Il suffit de bien peu
poser les yeux
tendre l’oreille
attendre un souffle
espérer une goutte
deviner un oiseau
il suffit d’un sentier
pour approcher
le paisible
le merveilleux
le simple
loin du tapage
du brouhaha
de l’embrouillamini
du charivari
du méli-mélo
du oaï
loin du tohu-bohu
de l’abracadabra
du couci-couça
du et patati et patata
de nos vies de fadas
Récits, nouvelles et autres curiosités
Jusqu’à la faim
Hé hé !
Arpenté les sentiers mouillés
aspergés de clarté
humé l’herbe humide des prés
dans l’attente d’une trouée
fugace et dorée
flocons de merisier par milliers
sur le seuil vallonné de la forêt
jeunes bouleaux en retrait
graciles, timides, élancés
teintes de vert à volonté
nuages d’averse disséminés
bientôt le soleil de mai
hé hé !
Parmi les ombres
Tu croyais à l’abandon qui dure
à la jachère éternelle
longeais les façades étales
raclais tes épaules aux lézardes
ne comptais plus tes pas égarés parmi les pluies de pierre
épuisé de l’obscur tu errais entre les ombres
plus de couleurs aux rues
rien que le craquement des tuiles à fleur de toits
pour emplir l’espace de mémoire
soudain une lampe à travers le vert
vestige de lointains mélanges
d’amour et de mots dorés
une lampe toujours en vie
pour colorer le mirage
Foudroyés
Lui rendre grâce
San Sebastián à marée basse
retrouver le calme des soirs longs et doux
prendre son temps
se dire que l’océan est un don du monde
nuit et jour, soir et matin
lui rendre grâce
et oser croire encore aux lendemains
La Nuit 65 de Joachim Séné
J’ai reçu un très joli cadeau
avais commandé une surprise à Joachim Séné
séduit par sa formule magique de Nuit à la demande
hier-matin, la Nuit 65 m’attendait dans la boîte aux lettres
écrite à la main rien que pour moi
enveloppée d’un carton bordeaux
accompagnée d’une photo prise un matin de septembre 2015
au métro Gabriel Péri, ligne 13
cette Nuit 65, l’auteur la publia le 27 septembre 2015 sur son site
n’ai pas résisté au désir de la lire à voix haute
pour prolonger la découverte et tenter d’approcher de près la musique de ses mots
Sans une larme
Tu t’escapes
tu t’enfuis
tu te barres
tu t’extrais
tu t’évades
tu t’exiles
tu t’évapores
sans une larme
Échappée
Debout jour et nuit
Aux premières loges
deux frères timides
se font leur cinéma
rêvent en rouge de semailles
et d’un grand vent nouveau