Les arbres-plumes

arbres-plumes

Arbres géants qui côtoyez les vents
vos bras lancés en prière
sauriez nous dire comment
nous pourrions arrêter les guerres

Plumes hautes tanquées dans la chair de la terre
qu’avez-vous à raconter
qui apaiserait les blessés
les malmenés
les enragés

Arbres fiers plantés par la main de l’homme
qu’auriez-vous à chanter pour nous
qui ramènerait bientôt la paix pour tous
dans notre monde de fous

Plumes élancées rivées aux pentes sauvages
qu’auriez-vous à écrire
qui consolerait les endeuillés
les abandonnés
les niés

Arbres noirs serrés dans la froidure
tendus vers le clair du ciel
connaissez tant les larmes du monde
qu’aujourd’hui vous vous taisez

La baleine amoureuse

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Il était une fois une baleine blanche
lasse des misères subies
des harpons
des fusils
de tout ce sang versé
des deuils au cœur de l’océan
décida d’émigrer
vers notre terre mère
s’approcha en silence
de la misère blême
du théâtre des guerres
devint grise
se posa près du ciel
où s’enfuient les oiseaux
en appela un
lui déclara sa flamme
lui demanda son aile
pour s’échapper sans un cri
du monde laid des humains

Les ours blancs

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Les ours blancs nous regardent
en silence

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ils ont trouvé refuge
sur la vieille porte d’entrée en chêne massif
ils observent notre danse effrénée vers le néant
forêts
océans
nuages
notre intraitable marche vers le chaos
voudraient nous alerter
nous demander d’arrêter nos guerres
nos massacres
nos razzias

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muets les ours blancs
caressés de mes pauvres doigts
sur cette vieille porte d’entrée
où je viens clouer ma peine

On dénombre actuellement entre 20.000 et 25.000 ours polaires dans le monde, dont la survie ne tient plus qu’à une mince couche de glace.

 

Sans voix devant ces photos d’Alep

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Manu Brabo / AP

Je reste sans voix
face à l’horreur
de ces photos d’Alep

adolescent
je fus un jour à Buchenwald
muet déjà
face à l’indicible de l’Holocauste

de retour mon père me parla d’Hiroshima
du massacre des Indiens d’Amérique
il me raconta les guerres de religion
le goulag
la torture en Algérie
les doigts coupés de Victor Jara

un jour il me parla d´Oradour
de Gernika
plus tard je découvris Sabra et Chatila
Srebrenica

mon père me nomma aussi les hommes de paix
Gandhi
Martin Luther King
Mandela

et puis il me fit écouter Lennon
Dylan
et Jean-Sébastien Bach

aujourd’hui
je ne peux rien lire
rien écouter
sans avoir envie de pleurer
impuissant et honteux
devant ces photos d’Alep

il me faudra pourtant
je le sais
continuer à croire en l’humanité
parler d’amour à mes enfants
leur raconter les tragédies
leur nommer l’innommable
leur dire le martyre du peuple syrien
leur montrer les photos d’Alep
et espérer un monde de paix

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Ameer Alhabi / AFP Photo

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