Nobuto et le frigo

Mon frigo est un intrus. Hier-soir, j’étais en pleine immersion dans la musique de Nobuto Suda lorsqu’il s’est manifesté. A Reminder j’écoutais. Relax. Alors, j’ai mélangé les deux sons pendant quelques minutes histoire de l’apprivoiser. Ensuite, je me suis repassé le morceau avant de me plonger dans le sommeil. Nobuto, frigo, dodo, rideau.

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/a-remainder

Si tu oses encore être raciste, monte faire un tour à la Bonne Mère

Le 22 août 1945, les soldats du 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens hissaient le drapeau français au sommet de Notre-Dame de la Garde, suite à des combats acharnés contre les positions nazies installées là-haut. Des Goumiers marocains et des Tirailleurs Sénégalais participèrent aussi aux combats dont les murs de la basilique garde encore quelques traces. Marseille libérée par ces soldats venus d’Afrique, mon père m’en a parlé dès mon plus jeune âge. Je n’ai jamais oublié. C’est une mémoire à cultiver et à transmettre. Les visiteurs rencontrés à la Bonne-Mère n’oublieront pas eux non-plus. Reconnaissance à ces libérateurs venus d’ailleurs. Et honte à ceux qui persistent à montrer d’un doigt haineux les étrangers quels qu’ils soient.

En voiture avec Sinatra

La radio en voiture hier pour une longue traversée de sud-ouest en sud-est. Bonheur d’écoute. À fond. L’épopée Frank Sinatra sur France Culture. Grande traversée Sinatra, The Voice of America, un bijou de documentaire signé Judith Perrignon et Christine Diger. De la pure régalade que ce mélange d’extraits de chansons, de documents d’archives et de témoignages inédits. Jamais trop écouté le petit rital du New Jersey mais toujours été saisi à chaque fois par la puissance et le charme immense de sa voix. En plus, j’ai toujours été fasciné par les mafiosi. Là, j’en ai appris des choses sur sa vie, son caractère, son goût pour la castagne, ses combats pour la liberté d’expression. Dernier épisode du feuilleton, aujourd’hui. Pour les fans de la star – et les fans de belle radio – les épisodes sont téléchargeables sur le site de France Culture.

Requiem pour Federico Garcia Lorca

Ce Requiem est signé Lola Flores. Il y a 78 ans, le 19 août 1936, les fascistes de Franco assassinaient Federico Garcia Lorca, l’immense poète andalou. Jeté dans une fosse commune de la province de Grenade après avoir été contraint de creuser sa propre tombe.

Lorca

Il était peut-être cinq heures du soir.

La cinco de la tarde.

A cinq heures du soir.
Il était juste cinq heures du soir.
Un enfant apporta le blanc linceul
à cinq heures du soir.
Le panier de chaux déjà prêt
à cinq heures du soir.
Et le reste n’était que mort,rien que mort
à cinq heures du soir.

Le vent chassa la charpie
à cinq heures du soir.
Et l’oxyde sema cristal et nickel
à cinq heures du soir.
Déjà luttent la colombe et le léopard
à cinq heures du soir.
Et la cuisse avec la corne désolée
à cinq heures du soir.
Le glas commença à sonner
à cinq heures du soir.
Les cloches d’arsenic et la fumée
à cinq heures du soir.
Dans les recoins, des groupes de silence
à cinq heures du soir.
Et le taureau seul, le coeur offert!
A cinq heures du soir.
Quand vint la sueur de neige
à cinq heures du soir,
quand l’arène se couvrit d’iode
à cinq heures du soir,
la mort déposa ses oeufs dans la blessure
à cinq heures du soir.
A cinq heures du soir.
Juste à cinq heures du soir.

Un cercueil à roues pour couche
à cinq heures du soir.
Flûtes et ossements sonnent à ses oreilles
à cinq heures du soir.
Déjà le taureau mugissait contre son front
à cinq heures du soir.
La chambre s’irisait d’agonie
à cinq heures du soir.
Déjà au loin s’approche la gangrène
à cinq heures du soir.
Trompe d’iris sur l’aine qui verdit
à cinq heures du soir.
Les plaies brûlaient comme des soleils
à cinq heures du soir,
et la foule brisait les fenêtres
à cinq heures du soir.
A cinq heures du soir.
Aïe, quelles terribles cinq heures du soir !
Il était cinq heures à toutes les horloges.
Il était cinq heures à l’ombre du soir !

Federico Garcia Lorca (1898 – 1936)

Quitter Marseille, l’arrache-cœur de Sabine Réthoré, accoucheuse de mondes

Sabine Réthoré est une artiste. Cartographe d’une Méditerranée sans haut ni bas. Talentueuse. Créatrice de globes terrestres pacifistes. Sabine Réthoré est une artiste qui n’en peut plus de Marseille. De son indifférence fondamentale aux artistes. De son incivilité. De sa saleté. de l’égoïsme qui règne. De l’absence de mémoire des Marseillais, pourtant pour la plupart issus d’ailleurs, enfants du métissage. Sabine Réthoré va monter à Paris sans tarder. Pas pour chercher fortune. Pour trouver une écoute, un regard, un écho, une solidarité. Autant de grands disparus de la scène marseillaise. Ceci me fend le cœur. Pourtant, je suis rompu depuis longtemps aux départs de ma ville natale. De ma ville d’amour. Sabine Réthoré redescendra à Marseille. Plus sereine sans doute. Il est toujours salutaire de s’arracher de la plus vieille cité de France et d’aller respirer ailleurs. Et puis de revenir s’asseoir en bord de mer et regarder vers le large. Ce large qui nous appelle à tant de découvertes. À tant de liberté.

* Pardon pour la qualité sonore de l’enregistrement. Oublié la bonnette de mon Zoom à la maison. Le vent en a donc profité…

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La musique des voisins

Ils écoutent de la chouette musique les voisins. J’ai cru déceler un cha-cha-cha de l’autre côté de la haie. Me serais presque mis à danser. Comme je suis timide, je n’ai pas osé. Pas voulu effrayer les oiseaux qui pépiaient dans les arbres.

Il fait du bruit ce speaker

À fond les ballons. À toute beurzingue. À donf. Au taquet. À bride rabattue, les cyclistes hier-soir à Salies-de-Béarn.  C’est surtout le speaker de la course de vélos autour du Jardin Public qui a fait du bruit. Chaque fois que j’ai assisté à une épreuve cycliste, du style critérium, je me suis demandé pourquoi fallait-il que l’homme au micro inonde les spectateurs de sa logorrhée. Qui l’écoute ? Pas grand monde. Et certainement pas les coureurs affairés à se tirer la bourre sur le circuit.