Se consoler avec Giono

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Parti pour lire au soleil
au pied des chênes

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avais choisi un livre en harmonie
avec le paysage
L’Homme qui plantait des arbres
de Jean Giono

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au bout d’à peine quelques lignes
un hurlement m’appela vers les arbres du haut
vers le sentier obstrué par un chêne affalé

abattus par la tempête de l’autre jour
les chênes siamois
tués une seconde fois
deviendront poussière de bois
buches de cheminée
mangeoires à oiseau
nichoirs
qui sait ?

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après quelques caresses
sur leurs nervures
suis redescendu vers mon banc
me consoler avec Giono

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Des heures de peu

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Des heures de peu
le corps et la pensée en errance
parmi les vestiges d’en bas
et les signes d’en haut
rien ou pas grand chose
qui puisse dissiper
cet arrière-goût d’abysses
qui rode et s’insinue profond
malgré l’éclatante beauté du ciel
rien ou si peu
qui puisse consoler
de tous ces siècles
à traverser sans toi désormais
mon Jacques

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Ces visages distraits et recueillis

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Sur la murette du chemin trempé
se sont installés des visages
discrets et recueillis
défigurés aussi
racontent à voix basse
des histoires lointaines
de porteurs de moustaches
de fumeurs de pipes
de gibets et de guerres
espèrent silencieux
pour le présent
pour les jours qui s’effilochent
la caresse d’une main
l’aube d’une prière
le baiser fugace
d’un merle ou d’un moineau
non-loin des pensées blessées

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Brahms – Intermezzo Op.117-1 – Glenn Gould

Blaise Cendrars à hautes voix

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Tout est parti d’une visite à Poezibao
le site dédié à l’actualité de la poésie
fondé et porté avec passion par Florence Trocmé
suis tombé sur un article
titré : (Archive) La voix de Blaise Cendrars
j’ai cliqué
puis écouté
émerveillé

mis en bouche, me suis ensuite rendu sur le site de la RTS
la Radio Télévision Suisse
m’y suis promené
ai écouté Cendrars se raconter
et d’abord évoquer son premier départ
tout jeune il était

forcément, ai eu envie de lire
à voix haute
l’un des poèmes de Cendrars
ai choisi Complet blanc
écrit en mer
non-loin de l’Afrique

 

Complet blanc

 Je me promène sur le pont dans mon complet blanc acheté à Dakar
Aux pieds j’ai mes espadrilles achetées à Villa Garcia
Je tiens à la main mon bonnet basque rapporté de Biarritz
Mes poches sont pleines de Caporal Ordinaire
De temps en temps je flaire mon étui en bois de Russie
Je fais sonner des sous dans ma poche et une livre sterling en or
J’ai mon gros mouchoir calabrais et des allumettes de cire de ces grosses que l’on ne trouve qu’à Londres
Je suis propre lavé frotté plus que le pont
Heureux comme un roi
Riche comme un milliardaire
Libre comme un homme

Blaise Cendrars (1887 – 1961)

D’autres archives poétiques à découvrir sur Poezibao, par ici .

Illustration de ci-haut : Cendrars par Amedeo Modigliani

Samedi poésie

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Soif vive de mer
d’embruns fous et salés
de vagues enamourées
un samedi à voyager
au creux d’yeux encore fiévreux

faim de lentilles
préparées à peine aillées
orange dégustée
l’aurais rêvée sanguine

puis halte longue auprès d’une merveille de mots
ce Poème d’amour et de Pygmésie intérieure
posté chez Les Cosaques des Frontières
par Serge Marcel Roche *
vif plaisir de le lire à voix haute

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me suis replongé aussi
dans les haïkus de Sôseki
en ai dédié trois à Jacques
mon ami trop tôt parti

Remplissez son cercueil
de tous les chrysanthèmes du monde
autant que la terre en peut fleurir

Vent d’hiver
qui précipite dans la mer
le soleil couchant

Un ami s’en est allé
en rêve
la Voie lactée

* Retrouver Serge Marcel Roche aux Éditions Qazaq, sur son blog Chemin tournant et sur Twitter

Illustration de ci-haut @Gustave Le Gray

Orage, orage

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Agité par la fièvre
ai sursauté lorsque
le volet a claqué
lumière sombre
éclair lointain
pas froid dans la ruelle
mais
le tonnerre, soudain
puis un orage de grêle
à faire fuir les tourterelles

me suis souvenu de ce merveilleux orage
capturé par Félix Blume en Bolivie
à plus de 5.000 mètres d’altitude
au sommet du mont Chacaltaya

redescendu sur terre
ai béni dame Nature
et suis reparti chasser ma fièvre
en espérant d’autres éclairs
d’autres coups de tonnerre
pour bercer mes heures solitaires

Accueillir la pluie

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Cette pluie qui me réveille
l’accueille comme une amie
à larmes ouvertes
bénie soit sa musique

voudrais fuir le soleil
sa violence
son insistance
son indécente présence

reste encore caché
astre dont l’ombre n’épargne
ni les aimés partis
ni les inconnus
ni les exilés aux pieds nus
ni les souvenirs brûlants

pluie, surtout ne cesse
de lancer tes pleurs sur les tuiles
poursuis ta chanson de caresse
accueille la mémoire de tous ceux
qui frissonnèrent sous tes gouttes

Billie Holiday – Come Rain Or Come Shine