Matinal/HaïkuOiseaux#19

Par bonds secs et noirs –
joyeux dès le matin, oui
le merle basque

En transit à Donostia San Sebastian. Petit matin. Comme toujours, je suis en avance pour prendre mon bus. Passé le pont Maria Cristina, je flâne, je respire et je rêvasse tout près du fleuve Urumea d’où remonte l’odeur iodée de la mer qui n’est pas loin. Il a plu toute la nuit. Le long de l’allée, les jonquilles ont abdiqué mais pas le merle venu me saluer. Il sait que je l’écoute en lui souriant et ça lui plaît. Et vous ?

La violoniste du tunnel del Antiguo

img_2725

Elle s’est installée là
juste sous le tunnel del Antiguo
entre la Concha
et l’Ondaretta
et elle a joué
toute la matinée

https://soundcloud.com/ericschulthess/la-violoniste-du-tunnel

plus toute jeune la dame
le regard indifférent
aux quelques pièces jetées
dans la housse de son violon

au-dessus d’elle
les vagues et les reflets du projet MiraMart
vestiges colorés de Donostia San Sebastián
Capitale européenne de la culture 2016

Me serais bien baigné

img_2726

Un vrai parfum d’été
sur Donostia San Sebastián
me serais bien baigné
comme nombre de pépés et mémés

img_2727

mais me suis renseigné
la mer n’offrait pas plus que dix degrés
alors suis allé marcher
le long de la Concha
reviendrai nager au printemps
et cet été

 

Juste pour le plaisir

img_2752

Tout au bout de la Concha
à main gauche face à la mer
la promenade s’achève sur un cirque minéral
surplombe un passage troué
de lettres torturées
d’où l’océan raconte
une histoire d’océan
des paroles à imaginer
en fermant les yeux
et lâchant prise
comme ça
juste pour le plaisir

https://soundcloud.com/ericschulthess/la-mer-parle-tout-au-bout-de-la-concha

Ma première Tamborrada #2

À la demande générale des quelques lectrices et lecteurs de ce CarnetDeMarseille 🙂 , restons encore un peu à Donostia, auprès des habitants de la ville, actrices et acteurs de la Tamborrada 2017.

Deux habitants de Donostia San Sebastián racontent l’importance que revêt pour eux la Tamborrada. Interview en espagnol. La traduction vient juste après le son.

Et voici la traduction :

« C’est beaucoup d’émotion, dans la ville, célébrer une époque de cette ville, transmettre ce souvenir au peuple, se souvenir un temps passé;
– c’est enraciné profondément à San Sebastián ?
oui, profondément, avec beaucoup de sentiment, d’émotion;
– pareil chez la jeunesse ?
oui, c’est quelque chose qui se transmet de génération en génération, c’est émouvant.
merci beaucoup »

« C’est une émotion, une tradition, c’est le jour le plus important de l’année
– vous avez ça dans le sang ?
oh, oui, jusqu’à la mort. »

Allez, quelques douceurs pour se quitter en beauté

img_1867

img_1868

img_1870

Ma première Tamborrada #1

img_1765
vendredi 20 janvier
la tête et le cœur en quête de fête
à l’heure où de l’autre côté de l’océan
l’affreux Donald
osait poser sa main sur la Bible
alors ai franchi la Bidasoa dans l’Euskotren

img_1939
puis ai promené mon enregistreur
dans les rues de Donostia San Sebastián
marché de la Concha sublime

img_1799
jusqu’au vieux quartier
et la Plaza de la Constitución
où depuis 1836 débute et s’achève la Tamborrada
la fête annuelle des gens d’ici
pour célébrer Saint-Sébastien le patron de la cité guipozcoane

img_1786

img_1842

img_1890

Pour en savoir plus sur cette fête, c’est par ici et par ici et aussi par ici .

Concha

Se glisser vers ton ventre
Concha ronde
s’avancer jusqu’à tes ourlets
deviner l’horizon
n’y croisent plus les pêcheurs de baleine
savaient s’enfuir si loin eux aussi
te saisir par l’écume
t’emporter vers les vagues géantes
se mêler à ton vacarme
savourer tes embruns
faire silence
Concha
et recommencer

Un bain dans la Concha, pour boucler octobre

 

Donostia San Sebastian. 31 octobre. Fond de l’air à 27 degrés. Marius et moi n’avons pas hésité. Nous sommes baignés dans la Concha et plutôt plein de fois qu’une. N’avons pas été seuls à savourer cet océan à 22 degrés. Beaucoup de jeunes enfants avec parents, de vieilles dames et d’adolescents. Ce fut sans doute le dernier bain de l’année… Le premier c’était le 22 janvier à la calanque de Suggiton. Dans une Méditerranée à 16 degrés… Lumière d’hiver un peu moins dorée que celle qui baignait Donostia hier après-midi.

IMG_4722

IMG_4757

IMG_4763

Un paseo por la Concha #2

En descendant vers le sable depuis la large promenade de la Concha, j’ai d’abord croisé deux baigneuses qui se rhabillaient et une famille de Péruviens avec chien. Et puis j’ai aperçu la silhouette d’un homme qui semblait chercher quelque chose dans le sable, casque sur les oreilles, détecteur de métaux et petite pelle à la main. Je me suis approché et la discussion s’est engagée avec Alberto Pardo Elizalde, 45 ans.

Pour traduire cet échange avec Alberto, je n’ai pas souhaité superposer ma voix à la sienne. Mon désir est que vous puissiez – tout comme moi – apprécier toute la saveur de la langue espagnole. La traduction, la voici :

– Que cherchez-vous ?

– Je cherche des pièces de monnaie sur la plage.
– Des pièces ? Combien ?
– Ce qui vient, ce que je trouve. Des euros surtout. Ces derniers temps, je viens souvent ici car je suis au chômage.
Ce qui se passe aujourd’hui en Espagne, c’est que nous sommes revenus au franquisme. Au pouvoir aujourd’hui, il y a les mêmes qui nous gouvernaient il y a 100 ans. C’est le retour du franquisme. Nous nous retrouvons dans les mêmes conditions.
Depuis 40 ans, ils nous volent. Ils ont liquidé les fondations de l’Etat. La fraude fiscale dépasse les plus de 80.000 millions d’euros par an et pendant ce temps, ils s’attaquent aux emplois, aux retraites, aux médicaments, à la santé, à l’éducation.
– Quelle solution pour que ça change ?
– La seule, c’est l’indépendance du Pays Basque et de la Catalogne. Que peut-on espérer d’un pays dans lequel il n’y a eu aucune enquête sur le demi-million de morts du franquisme ? Les responsables ont été protégés par tous les gouvernants du Partido Popular (PP).
Imaginez un pays comme l’Allemagne avec un gouvernement qui aurait protégé tous les criminels nazis ? Sans les condamner ni les juger ni les mettre en prison… C’est ce qu’il se passe chez nous.
– Rien n’a changé en Espagne ?
– Non, rien n’a changé. Il y a même des gens qui disent que c’est pire que sous Franco. Parce qu’à l’époque, il y avait UN Franco et aujourd’hui, plein de Franco.
Avant, les gens étaient pauvres. Ils n’avaient pas d’argent. Aujourd’hui, non seulement nous sommes pauvres, mais on nous saigne avec tous ces impôts.