Petit pointu

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Érigés vers l’azur
basilique et pointu
ignorent le drapeau
de trop sur la photo

qu’importe le cliché
ma ville est un désordre
goûte-la comme elle est
et reviens quand tu veux

qu’importe le drapeau
pourvu qu’on aie l’azur
et les désirs de mer
tapis au creux des coques

continue de bander
ta proue en majesté
petit pointu en bois
au loin emmène-moi

 

Ne tremble pas

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Trempe ton âme dans la bruine
vieux passant de l’herbe rase
ne redoute point d’y laisser vestiges
de ton éphémère venue
ne tremble pas devant la chute
en ce royaume des condamnés
accepte l’inacceptable
accueille l’impitoyable mue

Parmi les mots de Francis Royo

Face à la mer tu te prends à voguer
vers main gauche, là-bas
bien plus loin que l’Orient
à l’extrémité de la carte
sur l’île au sol tourmenté
si souvent secoué de spasmes
de vagues géantes
tu respires profond et navigues parmi les mots
inventés par feu Francis Royo

Maman cherche et trouve

Maman a beau être partie depuis plus d’un an et demi
sa présence reste vive
surtout qu’à volonté
je puis la réécouter
savourer à nouveau sa voix
me retrouver en face
de l’espiègle coquette qu’elle fut
jusqu’à son dernier éclat de rire

Mon père communiste

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En ce 8 mai, peu importe l’oubli de la cédille
sur le ruban de la gerbe de roses et d’œillets
je n’ai pas oublié que mon père communiste
m’expliqua la Résistance
me parla des fusillés
me désigna l’Affiche rouge
m’apprit l’Internationale
me raconta Berlinguer
me lut Bertold Brecht
me montra Picasso
me chanta Jean Ferrat
m’emmena au Père Lachaise
me fit lire l’Huma
avec le marteau et la faucille
et avec la cédille
à Parti Communiste Français

Sans retour

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Cette bouche d’azur
ne la boude pas
passager des horizons bloqués
ne grimace pas à sa vue
saisis la chance qui passe
de la parcourir de tout ton être
de t’y glisser sans retenue
mesure l’infime possible
qu’elle s’offre encore à toi un jour
alors, ose t’enivrer de gris
ose approcher le blanc qui console
et souviens-toi de cette seconde bénie
où disparaît la crainte
des traversées sans retour

Verts de désir

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Sur la vieille jarre ébréchée
se dessinent des monts pelés
des pics imprenables
des parois intouchables
des souvenirs de terre mouillée
façonnée à la main
par quelque derviche devin
qu’importe l’émail craquelé
reste le grain du ventre
sur ce corps rond
gourmand d’eaux et de vins
ce corps caressé de doigts paisibles
la trace de libations et de partages
offerts à pleines paumes
à des amants de passage
amants verts de désir
assoiffés de vertige