
Au crépuscule –
guetteur fébrile et patient
pris de vitesse
Alalá Das Mariñas · Alejandra Díaz, chant et violoncelle
Le crépuscule n’en finit pas de s’éterniser. Comme s’il refusait de laisser la place à la nuit noire. Il s’étire dans l’air doux de mai, il lambine, il palpite de bleu doré. Si je le quitte des yeux, juste une seconde ou le temps d’un battement de paupière ou du passage d’une abeille égarée, le voilà absorbé par l’encre de la nuit. Survient alors l’heure de la chouette. L’écouter hululer puis demander aux étoiles qu’elles guident ses prières.
Crépuscule
crépuscule
ce peu
lu ces lueurs pressées
ces crues
épelé leur sel
sucé leur suc
pleuré
Juste avant la naissance du crépuscule il arrive que des mots s’échangent en silence d’arbre à ciel et de feuilles à lune toi aussi tu parles au chaud de ton désir que tes yeux s’ouvrent demain encore sur ce miracle.
Au cœur du crépuscule –
la lune s’égare,
nos chemins se rejoignent.
J’offre ce haïku à Thomas Pesquet
ses tweets poétiques me font tellement rêver
San Sebastián à marée basse
retrouver le calme des soirs longs et doux
prendre son temps
se dire que l’océan est un don du monde
nuit et jour, soir et matin
lui rendre grâce
et oser croire encore aux lendemains
Atardecer
Le frère vespéral du matinal, ce joli mot castillan. L’instant où le soleil se faufile vers l’ultime ligne de l’horizon. Il nomme le coucher de l’astre comme le crépuscule.
Atardecer, atardecer, atardecer
Je le préfère un peu à son presque jumeau car il offre deux roulements de r, lui.
Atarrrdecerrr
Parfois je les roule trop et mes amis espagnols en rient.
À la suite de son a initial, se pointent les cinq lettres qui signifient tout à la fois tard, l’après-midi et le soir.
Atardecer
Comme un souffle de lumière lancé à la nuit qui s’installe sans tarder.
La noche et ses mots murmurés et ses rythmes secrets.
Au crépuscule, accompagné Marius à son entraînement de foot. Quelques oiseaux aux premières loges du stade bordé de grands arbres et de quelques rues, avec le trafic routier en bruit de fond.
De retour à Marseille. Ferme les yeux et me retrouve assis en dessous du Fort Saint-Jean, sur les bancs de pierre du passage Brauquié qui relie le MUcem au Vieux-Port, là où le crépuscule s’installe parmi les bateaux qui rentrent, les joggeurs et les musiciens qui tapent le boeuf de l’autre côté.
Longtemps que n’avais écouté l’angélus du soir, qui emplit l’espace à l’heure où se rapproche le crépuscule. Me rappelle le légendaire tableau de Jean-François Millet qui fascina jusqu’à Salvador Dalí. Ce couple de paysans en prière m’évoque avec douceur la jeunesse de mes grands-parents, en Suisse et en Haute-Provence.