La lumière baisse sur la ville te poses un peu sur un banc au bord du fleuve l’esplanade désertée à présent un tout jeune garçon approche en courant il montre le fleuve en criant à sa maman lasse elle semble peut-être la réveille-t-il plusieurs fois dans la nuit elle ne lui sourit pas avance la tête basse perdue dans ses pensées seule au monde le petit la regarde elle regarde le fleuve il saute et saute lui comme monté sur ressorts elle lui lance attention Xiao Xin 小心 littéralement Petit Cœur Xiao Xin facile à prononcer avec un ch tout doux dans le palais au début de chaque mot Xiao Xin facile à écrire facile à retenir le chinois est si touchant parfois petit cœur mon fils petit cœur il y a le fleuve juste en bas danger toi tu as aperçu un peu plus tôt la glaise brunâtre constellée de mégots de branchages d’herbes noires tomber là dedans pas tentant marée basse c’était sans doute comme le cœur de la maman le fleuve si tu le remontes tu verras la mer mon fils la mer oui avec des bateaux à prendre si sommes las des battements non-stop de cette ville si n’ai plus le cœur de m’accrocher mon fils je t’emmènerai oui irons voir ailleurs où coulent d’autres vies pas ce soir non trop tard bien sûr mon cœur mais bientôt oui tu aimeras j’en suis sûre te réveiller au bord de la mer regarder naviguer les bateaux là-bas à l’horizon vers l’Amérique toi Papet tu remontes vers le parc vas retraverser le fleuve longes les platebandes une chanson jolie s’échappe d’un baffle camouflé par une fausse pierre ne sais si elle plaira à la maman la chanson ni même si elle l’entendra lorsque elle quittera le fleuve son fils endormi dans les bras.
fleuve
Découvrir la Loire, les yeux fermés
Enfant de Marseille, j’ai toujours entendu parler du Rhône bien sûr. De ses Bouches aussi, bien sûr. Alphonse Daudet, le mistral qui dévale de là-haut le long de son lit et qui l’hiver, nous fracasse de froid. Moi qui adore tremper mes pieds dans l’eau vive – la mer, l’océan, le Lot, le Gave d’Oloron, le Lac de Sainte Croix, entre autres – je n’ai pourtant jamais mis les pieds dans le Rhône. Mais bon, pour prétendre me faufiler jusqu’aux rues d’Arles et Avignon, il m’a fallu l’approcher, ce grand fleuve. A chaque fois, j’avoue avoir marqué un temps d’arrêt devant sa majesté, sa largeur d’âme, son danger calme aussi.
Tout ça pour vous dire que depuis peu, j’ai approché un autre fleuve. Les yeux fermés cette fois-ci. La Loire, oui. La Loire si éloignée de mon univers de Marseillais et pourtant si présente désormais grâce à Radio Fañch, un blog remarquable dédié à la radio et tenu par un Breton du tonnerre. La Loire donc, la voici, racontée par Sophie Berger, qui l’a parcourue de la source à l’estuaire, à pied, sur 1.000 kilomètres jusqu’à Nantes la ville de son enfance. Extrait du documentaire diffusé ce dimanche 27 octobre par la RTBF, la radio publique belge.
[soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/116717233″ width= »100% » height= »166″ iframe= »true » /]
Pour prolonger le voyage en sons et en images, le blog de Sophie Berger
Radio Fañch, c’est ici.