Cultiver les sons du vertige. Réactiver la peur du vide. Se jucher tout là-haut et même bien plus haut. Tenter de toucher des doigts l’anneau qui trône tout autour de Saturne, grâce au duo américain de Beach House. La musique de l’espace, peut-être nos disparus l’entendent-ils ? Peut-être l’émettent-ils depuis l’autre monde. Les sons de l’espace utilisés pour créer cette chanson – comme les autres créations du projet Space Project – proviennent des voyages des sondes Voyager 1 et Voyager 2. Ils ont été captés dans la magnétosphère, autour des planètes, tout là-bas. Tout là-haut.
son
L’orage électrique tout là-haut
Il est monté à plus de 5.000 mètres d’altitude, Félix Blume, en pleine Cordillère des Andes bolivienne. Et il a écouté l’orage éclater au sommet du Chacaltaya.
L’électricité statique a joué les intruses dans ses micros. Magnifique instantané où se mêlent toute la puissance de la nature et toute l’ingéniosité de l’homme.
Jimi Hendrix à Essaouira, quel trip !
Passionnant document que ce reportage créé par Samuel Hirsch sur les traces de Jimi Hendrix et publié tout récemment par Arte Radio. L’écouter puis le réécouter. Imaginer en détail le légendaire guitariste assis parmi les hippies au bord de l’océan à Essaouira. À la fin, une fois le silence revenu, les images se brouillent, comme après un grand et beau et lent rêve éveillé. L’océan à marée basse, restent l’inimitable voix de Jimi servie par son jeu d’extraterrestre.
Valse d’automne
Vu passer les grues tout là-haut hier après-midi. M’a semblé qu’elles descendaient vers le sud, fuyant les froidures de ces journées qui n’en finissent pas de raccourcir. Moins de lumière, nous aurons bientôt. Avance transi chaque jour un peu plus. Migrerais volontiers vers les pays chauds, comme ces grands oiseaux. Ici, les heures s’égrènent en catimini, sans un bruit. Dans l’air, j’entends comme une valse d’automne. La pianiste japonaise Yuki Murata a composé ce morceau mélancolique, intitulé Autumn Walz.
En pensant à Renaud avec tendresse
https://soundcloud.com/ericschulthess/mistral-gagnant
Il paraît que Renaud ne va pas très bien. À lire certains tweets hier, il dériverait à nouveau sur un sentier de déprime. J’avoue que ceci m’attriste beaucoup. Je suis depuis tant d’années aficionado à sa poésie, à ses mélodies, à sa révolte et à toute cette tendresse aussi qui teinte ses chansons. Cette tendresse, puissions-nous être nombreux à la lui rendre et à lui dire que nous ne l’oublions pas. Quand bien même « le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants et les Mistral gagnants…«
Le retour de l’angélus
Longtemps que n’avais écouté l’angélus du soir, qui emplit l’espace à l’heure où se rapproche le crépuscule. Me rappelle le légendaire tableau de Jean-François Millet qui fascina jusqu’à Salvador Dalí. Ce couple de paysans en prière m’évoque avec douceur la jeunesse de mes grands-parents, en Suisse et en Haute-Provence.
Elegguá a capella
Sous le charme de ces quatre Cubaines du quatuor Sexto Sentido. Chantent ensemble depuis quinze ans. Assises en tailleur, elles lancent une ode à Elegguá, une orisha, être d’essence divine représentant les forces de la nature. Découvert cette merveille grâce à La Nuit, la revue digitale à laquelle je m’adonne chaque semaine. Pour faire pareil, faut s’abonner.
Journal de l’aube 270
Deux semaines que Maman est partie. Le chemin de deuil est immense. Il se parcourt à petits pas chaotiques. Les mots manquent pour raconter l’épreuve. Mais il existe un lieu béni où l’indicible prend forme : Mots sous l’aube, le journal poétique d’Anna Jouy, poétesse amie avec qui nous avons partagé un VaseCommuniquant en juillet dernier. Hier-matin, son Journal de l’aube était teinté de cette mélancolie sombre et si lumineuse à la fois qui m’étreint depuis le départ de Maman. M’est venu le désir de lire ce texte et de l’accompagner d’un Nocturne de Chopin. Nocturne comme cette nuit que j’imagine traversée par nos disparus en direction de l’autre monde. La photo qui illustre ce son du jour est la toute dernière que Maman prit fin septembre depuis son lit.
Tant de saisons d’enfer avec Rimbaud
https://soundcloud.com/ericschulthess/on-nest-pas-serieux-quand-on-a-dix-sept-ans
Il y a 160 ans, le 20 octobre 1854, naissait Arthur Rimbaud. Mort à Marseille 37 ans plus tard. De loin mon poète préféré, le minot de Charleville. Découvert ses textes à l’adolescence. M’accompagnent depuis. Comme un phare. Comme un pays de mots et de sons ouvert à tant de continents. Dans son Tiers Livre, François Bon raconte que le fac-similé Rimbaud de Une Saison en enfer et de Les Illuminations fait partie des livres qui l’ont fait. Oui, c’est ça, enfants de ce poète nous sommes. Comme Léo Ferré. Comme Stéphane Hessel aussi que je réécoute souvent avec émotion réciter Le Bateau ivre.
Aube
J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route
du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes
se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq.
A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre,
je la chassais.
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu
son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.
Arthur Rimbaud (1854 – 1891)
Massilia Sound System de retour
Massilia. Huit lettres sur une pochette toute bleue. Avec une étoile sur le second i, comme une bougie d’anniversaire pour fêter le huitième album de Massilia Sound System. Le groupe marseillais a trente ans. Il a mis sept années pour sortir cet opus, le premier depuis le jubilatoire Oai e libertat. C’est un évènement. À partager sans compter. Tolérance, accueil, résistance, contestation, fête, lutte, rencontre, autant de mots qui participent du credo affiché et propagé par le groupe marseillais. Si tout fout le camp, « si tout va mal, si lèva mai la cançon, la chanson se lèvera encore et Massilia sera là pour la chanter« . Pour prolonger ce teaser de l’album et déguster quelques bonnes vidéos de Massilia, c’est par ici.