Livres de ma vie / B comme Bruegel #4

La Fenaison. La campagne en été. Les travaux des champs. Hommes, femmes et bêtes. Les origines. Les racines communes. C’est comme si Bruegel nous faisait entendre leurs gestes en nous reliant à nos ancêtres paysans. Paysage où règne la paix. Horizon dégagé ouvert sur d’autres contrées peuplées de gens de la terre. On se prend à imaginer que la rivière nous entraine vers la mer. Ces travailleurs des campagnes ne la connaîtront sans doute jamais.

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R comme Reportage

« Bruegel est comme un journaliste qui ferait un reportage en images. Dans les campagnes, l’œil aux aguets, il observe les paysans qui travaillent puis, de retour dans son atelier, il peint des scènes qui racontent la vie des gens de son temps. Il ne cherche pas alors à inventer des histoires mais à décrire les choses telles qu’elles sont.

Un jour, un riche amateur d’Anvers lui passe une commande qui lui fait grand plaisir : une série de tableaux représentant les saisons pour décorer sa maison. Bruegel peint la fin de l’hiver lorsque tout est humide et sombre et le début de l’été quand les fruits sont si bons, il peint l’été doré des moissons et la venue de l’automne. Il peint l’hiver tout blanc et le froid et la glace.

À chaque saison sa couleur : jaune pour le plein été, bleu pour le printemps, brun pour l’automne. Ici pour ce radieux mois de juillet, l’un des six panneaux peints par Bruegel, c’est le vert qui domine ».

Fenaison

Copyright @ Réunion des Musées Nationaux. Collection dirigée par Marie Sellier

Livres de ma vie / B comme Bruegel #3

Les Mendiants. Affreux et abandonnés. Esseulés déjà en ces temps reculés. Rien ne change. Contemporains donc ces estropiés. Tant et tant croisés dans nos villes. Les guerres et la misère ne cessent de lâcher leurs terribles semailles. Siècle après siècle. Nos indifférences demeurent. Tableau universel. Le seul de Bruegel conservé au musée du Louvre à Paris.

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M comme Mendiants

« C’est une toute petite peinture, à peine plus large qu’une page de ce livre. On y voit cinq mendiants, cinq estropiés dans un petit jardin en friche. Ils sont déguisés. Ces tuniques piquées de queues de renard, ces chapeaux de carnaval, c’est sans doute pour attirer l’attention des gens : « S-il vous plaît, Monseigneur, une petite pièce, pour un pauvre cul-de-jatte ! »

Derrière les mendiants agglutinés, derrière la femme qui trottine vers la droite, une assiette à la main, une allée s’échappe vers un porche. Au-delà, on découvre des arbres au feuillage argenté, un coin de ciel bleu… Comme si Bruegel avait voulu opposer l’univers des hommes, imparfait, torturé, à la nature si sereine, si parfaite. La folie de l’un à l’harmonie de l’autre. »

Mendiants

Copyright @ Réunion des Musées Nationaux. Collection dirigée par Marie Sellier

Livres de ma vie / B comme Bruegel #2

La chute d’Icare. Un tableau ouvert comme un continent. Des hommes au bord d’un monde connu. La campagne et la mer. Ce monde me parle. Comme familier il est. Le laboureur derrière son cheval. Le regard fixé sur le soc et le sillon à naître. Le berger rêveur. Les yeux au ciel tandis que ses moutons paissent comme au bord d’une falaise. La caravelle. Voiles arrondies de vent. Coque géante et à quelques vaguelettes de là, deux jambes roses. Les jambes d’Icare. Du personnage mythologique, Bruegel ne nous montre que les gambettes. Noyade ? Nul ne le sait. Ce simple détail compte peu en fait, face à la beauté du monde. Les îles au loin, l’horizon, le soleil levant, d’autres bateaux et au-delà, une cité. Un port où vivent et travaillent d’autres hommes. J’ignore pourquoi mon regard a peu voyagé vers la droite du tableau. À peine aperçu le pêcheur. Ai imaginé les montagnes blanches comme un iceberg monstrueux. Quant à Icare…

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I comme Icare

« D’abord, on ne voit qu’un laboureur qui travaille avec application, indifférent au paysage qui l’entoure. Le jour se lève à l’horizon, une brise légère gonfle les voiles du navire… Tout est calme et splendide. Mais comme ce tableau est intitulé La chute d’Icare, on cherche Icare ! Où est-il ? Où est l’homme-oiseau, le premier fou volant qui réussit à s’élever dans les aires avec des ailes de plume et de cire ?

On découvre le berger qui rêve en gardant ses moutons, le pêcheur sur la berge qui lance de nouveau sa canne. Et puis soudain on voit ces jambes qui s’agitent, cette main, ces plumes qui tourbillonnent. Le voici, Icare ! À trop vouloir s’approcher du soleil, il s’est brûlé les ailes. La cire a fondu et il est tombé. C’est la fin de l’aventure que Bruegel a choisi de peindre, comme pour dire : « Voilà à quoi mène l’orgueil ! »

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Copyright @ Réunion des Musées Nationaux. Collection dirigée par Marie Sellier

Découper, coller, peindre, c’est sa vie

Corinne Attali est une artiste singulière. Ses collages et ses peintures naviguent depuis quelques semaines sur Twitter. Ils en illuminent le flot et à chaque fois, c’est une invitation au voyage, l’on se prend à rêver. Mozart, Bach, Barbara, Ferrat, Chopin et bien d’autres l’accompagnent dans son atelier inondé de soleil. Elle raconte qu’elle crée tout le temps quantité d’oeuvres. Elle confie que ces oeuvres l’envahissent toute entière et la débordent par manque de place. Corinne Attali se dépeint comme un ovni, ignorant d’où lui vient cette frénésie créative depuis maintenant un bon quart de siècle. J’avoue être séduit par son audace, sa poésie et son talent de coloriste. Son imagination de découpeuse-colleuse. J’adore notamment ses élégantes Japonaises et ses images d’Afrique. Si tristes et si joyeuses aussi parfois. Je suis sensible à l’allure paisible de ses longues femmes. Ses natures mortes riches en théières me charment. Je retrouve des touches de Matisse, de Modigliani et de Cézanne dans cette artiste à la créativité foisonnante. Corinne Attali, vous pouvez l’approcher d’un peu plus près par ici.

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Van Gogh et Artaud à la radio

Extrait de La Dispute, hier-soir sur France Culture, de 21H à 22H. J’ai adoré la fougue et la passion qui portaient le propos de Corinne Rondeau. Elle évoquait Vincent Van Gogh et Antonin Artaud réunis dans une exposition au Musée d’Orsay à Paris, à partir du texte Van Gogh le suicidé de la société, qu’Artaud écrivit en 1947 et autour d’une quarantaine de tableaux de celui dont Artaud disait qu’il était « le plus peintre de tous les peintres« . L’intégralité de l’émission proposée par Arnaud Laporte, c’est par ici.

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La nuit étoilée (1889)

456px-Van_Gogh_-_Selbstbildnis_mit_verbundenem_OhrAutoportrait à l’oreille coupée (1889)

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Vincent Van Gogh japoniste.

Sacha Guitry raconte Auguste Renoir

RenoirJ’ai découvert ce matin grâce à Didier Beaujardin, l’un de mes amis numériques, qu’il y a 94 ans jour pour jour – le 3 décembre 1919 – disparaissait Auguste Renoir, l’immense peintre impressionniste. Je n’oublie pas que Renoir fait partie des nombreux artistes dont mon Papa me fit découvrir les oeuvres lorsque j’étais enfant : Van Gogh, Monet, Manet, Modigliani, Soutine et donc Renoir notamment. A la maison, les livres d’art ne manquaient pas. Nous les ouvrions souvent ensemble le dimanche. C’était un émerveillement. Aujourd’hui, pour accompagner en sons ce souvenir, voici un document signé Sacha Guitry, qui au début du XXème siècle filma avec une caméra amateur les grands artistes qui rendaient visite à son père. C’est une spéciale dédicace à Didier Beaujardin et à mon Papa.

Sacha Guitry évoque Renoir, en images

A la rencontre d’Auguste Renoir

Auguste Renoir a franchi toutes les frontières. Le voici raconté en espagnol.

L’Estaque de Braque, tableau sonore

Il y a près de trois semaines, nous découvrions ici la voix du peintre Georges Braque grâce à Chroniques sauvages une émission de la Radiodiffusion Française en 1951, chroniquée par Radio Fañch. Aujourd’dui, pour prolonger cette découverte, voici un document sonore réjouissant : une toile du maître, L’Estaque, racontée avec finesse, à l’initiative de la « Réunion des musées nationaux – Grand Palais », jeune établissement public créé en 2011.
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Vous en redemandez ? Moi aussi. Autre « tableau sonore » de Braque : A tire d’aile
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La page dédiée à la rétrospective Georges Braque proposée au Grand Palais – à Paris – jusqu’au 6 janvier

La voix de Georges Braque

J’ai découvert récemment sur la Toile un passionné de radio. Il se prénomme Fañch. Il est Breton, a écouté ses premières émissions sur les genoux de sa grand-mère et tient un blog à la fois sensible et pointu, Radio Fañch. Ce qu’il aime, c’est la radio de qualité. Cette radio qui prend le temps de donner la parole, de laisser la place aux silences, de raconter des histoires. Une radio qui donne à entendre des voix et des sons du monde. D’aujourd’hui comme d’antan. De ces voix qui restent et resteront uniques. Présentes à jamais. Hier-soir sur Radio Fañch, j’ai été happé par un document sonore – Braque, l’ermite de génie. – signé du regretté Robert Arnaut, l’un des très grands noms de Radio France. De sa voix chaude et paisible teintée d’une pointe d’accent occitan, Robert Arnaut retrace et commente l’oeuvre du peintre, créateur du cubisme. L’émission s’appelait Chroniques sauvages. Allez vous plonger dans ce merveilleux document sur Radio Fañch.
Et pour vous mettre en bouche, tenez, voici la voix du maître, Georges Braque, interrogé en 1951 par Alain Trutat sur la Radiodiffusion française. Extrait
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Début août, Fañch rendait hommage à Robert Arnaut
Télérama présente la rétrospective Georges Braque au Grand Palais à Paris jusqu’au 6 janvier 2013. Près de 240 oeuvres y sont exposées.

La peinture dans le poste

J’aime la radio. Surtout lorsqu’elle m’étonne, me surprend, me fait entrer dans un monde poétique.
 » Vous voyez le tableau  » a attiré mon oreille jeudi dernier juste avant le journal de 19 heures sur France Inter. Il s’agit d’un récit-croquis proposé par Joann Sfar, scénariste, réalisateur et auteur de bandes dessinées, une esquisse sonore qui offre une entrée singulière dans une oeuvre de son choix. Comme par exemple  » Les Nymphéas  » de Claude Monet
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 » Vous voyez le tableau  » ferme l’émission  » Downtown « , du lundi au jeudi, à 18h55 sur France Inter