Chaque matin que le ciel fait espérer
ou Dieu, qui sait ?
chaque lendemain que l’Univers nous offre
dans sa tragique splendeur
et sa cruelle misère
tu reviens
merle siffleur
parler depuis ta frêle branche
aux morts déjà morts et enterrés
peut-être aussi te poses-tu aussi pour apaiser les morts à petit feu que sommes
devant la laideur et la saleté du monde
joli merle chanteur
tu ne crains ni nos cris
ni nos haines
ni nos crachats
ni nos hontes tues
sous le ciel laiteux ou bleu ou sombre
non
de ton bec or orangé
tu lances en paix ta mélodie
et réponds avec grâce
à celle que désirent parfois
timides
t’offrir mes pauvres lèvres en pleurs
voudrais tant te rejoindre un jour en souriant
sur ta branche fragile
pour ressusciter à tes côtés
les visages
les voix
et les baisers
de ceux qui autrefois
malgré les cris les haines les crachats et les hontes
osaient eux-aussi encore espérer
des lendemains divins