Avec mes jeunes enfants, commencer l’année auprès des arbres
les approcher, leur parler, les photographier
et puis écrire des mots à eux dédiés en choisissant chacun une image et une musique
Racines, par Zoé
Si seulement nous pouvions être aussi proches que les arbres, aussi solidaires qu’eux.
Liés par de puissantes racines, sous le sol et dans les airs.
Tout ce qui unit les arbres est invisible à l’œil nu mais pourtant si réel, si palpable.
Chacun cohabite avec l’autre, laissant d’autres racines venir à lui et allant à son tour vers d’autres.
Comme une forte envie de partir, de connaître d’autres horizons tout en revenant à ses racines à chaque fois.
Frank Sinatra – Witchcraft
L’arbre vert, par Marius
Cet arbre est resté si longtemps vert que l’on a toujours cru qu’il était une laitue.
Ses branches ont l’air tellement craquantes que j’imagine qu’elles sont des gressins.
C’est l’arbre du bonheur et de la faim.
Nekfeu – On verra
Ta première île, par Éric
Regarde l’île sur la peau de cet arbre
là, tout en haut
toi qui vis désormais si loin de la mer
que les embruns ne te parviennent plus
qu’à fleur de souvenir
rappelle-toi ce voyage vécu loin des clairières
là où battait ton sang
retrouve le ressac des aubes d’été
tu approchais de la Corse
ta première île découverte
la revoilà
immobile et en paix
le blanc de sa lumière comme une caresse
inscrite sur l’écorce
touche-la
chéris-la
ose naviguer tout autour de crique en crique
de port en port
embarque avec toi les visages qui s’embrassent
là, tout en bas
ils se souviendront de tes pas jusqu’ici
ils n’oublieront pas ton regard
ils parleront de tes baisers
l’arbre a tant de mémoire
Toujours aimé me rapprocher des frontières
de l’ailleurs à portée de pas
des coins reculés du monde
l’Espagne pas loin dimanche dernier
une escapade en montagne
les Pyrénées
l’horizon à flanc de cime
la petite route glacée pour monter au village
s’y parla longtemps et s’y parle encore un peu de ci de là le parler d’ici
l’occitan joli
Edelweiss sur la cheminée
on en trouvait tant au pays montagneux de mon grand-père
de l’autre côté de nos Alpes
de l’autre côté de l’autre frontière
celle qui ouvre sur la Suisse et l’Italie
les langues y roulaient leurs r
montagne de Corse aussi
l’Île blanche
sans autre frontière que la mer
la patrie de l’autre grand-père
cette Corse au teint de feu
aux saveurs de châtaignes
et cette langue belle et douce
chantée par les poètes
apôtres de paix
tout là-haut cet après-midi-là
suivre la marche du soleil
approcher en silence visages inconnus
saluer leur mémoire
puis se remettre en route
s’éloigner de la frontière
redescendre sur cette petite route glacée
où se croisent encore parfois nos semblables
comme une apparition
Me suis approché du ferry de la SNCM hier-soir peu avant 21 heures. Quai de la Joliette. Moteurs en marche. Ronronnement grave avant cap sur Ajaccio aujourd’hui. Combien de temps encore scintilleront dans la nuit, non-loin des cheminées, les quinze lettres de Danielle Casanova, militante communiste et résistante corse, morte en déportation à Auschwitz en 1943 et dont le bateau porte le nom depuis 2002 ?
Ils rentrent un an un les bateaux du Vieux-Port. Même les voiliers font tourner moteurs. Dans la lumière du crépuscule annoncé, je ne leur en tiens pas rigueur. Tant que la mer se fait entendre et que se devinent au loin les caps vers la Corse ou l’Algérie.
L’heure du retour ici. À petits pas. Ne cheminerai pas forcément chaque jour avec mes oreilles, mais là, envie de partager à nouveau quelques sons de chez moi. Marcher de la place de la Joliette jusqu’au Grand Port Maritime de Marseille hier après-midi. Avancer en bord de route vers la Porte 4, se faire discret et retourner vers le grand hangar de feu Sud Marine protégé par de hautes grilles. Souvenirs intacts d’une longue et lente agonie.
Près de 20 ans plus tard, quasi déserts les quais. Seuls deux bateaux en partance amarrés juste en face du bâtiment où se réparaient les bateaux… Enregistrer le bruit de leurs moteurs en chauffe avant le départ. Tunisie pour l’un. Corse pour l’autre. Rêver de traversées puis quitter le domaine maritime et retourner vers le Vieux-Port. S’attrister de ces quais vides abandonnés aux colonies de gabians.
Ce port délaissé m’a inspiré un texte que vous retrouverez demain sur le blog d’Angèle Casanova, Gadins et bouts de ficelle, à l’occasion des VasesCommunicants de ce mois d’octobre. J’aurai le plaisir d’accueillir un texte d’elle sur mon CarnetDeMarseille. Pour info, nous avons choisi de parler de la mort.
Le Festiventu de Calvi – je vous en parlais avant-hier – s’achève ce dimanche. Mon ami Vincent Maurin en profite à fond et a trouvé le temps de m’envoyer cet extrait musical signé de la Fanfare Jacob Delafonk, en répétition les pieds dans l’eau avant son concert disco-funk ce soir à l’Espace Oscaro.
Pour ceux qui n’auraient pas lu mon billet de vendredi, Festiventu est un Eco-Festival organisé par l’Association Les Amis du Vent et qui a fêté cette année sa 22ème édition.
Encore mille mercis à Vincent, envoyé spécial de ce blog à Calvi 🙂
Et si nous embarquions pour la Corse ? Portés par les vents de Méditerranée, direction Calvi où se tient jusqu’à ce dimanche le 22ème Festiventu, organisé par Les Amis du Vent. Créée en 1992 à Calvi, cette association propose des événements où les univers se rencontrent, se confrontent pour construire demain : concerts, spectacles de rue, conférences, arts plastiques, constructions dédiées aux énergies renouvelables, entre autres. Bref, un éco-festival qui sonne en célébrant le mélange et qui a de quoi séduire.
C’est mon ami Vincent Maurin qui m’a adressé ces mélodies de plein air recueillies à Calvi. Il m’a aussi envoyé un son de grand large, capté à bord du catamaran qui le menait vers la Réserve naturelle de Scandola.