Vers le soleil

IMG_1411

Chantait tranquille quand l’ai aperçue
juchée sur le cyprès

prenait le frais
attendait peut-être l’orage
se préparait déjà à l’arrivée du crépuscule, qui sait
à pas lents ai avancé vers elle
alors, s’est tue
sa longue queue oscillait dans le concert du soir approchant
petites rafales de tramontane et chants des grenouilles
ai tenté de lui parler
et pie s’est envolée vers le soleil

 

Arbre muet

IMG_1281

De tes yeux sans pitié
dévisages le monde
vieil arbre muet

as vu passer amours et guerres
sans trembler ni crier
blessures au clair

raconte-moi la vie de ceux
qui s’approchaient tout près
riches et gens de peu

dis-moi s’ils te caressaient
en te racontant leurs vies
ou ne faisaient que passer

Dans la loco avec mon minot

MariusTrain

Ce jour-là, avec mon fils Marius, avons eu beaucoup de chance. Monsieur R. nous a acceptés dans sa machine. Entre deux gares. N’avait pas le droit mais a pris le gauche. Pendant une vingtaine de minutes, il s’est retrouvé avec deux enfants à ses côtés. À 130 km/h. Avons bavardé. S’est raconté. N’oublierons pas.

Écrire politique 2/2

Écrire politique. Le désir me titillait à nouveau depuis cette vidéo de François Bon, postée il y a deux semaines. La charité des pauvres à l’égard des riches, c’était. Lecture à voix haute du livre de Martin Page. Ce jeudi après-midi, ce désir a germé. Avec Dominique Hasselmann, avons eu envie de VaseCommuniquer en mettant des mots sur ces deux mots. Écrire politique. Voici son texte. Accompagné de l’une de mes photos marseillaises. Le mien est à découvrir sur son blog Métronomiques. Avec une pensée émue pour Francis Royo, qui est parti sans un bruit.

                                                              —————————————————————–

David

Oui, cela pourrait être un but, un idéal, celui de voir tout au travers de lunettes décryptantes (« tout est politique ») et « écrire politique » pourrait alors donner une sorte d’assurance à la position que l’on occupe, aux pensées que l’on passe en revue, aux mots que l’on émet, aux actions que l’on tente.

Mais « écrire politique » et pourquoi pas « écrire poétique », « écrire érotique », « écrire météorologique » : faut-il une catégorie, aristotélicienne ou pas, doit-on enfermer la politique dans une écriture spécifique qui tirerait alors un trait sur tout ce qui ne lui ressemble pas de prime abord ou ne serait pas digne d’entrer dans ce panthéon avec le cortège historique de ses figures tutélaires.

Nous écrivons dans une époque bien définie, nous prenons des photos ou des vidéos, l’air du temps les enveloppe, nous ne saurions y échapper – au Caire, j’ai vu ici ou là des auto-mitrailleuses devant des bâtiments officiels, pourtant ils n’ont pas proclamé un « État d’urgence » renouvelé ! – et les manifestations hier contre la « Loi Travail » ont su, comme souvent, mélanger le festif et l’artistique avec les revendications sociales.

Si « écrire politique » est produire une analyse de la situation de notre pays, et de ses gouvernants, laissons cela à des journalistes spécialisés comme Edwy Plenel ou à des hommes et femmes politiques dont c’est « le job » (comme dirait sans doute Emmanuel Macron).

Un livre (une fiction, un récit) ne saurait évidemment s’abstraire ou s’abstenir de montrer « le contexte » ou la manière dont la vie quotidienne de ses personnages est régie, régentée, plus ou moins en pleine clarté, par les événements, nationaux ou étrangers qui la ponctuent : les attentats en France, de janvier et novembre 2015, ont dû faire comprendre à certains que si on ne s’occupe pas de politique, la politique s’occupe de nous – jusqu’à pouvoir nous faire disparaître, ou des amis, des proches et aussi des inconnus devenus si chers depuis.

J’aime lire Alain Badiou ou Jacques Rancière mais lorsque je replonge de temps en temps dans un livre d’André Breton, je suis saisi par la non-distinction entre le politique, le poétique, l’érotique… et le météorologique. « Transformer le monde », a dit Marx. « Changer la vie », a dit Rimbaud. Pour nous, ces deux mots d’ordre n’en font qu’un. » (Manifeste du surréalisme, je cite de mémoire.)

L’écriture peut aussi servir à ça – ou à toute autre chose puisque nous sommes encore libres.

texte : Dominique Hasselmann
photo : Eric Schulthess

Un grand merci de nous deux à Marie-Noëlle Bertrand qui s’occupe chaque mois de coordonner, accueillir, mettre en relation les VasesCo et leurs auteurs. Gratitude également à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – , tous deux à l’origine du projet des Vases Communicants : le premier vendredi de chaque mois, chacun écrit et publie sur le blog d’un autre de son choix, à inviter selon son envie. La circulation horizontale entend produire des liens autrement. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. Si cette aventure vous intéresse, signalez-le au groupe dédié sur Facebook, sur Twitter et sur la page Le rendez-vous des Vases qui vous permet aussi de vous promener à votre guise entre les textes.

Todoliste… en trichant un peu

Après avoir accompagné mes enfants dans leur moment d’écriture, j’ai acheté le livre de Christine Jeanney Les sirènes on ne les voit pas un couvercle est posé dessus avec ses 180 premières Todolistes – et puis me suis essayé ici à tenter moi-aussi d’en imaginer une. En trichant un peu puisque écrite à partir de l’une de mes propres photos. Que Christine Jeanney me pardonne. Ce ne sera en tous cas sans doute pas la dernière …

IMG_1331

Penser à bien refermer le volet
après ton escapade amoureuse au grenier
sur le carrelage tiède jonché de lavande séchée

Ne pas se pencher vers le haut
car parfois une tuile se détache
et ça pourrait te couper la tête

Frotter tes doigts sur le bleu passé
puis t’en tatouer les poignets
et renifler le parfum des journées d’autrefois

Sentir la pluie dévaler sur la façade
et goûter goulûment les gouttes
comme si du ciel tombait du chocolat

 

 

Francis Royo est parti

Je viens d’apprendre le décès de Francis Royo.

Ressens une profonde tristesse.

J’aimais découvrir chaque jour les billets poétiques qu’il postait sur son blog Analogos.

En avais lu deux à voix haute, que voici

Qu’il repose en paix au paradis des poètes.