De retour sur des feuilles volantes #2 L’orage est là

Maman écrivait, oui. Je vous le racontais ici l’autre jour. Aujourd’hui, envie de partager ce court poème que lui inspira un souvenir ancien.

L’orage

Nuage noir zébré de feu, colère des cieux 

Visage sombre, mains levées, poings fermés, tables renversées, vaisselle cassée,

Les larmes coulaient

C’était dans le temps mais encor j’entends, mais encore je vois, quand l’orage est là. Lucette

Cette image a été conçue par l’artefact génératif DALL-E. Aurait-elle plu à Maman ?

(à bientôt !)

Orage et un espoir

éclair

 

Comme l’autre jour avec les hirondelles, il m’a fallu être très patient pour réussir à capter l’un des éclairs qui ont zébré le ciel de la ville. Cette photo a nourri en moi l’espoir de gros orages. Pas de ceux qui tuent mais de ceux qui me laissent tremblant derrière la vitre, en me souvenant des délicieux coups de tabac d’autrefois, l’été à la campagne, lorsque la maison vibrait et avec elle toute la rue, tout le village.

 

Un orage porte-bonheur

DesOloésLeLivre

Ce fut un orage majuscule. Hier, à peine sorti de chez le libraire, avec en main Des Oloés, le livre d’Anne Savelli tant attendu, gros grains, éclairs et tonnerre m’ont cueilli et accompagné jusqu’à la maison. Il s’est un petit peu trempé, l’ouvrage. L’ai protégé en vitesse du tissu de mon boubou orangé, mais les gouttes de pluie tiède ont baptisé sa couverture. Une fois rentré, l’ai essuyée avec le premier bout de tissu rencontré, mon Bleu de Chine laissé sur un fauteuil. Ensuite, pour poursuivre la cérémonie de baptême, je suis monté à la chambre enregistrer l’orage qui avançait sur la ville et avait commencé à tremper le parquet. Voici gravé le souvenir vivace de ce porte-bonheur.

 

Anne Savelli publie ce livre chez Publie.net.

Le site de Joachim Séné dédié aux Oloés du monde entier.

Shanghai est un orage

orageshanghai

Il fait exprès le ciel de te déranger juste au moment où tu te glisses enfin paisible dans le sommeil la chambre s’illumine par saccades comme un doux feu d’artifice sans le son des éclairs très haut tu aperçois leur lueur à travers les rideaux tu te lèves pour ouvrir la porte-fenêtre toujours aimé l’orage depuis tout minot aux premières loges tu veux te poser ces éclairs ne se dessinent pas dans le ciel comme en Provence l’été non c’est un jaillissement de lumière diffus en cascade au-dessus des toits le tonnerre en approche les bambous frissonnent en bas et les grillons poursuivent leur vie de grillons cri cri cri ils se parlent ils ornent la nuit de leur leitmotiv en boucle délicat ce son que le vent vient un peu masquer à présent et le tonnerre aussi qui se rapproche il accompagne la lumière qui se promène en un long défilé et petit à petit tu entends la pluie frapper les immeubles d’en face puis la rivière en bas puis les saules pleureurs et les bambous et maintenant c’est le déluge par vagues il arrive et embrasse la ville une avalanche de gouttes sur le caillebotis tu en prends sur les pieds restés dans l’entrebâillement de la porte-fenêtre tiède cette pluie tu voudrais la boire mais tu n’oses pas te lancer sur la terrasse sous les éclairs cachés derrière la couche de nuages alors tu écoutes et la musique de la pluie te berce et tu rentres te remettre au lit car tu sais qu’après ces jours de jetlag le sommeil à Shanghai ne se refuse pas même si tu ne résistes pas à garder encore quelques secondes les yeux ouverts avant que l’orage poursuive sa symphonie jusque dans tes rêves de Papet.

Rêve d’orage

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Rêver d’orage
deviner le sombre
masqué par le doré
laisser grandes ouvertes les fenêtres
à peine clore les volets
laisser retomber le poids des heures
leur fureur comme leur vacuité
s’allonger et fermer les yeux
écouter le tonnerre approcher
l’entendre passer aux ras des toits
comme un avion de guerre
attendre un orage de paix

Une paisible touche blanche

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Face au grand phare
désormais déserté des hommes
vigie cachée au loin en pleine lumière
prendre son temps
à pas de tortue
s’accrocher aux rochers
fouiller au cœur de ses plumes
et tenter d’écrire le présent
comme sur une île vierge

ne redouter ni l’orage possible
ni la tornade qui menace
oser faire face
avec le chaud du dedans
orner le futur offert
d’une paisible touche blanche

 

Orage, orage

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Agité par la fièvre
ai sursauté lorsque
le volet a claqué
lumière sombre
éclair lointain
pas froid dans la ruelle
mais
le tonnerre, soudain
puis un orage de grêle
à faire fuir les tourterelles

me suis souvenu de ce merveilleux orage
capturé par Félix Blume en Bolivie
à plus de 5.000 mètres d’altitude
au sommet du mont Chacaltaya

redescendu sur terre
ai béni dame Nature
et suis reparti chasser ma fièvre
en espérant d’autres éclairs
d’autres coups de tonnerre
pour bercer mes heures solitaires

A cappella

crépuscule1904

Le déluge dehors a cappella
les gouttes comme des poings sur l’horreur du jour qui part
tapent les tuiles par vagues d’exil
tambour de pluie en larmes
tonnerre colère misère partout
les gouttières débordent et déferlent au ras des façades repues

entrouvre la fenêtre
frissonne
besoin d’éprouver le vent du large
arrive de l’océan par les cimes sombres, là-bas
affole la girouette rouillée
caps perdus en route
boussoles noyées
complies égarées

à peine le temps de remplir poumons
le temps d’y croire encore un peu
l’orage est passé à travers la buée du crépuscule

voudrais un déluge de neige maintenant
neige neige neige a cappella je murmure
peindre l’avenir en silence
reprendre une page vierge de prières.

Chant grégorien de l’Abbaye de Fontfroide – Complies cisterciennes

Image : Crépuscule – Félix Vallotton – 1904

L’orage sur le Massif de Marseilleveyre

Il est arrivé du sommet, juste en face du balcon de l’appartement de Papa. Le Massif de Marseilleveyre a offert son large corps au tonnerre. Et puis la pluie s’est abatttue sur les arbres en contrebas. J’ai eu envie que cet orage dure et dure encore. Toute la nuit. Hélas il s’est assez vite déplacé vers le large. Comme souvent à Marseille, la pluie ne s’est pas éternisée.

Stabat Mater sous l’orage

Pas arrêté de pleuvoir ce lundi. À peine mis le nez dehors pour aller chercher le pain. Sinon, ai écouté la pluie taper sur les tuiles, retrouvé le Saleys bourdonnant et me suis passé et repassé le Stabat Mater sous l’orage du compositeur estonien Arvo Pärt. Je ne sais pourquoi j’ai songé à ce Fuji sous l’orage, précisément L’orage sous le sommet de la montagne, l’une des Trente-six vues du mont Fuji du grand maître Hokusai. Et puis j’ai fait une découverte, le Salve Regina du même Arvo Pärt.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=f1CNNf9iU9Y]

En écoutant ces merveilles, ai pensé qu’elles étaient un beau prolongement de mon billet sonore d’hier. Me suis dit aussi que Maman aurait aimé ces voix et cette musique posées au bord du monde et au pied du majestueux Fuji, la montagne sacrée de mes amis japonais.