Retourner aux bouleaux

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Je me languissais de vous, mes chers bouleaux. Tous ces mois sans vous approcher, vous caresser, vous parler, vous embrasser. J’ai repris le chemin de la montagne et vous ai retrouvés. Jamais ne vous ai confié ce secret : vous êtes mes arbres préférés.

Votre écorce blanche est douce comme la peau des bébés. Vos crevasses ressemblent à des visages aux yeux et sourcils mystérieux et aux rides légères. Souvent, les regards que vous lancez au promeneur semblent perdus, comme figés dans le deuil car nulle réponse ne tombe dans la forêt. Parfois, bouleaux chéris, les tatouages et les hiéroglyphes que vous offrez évoquent des cœurs, des sexes féminins ou des continents à explorer.

Je reviendrai bientôt vous saluer.

Peut-être y aura-t-il de la neige…

 

On the Nature of Daylight (Transcription pour violoncelle et orchestre) – Olivia Gay et l’ Orchestre national de Cannes

Hiver #9 Le temps du souffle d’un soupir

Le nez en l’air comme toujours. Prendre de la hauteur, loin du spectacle pesant d’ici-bas. Lancer le regard ailleurs, vers où se se profilent d’autres rêves possibles. En montagne, vers Gavarnie, il y a de quoi se les dessiner ces autres contrées, au-delà des cimes. Lambiner là-haut, au-dessus des bouleaux, des hêtres, des pins à crochets et des mélèzes.

Profiter de la voie laissée libre à l’avancée, puis constater que le voyage est bien éphémère, rattrapés que sommes par la traîne des jets intercontinentaux et l’inquiétante chaleur de février qui trimballe avec elle le souvenir des glaciers disparus. Revenir sur terre. Au ras des cairns, au fil des écorces et de la neige de début janvier encore en résidence mais lourde d’humidité.

Trouver une trace, soudain. Un isard sans doute descendu dans cette clairière. Peut-être est-il venu s’abreuver au Gave de Pau qui prend naissance ici. Vivace et chantant, le jeune homme glacé. Bien davantage que jadis à cette époque, lorsque les neiges ne se mettaient pas à rendre l’âme au milieu de l’hiver.

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Tourner le dos à l’amont. Serpenter dans les vallées. Redescendre. Croiser un berger et sa bergère auprès de leur troupeau de brebis. Juste le temps de se saluer qu’ils ont déjà disparu.

Elles sont de retour, les grues sauvages. À peine parties se réchauffer au sud du sud que les revoilà, en vol d’écrivaines sur les pages du ciel, tantôt grises, tantôt bleues tendre. Ne pas traîner pour en saisir la trace. Elles avancent sur un tempo si décidé les demoiselles, que leurs minuscules messages apparaissent aussi vite qu’ils s’effacent. Le temps du souffle d’un soupir, le concert monocorde de leurs cris et de leur calligraphie s’est évanoui.

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De retour à la maison, se connecter sur Radio Garden et filer jusqu’au Japon. Près de 4 heures du matin là-bas. Rechercher la station la plus proche du Mont Fuji. Trouver Odawara FM, en mode radio de nuit. Se laisser embarquer. Pop japonaise et jazz à foison. Souple. Prendre le temps d’en savourer chaque mesure.

 

 

But Not For Me – Chet Baker

En estive et Reclus

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Parfois, c’est vers les chemins de montagne que j’aimerais filer. Je prendrais mon bâton et accompagnerais les vaches et leurs pâtres en estive. Lorsque après des semaines il leur faudrait redescendre, j’écouterais leurs sonnailles s’échapper vers la vallée. Je resterais là-haut et grimperais jusqu’à la trace des glaciers évanouis, ces territoires disparus si joliment racontés par Élisée Reclus.

 

Le Glacier – Élisée Reclus (Histoire d’une montagne – 1875)

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Dans notre carnet des jours heureux

Plus de deux mois sans se voir, sans se parler autrement qu’au téléphone, sans rire ensemble. Arrive un jour beau où tout ceci devient lassant à force. Survient un jour béni où s’effacent les semaines de manque, où se gomme la distance pour se diluer dans un flot paisible d’instants à partager. Pour les savourer en beauté, avons choisi de randonner ensemble. Chacune et chacun sur son vélo équipé de la fée électricité. Ce fut une merveille de promenade en Hautes-Pyrénées. D’abord sur une voie verte, un ancien chemin de fer réhabilité, du côté de la Vallée des Gaves. Puis plus haut. Un peu plus haut. Tellement offerte à la splendeur qui nous entourait, cette escapade, que nous l’inscrivons dans le carnet des jours heureux. Au-dessus de nos silhouettes casquées, Le Cabaliros, le Viscos, le Hautacam. S’il vous plaît. Nous y revoir et nous réentendre pédaler, tranquilles, accompagnés par la paix de ces sommets.

 

L’air sent les foins et l’herbe coupée. Les maisons retrouvent du sourire aux façades. Les petits graviers crissent sous les roues. Un arrêt pour attendre les autres. La gourde sortie du sac à dos. Par là-haut, oui. Tu verras la vue qu’on a. Sentir la fraîcheur aux mollets aux passages à l’ombre. La route monte et tu lis Col d’Aubisque que tu gravis trois fois autrefois. Parlerons de Bahamontes plus haut. Toujours plus haut, l’Aigle de Tolède. Un virage et de l’herbe à hauteur de genou. Ici, c’est à main gauche. Le petit chemin mène à la chapelle. Dieu vous le rendra écrit sur la pierre blanche. Déguster le sandwich à l’omelette. Quelques noix de cajou. Un milan déploie ses ailes vers la vallée. Sa queue est échancrée. Une couleuvre se tortille à l’ombre d’une murette. Regarde, là-bas, le Pic du Midi. Des fontaines vivaces partout près des places. Refaire le plein des gourdes. Une bibliothèque de rue en face de l’arrêt de bus. Le soin accordé aux fleurs. Accueillir leurs couleurs. Mon Dieu, ce jaune pâle des roses. Les iris presque mauves. Les oiseaux ponctuent ton ascension. Voitures rares. L’entrée dans Gez-Argelès. Le village natal de Vincent. Une grande maison à la façade blanche. Plus loin en redescendant, la châtaigneraie aux kilos de cèpes en automne. Le champ pentu pour jouer au foot. Une enfance en regardant les cimes. L’école encore ouverte. Plus bas, fermées les mines de plomb et de zinc. Depuis des lustres. Allons voir ce petit lac, oui. Passage étroit. Avancer encore. Bientôt la redescente. Les freins font hiiii hiiii hiii. Jamais trop apprécié les descentes. Slalom comme au ski en soignant les courbes. Ouvrir le genou dans les virages comme Hinault. Retrouver le Gave de Pau et se poser pour déjeuner. Les tomates croque-sel. La tortilla. Le petit verre de rosé.

La promesse de se retrouver bientôt pour repartir ensemble.

Avant de se quitter, écouter Vincent chanter Bèth cèu de Pau.

 

Un thé à la menthe sans frontières

affichesmigrantsQuitter le métro station Noailles et juste à la sortie face au marché des Capucins tomber sur cette affiche les frontières tuent oui là-haut dans les Alpes tout près de nous imaginer le calvaire de ces jeunes migrants africains raconté ici être fier de la solidarité des gens de montagne guidés au quotidien par ce que leur dicte leur conscience leurs valeurs leurs principes souvent dans la crainte des gendarmes

vieuxportensuite descendre vers le Vieux-Port là où tout a commencé pour notre Marseille là où ses fondateurs phocéens choisirent de se poser après des jours et des jours de mer les mêmes qui pour construire la ville puisèrent dans l’antique carrière de la Corderie aujourd’hui dévastée endeuillée

accoulespuis aller saluer le clocher de l’Église des Accoules au pied de ce quartier du Panier où je passai les deux premières années de ma vie elle au moins personne ne va la menacer personne ne projette de la couper en morceaux pour vendre le terrain à un promoteur enfin mèfi quand-même Marseille regorge parfois de mauvaises surprises poursuivre la balade à travers les lieux familiers et m’asseoir devant un thé à la menthe dans ce café où je me plais à écouter les gens parler arabe

ne rien comprendre à ce qu’ils disent mais pas grave au contraire en capter les sons savourer les intonations deviner les humeurs les émotions de celles et ceux qui échangent ici en paix devant la même boisson que moi Marseillais comme moi frères et sœurs de la même cité qui n’en finit pas d’être blessée humiliée et de tenter de panser ses plaies comme elle peut

pizzaavant de m’en repartir une petite faim m’arrêter chez Charly où la pizza est une maxi-régalade me souvenir des mots de Jean-Claude Izzo sur le bonheur .

Juste assez

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Un jour peut-être approcher de la cime essoufflé juste assez pour braver le chemin étonné juste assez pour mesurer tes pas à l’échelle du monde un jour peut-être chasser le vertige éveillé juste assez pour goûter l’éphémère émerveillé juste assez pour te fondre dans le paysage.

Migrants mineurs : en montagne ou en mer, même calvaire

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Journée internationale des droits des enfants ce lundi pensée forte pour ces mineurs migrants africains abandonnés en montagne il y a dix jours dans les Hautes-Alpes au Col de l’Échelle près de Briançon ai découvert leur calvaire en écoutant ce reportage poignant et révoltant de Raphaël Krafft sur France Culture

Ce reportage a été diffusé vendredi dernier dans l’émission Le Magazine de la rédaction

Ne donnez pas à la mort le droit de dire le dernier mot, lançait Erri de Luca à la Maison de la poésie en avril dernier en évoquant le sort des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Ses mots valent également pour tous ceux qui empruntent plus au nord la voie de la montagne eux aussi au péril de leur vie.

Photo de ci-haut @RaphaëlKrafft

 

Shanghai est un retour

retour

Maintenant que tu redescends vers la vallée dans la voiture qui te ramène à la gare de Deqing assis devant à côté du chauffeur dont tu comprends à peine un demi mot dire au revoir à la montagne à l’heure où commence à se colorier de gris le paysage cette montagne qui se pare au fil des minutes des chauds habits du souvenir la pluie dès le petit jour tu l’as écoutée tapoter les toits cette nuit elle t’a bercé comme à la maison lorsque l’automne s’installe la pluie encore ce matin alors que tu petit-déjeunes de quelques crêpes sucrées un œuf dur un peu de raisin et un thé brûlant dans un grand verre les feuilles flottent et tournoient vers le fond c’est joli cette danse des feuilles joli comme le caractère de thé en chinois 茶 Chǎ se prononce tcha comme tcha du tcha tcha tcha en descendant la voix puis la remontant allez un petit café du soluble et au lait c’est bon aussi et tu descends découvrir le bas du village marcher vers les petits jardins aux parcelles soignées un vieil homme au chapeau pointu bêche sa parcelle tu vas le saluer il te salue aussi en souriant il lui manque plein de dents tu n’oses le déranger avec des questions que tu ne sais pas bien poser du tout puis longes un gros ruisseau bordé de passerelles un petit héron blanc s’envole les pattes frêles bien jointes c’est touchant il a pris peur le bruit de tes pas croises quelques poules et leur coq tout trempés aperçois un bâtiment avec une énorme étoile rouge en haut de sa façade mais pas de faucille ni de marteau demande tant bien que mal ton chemin vers le temple bouddhiste Tianquian tu veux à tout prix le voir tu te sens toujours si bien sur les lieux de prière et de recueillement mets du temps pour le trouver sur les hauteurs du village enfin le voilà coincé entre deux arbres géants il te semble désaffecté ce temple lorsque tu grimpes les marches de pierre juste un toit de cinq six mètres de long posé sur une charpente couleur châtaigne il est bordé de deux murs aux parois jaunes quatre lanternes rouges et rien de plus pas beaucoup de place pour prier peut-être rares sont les gens du village qui croient encore en Bouddha tu ne sais pas en fait pourtant un peu plus haut délaissé près des feuillages un autel comme une petite pagode l’intérieur est constellé de tiges d’encens brûlé une forêt rouge miniature quand est-on venu se recueillir ici pour la dernière fois tu retournes sous le temple et ferme les yeux et pense aux disparus qui en toi vivent encore si intensément pries à ta façon comme toujours à leur repos et leur paix puis repars vers les futaies de bambou et les maisons aux jardins en désordre trempés certains envahis de planches de briques de gravats une rose rose dépasse d’un grillage les pétales en larmes et à présent c’est le retour qui te happe tu es dans le temps présent fonçons vers la ville le chauffeur roule très très vite tu lui fais comprendre que tu as le temps pour ton train qui te ramène à Shanghai il lève un peu le pied mais pas longtemps te montre les champs de thé Chǎ Chǎ tu le comprends il te dit qu’il aime bien en boire de ce thé de montagne la nuit s’installe sur la route la campagne défile maintenant et bientôt les premiers quartiers de Deqing tu traverses la ville très sombre et te voilà en gare devant un immense panneau lumineux où cohabitent horaires des trains des deux côtés et au milieu clip vidéo de propagande pour le gouvernement et publicités pour parfums et voitures tout ça défile et s’enchaîne en boucle personne ne semble regarder indifférents les voyageurs ils en subissent sans doute beaucoup des clips et des pubs à longueur de journée c’est comme en France même lassitude de ce matraquage pour les marques et pour le pouvoir même si chez nous la propagande est plus masquée bref un hall à fuir volontiers lorsque arrive l’heure de ton train un long couloir mène sur le quai peu éclairé très long lui aussi comme le train qui déboule phares jaunes percent la nuit dans moins de deux heures Shanghai les petits dormiront bien sûr il y a école demain tu attendras samedi Papet pour leur montrer tout heureux tes photos de la montagne du train à grande vitesse et leur faire écouter la musique de la pluie et le chant des grillons dans la forêt.

Shanghai est un rêve de montagne

 

Je rêve souvent de montagne de campagne depuis quinze ans que je viens en Chine retrouver Noémie ma fille aînée au fil de son parcours Pékin Shenyang Shanghai je rêve souvent de champs cultivés de paysans d’arbres de forêts de sommets mystérieux à contempler en levant la tête aller marcher là-bas où la Chine se construit aussi à son rythme loin de la frénésie du gigantisme des grandes cités jusqu’à hier la faute à mon chinois bien trop maigre n’avais jamais osé me lancer vers ce rêve aujourd’hui je me réveille entouré de bambous dans un village perdu sous la bruine où l’on ne parle que chinois rêve éveillé d’abord très tôt hier-matin la gare de Honggiao géante à l’ouest de Shanghai déjà une aventure en soi direction le sud un peu après Hangzhou une heure et demie de TGV jusquà Deqing puis taxi vers les hauteurs de Moganshan la montagne est là petit crachin à l’arrivée poser le sac à l’auberge et sans tarder filer vers le sentier qui s’enfonce parmi les bambous un paysage tout en lumière blanche et grise comme sur ces estampes maintes et maintes fois contemplées avec ces merveilles de légendes écrites verticales indéchiffrables bien sûr mais tellement délicates mystérieuses imaginer le pinceau du peintre tracer chaque trait un ballet souple et réglé au millimètre près la passion de Chinois pour la calligraphie est palpable partout passent des heures à tracer un seul caractère reprennent tant que l’équilibre n’est pas parfait tu en as vu en écrire à l’eau sur les dalles de pierres des parcs à Shanghai et bavarder échanger sur tu ne sais quoi tu ne comprenais pas mais sans doute sur l’art d’écrire avec des promeneurs à l’arrêt soudain auprès de l’oeuvre éphémère là parmi les bambous tu frôles de la menthe sauvage en larges bouquets une abeille butine savais pas qu’elles appréciaient la menthe les demoiselles au costume noir et bouton d’or tu aperçois des pins un peu plus haut ils ont trouvé leur place dans le paysage eux aussi tu penses fort à ton amoureuse à nos promenades paisibles parmi les arbres de chez nous tu penses aussi à Laulo ton ami cher il en connaît beaucoup lui il sait les nommer tous ou presque les arbres leurs vertus aussi leurs bienfaits il initie les autres à l’univers des arbres et tu avances sous la bruine mèfi ça glisse un peu sur les pierres du sentier la boue aussi marcher sur les côtés dans l’herbe moelleuse tu te retournes et n’aperçois plus les maisons la saveur d’être loin tu montes les grillons t’accompagnent ne craignent pas la pluie ensuite la pente dans l’autre sens serpente à certains endroits des entassements de bambous gros et longs comme ça tu n’en as jamais vus les Chinois construisent leurs échafaudages avec impressionnant à droite une demeure qui ressemble à une bergerie ça sent la crotte de mouton un chien veille attaché à une chaîne rouillée il aboie tu passes en accélérant un peu et au virage suivant tu surplombes un village étalé au fond d’une petite vallée des champs à l’entrée personne dessus il pleut ils y étaient sans doute ce matin les paysans la terre a été travaillée traces fraîches une petite rivière sous un pont tu prends à droite vers les hauteurs désert ce village il te semble et puis non une vieille dame balaie devant la porte de sa remise deux hommes un peu plus haut montent une murette avec des briques et du ciment ils fument une famille de canards prend peur en t’apercevant ils accélèrent vers la rivière tu stoppes ne veux pas les effrayer finiront-ils dans une assiette ici le végétarisme est juste une utopie tellement carnivores les Chinois la route prend de la pente avant les dernières maisons un homme en bleu de travail et chapeau pointu un gros seau à la main tu le suis curieux je suis curieux je reste où va-t-il alors que la route monte vers la nature tu le rejoins le salue Nihao Nihao il est un peu surpris et me demande d’où je viens la France ah vous êtes Français puis il te montre l’intérieur de son seau bifurque vers la gauche et descend sur un minuscule sentier vers un grand poulailler en contrebas il va nourrir ses poules elles sont une bonne vingtaine il y a des canards aussi il est très attendu tu les entends caqueter puis tu écoutes la pluie tapoter les feuilles et l’herbe il remonte tu lui demandes s’il n’a pas pris d’oeufs il y a des œufs il te répond mais tu ne les vois pas dans son seau et là tu ne sais pas préciser ta question ton chinois est encore trop rudimentaire Papet alors comme tu as envie de continuer à parler tu lui demandes s’il travaille au village s’il est cultivateur Nóngmín tu as appris ce mot en même temps qu’ouvrier Gōngrén il te répond que oui il cultive la terre ici et puis tu ne sais pourquoi te vient le mot neige à l’esprit peut-être une pensée tendre transmise par Maman qui aimait tant la montagne enneigée Xuě neige Xǔe tellement doux à prononcer ce mot comme un chuchotement et puis le caractère est si joli 雪 tu veux savoir si l’hiver il en tombe beaucoup ici il te montre son genou en souriant Hěn Dūo beaucoup beaucoup elle arrive jusqu’à mon genou et en France aussi beaucoup de neige il te demande tu lui dis qu’en France nous avons deux grandes montagnes où il neige beaucoup aussi mais tu ne sais dire ni Alpes ni Pyrénées te faudra les apprendre ensuite repartir vers le village d’un pas lent continuer à parler il a soixante sept ans il s’appelle Jin une photo ensemble et il te dit au-revoir et rente chez lui en agitant sa main comme un enfant tu avances vers le bas du village t’arrêtes devant une usine désaffectée avec une cheminée en briques bistre et des hangars désertés des villageois y fabriquaient des produits alimentaires à base de bambou en Chine aussi on ferme des usines où donc sont partis tous les ouvriers qui travaillaient ici tu te demandes puis le jour commence à baisser tu ne veux pas te faire surprendre par la nuit qui tombe tôt ici à dix-sept heure trente et tu repars vers la forêt de bambou tout heureux de la rencontre avec ce paysan fugace moment mais beau tu en rêvais depuis si longtemps et c’est ce qui importe le plus avec l’amour à donner dans la vie de chacune et chacun aller vers où naviguent ses rêves.

Te retrouver ici et là-haut

 

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C’est donc ainsi
encore une année sans toi
la troisième
en naîtront d’autres où tu vivras encore
chaque jour et chaque nuit

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retournerons à la mer
sur ces rochers qui se souviennent
de la femme que tu fus
de l’enfant que j’étais
des baignades et des embruns
des gabians et des crabes
des aubes et des midis et des crépuscules
à écouter ensemble

 

nous repartirons aussi en montagne
approcherons des sommets
monterons marcher dans la neige

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prendrons le temps de retrouver ces lacs
qui gardent en mémoire
le reflet de ton regard émerveillé
face aux silence des cimes

 

 

 

encore une année sans toi
mais chaque seconde de ma vie
te nomme et te ressuscite
c’est donc ainsi