue par notre ancêtre et l’abomination de cette Grande Guerre qui il y a un siècle bouleversa la vie de toutes ces femmes dans chaque camp dont un fils un promis ou un mari ne revint jamais au pays hier dimanche 12 novembre lendemain de commémoration de l’Armistice Zoé a choisi de lire à voix haute la journée du 12 août 1914 la douzième de mon récit qui s’achève deux jours plus tard avec la mort d’Alphonse Richard cette lecture teintée de sentiments encore un cadeau de la vie qui me touche au plus profond.
Et maintenant, le Jardin public Valmer !
Valmer c’est un jardin public de toute beauté comme la villa qui le surplombe dans le quartier de ma jeunesse j’y venais souvent refaire le monde avec les copains et regarder la mer avec une chérie il sent bon l’iode les pins et les arbousiers ce jardin il est délicieusement arboré il permet de se détendre à l’ombre les après-midi d’été Valmer accueille souvent des mariés en quête de photos face à la mer car il offre une vue somptueuse sur la Corniche le Frioul les îles d’Endoume Malmousque le Petit Nice jusqu’à l’île Maïre à l’autre bout de Marseille vers les Calanques aujourd’hui le voilà menacé d’être privatisé sur sa partie haute celle qui jouxte la villa vouée à devenir un hôtel cinq étoiles la Ville veut y aménager un parking en catimini sans consulter personne c’est juste une nouvelle atteinte au patrimoine commun des Marseillais ce joyau doit rester public ouvert à toutes et à tous ça n’est pas négociable j’ai choisi de rejoindre les plus de 13.400 signataires de la pétition lancée par Hervé Menchon parce que je ne supporte pas l’avenir qui est dessiné à ce jardin par des élus irresponsables ceux qui cautionnent aussi la construction programmée par Vinci d’un immeuble avec parkings souterrains sur le site de la carrière antique de la Corderie peut-être signerez-vous aussi ça peut servir une signature deux signatures des milliers de signatures pour renverser le cours d’une histoire de Marseille qui a tendance à se conjuguer de plus en plus avec le fric les intérêts privés au détriment de notre vivre tous ensemble sur le sol de notre cité.
Pour prolonger, lire la page Facebook du groupe Les Sentinelles.
Quatre vingt dix-neuf ans et bien plus
oute
Onze novembre deux mille dix-sept l’armistice conclu il y a quatre vingt dix neuf ans jour pour jour une journée de grisaille dehors rien d’inédit une journée de pensées fortes pour Alphonse Richard tombé bien avant que le feu et la folie ne s’arrêtent quatre ans et presque trois mois après sa mort je me demande comment il aurait pu traverser la Grande Guerre le caporal dignois si le mortier allemand ne l’avait fauché dès les premières salves le quatorze août quatorze comment aurait-il survécu à la tragédie comment aurait-il accueilli l’affreuse nouvelle qui me massacre le cœur publiée par Gérald Andrieu sur mon fil Twitter
10 novembre, penser à Augustin Trébuchon… pic.twitter.com/koo1c4K1ML
— Gérald Andrieu (@GeraldAndrieu) 10 novembre 2017
reprise ensuite prolongée ainsi par Arnaud Maisetti
11 novembre, penser à Augustin Trébuchon https://t.co/QtvIRxTvGt
— Arnaud Maïsetti (@amaisetti) 11 novembre 2017
pour dénoncer la mort maquillée du berger de Lozère le dernier Poilu de la Grande Guerre tué à l’ennemi comme les autorités militaires écrivaient sur la fiche des morts pour la France Augustin tué le dix novembre dix-huit tu parles les salauds ils ont osé les salauds onze novembre deux mille dix-sept journée de signes d’amitié aussi consolent et apaisent comme ce tweet de Francine Bourgeois
En ce jour du #11novembre j’ai une pensée si forte pour #AlphonseRichard, premier dignois tombé à la grande guerre
merci Eric @ESchulthess pour ce récit émouvant
Au pays d’Alphonse Richard, des écoliers se lancent en écriture https://t.co/DqYV0Tfboy …— bourgeois francine (@bourgeo48117923) 11 novembre 2017
oui Alphonse Richard est vivant parmi nous et bien au-delà de notre France bien sûr et je me prends à réécouter l’audioblog fabriqué par les collégiens du Lycée français de Shanghai Campus de Pudong rencontrés en octobre leur enregistrement audio de l’intégralité de mon livre quel magnifique cadeau toutes ces voix d’enfants je n’en reviens toujours pas et sans doute Alphonse non-plus.
Vinci indésirable sur l’antique carrière marseillaise de la Corderie
Retourner à Marseille hier dans le quartier de ma jeunesse boulevard de la Corderie si souvent emprunté adolescent pour descendre en ville tourner à droite à Saint-Victor juste après la rue d’Endoume venions de là avec les copains pour aller au ciné à deux pas de la mythique et somptueuse Abbaye avancions vers le Vieux-Port passions en dessous de l’antique carrière grecque exploitée à partir du VIème siècle avant notre ère du temps où Marseille était Massalia pas encore mise à jour à l’époque où la longeais sans le savoir aux côtés de Jean-Marc de Guy et de tant d’autres aujourd’hui Vinci ose vouloir y construire un immeuble résidentiel avec la bénédiction de la Mairie de Marseille et de la Ministre de la Culture pas une semaine sans rassemblement d’habitantes d’habitants d’architectes d’archéologues pour protester contre l’insupportable le sacrifice du patrimoine historique des Marseillais sur l’autel du fric banderoles affichettes pancartes et paroles aussi paroles de colère à commencer par Franck Pini habitant du quartier.
David Coquille est journaliste au quotidien La Marseillaise je garde une tendresse pour ce journal où fus correcteur l’été de mes dix-sept ans ce fut aussi le journal du regretté Jean-Claude Izzo David Coquille donc qui chronique avec talent chaque épisode du feuilleton de l’antique carrière remonté lui aussi devant le scandale de ce projet immobilier cautionné par Jean-Claude Gaudin et Françoise Nyssen.
Ne pas lâcher résister ensemble chacune et chacun à son niveau seule condition pour que ce funeste projet finisse par être enterré dans les poubelles de la ville.
Lire l’interview réalisée par David Coquille de Georges Heintz, architecte urbaniste et membre de l’Académie d’architecture, publiée dans La Marseillaise.
David Coquille est aussi sur Twitter : @DavidLaMars
Il y tient entre autres la chronique de la carrière antique de la Corderie
Alphonse Richard renaît au pays avec des collégiens dignois
Au collège Maria Borrély de Digne-les-Bains encore un beau rendez-vous hier avec des élèves de troisième pour parler d’Alphonse Richard et de mon dernier livre à lui dédié rencontre forte et riche après celles de lundi avec des écoliers dignois et de la mi-octobre avec des élèves du Lycée français de Shanghai Campus de Shanghai forte et riche parce qu’autour de mon récit avons pu parler de la mescle entre littérature et histoire de la guerre de 14-18 de son horreur absolue de l’immense deuil dans lequel furent plongés tant de parents de femmes d’enfants de fiancées de chaque côté de la frontière forte et riche car avons évoqué le fil ténu et précieux qui relie l’histoire des individus et l’Histoire avec un grand H et comme c’était la journée des cadeaux après l’audioblog dédié à mon livre conçu par les collégiens du LFS de Shanghai et publié sur Arte Radio ai savouré cette émouvante lecture d’un extrait de mon récit signée Nina
Un grand merci à Sylvie Poirié professeur de Lettres Sylvie Deroche professeur d’Histoire-Géographie et Rémi Garcin chef du service des Archives communales de la Ville de Digne-les-Bains pour le précieux travail en commun avec les collégiens.
Un cadeau shanghaïen nommé Alphonse Richard
Un QR code vient de tomber sur mon WeChat adressé par Élise et Guillaume les documentalistes du Lycée français de Shanghai Campus de Pudong ai passé là-bas le treize octobre dernier une journée de belles et fortes rencontres avec les collégiens autour de mon dernier livre Il s’appelait Alphonse Richard, le premier Dignois tué à la Grande Guerre le QR code porte une toute petite photo en son cœur la couverture du livre je l’identifie ce code et j’arrive sur Arte Radio c’est l’audio blog Lire en fête Shanghai Pudong je clique commence à écouter et là les larmes me viennent les élèves du LFS ont lu et enregistré mon livre de la première à la dernière page c’est magique une merveille de cadeau je vous le fais partager juste avant de me rendre au Collège Maria Borrély de Digne-les-Bains où des élèves de troisième m’attendent pour une rencontre autour d’Alphonse Richard le Dignois.
L’Audioblog dédié à Alphonse s’écoute aussi ici : http://audioblog.arteradio.com/blog/3048055/lire_en_fete_shanghai_pudong?sortBy=date-asc&pageNumber=0