Un paseo por la Concha #2

En descendant vers le sable depuis la large promenade de la Concha, j’ai d’abord croisé deux baigneuses qui se rhabillaient et une famille de Péruviens avec chien. Et puis j’ai aperçu la silhouette d’un homme qui semblait chercher quelque chose dans le sable, casque sur les oreilles, détecteur de métaux et petite pelle à la main. Je me suis approché et la discussion s’est engagée avec Alberto Pardo Elizalde, 45 ans.

Pour traduire cet échange avec Alberto, je n’ai pas souhaité superposer ma voix à la sienne. Mon désir est que vous puissiez – tout comme moi – apprécier toute la saveur de la langue espagnole. La traduction, la voici :

– Que cherchez-vous ?

– Je cherche des pièces de monnaie sur la plage.
– Des pièces ? Combien ?
– Ce qui vient, ce que je trouve. Des euros surtout. Ces derniers temps, je viens souvent ici car je suis au chômage.
Ce qui se passe aujourd’hui en Espagne, c’est que nous sommes revenus au franquisme. Au pouvoir aujourd’hui, il y a les mêmes qui nous gouvernaient il y a 100 ans. C’est le retour du franquisme. Nous nous retrouvons dans les mêmes conditions.
Depuis 40 ans, ils nous volent. Ils ont liquidé les fondations de l’Etat. La fraude fiscale dépasse les plus de 80.000 millions d’euros par an et pendant ce temps, ils s’attaquent aux emplois, aux retraites, aux médicaments, à la santé, à l’éducation.
– Quelle solution pour que ça change ?
– La seule, c’est l’indépendance du Pays Basque et de la Catalogne. Que peut-on espérer d’un pays dans lequel il n’y a eu aucune enquête sur le demi-million de morts du franquisme ? Les responsables ont été protégés par tous les gouvernants du Partido Popular (PP).
Imaginez un pays comme l’Allemagne avec un gouvernement qui aurait protégé tous les criminels nazis ? Sans les condamner ni les juger ni les mettre en prison… C’est ce qu’il se passe chez nous.
– Rien n’a changé en Espagne ?
– Non, rien n’a changé. Il y a même des gens qui disent que c’est pire que sous Franco. Parce qu’à l’époque, il y avait UN Franco et aujourd’hui, plein de Franco.
Avant, les gens étaient pauvres. Ils n’avaient pas d’argent. Aujourd’hui, non seulement nous sommes pauvres, mais on nous saigne avec tous ces impôts.

Obrigado Jean

J’ai reçu hier un cadeau très touchant de mon ami Jean Bernard. Une petite carte postale sonore envoyée du Portugal. Précisément de l’Algarve, dans le sud de ce pays du bout de l’Europe. La région est très verte avec beaucoup de champs d’orangers et de citronniers. Et puis il y a l’océan, bien sûr. Cet océan raconté par Jean, sur l’une de ces plages aux noms de rêve comme celle de Praia da Falésia.

Obrigado Jean,  pour cette carte sonore venue d’un pays où je n’ai encore jamais usé mes semelles et qui m’évoque l’Ode Maritime, l’immense poème de Fernando Pessoa, dédié à la mer – plus de 1.000 vers – et publié en 1914 sous l’hétéronyme* d’Alvaro de Campos. Extrait
« Ah, les paquebots, les charbonniers, les navires à voile,
Se raréfient, pauvre de moi !  les navires à voile sur les mers !
Et moi, qui aime la civilisation moderne, moi qui baise
   de l’âme des machines,
Moi l’ingénieur, moi le civilisé, moi élevé à l’étranger,
J’aimerais n’avoir encore sous les yeux que des voiliers
   et des bateaux en bois,
Ne connaître d’autre vie maritime que l’antique vie des mers !
Parce que les mers anciennes sont la Distance Absolue,
Le Lointain pur, libéré du poids de l’Actuel …
Et, las !  Comme tout ici me remémore cette vie meilleure,
Ces mers, plus vastes, parce qu’on y naviguait plus lentement,
Ces mers mystérieuses parce que moins connues … »
Fernando Pessoa ( 1888 – 1935 )
 

 

L’océan à Seignosse

Se mettre en maillot de bain fin octobre ! Nous avons vécu ce grand moment en famille hier après-midi sur la plage de Seignosse, dans les Landes. Face à l’océan déchaîné, mais pas suffisamment démonté pour nous dissuader d’approcher les vagues et de goûter le plaisir d’être aspergés, nous avons savouré le spectacle.
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Dans le phare de Biarritz

Hier après-midi, avec ma compagne Chantal, au terme d’une belle balade le long de l’océan, nous avons grimpé tout en haut du phare de Biarritz. Cinq petites minutes d’ascension à l’intérieur de l’édifice et au bout des 248 marches, un point de vue grandiose qui embrasse du sud des Landes jusqu’aux Pyrénées… et aussi, un peu de vertige…
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Le phare de Biarritz est l’un des 3 phares des Pyrénées Atlantiques avec ceux de Socoa et de Saint Jean de Luz. Construit de 1830 à 1832 sur le sommet de la falaise de la pointe Saint-Martin qui domine la ville. Il figure sur la liste des monuments historiques depuis 2009.
 Le gardien du phare aime trop les oiseaux
Des oiseaux par milliers volent vers les feux
Par milliers ils tombent par milliers ils se cognent
Par milliers aveuglés par milliers assommés
Par milliers ils meurent.

Le gardien ne peut supporter des choses pareilles
Les oiseaux il les aime trop
Alors il dit tant pis je m’en fous
Et il éteint tout

Au loin un cargo fait naufrage
Un cargo venant des îles
Un cargo chargé d’oiseaux
Des milliers d’oiseaux des îles
Des milliers d’oiseaux noyés.

Jacques Prévert (1900 – 1977)