C’est son travail depuis des années. Jardinier chez Reinette, la dame si attentive aux petits talibés. El Hadj prend soin de son jardin au petit matin après sa prière.
son
Le blues de Moussa, chauffeur sénégalais
La corruption ordinaire. Le billet de 1000 francs CFA glissé dans la main du gendarme pour avoir le droit de reprendre la route après un contrôle inopiné. Un quotidien dont les Sénégalais ne veulent plus. Ils le disent. En secret. Comme Moussa qui m’accompagna à Joal, la commune où naquit Léopold Sédar Senghor, le père de la République du Sénégal. Son successeur, l’actuel président Macky Sall, a beau faire savoir qu’il déclare la guerre aux corrompus, rien ne change en profondeur. Et la fatigue des chauffeurs grandit. Comme se creuse chaque jour un peu plus la fatigue de leurs voitures.
La partie de foot sur le sable
Maillots de « stars » sur le dos, pieds nus, ballon de fortune, ils jouent sur la plage du matin au soir. Peu de buts, mais de l’engagement et de la joie à partager. Ils regarderont le mondial à la télé, même si le Sénégal n’est pas qualifié…
Au marché de Mbour
Dans le tumulte grouillant du marché de Mbour, un mégaphone égrène la mystérieuse litanie lancée par un aveugle au milieu de la foule.
Reinette et les petits talibés
Près de vingt ans que Reinette entend taper au portail de sa maison de Mbour, sur la Petite Côte, à 80 kilomètres au sud de Dakar. Le matin, ils sont parfois une trentaine, les petits talibés mendiants affamés. Reinette sait bien que ces sandwiches au chocolat ne règlent pas le problème qui empoisonne la vie de dizaines de milliers d’enfants sénégalais contraints à mendier par leurs marabouts sensés leur apprendre le Coran. Mais elle ne s’est jamais résolue à laisser ces petits traîner dans la rue le ventre vide.
J’écoute Saphir FM
Quelle richesse, cette bande FM sénégalaise ! Il y en a pour tous les goûts. Musique, infos, météo. Très agréable à écouter. Et souvenir des balbutiements de la bande FM en France dans les années 80.
Moi Socé, fils de Tirailleur sénégalais
Socé Dioukh a 65 ans. Bijoutier à Mbour, sur la Petite Côte, à 80 kilomètres au sud de Dakar. Attaché à la France. Mais certainement un peu plus meurtri encore depuis hier. Les célébrations du D Day ont ignoré l’Afrique. Continent oublié. Ce n’est pas un cliché. C’est désolant. Triste. Très tr!ste.
a. il/leurs / Le poétique et sonore #VaseCommunicant de Candice Nguyen
[vimeo 97198026 w=500 h=281]
Avec Candice Nguyen, nous partageons un pays de connaissance qui s’appelle Marseille. Depuis plus de vingt-six siècles, notre ville est le pays de tous les accueils et de toutes les mescles. De tous les ailleurs.
Ailleurs. Regardez-le bien ce mot. Pouvez jouer avec lui. Il a deux ailes. Singulier, il s’écrit comme un pluriel. Il est tourné vers les autres. Vers leurs ailleurs.
Ce mot, nous l’aimons tant que nous avons choisi de le célébrer comme une fleur à créer et à composer comme il nous plaît. À déposer dans nos deux vases communiquants. Chacun dans l’espace de l’autre. En ce mois de juin 2014, je suis heureux et fier d’accueillir l’ailleurs poétique et mystérieux inventé par Candice. Raconté en mots et en musique. Une musique venue d’un ailleurs lointain puisqu’il est australien.
J’ai reçu ce vase avec ravissement hier à mon retour d’Afrique. Cette Afrique d’où j’ai ramené le mien que Candice me fait l’honneur d’accueillir chez elle.
Un chaleureux merci à Brigitte Célérier, qui mois après mois veille avec grande attention et générosité aux rendez-vous des vases.
Remerciements aussi à François Bon – et à son Tiers Livre – ainsi qu’ à Jérôme Denis – et son Scriptopolis – . Sans eux, les Vases Communicants n’existeraient pas. Ce projet est simple et beau : le premier vendredi du mois, chacun écrit et publie sur le blog d’un autre. Un autre de son choix à inviter selon son envie. La circulation est horizontale, histoire de produire des liens autrement. Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. Si cette aventure vous tente, faites le savoir sur le groupe dédié sur Facebook, sur Twitter ou sur le blog http://rendezvousdesvases.blogspot.fr, qui vous permet aussi de circuler à votre guise entre les vases.
Sons en jachère
Ces musiques proviennent de l’un des derniers numéros de la Nuit, la merveilleuse revue digitale qui raconte le monde de nous autres en le teintant d’enfance, de beauté, de mescle, de partage, de luttes, d’étrangers, d’étrangeté, d’ailleurs. Elles m’accompagneront longtemps. Les sons reviendront bientôt de là-bas. D’ici là, jachère ici bas.
Gilbert, mon ami sourd et muet, parle de sa vie, de son passé et de son présent
Gilbert, bientôt 60 ans que je l’appelle Gilou. C’est mon ami de Bauduen. Nous nous retrouvons tous les étés depuis l’enfance dans ce petit village du Haut-Var où nous avons nos racines. Avec Gilbert, depuis toujours, nous nous comprenons, nous parlons, nous échangeons, nous partageons. Gilou, c’est un ami toujours gentil, attentif, curieux des autres. Gilou a accepté de me parler de sa vie. Je lui en suis très reconnaissant. Après l’enfance et le travail, il a aussi parlé de sa surdité, des oiseaux, du foot et de Bauduen, ce village de coeur que nous avons en partage. Un immense merci à lui.
Voici notre dialogue.
Eric. – Tu es allé à l’école où ?
Gilbert. À Villefranche-sur-Mer près de Nice. De trois ans à huit ans. Après, à Marseille, à l’Institut de sourds et muets, à côté de Notre Dame de la Garde. En dessous.
E. – Et qu’est-ce que tu apprenais dans cet Institut ?
G. – à parler, à écrire, le langage des signes, des gestes. Après j’ai réussi mon certificat d’études et puis j’ai été apprenti menuisier jusqu’au CAP. J’avais 17 ans. Ensuite, j’ai travaillé aux Chantiers Navals de La Ciotat. Menuisier-ébéniste dans les ateliers. Il y avait de beaux bateaux. Et puis avec mes camarades, nous formions une bonne équipe. EN 1987, les Chantiers ont fermé et j’ai été licencié pour raisons économiques. Ensuite, j’ai trouvé du travail à l’Institut des Sourds et Muets à Marseille. Aux Camoins. Comme homme d’entretien. Jusqu’à la retraite.
E. Depuis tout petit tu n’entends pas ?
G. Non. Rien. Depuis ma naissance je suis sourd.
E. Et est-ce que tu arrives à imaginer le son ?
G. Je ressens les vibrations lorsque je suis en boîte de nuit. Je n’entends pas le klaxon des voitures mais je ressens les vibrations du feu d’artifice dans le corps.
E. Ce silence, c’est comment ?
G. C’est une habitude. Je vois d’avantage. Je suis plus attentif. La nuit, c’est difficile. Surtout l’équilibre. Toi tu vois, tu entends et tu avances. Pour moi qui n’entends pas, la nuit c’est difficile.
E. Est-ce que tu arrives à imaginer le chant des oiseaux ?
G. Non, je n’arrive pas. Je ne les entends pas. Les oiseaux, je les vois voler et puis c’est tout. Avec les gens, la communication est difficile. J’écris sur mon portable. Je communique par sms mais c’est difficile.
E. Tu as des copains, des amis ?
G Oui, des amis qui sont sourds et muets aussi. À Toulon, à Marseille, à Nice. A La Ciotat j’ai des amis qui entendent et j’arrive un peu à parler avec eux.
E. Tu aimes le foot aussi, je crois
G. Oui, Je jouais quand j’étais jeune. Maintenant, c’est fini, je ne joue plus. J’ai soixante ans.
E. Tu le regardes maintenant, le foot !
G. Oui, je suis supporter de l’OM.
E. Et sinon, tu viens souvent à Bauduen ?
G. Oui, je viens voir ma famille. Ma maman. Je l’aide à entretenir la maison. J’aime être à Bauduen. C’est calme, c’est tranquille.
E. Est-ce que tu as un rêve ?
G. Je rêve de beaucoup de choses.
E. Est-ce que tu es heureux ?
G. Je suis normal. Il y a des hauts et des bas, ça dépend des jours. Mais c’est difficile d’être sourd. C’est dur. Quand je regarde la télévision par exemple. C’est difficile.
E. Tu lis des livres ?
G. Oui, un peu. Je suis sur l’internet. J’ai des amis. On se parle en chat vidéo. Nous échangeons avec le langage des signes. Bauduen, c’est calme. Je suis content d’y revenir. La nature, les gens. Je me baigne dans le lac. Je vais à la plage. Bientôt j’irai à la plage.