Retomber en jeunesse avec Erri de Luca

Erri de Luca

Avais quitté Erri de Luca à Paris
après son passage sur la scène de la Maison de la Poésie
ses mots si puissants pour évoquer son Naples natal
et la tragédie de la Méditerranée transformée en cimetière pour migrants

l’avais remercié pour ses écrits et ses combats en lui offrant mon Marseille rouge sangs
avions posé ensemble devant le regard affectueux du photographe Hervé Boutet
puis chacun avait repris sa route

Erri de Luca

lui en partance vers le bateau de SOS Méditerranée
moi de retour parmi les miens
les yeux tournés vers ses merveilles de textes
en ce printemps qui laisse monter
dans l’air
chaque jour
le parfum d’un espoir possible
l’amorce d’un changement chez nous
un rêve éveillé de vraie rupture avec le règne du fric tous azimuts
un changement profond qui pourrait nous permettre
de parler à nouveau d’amour de partage de justice de paix de poésie
puis scintiller et rejaillir sur le monde

ce printemps de l’amour retrouvé
Erri l’évoque aussi
dans l’un des trente-sept textes
de son livre Le plus et le moins

Un poids délicieux
ou le souvenir vivace
universel ?
du tout premier baiser

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Photos de ci-haut @ Hervé Boutet

M comme Marseille, M comme Mélenchon

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Belle lurette que je ne crois plus à l’homme providentiel
belle lurette aussi
que suis un partisan de la paix
un amoureux de la paix des hommes

n’étais pas à Marseille hier
mais n’ai rien manqué du vibrant et poétique discours pour la paix
prononcé par Jean-Luc Mélenchon
sur le Vieux-Port
au cœur de cette cité qui m’a vu naître
comme tant et tant d’enfants aux sangs métissés

M comme Marseille
M comme Mélenchon

bouleversant dans ce silence convoqué par lui
rameau d’olivier à la boutonnière
en mémoire des migrants engloutis par la Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe

convaincant dans sa condamnation des bombardements de la Syrie par Trump
et de tous les va-t-en guerre

touchant dans son amour déclaré à la France métissée et à tous ses enfants

émouvant dans son récit final de La Paix
le poème de Yannis Ritsos

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Mélenchon n’est pas un slogan, non
pas question pour moi de l’idolâtrer
mais il est le seul à mêler avec force et lyrisme
justesse de vue et poésie
à parler d’amour et de justice
à proposer de rompre vraiment avec ce monde d’argent qui broie les gens
à refuser que soit scandé son nom
à préférer que chacune et chacun prenne sa part
d’insoumission

Les Phuphumagnifiques bluesmen zoulous

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L’élégance et la grâce
des chanteurs et danseurs
de Phuphuma Love Minus
sur la scène du Musée du Quai Branly à Paris

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costumes impeccables
mains gantées de noir et blanc
chaussures vernies
et chants a capella
ils célébrent l’isicathamiya
cette tradition zouloue
enracinée depuis le vingtième siècle
dans les townships de Johannesburg

leurs chants puissants et bluesy
parlent d’amours impossibles
des êtres chers qu’il a fallu quitter
pour aller travailler aux champs ou dans les ports
ils racontent les fantômes des ouvriers migrants
leurs journées et leurs nuits
où surgissent larcins sida et violence
la beauté des cieux aussi

leurs danses souples et athlétiques
expriment un quotidien où se mêlent
ironie séduction et combat
elles évoquent par moments le haka maori

redécouverts par la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin
les artistes de Phuphuma Love Minus
devraient revenir en France l’an prochain
pour de nouveaux concerts festifs

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OJIKELE (le chant de ci-haut)

Afrique-du-Sud
Nous t’aimons terre magnifique
Nous sommes fiers de toi Afrique-du-Sud
Nous sommes fiers nous sommes fiers nous sommes remplis de joie
Nous sommes des champions

 

Parmi les disparus

Deux ans que n’avions plus VaseCommuniqué avec Marie-Noëlle Bertrand
et là, presque par surprise,
un désir commun d’échanger à partir de trois mots  :

parmi nos disparus

trois mots qui pèsent si lourd
dans le quotidien du monde

Bienvenue à son texte puissant.

Le mien est accueilli sur Éclectique et Dilettante
son blog de textes, de sons et de photos

mémoire sans lieu

disparu
mort
perdu
désavoué dans sa qualité d’être humain

disparus en mer
l’esclave enchaîné dans les cales, le marin d’ici ou d’ailleurs, le boat-people d’hier, le migrant d’aujourd’hui

disparus, avalés par Héphaïstos
l’ouvrière du textile au Bengladesh, l’enfant vietnamien ou syrien qui court sous les bombes, l’habitant d’Hiroshima ou de Tchernobyl

disparus, dévorés par Mammon
l’ouvrier licencié par Renault ou Arcelormital, le SDF sur le trottoir de Manhattan, la jeune femme abandonnée au cancer dans les usines Samsung

disparues, proies du dieu phallus
la prostituée de Ciudad Juarez, la femme de réconfort coréenne, l’épouse tuée par les coups de son conjoint

disparus, broyés par les mâchoires de Seth
le poilu dans la tranchée, le déporté à Auschwitz, le condamné au goulag sibérien, le prisonnier à Guantánamo

disparus
inconnus ou icônes
leur voix et leur cri
leur visage
dans nos vies
dans nos nuits
lieux de mémoire
mémoire sans lieu

                                      Marie-Noëlle Bertrand

Un double grand merci à elle, qui chaque mois, coordonne, accueille et met en relation les VasesCo et leurs auteurs. Échanges à suivre sur Facebook et sur Twitter.

Gratitude également à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – , tous deux à l’origine du projet des Vases Communicants : le premier vendredi de chaque mois, chacun écrit et publie sur le blog d’un autre de son choix, à inviter selon son envie. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.

Regarder l’infini

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De musée en musée
Jean-François Mpeck voyage dans Paris
fini le gardiennage dans les magasins
place maintenant aux œuvres d’art

forcément ça lui change de climat
les musées c’est plus tranquille
mais pas tout le temps exaltant
ça dépend

l’ai rencontré au Musée de la Monnaie
devant les sculptures de l’exposition À pied d’œuvre(s)
au concept très conceptuel
le passage de la verticalité propre à la sculpture et au monument à l’horizontalité et à son rapport immédiat au sol

dans les superbes salles de style néoclassique
pas envahies ce mercredi
des œuvres étonnantes
déroutantes
et pour les surveiller
devant l’infini de leur étrangeté
Jean-François Mpeck
souriant et disponible

L’infini dont parle Jean-François Mpeck se rapporte à l’œuvre conçue par l’artiste italien Fabro – photo ci-dessous

J’y reviendrai dans un prochain billet ainsi que sur d’autres créations de cette exposition présentée par La Monnaie de Paris à l’occasion du 40ème anniversaire du Centre Pompidou

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Une pause mélodique au Parc Montsouris

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Soudain, en plein Parc Montsouris
sur les marches d’un escalier pierreux
naissent quelques notes de guitare
et une voix de femme
parmi les cris d’oiseaux
et le souffle saccadé
du RER juste au-dessus

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paisible cette pause mélodique
que s’offre Louiza Bouchikh
jeune artiste métis
papa kabyle
maman normande
Parisienne ouverte sur le monde
ses gens, ses accents et ses musiques

La retrouver sur Facebook

 

 

Erri de Luca, Naples et le yiddish

Erri de Luca est un conteur merveilleux
sur la scène de la Maison de la poésie, samedi
il nous a parlé de son amour pour le yiddish
son lien profond avec cette langue désormais morte
a décidé de l’apprendre en revenant de Pologne en 1993
était allé assister aux cérémonies du 50ème anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie
y avait rencontré l’un des héros de son enfance
Marek Edelman, l’un des chefs de l’insurrection

aujourd’hui l’écrivain napolitain redonne vie au yiddish à voix haute
comme pour réparer un passé à jamais tissé de tragédie
il continue chaque matin de se lever très tôt
pour traduire les mots de l’ancien hébreu en lisant la Bible

 

 

Erri de Luca, l’écrivain indigné

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Erri de Luca digne et indigné
sur la scène de la Maison de la Poésie
ce samedi
l’écrivain italien est venu nous parler de son Naples
et des tragédies du monde aussi
celle des réfugiés, des exilés
qui tentent au péril de leur vie souvent
de gagner les côtes de notre Europe

tant de naufragés
tant de vies perdues en Méditerranée
tant de deuils à faire
après ce qu’il appelle
le pire transport maritime de l’histoire de l’humanité

Erri de Luca s’en va cette semaine
embarquer à bord de l’Aquarius
le bateau de SOS Méditerranée
qui sauve des vies depuis un an
parce que
Nous ne pouvons accepter que des milliers de personnes meurent en mer sous nos yeux, aux portes de l’Europe, sans rien faire. Notre action de sauvetage en mer répond à un impératif moral et légal
Erri de Luca nous a dit lui aussi l’autre soir
qu’il ne faut pas laisser à la mort le dernier mot