Le français en danger ? Remettons le Vieux-Port au centre-ville !*

Les idées fausses, c’est comme les idées noires. Il convient de les chasser loin de soi. Et loin des autres aussi autant que faire se peut. Parce qu’elles sont nocives, ces idées. Parfois toxiques et dangereuses. En professeur de sociolinguiste à l’Université passionné, Médéric Gasquet-Cyrus n’est pas du genre à se laisser impressionner par le moulon d’idées fausses que trimbale la langue française. Elles l’emboucanent, elles lui hérissent le poil, elles le révoltent, mais en chercheur en Parole et Langage avisé, il résiste, il leur fait face et se fait un plaisir de les démonter dans un livre jubilatoire et savant, paru en avril dernier, « En finir avec les idées fausses sur la langue française ».

Il en a listé une quarantaine de ces idées fausses, véhiculées par ceux qui claironnent notamment que la langue française est en danger parce qu’elle « est menacée par l’anglais », « envahie par l’arabe », parce que « les jeunes parlent avec 500 mots », alors que « le français est une langue pure », « belle », que l’on doit parler comme il faut, en respectant les règles fixées par l’Académie française. Entre autres mythes qui entourent le français et que Médéric Gasquet-Cyrus déconstruit point par point, l’idée souvent repérée sur les réseaux sociaux selon laquelle « le » dictionnaire contiendrait la vérité sur la langue et sur le monde.

« Remettre le Vieux-Port au centre-ville » , c’est aussi rappeler dans ce livre que le français est présent sur les cinq continents, officiel dans 13 pays, co-officiel dans 16 autres, qu’il est une langue d’enseignement pour 93 millions d’élèves.  Et donc non, « le français n’est pas menacé par celles et ceux qui s’en servent pour communiquer ». N’en déplaise aux réactionnaires, aux sectaires, aux xénophobes, et aux nationalistes de tous bords qui en prennent pour leur grade. C’est réjouissant de voir mis en pièces les Rivarol, Julien Aubert, Alain Finkielkraut, Jean-Michel Blanquer, entre autres chantres du roman national et caricaturistes du déclin de notre français que nous aimons tel qu’il est. Divers, ouvert, vivant, riche en accents et en mouvements.

« En finir avec les idées fausses sur la langue française » est publié aux Éditions de l’Atelier.

* ça m’amuse de tenter ce pendant marseillais de « remettre l’église au centre du village » ou de « mettre les points sur les i et les barres sur les t »

Une vie avant MOTCHUS (8) des limaçons et un bada

 » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun ! «  Le sel de MOTCHUS c’est aussi de voir ressurgir un souvenir d’enfance au détour d’une grille et d’un mot trouvé. Hier, après deux bonnes heures de prise de teston et de pêche infructueuse, cet aigo-sau est sorti de sa cachette et a de suite ressuscité la voix de la marchande de limaçons qui passait chaque semaine en bas de chez nous avec sa marmite sous le bras. Nous habitions rue du Docteur Frédéric Granier, dans le quartier d’Endoume. Après deux années passées dans un tout petit appartement au Panier – les deux premières de ma vie – nous avions déménagé pour venir vivre chez ma grand-mère maternelle Zoé..  » A l’aïgo sau, leï limaçoun ! N’aven dei gros, e dei pichoun !  » Je réentends Mémé Zoé le fredonner avec gourmandise ce refrain en provençal, sa langue maternelle, en descendant acheter ses limaçons.

MOTCHUS nous l’enseigne tous les jours depuis plus d’un an, le langage de Marseille ne saurait se résumer à quelques clichés pour quelques estrangers ou gens à accent pointu. En réalité, c’est bien plus sérieux que ça le parler marseillais. Pas vrai Pierre Échinard ?

Figurez-vous que mon Dictionnaire du marseillais fut victime – parmi tant d’autres livres – de l’inondation que nous avons subie chez moi en 2018. Je m’étais régalé de m’y promener. J’y avais découvert un moulon de mots, de définitions et de références. Il me servirait bien lorsque je rame fort le soir ou le matin en cherchant le MOTCHUS du jour. Il paraît qu’il est épuisé, mais mon petit doigt me dit qu’il y aurait encore moyen de se le procurer…

À la demande générale, comme c’est dimanche, voici un petit bada : le replay de ce feuilleton que j’ai pris plaisir de partager.

Bon, maintenant, je vous laisse, je m’en vais chercher le MOTCHUS du dimanche, très Mémé des Accates paraît-il ! Aïoli sur vous !

Une vie avant MOTCHUS (7)

Et si parmi les 1.800 mots que propose le Dictionnaire du marseillais, vous en choisissiez un, quel serait-il ? Vous me répondriez sans doute qu’ils vous plaisent et vous parlent tellement tous ces mots que ce serait péché d’en sortir un du lot. Pour Pierre Échinard, tout pareil. Lui, il en a choisi deux, bien jolis, que voici.

Pas encore remis de la pitoyable élimination de l’OM, j’en choisis deux moi aussi : pébrons et rointer

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (6) et après l’OM…

Par souci d’économie d’énergie, je ne m’étendrai pas sur le caractère visionnaire du mot estramassé raconté hier ici. Je préfère rester poli. Après la cagade majuscule de notre OM, ce jeudi fut noir de honte et notre colère, Camelus Blah la décrit tellement bien dans sa Canebière Académie qu’il n’y a rien à rajouter. Aujourd’hui, c’est sur une autre institution marseillaise, l’un des mots emblématiques de notre parler que se penche Pierre Échinard.

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (5)

Le temps de me rembrailler – et de marronner dans ma barbe parce qu’à une lettre finale près, je l’avais en deux ce Motchus #406 – me voilà prêt pour la méditation motchusienne du jour, sous la forme de l’affirmation que voici (vous me démentez si je me trompe) : dégun peut dire qu’il n’a jamais entendu les mots que voici, racontés, interprétés par Monsieur Pierre Échinard, Académicien de Marseille, et co-auteur – entre autres avec notre sociolinguiste préféré Médéric Gasquet-Cyrus – du Dictionnaire du marseillais. Les avons entendus et prononcés souvent ces mots, pas vrai ? Et pas seulement sur le Vieux-Port. Tellement nôtres !

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (4)

Où il est question ce mercredi de Monsieur Brun et de Parisiens… Pas des affreux en bleu foncé avec la Tour Eiffel sur le maillot, non, je vous rassure. Non, un mot patrimonial, nourri par des siècles d’histoires, lui. Après peuchère, la pile, bader et plein de gros mots et d’expressions grassouillettes à souhait – vous avez adoré l’incontournable « –Va caguer à Endoume ! » , Pierre Échinard se délecte aujourd’hui d’un autre grand classique du parler marseillais, dégun.

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (3)

Les gros mots, le parler gras, ça nous connaît bien sûr. Nous sommes n’en sommes pas avares. Pierre Échinard, vénérable Académicien de Marseille,  confirme que le Dictionnaire du marseillais accueille une ribambelle de mots grossiers. Il nous le dit avec un zeste de pudeur mais sans mâcher ses mots… 

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS (2)

Oh fan que ce fut dur hier de trouver le MOTCHUS #403 ! Ça m’a bien pris en tout trois heures ! J’ai même dû écourter mon pénéquet du dimanche pour ne pas me mettre à la bourre avant le match de l’OM (non, je ne regrette pas du tout de l’avoir regardé). Tout ça pour y passer encore une bonne demie-heure avant que la lumière jaillisse et m’évite une escapade imprévue aux Goudes. Pierre Échinard l’aurait-il trouvé plus vite, lui qui depuis hier, nous raconte ici quelques-uns des mots marseillais recensés dans son Dictionnaire du marseillais ?

(à demain !)

Une vie avant MOTCHUS

La belle fête que nous avons vécue ensemble jeudi dernier pour célébrer les 400 coups de MOTCHUS m’a donné envie de ressortir de mon cabas et de partager un merveilleux souvenir. En mars 2015, enregistreur en main, j’avais rencontré Pierre Échinard l’un des auteurs du remarqué Dictionnaire du Marseillais, publié il y a bientôt vingt ans. Historien, membre de l’Académie de Marseille, Pierre Échinard a co-signé l’ouvrage riche de plus de 300 pages consacrées au parler de Marseille du début du XXe siècle à nos jours. Je m’étais régalé à l’écouter me parler de quelques-uns des mots de notre langage marseillais/provençal et j’en avais fait un petit feuilleton. Rebelote à partir d’aujourd’hui, en commençant par les présentations et par peuchère, évidemment d’actualité en ce dimanche motchusien qui nous promet de bien nous escagasser le teston à la recherche du #Motchus 403.

(à demain !)

Les 400 coups de MOTCHUS

Quel est mon mot de Motchus préféré ? Cette question, je me la suis posée hier-soir à l’apéro, en réalisant que nous en sommes aujourd’hui mercredi 23 février 2023 à l’épisode 400 du jeu de mots marseillais / provençaux qui nous régale – nous sommes 10.000 aficionados – et nous rend quelquefois bien fadas. 400 mots proposés déjà ! 400 jours que nous actionnons nos pauvres neurones sur Twitter pour trouver LE mot, ZE mot !
Chaque jour à minuit, une grille de six lignes apparaît. Toute bleue. Une initiale sur la première mais parfois aucune. Six lignes, donc six tentatives pour trouver le motchus du jour, pas plus. Un strike, et c’est la gloire, certains diront la sègue. Six échecs et boudiou, c’est la honte !
Il a deux papas, ce Motchus lancé en janvier de l’année passée. Un manieur de mots, Médéric Gasquet-Cyrus – @MedericGC – alias Médé, socio-linguiste à l’Université d’Aix-Marseille et un as de l’informatique, DenisBeaubiat, – @ze_armavi – alias Ze bobs, professeur de mathématiques au lycée Diderot.
Louons bien fort leurs mérites s’il vous plaît ! Non seulement ils nous ont trouvé une occupation ludique, une régalade quotidienne, une sorte de rituel – à minuit tapantes pour certains, à pas d’heure pour d’autres, – mais en plus ils ont réussi à créer une bande, plus ou moins organisée, qui aime le partage, l’échange, et qui cultive un vrai sens de l’humour. Motchus est à l’image de Marseille. Dès que tu fréquentes la ville, tu deviens Marseillais. Dès que tu te prends au jeu, tu deviens Motchusien. Et quelle palette de caractères dans cette équipe, mâtin !
Tenez, chez mes petits camarades de jeu – toutes et tous se reconnaîtront – vous avez les vantards, qui s’en croient quand ils trouvent de suite et font les roulades; les râleurs, qui marronnent de longue et prétendent que le mot du jour n’est parlé que par la Mémé des Accates; les timides, qui postent leur grille presque dans l’anonymat, sans le petit commentaire ou le petit émoticon qui va bien; les compétiteurs, qui sont là pour la gagne rien que pour la gagne ou le podium; les perfectionnistes, limite pessimistes, qui prennent de suite le 19 pour aller se jeter aux Goudes lorsqu’ils trouvent le mot en plus de deux coups; les scientifiques, qui tiennent à jour la liste des mots déjà sortis et se penchent sur les couleurs des grilles des collègues avant de jouer eux-mêmes; les paisibles, qui accompagnent toujours leur tweet par « Bonne journée ! »; les olympiques, qui se soucient peu du nombre de coups qu’il leur faut pour trouver parce que l’essentiel c’est de participer, et puis l’artiste, qui utilise souvent des mots de Motchus dans ses hilarantes chroniques sur l’OM. J’en oublie sans doute des collègues, mais pas grave. Parce que Motchus, c’est devenu comme une petite famille, avec ses personnalités, ses humeurs, ses faiblesses et ses talents. Et c’est pour ça aussi que nous l’aimons, ce jeu.

Revenons à la question initiale. Des mots de Motchus que j’aime, il y en a tellement que j’ai vraiment du mal à dire si je préfère estrasse à radasse, peuchère à couilletti, vier à pachole, espanter à furer, cabestron à cagadou, néguer à rointer… c’est bon, j’arrête. En fait, je les adore tous, ces mots du parler marseillais, ce langage populaire de notre Marseille, la ville où je suis né et où j’ai passé plus de la moitié de ma vie. Donc, hier-soir, au moment de me servir un second jaune, la panne, incapable d’en ressortir un du lot. Alors, j’ai décidé de jouer l’esprit d’équipe et de faire mon curieux. J’ai mené ma petite enquête sur Twitter auprès des motchusiennes et motchusiens dont j’applaudis les exploits ou rigole des cagades chaque jour. Et qui me le rendent bien. Je leur ai posé la même question, tè ! Contrairement à moi, elles et ils ne se sont pas échappé(e)s. Bravo à toutes et tous !

Voici le podium : sur la plus haute marche: « pénéquet » cité trois fois. Médaille d’argent : « fadoli » et « rasbaille » mentionnés deux fois. Médaille de bronze pour une ribambelle de mots à une citation : estrasse, chichourle, jobastre, aïoli, barjaquer, aguinter emporquéger, estranssiner, regardelle, vier, alibofis, escagasser, accidenti, sègue, gobi, aouf, caganis, stoquefiche, empéguer, maufatan, embouligue, cagade, tant, boucan, jobastre, radaguer, spigaou, furer, sans oublier le désormais célébrissime ayaaaaaaaaa !

Allez, je vous aïolise toutes et tous et longo maï ! Et puisse Motchus continuer de nous régaler encore longtemps !
Il paraît que Médé a encore plus de 3000 mots dans son cabas…

Remerciements aux valables qui ont gentiment accepté de participer à ma petite enquête pour fêter les 400 coups de Motchus : @jmleforestier @jemabon @LeoPurguette @JF_Trucchi @jeanpaul_kopp @christelle_chat @CathRicoul @clauderenard777 @migarosi @c_simondebergen @MaxJeanselme @GariGreuOfficiel @MarseillaisG @PatouStVictor @ChristianBosq @intwittoveritas @DevictotBatrice @sylanalys @CelineCapponi @VitalMaladrech @annieday @CamelusBlaah @jomasque @13AJLP13 @Oli1973 @learn_to_swim @lmildonian @SJancy et @MicheleRubirola

Rappel utile (ou pas) Motchus se joue sur Twitter ou simplement en cliquant sur

www.motchus.fr

Bonus : les tee-shirts Motchus à la one again s’achètent à la boutchique
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