Soleil d’hiver et temps calme à Kyoto

Prendre le temps de laisser le soleil d’hiver jouer à travers les branches et le feuillage. L’invitation est signée Nobuto Suda, musicien japonais établi à Kyoto.

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/winter-sunshine-filtering

Voici son tout dernier opus, où s’écoute le « temps calme » qu’il fait à Kyoto, où « rien ne se passe ».

https://soundcloud.com/nobutosuda1101/the-weather-of-the-day-was-too

Avec Nobuto Suda, nous avions voyagé jusqu’aux pieds du Mont Fuji. C’était en novembre dernier.

Une pensée pour mon ami poète Francis Royo, amoureux du Japon et peut-être un peu dans le dur ces dernières heures… c’est ce que je ressens en lisant son dernier Dires :

« sagesse de l’arrachement. folie de la conscience. qui dois-je donc étouffer pour m’avouer ainsi. cruauté bel œil d’or »

Détruire la misère

Détruire la misère. Une utopie ? Un voeu pieux ? Il y a à peine plus d’un siècle et demi, Victor Hugo répondait NON devant l’Assemblée Nationale. Le 9 juillet 1849. Ma camarade numérique Annabel nous le rappelle ce soir sur Twitter. Voilà qui fait vraiment du bien alors que nous croulons sous un grand gavage de quenelles… Du coup, je participe. A haute voix. Le micro à la place du pistolet…

hugo

Victor Hugo à l’Assemblée Nationale.

Annabel sur Twitter : @annabelinside

Son site sur le net

Obrigado Jean

J’ai reçu hier un cadeau très touchant de mon ami Jean Bernard. Une petite carte postale sonore envoyée du Portugal. Précisément de l’Algarve, dans le sud de ce pays du bout de l’Europe. La région est très verte avec beaucoup de champs d’orangers et de citronniers. Et puis il y a l’océan, bien sûr. Cet océan raconté par Jean, sur l’une de ces plages aux noms de rêve comme celle de Praia da Falésia.

Obrigado Jean,  pour cette carte sonore venue d’un pays où je n’ai encore jamais usé mes semelles et qui m’évoque l’Ode Maritime, l’immense poème de Fernando Pessoa, dédié à la mer – plus de 1.000 vers – et publié en 1914 sous l’hétéronyme* d’Alvaro de Campos. Extrait
« Ah, les paquebots, les charbonniers, les navires à voile,
Se raréfient, pauvre de moi !  les navires à voile sur les mers !
Et moi, qui aime la civilisation moderne, moi qui baise
   de l’âme des machines,
Moi l’ingénieur, moi le civilisé, moi élevé à l’étranger,
J’aimerais n’avoir encore sous les yeux que des voiliers
   et des bateaux en bois,
Ne connaître d’autre vie maritime que l’antique vie des mers !
Parce que les mers anciennes sont la Distance Absolue,
Le Lointain pur, libéré du poids de l’Actuel …
Et, las !  Comme tout ici me remémore cette vie meilleure,
Ces mers, plus vastes, parce qu’on y naviguait plus lentement,
Ces mers mystérieuses parce que moins connues … »
Fernando Pessoa ( 1888 – 1935 )
 

 

Adeus Eusebio

Eusebio, l’ancien footballeur international portugais de légende est donc parti l’autre nuit à l’âge de 71 ans. Je me souviens de ses matches à la télé lors de la Coupe du monde 66. J’étais captivé par ses courses, ses appels de balle et son sens du but phénoménal. Des buts, il en marqua 733 au cours de sa carrière. Tous commentés à la radio et à la télé par de tonitruants Goooooooooool Gooooooool Gol !

Eusebio Da Silva Ferreira dit Eusébio était né au Mozambique, ancienne colonie du Portugal. Surnommé la Panthère noire en raison de ses qualités athlétiques hors normes, il fit l’essentiel de sa carrière au Benfica Lisbonne, où il signa à 19 ans et remporta en 1962 la Coupe d’Europe des clubs champions face au Real Madrid. En 1965, Eusebio devint le premier joueur noir à être sacré Ballon d’or, une récompense décernée à l’époque par le magazine France Football au meilleur joueur européen.

Ses plus beaux buts se visionnent ici

Le dernier poème de Robert Desnos

Alors que la nuit est tombée, me voici bouleversé par un tweet. Posté par Philippe Briday. Comme nombre de mes amis et amies numériques, il adore la poésie. Ce que je lis et relis est Le dernier poème de Robert Desnos. Chaudes larmes. Frissons. Besoin de le lire à voix haute et de le partager avec vous.

robert_desnos

Robert Desnos, poète antifasciste, résistant et journaliste, est mort le 8 juin 1945 du typhus à Theresienstadt, après avoir été déporté dans plusieurs camps de concentration. Il avait 44 ans.

15 minutes de dessin le matin

Ils s’aiment et se désirent. Tout en pudeur. Chacun les yeux lancés vers le mystère de l’autre, émerveillés sans doute par ce mano a mano qu’ils s’offrent enfin après des années de solitude. Cette solitude qui a façonné leurs corps et qu’ils sentent s’éloigner à cet instant de la rencontre. Talent. Trouble. Fragilité. Quels autres mots lancer vers Sabina Kulieva, l’auteure de ce corps à corps ?

SAbina

Chaque matin, avant de partir travailler, Sabina Kulieva dessine de surprenants et déroutants portraits. Pendant un quart d’heure. La jeune artiste née à Moscou crée des personnages dont elle nous invite à déchiffrer l’humeur et les pensées. Ces femmes – et parfois ces hommes – parlent d’amour, d’une infinie désespérance, d’un désir de vivre aussi qui fraie son chemin à travers angles et regards perdus. Les samedis et dimanches, c’est dans son studio que l’artiste se rend pour dessiner, en écoutant de la musique classique. Katchaturian, Bizet et Grieg figurent parmi ses compositeurs préférés. Ecoutons-les en sa compagnie.

Sabina Kulieva a commencé à dessiner lorsqu’elle était petite fille. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours imaginé des gens. A 17 ans, elle est venue étudier l’art à Osaka et n’en est plus repartie. Elle a participé à l’exposition de groupe  » Art Salad  » à la galerie Soho d’Osaka et prépare une expo en solo pour les mois qui viennent. Le site de Sabina Kulieva se visite ici.
L’artiste est aussi sur Twitter @SabiKulieva et sur Facebook.
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Des cris et des mots d’oiseaux

Depuis longtemps les oiseaux me fascinent, m’attendrissent, m’émeuvent aussi parfois. J’aime les regarder voler. Se poser. Chasser. S’enfuir. Donner la becquée à leurs petits. J’apprécie leurs chants, leurs cris, leurs ébats et leurs appels. J’aimerais prendre le temps plus souvent d’aller les observer et les enregistrer. En attendant, j’ai déniché sur le web un endroit dédié aux oiseaux du monde entier, Oiseaux.net, un site d’une très grande richesse documentaire. Plus de 2.400 oiseaux y sont présentés, fiches à l’appui. Avec en bonus leurs cris, leurs chants à écouter. En voici trois, que j’ai choisis parce que leur nom sonne agréablement à mon oreille. A chacun, je dédie un court texte. Histoire d’interroger leur mystère.

Albatros à sourcils noirs, de quel rivage ramènes-tu ce fard sombre ? Encre de Chine ? Khool du Maghreb ? A quel bal es-tu invité ? Que connais-tu des yeux clairs des enfants et des visages sans regard qui peuplent nos villes ?

Pélican blanc, combien de grenouilles t’es-tu offertes pour ainsi imiter leur chant ? Et ces chiens qui aboient depuis ton noble jabot, t’ont-ils déjà raconté les chasses à courre et les traques brutales ?

 Mouette rieuse, de qui te moques-tu sans cesse ? Des poissons qui te fuient ou des pêcheurs qui espèrent ? Et vers quelles rives vogue ta préférence  ? Marais, étangs, lacs, Méditerranée ?

Le site Oiseaux.net se consulte ici

Un poème et des vaches

J’ai découvert une étonnante webradio grâce à mon compagnon d’ondes Fañch, blogueur de Radio Fañch. Depuis le coeur des Alpes, Radio Fond de France diffuse balades sonores, reportages et documentaires. Créative, joyeuse, la station pratique cette mescle dont je suis, vous le savez bien, un fan absolu. Voici d’abord la toute première chronique littéraire qu’elle a proposée, consacrée à un poème d’Apollinaire et signée Mademoiselle.

https://soundcloud.com/thom_rfdf/colchique-et-commentaire-en

 La mescle, c’est l’art de donner aussi à entendre les vrais gens, ceux qui vivent ici, en montagne et de s’intéresser de près également au sort des vaches en hiver.

https://soundcloud.com/thom_rfdf/les-vaches-en-hiver

Radio Fonde France s’écoute ici

 Les colchiques
« Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne

 Les enfants de l’école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne. »

Guillaume Apollinaire ( 1880 – 1918 ) publia Les colchiques  pour la première le 15 novembre 1907 dans le journal La Phalange puis dans le recueil Alcools.

 

Le divan de Monsieur Huo

Pour commencer l’année, ArteRadio – la station aux « reportages, témoignages et bruits pas sages » – nous propose un séduisant voyage en Chine, aux côtés de Monsieur Huo, le premier psychanalyste à exercer dans l’Empire du milieu. La documentariste Marie-Hélène Berrnard l’a rencontré et a conçu un beau feuilleton dont ArteRadio diffuse le 10ème et dernier épisode. Le regard tendre et sans concession de Monsieur Huo nous plonge dans les cahots d’une Chine qui a sans doute grandi bien trop vite, tiraillée entre tradition et modernité. Extrait

L’intégralité de cet épisode s’écoute ici

 

Marie-Hélène Bernard a reçu la Bourse SCAM d’aide à la création radiophonique. Les dix épisodes de son feuilleton, mixés par Christophe Rault, s’écoutent ici.

 

Deux poèmes de Francis Royo

De Francis Royo je ne connais presque rien, sinon qu’il poste chaque jour un poème sur son blog. Simples phrases douces et fulgurantes. Ou bien parfois, vers qui coulent et naviguent depuis des lieux qu’il parcourut, j’en suis sûr, dans ce Japon tourmenté et fascinant. Chaque jour, je guette ces éclats de poésie qui m’émeuvent et me captivent. Pour commencer l’année, je me suis essayé à en réciter deux.

Pour voyager dans Analogos, le blog de Francis Royo, c’est ici.