Shanghai est une clarinette

Shanghai est une clarinette

Chaque soir tu te demandes vers où partent les derniers avions qui passent au-dessus de la ville avec leurs petites lumières rouges qui clignotent à travers les nuages tu les imagines en route vers l’Australie ou vers le Japon et le Fuji et tu te souviens du Fuji survolé à ton retour de Tokyo il y a quatre ans enneigé il était comme sur les peintures d’Hokusai depuis c’est l’un des grands rêves de ta vie de venir te poser un jour à ses pieds et de le gravir jusqu’au sommet tu espères que ce jour viendra les passagers de l’avion qui avance là-haut vers l’ouest ils l’apercevront peut-être tout à l’heure en survolant le Japon un autre avion vole à présent en direction de l’immeuble d’où s’échappent des notes de clarinette il fait ses gammes le musicien et c’est joli à moins que ce soit une dame qui profite de la quiétude du soir malgré le vacarme des avions pour lancer sa musique dans la nuit de la ville tu es aux premières loges sur la terrasse tu voudrais t’y allonger en écoutant la clarinette te bercer fermer les yeux et te réveiller demain matin sur les pentes du Fuji.