Sensas, la Nuit africaine !

Chaque semaine, la revue digitale La Nuit m’apporte son lot d’enchantements. Le Numéro 16 qui vient de paraître déroule entre autres une large plage à l’Afrique, à ses sons et à ses mots. Fait connaissance avec l’écrivain et poète congolais Fiston Mwanza Mujila, qui vient de publier Tram 83, son tout premier roman. Ai découvert la sanza, cet instrument que l’on appelle aussi piano à pouces et sur lequel est jouée cette Sanza Nocturne de toute beauté. La Nuit nous éclaire sur Francis Bebey, le grand maître de la sanza pop, grâce à son fils Patrick. À lire ci-dessous.

SanzaPop1

SanzaPop2

N’oubliez pas que pour s’adonner chaque semaine à La Nuit, il est nécessaire de s’abonner. J’aime la profession de foi qu’affichent les fabriquants de cette revue : « Nous aimons l’idée d’avoir des vrais lecteurs plutôt que des visiteurs d’un clic. Nous préférons aussi nous vendre à eux plutôt qu’à la publicité. » 10 euros pour 3 mois, histoire de se faire une idée, n’allez pas me dire que c’est le bout du monde !

Pour l’amour de Marvin et de Kabbani

https://soundcloud.com/yassinebouzar/nizar-kabbani-et-marvin-gayewav

Le samedi 22 novembre prochain, France Culture diffusera un documentaire de mon ami Yassine Bouzar – réécouter son doc  » Algérie, rire sur ordonnance – dédié à Marvin Gaye, dans l’émission Une vie, une oeuvre . Yassine est tellement fan du chanteur et compositeur américain qu’il a choisi, sur sa page Soundcloud, de mixer une de ses musiques avec un texte du grand poète arabophone Nizar Kabbani, poète de l’amour. Délicate mescle. J’adore ce mélange de mots, de sons et de cultures. Pour prolonger le plaisir, ce mix avec Bashung mérite l’écoute et la réécoute.

https://soundcloud.com/yassinebouzar/kabbani-et-bashung-wav

La chanson de Saturne

Cultiver les sons du vertige. Réactiver la peur du vide. Se jucher tout là-haut et même bien plus haut. Tenter de toucher des doigts l’anneau qui trône tout autour de Saturne, grâce au duo américain de Beach House. La musique de l’espace, peut-être nos disparus l’entendent-ils ? Peut-être l’émettent-ils depuis l’autre monde. Les sons de l’espace utilisés pour créer cette chanson – comme les autres créations du projet Space Project – proviennent des voyages des sondes Voyager 1 et Voyager 2. Ils ont été captés dans la magnétosphère, autour des planètes, tout là-bas. Tout là-haut.

L’orage électrique tout là-haut

Il est monté à plus de 5.000 mètres d’altitude, Félix Blume, en pleine Cordillère des Andes bolivienne. Et il a écouté l’orage éclater au sommet du Chacaltaya.
L’électricité statique a joué les intruses dans ses micros. Magnifique instantané où se mêlent toute la puissance de la nature et toute l’ingéniosité de l’homme.

Journal de l’aube 270

Deux semaines que Maman est partie. Le chemin de deuil est immense. Il se parcourt à petits pas chaotiques. Les mots manquent pour raconter l’épreuve. Mais il existe un lieu béni où l’indicible prend forme : Mots sous l’aube, le journal poétique d’Anna Jouy, poétesse amie avec qui nous avons partagé un VaseCommuniquant en juillet dernier. Hier-matin, son Journal de l’aube était teinté de cette mélancolie sombre et si lumineuse à la fois qui m’étreint depuis le départ de Maman. M’est venu le désir de lire ce texte et de l’accompagner d’un Nocturne de Chopin. Nocturne comme cette nuit que j’imagine traversée par nos disparus en direction de l’autre monde. La photo qui illustre ce son du jour est la toute dernière que Maman prit fin septembre depuis son lit.

Tant de saisons d’enfer avec Rimbaud

https://soundcloud.com/ericschulthess/on-nest-pas-serieux-quand-on-a-dix-sept-ans

Il y a 160 ans, le 20 octobre 1854, naissait Arthur Rimbaud. Mort à Marseille 37 ans plus tard. De loin mon poète préféré, le minot de Charleville. Découvert ses textes à l’adolescence. M’accompagnent depuis. Comme un phare. Comme un pays de mots et de sons ouvert à tant de continents. Dans son Tiers Livre, François Bon raconte que le fac-similé Rimbaud de Une Saison en enfer et de Les Illuminations fait partie des livres qui l’ont fait. Oui, c’est ça, enfants de ce poète nous sommes. Comme Léo Ferré. Comme Stéphane Hessel aussi que je réécoute souvent avec émotion réciter Le Bateau ivre.

Aube

J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route
du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes
se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq.
A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre,
je la chassais.
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu
son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.

Arthur Rimbaud (1854 – 1891)

Massilia Sound System de retour

Massilia. Huit lettres sur une pochette toute bleue. Avec une étoile sur le second i, comme une bougie d’anniversaire pour fêter le huitième album de Massilia Sound System. Le groupe marseillais a trente ans. Il a mis sept années pour sortir cet opus, le premier depuis le jubilatoire Oai e libertat. C’est un évènement. À partager sans compter. Tolérance, accueil, résistance, contestation, fête, lutte, rencontre, autant de mots qui participent du credo affiché et propagé par le groupe marseillais. Si tout fout le camp, « si tout va mal, si lèva mai la cançon, la chanson se lèvera encore et Massilia sera là pour la chanter« . Pour prolonger ce teaser de l’album et déguster quelques bonnes vidéos de Massilia, c’est par ici.

 

La Nuit brésilienne au bout des doigts

Épatante, la dernière livraison de La Nuit, la revue digitale que je suis depuis quelques bons mois maintenant. Cent pour cent brésilienne. Musiques, films, photos, tout nous emmène dans le pays métis par excellence qui tente par menues initiatives citoyennes de réinventer son histoire. Un numéro 15 à échelle humaine, loins des clichés remâchés sur le foot, la samba et le carnaval. Pour s’adonner à La Nuit, c’est tout simple, faut s’abonner et c’est par ici.