La vie en rouge

Devant les stupéfiantes photos de Boris Mikhaïlov*, j’ai applaudi le génie poétique de cet artiste frondeur et provocateur, à la fois photo-reporter, peintre et performeur. Depuis les années 60, il a documenté avec humour et gravité la lente et inexorable agonie de l’Union soviétique, depuis l’Ukraine, sa terre natale. J’ai ressenti une immense tendresse pour ses anti-héros photographiés dans des lieux ordinaires. J’ai frémi devant les photos de ces gens à la rue, les laissés-pour-compte, totalement abandonnés une fois écroulée l’URSS.

Je me suis souvenu avec tristesse du communiste que je fus et qui crut longtemps aux lendemains qui chantent teintés de rouge et décorés d’une faucille et d’un marteau… En sortant de l’expo, je me suis mis à fredonner « Le communisme sans les inconvénients », une chanson de Moussu T e lei Jovents.

« Le mot russe pour rouge (krasni) comporte la même racine que celle du mot beauté. Il signifie aussi la Révolution et évoque le sang et le drapeau rouge. Tout le monde associe le rouge au communisme. Mais peu de gens savent à quel point le rouge a traversé nos vie, à tous les niveaux. »

Boris Mikhaïlov

*Rétrospective à la Maison Européenne de la photographie, jusqu’au 15 janvier 2023

 

 

Oh Marseille ! Enfin libérée, ne perds pas la mémoire !

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Marseille libérée, oui, après avoir été si longtemps martyrisée. Michèle Rubirola est devenue hier la première femme maire de notre ville d’amour. Alleluia ! La chute du monstre, tweetait Philippe Pujol dimanche dernier pour saluer la victoire de la gauche unie, incarnée par le Printemps Marseillais. À terre, les héritiers du vieux système gaudiniste.
Oui, conformément au choix de ses électeurs, la deuxième ville de France va enfin pouvoir commencer à changer d’ère, à s’offrir de l’air, étouffée, enkystée, emboucanée qu’elle fut depuis au moins vingt cinq ans par le clientélisme et la soumission du pouvoir municipal aux magnats du BTP et de l’immobilier.
Pour donner concrètement à Marseille le nouveau visage et le nouveau souffle auxquels aspire le peuple marseillais, il ne faudra à la nouvelle équipe ni négliger les plus délaissés de ses habitants, ceux des quartiers populaires, ni perdre la mémoire. Surtout ne pas oublier la tragédie de la Rue d’Aubagne et les huit personnes mortes dans l’effondrement de deux immeubles où ils vivaient, dans le quartier de Noailles : elles et ils se prénommaient Niassé, Julien, Simona, Ouloume, Marie-Emmanuelle, Chérif, Fabien et Taher. Le succès de Michèle Rubirola ne les ramènera hélas pas à la vie mais pourvu qu’il permette de leur rendre justice. Sans tarder. Ce n’est qu’à ce prix que la victoire historique du Printemps Marseillais sera aussi leur victoire et permettra d’enterrer définitivement le monstre.

Ma Ville Réveille-toi – Massilia Sound System

 

Farandola dei Bàris – Lo Cor de la Plana

Ne tremble pas

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Trempe ton âme dans la bruine
vieux passant de l’herbe rase
ne redoute point d’y laisser vestiges
de ton éphémère venue
ne tremble pas devant la chute
en ce royaume des condamnés
accepte l’inacceptable
accueille l’impitoyable mue