Au début du mois de mars dernier, avec mon épouse Chantal, nous avions accompagné Maman sur les lieux heureux de son enfance, Traverse Beau Site, dans le quartier de La Barasse Tubet à Marseille. Ensemble, nous avions approché la maison où elle vécut de 1939 à 1941. Elle était une enfant de 9 ans…
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Maman s’en est allée
Lucette, ma maman, est morte ce lundi 6 octobre au petit matin. Je ne la reverrai plus ici-bas mais je l’entendrai toujours me parler, me questionner, m’encourager. Au mois de mai dernier, nous étions allés faire coucou à sa mère qui repose au cimetière de Bauduen, dans le Haut-Var. Nous avions évoqué cette mort qui est notre destinée commune. Maman n’en avait nullement peur. Emplie de sagesse elle était. Belle. Sereine. Forte et si profondément humaine. Comme chaque jour de ce que fut sa vie dans ce monde-ci.
Marcher dans la rivière glacée
Remonter la rivière Ariège. Ne pas trop s’éloigner de la rive mais suffisamment pour éprouver la force du courant en remontant. Applaudir au passage des kayakistes casqués et enjupés. Et finir par piquer une tête dans l’eau bien frisquette avant de rentrer enfiler d’épaisses chaussettes devant le bol de thé.
Ouvrir les fenêtres à l’automne
Ouvrir grandes ses fenêtres et respirer la campagne ariégeoise. Se retrouver face aux arbres avec plein d’oiseaux dedans. Savourer ce beau matin d’automne. Se dire qu’en bas, sur l’autre moitié du globe, le printemps installe son empreinte sur la terre comme au ciel. Rêver de s’envoler pour l’Argentine ou le Chili. Imaginer le Cap Horn. Revenir ici-bas la tête dans les nuages.
Retour au port
Juste au pied du Fort Saint-Jean
En rentrant du domaine portuaire, marcher longtemps sous le soleil doré d’octobre, ignorer les Terrasses du port, laisser les Docks à main gauche, dépasser la place de la Joliette, pousser jusqu’au MUcem vers la Promenade Louis Brauquier – poète marseillais, l’un des créateurs de la revue Les Cahiers du Sud – et aller se poser sous le Fort Saint-Jean, face à l’entrée du Vieux-Port, là où se rejoignent les amoureux, les fumeurs de pétards, les pêcheurs à la ligne de tout âge, les touristes étrangers et les baigneurs nostalgiques des Pierres Plates.
En partance, les bateaux
L’heure du retour ici. À petits pas. Ne cheminerai pas forcément chaque jour avec mes oreilles, mais là, envie de partager à nouveau quelques sons de chez moi. Marcher de la place de la Joliette jusqu’au Grand Port Maritime de Marseille hier après-midi. Avancer en bord de route vers la Porte 4, se faire discret et retourner vers le grand hangar de feu Sud Marine protégé par de hautes grilles. Souvenirs intacts d’une longue et lente agonie.
Près de 20 ans plus tard, quasi déserts les quais. Seuls deux bateaux en partance amarrés juste en face du bâtiment où se réparaient les bateaux… Enregistrer le bruit de leurs moteurs en chauffe avant le départ. Tunisie pour l’un. Corse pour l’autre. Rêver de traversées puis quitter le domaine maritime et retourner vers le Vieux-Port. S’attrister de ces quais vides abandonnés aux colonies de gabians.
Ce port délaissé m’a inspiré un texte que vous retrouverez demain sur le blog d’Angèle Casanova, Gadins et bouts de ficelle, à l’occasion des VasesCommunicants de ce mois d’octobre. J’aurai le plaisir d’accueillir un texte d’elle sur mon CarnetDeMarseille. Pour info, nous avons choisi de parler de la mort.
Blog en jachère. Reviendrai dans quelques nuits et quelques jours. Ou plus tard
Désir profond d’une pause. Ressens la nécessité d’une mise à distance de mon activité blogueuse et numériquement sociale. Envie de marcher, de nager, de regarder les nuages, de me poser, de lire davantage, de consacrer plus de temps à l’écriture de mon prochain livre, bref, envie de mettre entre parenthèses le rythme soutenu que nécessite la mise en énergie de mes deux blogs. Je reviendrai, bien sûr. Dans quelques nuits et quelques jours. Ou bien plus tard. D’ici-là, musique. Teintée de chants d’oiseaux et de bruits de pas sur les sentiers. Et si vous restez connectés, quelques suggestions de sites et blogs qui m’accompagnent et me nourrissent au quotidien
mots sous l’aube, d’Anna Jouy / journal poétique
au bord des mondes, d’Isabelle Parienté-Butterlin / philosophie, littérature et numérique
le tiers livre, de François Bon / littérature, arts, musique et autres amusements
colorsandpastels, de Claudine Sales / peinture et poésie
analogos, de Francis Royo / poésie
contrepoint, de Claudine Sales et Francis Royo / tandem pictural et poétique
paumée, de Brigitte Célérier / promenades poétiques et photographiques
métronomiques, de Dominique Hasselmann / photographie, cinéma, déambulations
silo, de Lucien Suel / poésie, littérature
le point imaginaire, par Christine Simon / poésie, art
chemin tournant, par Serge-Marcel Roche / littérature, poésie
l’épervier incassable, par Serge Bonnery / littérature
la nuit / revue digitale au grand coeur et aux yeux grands ouverts sur le monde
rixile, de Rixile / poésie, photos
radio fañch, par Fañch / le feuilleton de radio à travers son histoire
promenades en ailleurs, par Marie-Christine Grimard / images, sensations, poésie
rencontres improbables, par Lan Lan Huê / poésie, littérature / Le vendredi 5 septembre prochain, c’est avec elle que je participerai pour la cinquième fois aux VasesCommuniquants. Son vase prendra place sur mon CarnetDeMarseille et le mien sur son blog.
Au café arabe
Un court plongeon en plein Marseille dans ce café-salon de thé d’où je m’évade souvent. Très bientôt surviendra une nécessaire mise à distance. Je la prépare parmi les miens. Parmi ceux qui comme tant de Marseillais arrivèrent d’ailleurs.
Tu es coupable !
Pas contente la dame. Remontée de bretelles sur le trottoir. Claire et nette. Engueulade froide. Pas joli joli un vieux couple. Pas joli joli d’écouter aux fenêtres…