Retourner aux bouleaux

Bouleau26

Je me languissais de vous, mes chers bouleaux. Tous ces mois sans vous approcher, vous caresser, vous parler, vous embrasser. J’ai repris le chemin de la montagne et vous ai retrouvés. Jamais ne vous ai confié ce secret : vous êtes mes arbres préférés.

Votre écorce blanche est douce comme la peau des bébés. Vos crevasses ressemblent à des visages aux yeux et sourcils mystérieux et aux rides légères. Souvent, les regards que vous lancez au promeneur semblent perdus, comme figés dans le deuil car nulle réponse ne tombe dans la forêt. Parfois, bouleaux chéris, les tatouages et les hiéroglyphes que vous offrez évoquent des cœurs, des sexes féminins ou des continents à explorer.

Je reviendrai bientôt vous saluer.

Peut-être y aura-t-il de la neige…

 

On the Nature of Daylight (Transcription pour violoncelle et orchestre) – Olivia Gay et l’ Orchestre national de Cannes

Traces vives

bouleau

Le jeune bouleau
désire le monde
et ses traces vives
ose l’embrasser
frotter tes lèvres à sa peau
si douce et rose dedans
te tatouer de sa sève
emplis-toi de l’élan
offert pour des siècles
respire et jouis de tous tes pores
sans peur de blesser
sans craindre la chute
ose et ose longtemps

Hé hé !

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Arpenté les sentiers mouillés
aspergés de clarté
humé l’herbe humide des prés
dans l’attente d’une trouée
fugace et dorée
flocons de merisier par milliers
sur le seuil vallonné de la forêt
jeunes bouleaux en retrait
graciles, timides, élancés
teintes de vert à volonté
nuages d’averse disséminés
bientôt le soleil de mai
hé hé !

Lui

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Cette blessure à vif
cette trace foncée à fleur d’écorce
raconte un manque d’ailes ou un amour
les deux peut-être

l’arrêt brutal de la lame
signe le remords ou la mort
sans tracer le t final
qui aurait sorti de l’obscurité
la main accrochée au canif

lui
aurait pu aussi se nicher
à côté d’elle
dans pluie
la main n’aurait pas tremblé
légère
pour dessiner les lettres absentes
p
e
juste à côté de la tache noire
gravée telle une larme oblongue

et cette croix griffonnée à la hâte
comme on se signe paupières closes
lorsque le tattoo saigne
lorsque le couperet claque
sur la peau et les os
lorsque le silence n’a plus de lettres
pour dire le définitif

je sais qu’à travers les rameaux s’envole
le cri sourd des arbres blessés
mêlé aux voix des trépassés
offertes pour consoler