Françoise et Janeta, covoituristes

Le covoiturage. Voilà longtemps que Chantal et moi en avions entendu parler sans jamais franchir le pas. Depuis la semaine passée, nous avons adopté ce mode de déplacement qui conjugue partage et économies. D’argent et de pollution aussi. Sans parler de la découverte de personnes avec lesquelles se noue un contact chaleureux et s’échangent des histoires de vie, le temps de quelques centaines de kilomètres. Hier, en rentrant de Marseille, Françoise* et Janeta** furent nos passagères de parole.

Le site de covoiturage que nous avons choisi s’appelle BlaBlaCar et c’est par ici.

*Françoise est une artiste toulousaine native de Cahors. Elle chante Vian, Nougaro, Piaf, Patti Smith et tant d’autres beautés. Bientôt de retour sur les planches.

**Janeta est une ingénieure en génie électrique. Native de Timisoara en Roumanie, elle désire fonder une famille. Sa priorité du moment, trouver un emploi.

 

 

 

La voix de Raymond Depardon

J’ai toujours aimé écouter Raymond Depardon, photojournaliste et cinéaste aussi humble que renommé, parler de son art. De ses voyages. De ses rencontres et de son rapport à ses « sujets ». J’avoue être sous le charme de sa voix – dont je ne sais définir le timbre – et de son léger accent bourguignon. Sans doute parce qu’ils s’accordent à la douceur et à la simplicité qui émanent de nombre de ses photos. Je pense notamment à ces paysans, qu’il a filmés aussi. Raymond Depardon s’est raconté il y a quelque jours à Michel Ciment sur France Culture, dans l’émission Projection privée. Extrait.

Jusqu’au 10 février, le Grand Palais à Paris lui consacre une exposition, intitulée Raymond Depardon, un moment si doux.

Pour écouter l’émission entière, c’est ici :

Sacha Guitry raconte Auguste Renoir

RenoirJ’ai découvert ce matin grâce à Didier Beaujardin, l’un de mes amis numériques, qu’il y a 94 ans jour pour jour – le 3 décembre 1919 – disparaissait Auguste Renoir, l’immense peintre impressionniste. Je n’oublie pas que Renoir fait partie des nombreux artistes dont mon Papa me fit découvrir les oeuvres lorsque j’étais enfant : Van Gogh, Monet, Manet, Modigliani, Soutine et donc Renoir notamment. A la maison, les livres d’art ne manquaient pas. Nous les ouvrions souvent ensemble le dimanche. C’était un émerveillement. Aujourd’hui, pour accompagner en sons ce souvenir, voici un document signé Sacha Guitry, qui au début du XXème siècle filma avec une caméra amateur les grands artistes qui rendaient visite à son père. C’est une spéciale dédicace à Didier Beaujardin et à mon Papa.

Sacha Guitry évoque Renoir, en images

A la rencontre d’Auguste Renoir

Auguste Renoir a franchi toutes les frontières. Le voici raconté en espagnol.

Badiucao 巴丢草, dessinateur chinois exilé en Australie

J’ai rencontré Badiucao sur Twitter il y a une petite semaine. Cet artiste né en 1980 à Shanghai s’est exilé en Australie il y a trois ans, pour pouvoir exercer librement son talent de dessinateur. Il faut dire que ses cartoons ne sont pas du tout du goût des autorités chinoises, à l’image de celui-ci, intitulé Qui sont les terroristes ? Whoareterrorists
©Badiucao
Badiucao a réalisé ce dessin juste après l’incident survenu fin octobre près de la place Tiananmen, qui fit 5 morts et 40 blessés. Des photographies mises en ligne – et très vite effacées par les services de la censure – ont montré un véhicule en feu surmonté d’une épaisse colonne de fumée, devant le célèbre portrait de Mao à l’entrée de la Cité interdite, qui donne sur le côté nord de Tiananmen. La police a avancé la piste d’un attentat terroriste…
Voici l’un des morceaux qu’il aime écouter en boucle pendant qu’il dessine.
Rootless tree – arbre sans racine – de l’auteur compositeur interprète irlandais Damien Rice.
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Petit-fils d’un cinéaste envoyé en camp de rééducation pour « crime culturel » – il y mourut de faim et de maladie – Badiucao est un grand admirateur d’Ai Weiwei – « une bougie dans l’obscurité » – défenseur actif et persécuté de la liberté d’expression dans son pays. Contrairement à Ai Weiwei, il a, lui, choisi de quitter le pays natal pour mettre sa famille à l’abri et pour poursuivre son travail artistique.
Chaimanishungry
©Badiucao
Le président Meow est affamé, c’est le titre de ce dessin, allusion à la censure récurrente exercée sur l’internet par les autorités chinoises, avec à leur tête depuis mars le président Xi Jinping.
Badiucao vient juste de publier son travail sur le China Digital Times, un site collaboratif d’information lancé en 2003 par Xiao Qiang, professeur à la University of California de Berkeley.
Aujourd’hui, il se force à ne pas parler de son activité à sa famille pour lui éviter de redouter d’éventuelles poursuites, même hors de Chine, ce pays natal où il s’est promis de ne pas retourner tant que la liberté n’y règnera pas pour de vrai.

Ai Weiwei 艾未未, c’est du heavy

Ai Weiwei 艾未未, vous connaissez. J’ai déjà parlé ici de cet artiste chinois à la palette large comme un pays nommé Chine. Son pays. Cette Chine où il subit depuis de longues années tracasseries et humiliations de la part des autorités qui n’apprécient ni son ton, si ses provocations, ni son aspiration à la liberté et à la démocratie. A ses talents de sculpteur, blogueur, performer, photographe, architecte et commissaire d’exposition, il a ajouté celui de rocker. De chanteur de heavy metal.
Voici Dumbass (Abruti). C’est l’un des 6 titres de son album « Divine Comedy »,  conçu avec le rocker chinois Zuoxiao Zuzhou. Dumbass est une chanson révoltée. Désenchantée. Inspirée par sa détention pendant quatre-vingt-un jours en 2011 à cause de son opposition au régime. Ai Wei Wei 艾未未 y apparaît toujours aussi provocateur. Les mots sont crus et violents. Pas surprenant de la part de cet activiste résolu pour la liberté de la Chine.
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L’album n’est disponible à la vente en ligne qu’en dehors de Chine. Je me le suis procuré sur Itunes.
 Le clip de « Dumbass » sur YouTube, réalisé par Christopher Doyle
Le site d’Ai Weiwei 艾未未
 Le blog Encres de Chine de RFI
Dumbass, textes de Ai Weiwei 艾未未, musique de Zuoxiao Zuzhou
« Lorsque vous êtes prêt à frapper, il marmonne à propos de la non-violence.
Lorsque vous pincez son oreille, il dit qu’il n’y a pas de remède contre la diarrhée.
Vous dites que vous êtes un enculé, il prétend qu’il est invincible.
Vous dites que vous êtes un enculé, il prétend qu’il est invincible.

Putain de pardon la tolérance sera condamnée à l’enfer avec les mœurs, la faible durée de vie est invincible.
Putain de pardon, la tolérance sera condamnée à l’enfer avec les mœurs, la faible durée de vie est invincible.
Oh abruti, oh comme abruti! Oh abruti, oh comme abruti!
Oh abruti, oh comme abruti! Oh abruti, oh comme abruti!
Lalalalala, lalalalala Lalalalala, lalalalala
Lalalalala, lalalalala Lalalalala, lalalalala

Tenez-vous sur la ligne de front comme un abruti, dans un pays qui met dehors comme une pute.
Plein de connards, les abrutis sont partout.
Plein de connards, les abrutis sont partout.
Putain de pardon, la tolérance sera condamnée à l’enfer avec les mœurs, la faible durée de vie est invincible.
Vous dites que vous êtes un enculé, il prétend qu’il est invincible.
Vous dites que vous êtes un enculé, il prétend qu’il est invincible.
Le champ est plein de connards, les abrutis sont partout.
Plein de connards, les abrutis sont partout. »