Il serait temps

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Six mois déjà
Tourbillon de vide au-dessus des galets où tu as disparu
Ne parviens pas à l’approcher, ce vide
Reste les bras glacés
À l’arrêt
Il faudrait pourtant oser le frisson
Se décider à glaner parcelles de lumière
Tenter les ricochets sur l’étendue de l’abîme
Il serait temps

Six mois déjà
Parfois ta voix sourit à mes phrases
Comme un refrain de confiance
Une comptine d’enfance
Passe au ralenti
Démultiplie les graves
Souligne les contours évanouis
Il faudrait pourtant bercer le silence
S’accommoder de la portée déserte
Ranger le ressac
Il serait temps

Six mois déjà
Les chemins s’ouvrent sur les traces où tu demeures
N’arrive pas à suivre la boussole
Reste l’aimant figé
Les aiguilles bloquées
Il faudra bien pourtant tenter de passer
Se lancer vers les murmures des arbres
Y graver ton souvenir brûlant
Jusqu’au cœur du cœur de l’écorce
Il sera temps

Maman est partie pour la montagne

Deux mois jours pour jour que Maman est partie vers l’autre monde. Sur mon inacccessible chemin de deuil, ses mots m’accompagnent. Me réconfortent  tout autant qu’ils me dévastent. Maman continue de me parler. Chaque jour. Elle me raconte une nouvelle fois son amour pour la montagne. Je la verrais bien partie vers le Mont Fuji d’où elle nous regarde et nous accompagne de toute sa beauté. Avec tant d’humanité. Deux mois qu’elle s’est envolée. Sur l’inaccessible sentier de deuil où je chemine, résonnent  aussi les sublimes Suppliques aux morts d’Isabelle Parienté-Butterlin, publiés sur son site au bord des mondes. Voici un extrait de la Supplique 42

« … on marche, on s’arrête, on suspend sa respiration, on pense à vous, on inscrit ses gestes dans les vôtres, et ceux que vous nous avez racontés, dans lesquels il semblait que vous-mêmes inscriviez les vôtres, mais de cette hypothèse, on n’a pas confirmation, pourtant on ne comprend pas comment il pourrait en être autrement, on inscrit nos gestes, on les trouve maladroits, dans les vôtres, qui ne l’étaient pas, vous saviez, et ils avaient une sûreté que les nôtres n’ont pas … »Hokusai_GaifuKaisei_new

Le Fuji rouge dans une embellie.

Hokusai ( 1760 – 1849 )

 

« Belles bagues » demande : – c’est quoi un crochet tunisien ?

« Belles bagues », c’est Lucette. Ma Maman. Le surnom que lui ont donné ses copines de la Boutique Rétro d’Emmaüs Marseille Pointe Rouge. Elle adore aller y chiner le matin. Des années qu’elle y va. Une ou deux heures à chaque fois. Le temps de se procurer quelques tissus ou dentelles ou aiguilles à tricoter. Ou pelotes de laine. Angora ou pas. Le temps de dénicher – ou pas – un crochet tunisien. Maman

Toujours élégante, la Mamma.